Un foutu caléidoscope géant de lumières et de couleurs se mélangeant ensemble, fonçant à vive allure devant son regard, lui donnait la nausée, en plus de cette horrible puanteur, mais qu'est ce que c'était ? Du caoutchouc brûlé ?! L'air lui semblait si saturé ici que tout semblait puer énormément, comment pouvait on vivre en respirant un air aussi viscié par la pollution ?
Il était toujours éténdu à terre et, sur le point de s'évanouir en tripatouillant ses rivets, ses lanières et diverses attaches pour ouvrir sa cuirasse et se donner de l'air, il tournait parfois encore de l'oeil arrivant à se reprendre de justesse, mais ce qui acheva sa volonté et finit par lui faire croire qu'il était mort, ce fut l'apparition soudaine d'un énorme oiseau en fer dans le ciel, - il devait y avoir un aéroport dans l'coin, puisqu'il volait à très basse altitude - Le hurlement assourdissant de cet animal d'acier - les réacteurs - finit de l'effrayer pour le compte et de l'envoyer ad patres... enfin non il n'en mourrut pas mais il ne le supporta pas, il perdit conscience.
...
Il y a des endroits dans les limbes de votre conscience où vient se loger votre esprit, des endroits comme celui ci où "il" se trouve actuellement, protégé, coupé du monde extérieur comme par d'énormes cuves océaniques d'eau filtrant toute... information provenant de l'extérieur aussi bien que, rien n'y pénètre pour perturber cet état de non conscience... Ces limbes n'étaient pas belles à voir... A vrai dire elles ressemblaient à un véritable cauchemar, l'entrée d'une forêt sombre dont les arbres défrechis et noir suie vous accueille à épaisses branches de rosier épineuses comme des bras chaleureux de leur étreinte griffue sur votre corps avançant dans ce "décor".
Le pied s'arrête, le regard guette... et il tombe.
Il tombe sur la route, quelque chose craque, croque, croustille ? C'est... étrange... Les feuilles ne sont plus des feuilles... elles sont remplacées par des petits cerceuils tombant depuis les arbres avec la légèreté d'une plume avant de s'écraser au sol et libérer... un cadavre de plus... Le sol qui croustille ? Me... demanderez vous... Le contenu de ces cercueils sous votre pied, qui craque et qui fêle, une route d'os de carcasses empilées depuis trop longtemps pour raisonnablement le compter, une forêt lugubre faite d'arbre aux visages cramoisis et contrit, figés de leurs traits, de leur expression dans leur écorce par la dernière douleur d'une mort atroce !
Au loin, si loin derrière tout cela, une grotte... une tanière... La roche est rouge sang et la chair de ses corps, de ses paquets d'os par terre s'en trouve cristallisée pour former des minéraux, des parois derrière lesquelles on entend le sang et les coeurs qui battent à l'unisson, on ne fait pas que les entendre, d'étranges lueurs illuminent de l'intérieur les parois de roche sanglante, illuminant d'un rouge infernal, cette galerie qui à tout autant pour plaire qu'un passage étroit dans la plus sinistre des catacombes... Au plafond elles sont là, elles pendant et tintent de leurs métaux, les chaines noires de la déréliction, formant des rideaux glissant sur nos épaules quand nous les traversons, vous invitant à laisser toute croyance, tout espoir à l'entrée de la tanière d'une bête sans nom.
De la charogne infernale, la catin régalienne qui vit donc dans les galeries du sub conscient de Khaléo, la bête... Elle y à ici son domaine, jalouse, vicieuse, colérique, rageuse, protect... ...rice ? Oh oui... Plus qu'on ne pourrait le penser... Elle se garde bien de ne pas laisser ses pattes puissantes et la grippe de ses énormes griffes, glisser sur des souvenirs enfouis, sur des souvenirs... abandonnés, où à moitié dévoilés... Qui seraient bien plus traumatisant que ce simple cauchemar présent... Khaléo connait très bien ce lieu, à vrai dire il y est déjà venu souvent, il réclame parfois, implore la bête de lui laisser jeter un coup d'oeil sur le souvenir de visages d'êtres chers.
Qu'elle lui refuse, et, elle n'en a que trop bien raison, la dernière fois que la bête lui à cédé, il a bien faillit se faire tuer, il en était tant retourné qu'au stade de quasi animal il avait régressé, vivant comme un sauvage dans sa "forêt" pour plusieurs années, frôlant la mort plusieurs fois par stupidité mentale de cet état d'incivilité, et ce n'est pas dans son intérêt... car si elle survit, c'est bien grâce à lui, à sa lucidité, à son... humanité, qu'elle ne possède pas, l'imbécile... Il y a des choses qui se doivent de rester cachées, dans l'ombre pour que l'âme puisse guérir et l'esprit oublier, dans la tanière de ses plus horribles songes et de ses cauchemars, elle se fait donc juge et gardienne de ce qui doit lui être révélé où non.
Parce que les siècles qui passent laissent leur lot de souffrance, et elle s'en charge... s'en surcharge même, elles nourrissent petit à petit sa colère, sa frustration, pour que jusqu'à la prochaine pleine lune, elle obtienne satisfaction dans un rugissement déchirant la nuit et la chair.
Enfin, si son "maître" la laisse faire... Maudit soit l'intellect humain à ses yeux pour chercher, fouiller et... finalement trouver des méthodes pour déjouer ses pulsions, deux fioles, l'une d'Aconit, l'autre... De Belladone, fortement diluée car... c'est dangereux, mortel même... Le dosage est très précis, lorsqu'il est raté la bête se mélange a son psyché pour l'influencer, tel un certain Dr Jekyll et Mr Hyde.
Mais pour en revenir à notre cauchemar, Khaléo restait à nouveau debout, nu face à la bête grognante et menaçante, trépignant et pétrissant de ses griffes les souvenirs que les yeux de de cet infâme bâtard, que cet "hybride" ont l'air de tant convoiter...
...
Bon après cet interlude qui ne sert qu'a meubler son inconscience...
...Revenons à nous ! Oui...
...Revenons ici... Mais où sommes nous ?
Tout ce que je sais... C'est qu'il n'a pas pu profiter très longtemps de son "excursion" dans ce nouveau "monde"... dommage quand même, il y aurait eu tant de choses à lui faire découvrir... comme par exemple, la télévision, les portables, les chaines de fastfood, l'architecture différente des édifices terriens, les moyens de transport, enfin les voitures ça va, il à "découvert" de la meilleure façon qui soit pour qu'il n'ait plus envie d'en approcher une, mais non... tout ça... ça n'allait pas être possible.
Il rouvrit les yeux, doucement sur "ce" monde, son corps lui faisait encore mal, bien ! Après tout il y avait encore une chance pour qu'il soit en vie si il était encore capable de ressentir la douleur de sa chair, même si la chaine qu'il avait autour du cou lui donnait à nouveau l'impression de s'être foutu dans une sacrée galère, franchement, y avait qu'à lui que ce genre de foutaises arrivait hein ! On pouvait pas être tranquille deux foutues secondes ? Un collier, magnifique, comme un putain d'animal ! Il posa ses mains dessus en cherchant une interstice ou loger ses griffes afin de tenter un éventuel crochetage... Mais c'était pas réellement fermé avec une espèce de serrure dans laquelle il pouvait fourrer ses griffes, c'était un mécanisme apparemment plus complexe, un truc qu'il ne connaissait pas dans l'époque d'où il provenait.
Malgré tout il était encore sous le choc de l'accident, il n'y voyait pas très clair, tout ce qu'il percevait face à lui c'était une silhouette blanche et noire, assez floue, proche de lui et qui lui touchait le corps, il avait l'impression d'avoir déjà vécu ça quelque part... dans une autre vie par exemple, c'est ça ! exactement ça... une impression de "déjà vu", Il laissa voyager ses yeux dans les coins de la pièce... mais où on était ? Il distinguait des cages... C'est ça ? Des Cages ? NON mais il y a des cages ici ! Ho ! Des cages !? Ce détail lui donna un coup de fouet et le réveilla un peu plus rapidement que prévu, clignant des yeux plusieurs fois pour que son regard soit moins vitreux, plus vif et net.
Donc, l'étrange créature métissée était accrochée au mur... par un large collier en acier... relié à une chaîne... qui... s'encastrait dans le mur derrière lui... et n'était pas facile à atteindre... Parfait... ou pas ! Certainement pas ! Putain comment il allait se sortir de ce merdier ? Sinon apparemment le reste de son corps était libre de ses mouvements, ce qu'il fit en premier fut d'enrouler sa queue de tigre autour de son entrejambe pour cacher son intimité, il posa les yeux sur son atelle et sa main droite toucha les bandages placés sur ses côtes...
On se relaxe... c'est peut être... juste un malentendu... elle l'a pris pour un animal renversé sur le coté de la route et l'a ramené chez elle pour le soigner... être attaché a un mur dans une cave n'était pas forcément synonyme d'un certain déséquilibre mental, non... C'était peut être juste par précaution, les choses allaient s'arranger, oui oui ! L'espoir fait vivre ! Elle l'avait attaché parce qu'il avait l'air dangereux... il suffirait donc de lui parler... et de lui demander de le laisser partir ! A la bonne heure, ha...
...ha...
...Ha ha...
Ouais... pauv'con va... On peut toujours se bercer d'illusions pas vrai.
"-Je... vous remercie de ne pas m'avoir laissé crever sur le bord de la route... Mais... je peux... vous assurer que... ces "précautions"... ne sont absolument pas... nécessaires."