Attendons de voir le loup. [Pv : Mach]

Le soleil venait tout juste de se coucher et à l’horizon le ciel flamboyait. Ces derniers jours s’étaient légèrement rafraichis, témoignant au commun des mortels une paresse contagieuse. Si bien que les rues ne voyaient désormais défiler que les moins frileux mais restaient encore beaucoup trop fréquenter pour Linnea. Certes, la faim peut être une bonne raison pour quitter la chaleur de sa demeure, mais non suffisante pour se laisser aller à quelques imprudences. Quoique. Rien que l’idée de venir en dehors du « territoire » démontre bien qu’un soupçon de rébellion sommeil dans la poupée de porcelaine.

C’est tout naturellement que ses pas la conduisirent jusqu’à ce qui lui semblait le plus familier : les sous-bois. Les iris électriques se promenèrent sur les environs alors que son odorat traitait toutes fragrances susceptibles  d’exacerber un peu plus sa faim. A la manière de ses jeunes filles continuellement stressées, elle tortillait ses doigts devant son ventre. Néanmoins son rôle manquait encore de justesse. Sur son minois laiteux trônait l’impartialité. Un dernier pas et la silhouette délicate se figea. Dans sa petite robe, la Sangsue semblait avoir repéré quelque chose et toute son attitude se modifia. Ses mains se délièrent, et voletèrent jusqu’à ses hanches. Là elles glissèrent sur le tissu, le remontant pour dévoiler un peu plus le blanc immaculée de sa peau avant qu’un sourire n’étire ses lèvres et ne relâchent tout. 

« Promenons-nous dans les bois… »

Oui, elle chantonne en plus. Comme si cela ne suffisait, elle se mit à sautiller avant de filer au pas de course. Son cœur aurait-il pu battre qu’il se serait affolé tant le trouble la gagnait. C’était comme se laisser submerger par une forme d’euphorie dévastatrice. L’odeur vibrait dans tout son être et la douce silhouette devint flou au travers des arbres, une traînée blanchâtre à sa suite comme pour signaler l’anomalie. Au fur et à mesure qu’elle se rapprochait sa conscience semblait se perdre dans les limbes d’une démence travaillée depuis la naissance.

Enfin, elle ralentit alors qu’à une vingtaine de mètre de là, une jeune femme suivait le chemin des joggeurs. Ses yeux brillèrent, sa tête bascula sur la droite alors qu’elle décryptait toute la scène. Proche de la fascination, la nouvelle « inspiration » replongea plus loin encore ce qui la maintenait passive. Ce fut comme se consumer de l’intérieur. Mêlée à la gourmandise, sa faim finit par lentement s’immiscer dans sa tête et faire entendre sa voix. Il serait indécent de laisser filer une telle créature, se serait renier sa nature. A petit pas, elle se rapprocha du sentier sans même chercher à se faire discrète quitte à casser une branche sur son passage pour signaler sa présence. De quoi interpeler la joggeuse qui ne sut quoi faire. Il fallut juste attendre que Linnea porte un index à sa bouche, un ongle se glissant entre les crocs luisants.

« Hm, comme vous dites déjà ? Bouh ! »

Elle leva les yeux vers le haut, sa main retombant mollement contre son flan puis reposa les deux billes azurées sur le corps tremblant de la jeune femme. Encore quelques secondes et le cri retentit dans les bois. Long, légèrement aigu. Typiquement féminin. Lorsqu’elle se tût enfin paralysée par la panique, Linnea put entendre le martèlement de son coeur dans sa poitrine. Assez pour faire déraper la Sangsue. En quelques secondes elle fut auprès de l’humaine, caressant tout juste son cou du bout des doigts, électrisée par la chaleur de sa peau.

« Et maintenant, cours. »

La chasse peut commencer.

Un soir comme tant d’autre à Seikusu, non loi de là. Enfin, surtout côté niveau température, qui chutait au fil des jours montrant l’arrivée d’un hiver visiblement rigoureux. Ainsi, de plus en plus de personnes que croisait Mach se trouvaient vêtir de vêtements chauds pour se protéger du froid. Lui n’avait pour le moment rien changé à ses tenues vestimentaires, son entraînement et autres voyages l’avaient plus habitué que les autres à ses changements de températures, d’autant plus qu’en ville, cela restait tout de même supportable avec la pollution que dégageait les divers véhicules de transport.

S’est pour cela, que se soir là, le jeune homme s’engagea dans le parc, presque désert, en se disant qu’il serait tranquille, et en cas de soucis pourrait donc n’avoir aucun remords à se défendre, sans compter que cela serait plus facile pour lui de se dissimuler aux regards des autres parmi toute cette végétation. Cependant, le froid était plus mordant au milieu de celle-ci, et le mercenaire ne se priva pas pour sortir une cigarette et l’allumer. Bon, ce n’était pas ce que cela allait le réchauffer, mais, au moins cela lui occuperait les mains.

En tout cas, il avait vu juste sur la fréquentation du parc à cette heure et par ce temps, ce dernier était désert, et on pourrait facilement s’imaginer seul en pleine foret si le bruit de la civilisation lointaine ne se faisait pas toujours entendre. Enfin, jusqu’au moment où un tout autre bruit se fit entendre. Et ce dernier poussa Mach à mettre une main sur la crosse de son arme, prête à la sortir. La raison, le cri d’une femme terrifiée se fit entendre, et le jeune homme scruta la semi obscurité pour tenter de localiser ce dernier.

- Décidément, je vois que certains aussi on décidé de profiter de l’obscurité pour agir dans le calme et sans être dérangé.

Marmonna t il avant de se remettre en route plus calmement, et se montrant plus vigilant sur ce qu’il allait rencontrer. Sa main était bien entendue toujours posée sur la crosse de son pistolet. Bien sur, il aurait pu foncer pour venir en aide à la jeune femme qui appelait, mais ne sachant pas sur quoi il allait tomber, il avait préféré éviter de foncer tête baissé.  En effet, s’était différent de se retrouver à affronter un ou plusieurs adversaires.

La jeune femme ne se fit pas prier et sentir sur sa peau le derme glacé de Linnea lui donna le courage de prendre ses jambes à son cou. La Sangsue resta figée, observant l’humaine filer à toute allure dans l’espoir de lui échapper. Par instant on l'entendait hurler à plein poumons, réclamant à une âme clémente un peu d'aide. Ce qui la fit doucement sourire. Comment pourrait-on bluffer ses sens ? Elle ferma les yeux, croisant tout juste ses bras sous sa poitrine dans un léger déhanchement.

« Hm, un, deux, trois », murmurait tout bas la créature.

Ca l’amusait d’ajouter à cette mascarade un côté ludique. Bien qu’elle soit la seule à trouver ça marrant. Une fois arrivée à dix, elle se tut, inspirant lentement. Par où devrait-elle commencer ? Ses bras se délièrent pour retomber sur ses flans et elle se décida à reprendre. Obnubilée par la détresse de la jeune femme, son odorat ne relevait que son odeur, légèrement boisée par la forêt. Un vrai délice qui l’amena à presser un peu plus le pas. Elle ne pouvait que lui offrir le privilège de sentir ses lèvres dans son cou.
Néanmoins, elle ne pouvait se résigner à courir. C’était plus fort qu’elle, il fallait attendre, laisser grandir l’envie jusqu’à ce que cela devienne un véritable supplice. Linnea serait d’ailleurs restée dans cette optique si une autre odeur n’avait pris le dessus. La donzelle grimaça à l’idée que ses plans soient perturbés. La silhouette blanchâtre s’écarta du sentier principal et alla se confondre dans les buissons. Plus le temps filait, plus il lui semblait que la source de cette nouvelle fragrance se rapprochait. Son être jonglé entre agacement et défi.

Qu’importe, elle finit par se hisser là où elle serait invisible pour la majorité des gens. Un grand chêne susceptible de soutenir allègrement son poids. Là, protégée par une verdure centenaire, elle tenta de mettre ses idées en ordre. Passer outre ce contretemps ou s’en occuper en premier lieu ? De toute façon, elle n’eut pas à se poser la question plus longtemps, à en juger la concentration de l'odeur, elle ne tarderait pas à voir la source qui en émanait.

Marchant toujours dans les bois, Mach tentait de ne pas se préoccuper du cri féminin qui avait émanait d’une zone de la forêt qu’il ne voyait pas. Cependant, cela le fit se mettre plus sur ses gardes, et une main sur son arme, prête à la sortir au moindre danger alors que son regard parcourait l’obscurité dans un angle plus grand, tentant de voir des détails qu’en temps normal, le jeune homme n’aurait pas cherché à voir. Bien sur, l’attaque sur la jeune femme ne voulait pas dire qu’il le serait lui aussi, surtout que quelqu’un de rationnel aurait remarqué son arme, et cela suffirait surement à la dissuader de s’en prendre à lui, jugeant le risque trop grand. Bien sur, un ivrogne ou un fou, voir une bande armée ne se serait sans doute pas préoccupée de ce détail pour attaquer, et s’est surtout dans ce dernier cas de figure que le mercenaire veillait à ne pas se laisser surprendre.

Les cris de la jeune femme précédente se firent alors de nouveaux entendre, mais montrèrent qu’elle était en mouvement, cherchant à fuir son ou ses agresseurs, en appelant à l’aide.  Mais, ceux-ci se faisant de moins en moins fort, montrait que la demoiselle courrait dans la direction opposée que celle d’où Mach arrivait. Si bien qu’on aurait pu supposer que l’assaillant de la jeune femme allait suivre le même chemin.

- Bon, au moins, je pense que je serais tranquille !

Dit calmement Mach à voix basse, en constatant se fait, sans pour autant pouvoir le vérifier. En effet, pour le moment, personne n’entra dans le champ de vision du jeune homme, et aucuns signes ne laissaient transparaître la présence de quelqu’un dans les environs. Bien sur, il entendit quelques bruits dans les buissons alentours, mais, rien de bien exceptionnel, et qui pourrait très bien être la cause d’un petit animal nocturne s’y baladant. Ainsi, Mach ôta la main de sur la crosse de son pistolet, laissant celui-ci être de nouveau dissimuler par sa veste. Cependant, il conserva son attention sur les alentours pour éviter les mauvaises surprises. Qui sait, la jeune femme avait peut être eu peur d’un monstre venant de Terra, qui aurait pu élire domicile dans le Parc car l’environnement de ce dernier lui convenait.

Bien évidemment, cette dernière option restait la plus intéressante. Bien que, depuis le temps, Linnea n’était plus en mesure de dire d’où elle venait réellement. La Terre ou Terra, peu importe, c’était toujours la même chose pour elle. La charmante donzelle y retrouvait son confort luxueux. Sans parler de ses mortels qui se révélaient souvent être de parfaits cobayes pour les observations et autres expériences douteuses de l'Hématophage. Mais là, dans son arbre, la Vampire eut l’espace d’un instant la désagréable impression de se comporter comme une vulgaire proie qui tenterait d’échapper à un prédateur invisible. Il ne se définissait que par son odeur.

Les mains délicates de la jeune femme se posèrent sur la branche, le temps de laisser à ses jambes de passer de part et d’autre du bois. Elles pendirent un instant dans le vide avant que Linnea ne penche son buste. Un avant-bras se glissa entre la branche et son visage, et ses jambes s’allongèrent. Emporté par le premier mouvement, la fluidité de l’enchainement fit vaguement frissonner la verdure environnante. Ainsi postée, elle se sentit moins craintive face à l’odeur inconnue. D'ailleurs il n’y avait plus que ça dans son esprit. Cette odeur, masculine et puissante. La joggeuse qui avait fait renaître ses instincts de prédateur n'était qu'un vague souvenir. Peu à peu, un sourire étira ses lèvres alors que les pupilles de la belle crurent distinguer quelque chose non loin. Sa frimousse se plissa, quémandant à ses yeux un peu plus de netteté. Sans grande surprise, il lui parut même entre une voix, de quoi attiser un peu plus sa curiosité.

A vrai dire, peu importe si se fut la curiosité ou une inconscience passagère, elle descendit de son perchoir en un petit bond. La silhouette blanchâtre se laissa guider. Quelques pas encore et elle y fut. Les yeux grands ouverts, accroupit parmi les buissons, il lui sembla que tout son être trépignait de pouvoir mettre un visage sur ces effluves. Devant elle, un homme. Une petite inspiration, encore, pour faire plaisir à sa gourmandise. Sans le moindre bruit la créature prit le temps de faire un léger détour. La poupée de porcelaine se laissa découvrir en se redressant, la chevelure cendrée ne permettant aucun doute quant à une plausible humanité quand bien même ses charmes seraient en mesure de convaincre le plus cartésien des hommes.

« Hm, finalement, se sera toi. » Souffla-t-elle, la morsure du froid s'échappant d'entre ses lèvres carmines.

La voix  du Vampire se glissa jusque dans le cou de l'inconnu alors que Linnea se tenait dans son dos, sur la pointe des pieds, les mains s'étreignant au-dessus de ses reins. A la voir ainsi, impossible de penser à mal. Une véritable beauté juvénile. Elle mimait si bien ces gamines pourries gâtées qu'on ne punit jamais, que malgré le paradoxe qui émanait d'elle, prendre position sur ces futurs actions était bien loin d'être une chose aisée.
Une nouvelle fois, elle huma l’air en se mordillant les lèvres, se complaisant à sentir toutes les composantes de son odeur. Une sorte de plaisir malsain qu’elle s’infligeait à elle-même. Plus elle se confrontait à cette nouvelle forme de nourriture plus sa faim grandissait. Pire encore, la Sangsue se forçait à paraître la plus bienveillante possible malgré la lueur gourmande qui luisait dans les prunelles azurées. Elle était même prête à attendre s’exposer juste pour voir la tête qu’il allait lui présenter. Ca la fascinait presque.

Le calme semblait revenu dans le Parc, puisque les cris de la jeune femme étaient à présent bien loin. Mach, diminua donc son niveau d’alerte, alors qu’il marchait toujours calmement, comme si rien n’avait pu perturber sa petite promenade. D’ailleurs, le jeune homme glissa sa main dans sa veste, d’où il en sortit un paquet de cigarette. Là de quelques geste habiles, il fit apparaître une clope qu’il prit en bouche pour la faire quitter sa protection avant que celle-ci ne soit de nouveau dissimulée dans sa veste. Cette fois, sa main réapparut avec un briquet, où il fit apparaître une petite flamme orangée, créant un léger halo de lumière sur le bas de son visage, alors qu’il allumait le concentré de tabac.

S’est après quelques pas supplémentaire que le jeune homme eut l’impression d’être observé, sans que son regard ne parvienne à distinguer ce que s’était. Il décida donc d’ignorer cela, bien que restant vigilant, jusqu’au moment, où la sensation se fit plus pesante, et qu’une présence silencieuse semblait se rapprocher de lui. Ainsi, il tenta de conserver son calme, dissimulant ses mains pour pouvoir les faire éventuellement réapparaître armées, si la situation l’exigeait. Si bien que lorsque le murmure fut prononcé à ses oreilles, montrant la proximité de la personne ou la créature qui s’était approchée de lui, le jeune homme ne fit aucun bon de surprise. Pourtant, il devait reconnaître que la demoiselle, si le timbre de voix ne le trompait pas, avait des capacités remarquables pour s’approcher de lui en silence.

- Et en quoi se sera moi ?

Répondit le jeune homme en se décalant, puis se tourna lentement pour faire face à la personne qu’il avait derrière lui, se retrouvant à présent devant donc. Il ne chercha même pas à ôter la cigarette qu’il avait dans la bouche, bien qu’elle bouge lentement, lorsqu’il vit qu’il avait une très jolie demoiselle face à lui, et comme tout homme, sa beauté ne le laissait pas indifférent. Cependant, il avait suffisamment de self control pour ne pas montrer que celle-ci était à son goût. Il conserva donc un air impassible, ne sachant pas si ce qu’il avait sous les yeux était vrai ou non. Après tout, celui qui se laissait duper par les apparences pourrait le regretter. Et même si une personne lambda, aucunes raisons de se méfier pourrait se manifester, pour Mach, sa prise de parole, qui pouvait avoir plusieurs sens, et la façon dont elle l’avait approché était suffisamment suspect pour qu’il reste vigilant.

Et même s’il ne pensait peut être pas au fait qu’elle n’était pas humaine, il avait envisagé que cette jeune femme vienne de Terra, et donc ait une culture différente, et se laisse donc plus facilement aller à la violence pour avoir ce qu’elle voulait. Car elle ne l’avait pas abordé par hasard, il en était persuadé. Cela devait être elle la présence qu’il avait ressenti lorsqu’il se sentait observé. Mais, était ce lui qu’elle attendait, ou elle l’avait prit pour cible de façon aléatoire ? Etaient l’une des questions que le mercenaire pouvait avoir en tête, alors qu’il regardait toujours la jeune femme, comme si elle ne l’intéressait pas plus que cela.

Silencieuse, elle l’observa faire comme une chose étrange. Dans son dos, ses doigts se délièrent et retombèrent mollement contre ses cuisses. La cigarette, le vide dans les prunelles de son inconnu, Linnea finit par prendre un masque moins avenant. Sa main droite se leva jusqu’aux lèvres du militaire et s’il souhaitait l’interrompre, il en aurait tout le loisir, tant le geste avait été d’une lenteur maladive. Elle coinça le cylindre fumant entre son index et son majeur. Du bout des doigts la donzelle effleura ses lèvres et la chaleur qui en émana la conforta dans sa mascarade. Lui il n’aurait que la désagréable sensation que la neige vienne baiser ses lèvres.

« Ce n’est pas bon pour votre santé. »

Votre ? Elle le vouvoie maintenant ? Non, il fallait comprendre là qu’elle parlait de l’espèce Humaine en générale. S’en était presque marrant de la voir fixer sévèrement l’inconnu. Elle, qui se complaisait dans le stupre, la débauche et le Sang se permettait de dispenser leçons et conseils. Linnea laissa tomber la cigarette et elle la réduisit en miette avec son pied.

« Surtout quand sa vie est aussi courte. »

Encore une fois, elle faisait une généralité plutôt que de prendre Mach à parti, mais sa façon de parler restait assez ambigüe pour qu’il le prenne pour lui. D’ailleurs, elle avait soigneusement ignoré sa question. C’était d’une évidence telle que seul son silence lui fournit la réponse. Il n’en saurait rien. Pourtant, il y avait bien une raison pour pousser la belle à abandonner une proie si facile.

Le défi peut-être ?
Qu’il soit un homme jouait indéniable dans la balance. Comme ils pouvaient être plus faciles à approcher, ils n’en étaient pas moins durement contrôlables et cette simple idée la rendait fébrile. Pire encore, le voir aussi peu réceptif à sa présence suffit à arrêter son choix une fois pour toute. Au-delà du mérite qu’elle pourrait ressentir en le voyant dans ses filets, son égo ne pourrait tolérer ce genre de comportement.
La charmante créature plissa les yeux avant de sourire outrageusement. Ses lippes s’étirèrent assez cette fois-ci pour dévoiler la rangée de dents luisantes où ses canines trônaient. La situation était assez dénuée de sens pour qu’elle ne se jette maintenant à son cou. Et puis le mettre devant la réalité de sa véritable nature serait une occasion de tester le sang froid de son inconnu. Oui, SON. La possession était inhérente à l’Hématophage. Mach ne faisait pas exception, en devenant une proie potentielle, il devenait sa propriété. Qu'il le veuille ou non.

« Tu n’as pas même tenté de savoir ce qui aurait pu arriver à notre charmante créature, maugréa-t-elle en baissant les yeux. Mais tu n’es pas parti pour autant. »

Elle vint presque contre lui, relevant le visage en quelques enjambées rapides. Ses iris électriques allèrent se planter dans le regard de Mach. Une main se glissa entre eux deux, jusqu’à atteindre son menton. Son index glissa au-dessous, coulant sur sa pomme d’adam avant de revenir sur l’une de ses épaules.

« Un humain ne devrait pas se comporter comme un traqueur. Il n’en goûtera jamais tous les privilèges.»

Sa main retomba avec cette même nonchalance contre son propre corps. Ainsi, c’est le profil qu’elle avait cru déceler en lui. Ses maigres connaissances concernant le fonctionnement de l’esprit humain avaient fait converger toutes ses notions vers ce point là. Certes, elle parlait certainement sans savoir mais Mach n’avait pas la carrure de celui qui se laisse effrayer par une jeune femme. Après tout, se ne sont que des crocs, que des ongles, rien qui puissent réellement servir la mort, n’est-ce pas ? Et puis, elle paraît si... Bienveillante.

Mach se vit soudain accompagner par une ravissante demoiselle, même si son approche discrète et silencieuse n’avait rien d’ordinaire. Et nul ne doute que s’il n’avait pas un sang froid étonnant, après tout ce qu’il avait déjà vécu, rien de plus normal, il aurait pu s’effrayer de cette apparition, comme la plupart des gens du commun des mortels. Non, lui se contenta de se tourner pour lui faire face, et répondre par une question à la remarque de celle-ci. Pourtant, au lieu d’avoir droit à une réponse de la part de la demoiselle, le mercenaire vit l’une des mains de la jeune femme venir quérir lentement sa cigarette, frôlant sa bouche de ses doigts. Et vu le froid de ceux-ci, cette dernière devait avoir drôlement froid.

- Et en quoi ma santé peut elle vous préoccuper ?

Demanda le jeune homme calmement, sans se soucier ou s’énerver de voir sa cigarette, qu’il avait quelques instants plus tôt être jeté au sol puis écrasé par la demoiselle. Après tout quelle importance cela pourrait avoir ? S’était quelque chose de remplaçable. Mais, le comportement de la jeune femme suscita tout de même un léger agacement qu’il ne montra bien entendu pas. Et le commentaire suivant, paru comme étrange aux oreilles de Mach, qui se demandait bien si celle-ci n’avait pas un grain.

- S’est justement parce qu’elle est courte qu’on apprécie ce genre de plaisirs !

Dit-il de façon nonchalante cette fois, sans pour le temps chercher à s’opposer véritablement à la demoiselle, donnant, tout comme elle son opinion sur le sujet. En tout cas, l’attitude de la demoiselle semblait assez étrange, si bien que certains l’auraient sans doute prit pour folle. En effet, elle se mit alors à sourire, révélant la totalité de sa dentition, et donc ses canines, que Mach ne manqua pas, vu leur taille.

*Alors se serait une vampire ?*

Se demanda t il pensivement. Bon, un terrien normal aurait pu prendre cela comme une fable ou, dans ce cas présent, un déguisement, mais le mercenaire ayant été aussi sur Terra, et vu beaucoup de chose qu’il aurait pu ne jamais exister, qu’il ne chercha pas à mettre en doute la véracité de cette révélation. D’autant plus que les propos suivant de la jeune femme lui révélèrent que les cris qu’il avait entendu, étaient bien de son fait, lors de son attaque précédente, même s’il n’en savait pas beaucoup plus.

- S’est donc de vous que cette demoiselle avait peur :

Se fit il confirmer, même si la vampire ne lui répondrait probablement pas. Par contre, elle vint se coller à lui. Le jeune homme la laissa d’ailleurs faire ce qu’elle voulait avec ses mains, même s’il restait vigilant.  En effet, il pensait, et sans doute à raison, que la demoiselle cherchait à tester son sang froid face à cette situation, et il n’allait pas s’abaisser à se montrer craintif, même face à un danger bien présent. D’ailleurs, était-elle là pour le mordre, où simplement s’intéressait elle à quelqu’un qui n’avait pas détalé alors qu’elle s’occupait de sa proie précédente.

- Vous croyez ? Pourtant, on dit bien qu’il ne faut jamais se fier au x apparences, ou sous estimez ses adversaires, quel qu’ils soient ?

Répondit-il sans peur à son commentaire. Cherchait-il à la mettre au défi, ou du moins à la faire redescendre de son pied de stal ?  Peut-être, mais, s’était une façon comme une autre de ne pas montrer une peur éventuelle. Car cependant, Mach ne semblait pas non plus avoir une envie de se lancer dans un défi quelconque à cette heure, et avec une jolie femme, vampire soit elle. Mais, était ce de son fait, où un charme quelconque de la demoiselle qui envouterait plus ou moins le jeune homme au point de modifier d’une quelconque façon son attitude à son égard ? Après tout, celle-ci n’avait nullement cherché à l’approcher par la force, qui aurait eu comme réponse un écho similaire de la part du mercenaire.

- Et même si s’était vrai, vous ne pourriez pas vivre sans nous. Après tout s’est de notre sang dont vous vous nourrissez, je me trompe ?

Continu t il, comme si l’approche charmeuse de la jeune femme jouait effectivement sur le comportement du mercenaire, peut être moins vigilant qu’il ne le devrait.

- D’ailleurs serait-ce ce que vous chercher avec moi ou la demoiselle précédente vous a-t-elle rassasiée ?

Continua t il sur sa lancée, se surprenant presqu’à poser ce genre de question, qui ressemblait presque à une invitation, même si cela ne voulait pas dire que si la jeune femme répondait qu’elle voulait boire son sang, ce dernier se laisserait faire, même si échapper à un vampire, surtout lorsque celui-ci vous a déjà mit la main dessus, soit facile

On ne pouvait uniquement se fier aux apparences. Trop lisses et agréables pour paraître réellement. Un simple coup d’œil pervertissait les sens et enlevait à tout hommes sa faculté à apprécier la réalité. Un peu ce qu’était Linnea en d’autres termes. Un être contre-nature, élevé dans le seul but de représenter tout ce qu’il n’est pas. Douce, silencieuse, froide et meurtrière, elle était une promesse maudite à quiconque oser chercher plus loin que le regard langoureux qu’elle décernait à Mach. Sur ses lippes carmines le sourire ne bougeait pas, figé entre deux mondes.

Rien ne laissait prétendre dans son comportement qu’elle écoutait réellement son inconnu. Elle l’observait, avec une envie naïve, tentant tant bien que mal de comprendre ce qui le poussait à se prêter à son petit jeu. D’ailleurs, n’en avait-elle pas seulement envie ? Linnea avait fait en sorte de se montrer des plus douces. Pour l’heure, il était plus un danger qu’elle ne l’était. Pour l’heure seulement.

« De quoi d’autres pourrais-je avoir envie ? »

Pleine d’ambiguïté, son souffle retomba lourdement. Dans les faits, les besoins les plus primaires sont la recherche de nourriture et la reproduction. La deuxième étant tout bonnement impossible, la première s’impose. Du moins, la logique le veut ainsi.
Elle, elle subissait les aléas de ses ressentis sans toujours les comprendre entièrement et la dernière question du militaire ne fit que la rendre plus joueuse. La créature recula de quelques pas en secouant la tête à la façon de ces petites poupées de la haute cour qui jouent à la devinette. Ses mains retournèrent dans son dos pour lui laisser le temps de la réflexion, à lui comme à elle.

« Elle m’a échappé. »

Une nouvelle fois, elle se contenta du strict minimum. Ca l’amusait de le laisser voguer dans une mer aussi limpide que profonde. Elle se délectait de son propre mensonge.
Comment pouvait-on lui échapper ? Même si elle n’avait pas montré toute l’étendue de ses capacités, son approche laissait déjà paraître une habile discrétion. Sans compter ce visage si délicat. C’était d’ailleurs là tout le véritable pouvoir de la Sangsue. Aurait-elle était plus livide encore qu’on ne pourrait s’empêcher de penser à son humanité. Au moins une seconde. L’idée de pouvoir sentir le contact brûlant d’une peau si neigeuse est enivrante, non ? En tout cas, c’est ce qu’aimait penser son créateur. Linnea était la perfection incarnée. Sa perfection. Et lorsqu’une chose est si proche du paradis, on ne peut se résoudre à ne pas y croire.

« Pour toi, je ne sais pas encore. »

Se complaire dans toute une étendue d’hypothèses ne lui ressemblait pas. La preuve, à peine eut-elle sentit la présence d’une autre personne que son intérêt avait aussitôt convolé vers le détenteur de cette nouvelle odeur. Néanmoins, elle ne manquait pas d’idée à son sujet. L’Hématophage avait déjà eu tout le loisir d’y penser. Elle se sentait juste incertaine, à nouveau, de la décision à prendre.
Le mordre maintenant pourrait être une faute impardonnable. Sa faim la rendrait certainement incapable de résister et elle le laisserait sans vie sur le sol. Il méritait plus.

La demoiselle plissa les yeux à cette seule pensée. Pourquoi lui ferait-elle une faveur. Son amusement primait, qu’importe qu’il souffre ou tente de lui échapper.
Et puis c’est lui qui n’est pas parti.

«  Mais comme tu es toujours là, je présume que malgré tout, l’idée que je puisse venir embrasser ta gorge ne te déplait même pas. »

Cette fois-ci, la voix fut un tantinet plus rocailleuse et son regard qui était brièvement passé sur le visage du militaire s’était lourdement arrêté dans son cou. Un aveugle ne pourrait nier l’évidence. D’ailleurs elle inversait même les rôles. Bien que victime, il devenait consentant et de se fait, la déchargeait d’une potentielle culpabilité. Si tant est que cette dernière notion fasse partie de son jargon.

A nouveau, elle fit quelques petits vers lui, relevant une main impérieuse sous son menton comme si elle souhaitait lui faire relever le visage, alors que les doigts de la belle glissèrent tout juste contre le derme de son cou. Le mouvement s’était dessiné plus rapidement que tous les autres, ne voulant manifestement pas lui laisser l’occasion de parer ses agissements. Pour lui, ce ne serait certainement qu’une caresse gelée. Presque agréablement froide tant la douceur envenimait ses moindres gestes. Néanmoins pour la Sangsue, se fut une nouvelle fois mettre ses ardeurs à l’épreuve. Il fallait supporter l’odeur, maintenant on ajoutait à ce fardeau sa peau et le rythme régulier qui pulsait au-dessous.
Pire encore, sur la fin, lorsque ses doigts finirent de dévaler la longue courbe pour glisser vers les clavicules, le contact se fit moins doucereux. Et pour cause, l’esquisse de son geste retrouva une lenteur plus commune et les ongles de la belle firent pression sur la peau de Mach. Juste assez pour érafler l’épiderme sans l’entailler. Elle resta ainsi une ou deux  secondes avant de retirer sa main alors que tout son être s’était épris de Mach, allant même jusqu’à écouter les battements de son cœur dans cette dernière tentative.

Démesurément inconsciente, elle se figea, scrutant tout et rien à la fois. A cette seconde, le monde tournait autour de Mach et la seconde d’après, le moindre bruit le rendrait inexistant. 

La jeune femme que Mach avait en face de lui, bien que magnifique, était loin d’être sans défense, ou du moins, Mach en était persuadé, même si au début, il aurait pu se dire, en faisant abstraction des cris bien entendu, que cela aurait pu justement être la dite demoiselle qui l’avait poussé. Mais, cette option avait vite été écartée face au comportement de son interlocutrice. Celle-ci se montrait douce, mais, il se demanda si ce n’était pas simplement pour endormir sa vigilance. Ainsi, il lui avait répondu par une question, et elle ne tarda pas à faire de même. Souhaiterait-elle ne pas lui répondre sérieusement ? Surement vu l’attitude peu attentive qu’elle lui portait, à l’exception de son regard.

D’ailleurs, cela suscita toujours la question du pourquoi elle s’intéressait à son état de santé. Mais, il savait qu’y poser de nouveau la question serait bien futile, et attirerait surement la même réponse. En tout cas, elle lui révéla de façon silencieuse sa véritable nature, bien qu’elle l’ait sans doute laissé plané s’il avait posé la question. Ainsi, il se contenta d’admettre les faits, sans se montrer plus surprit que cela, alors qu’il demanda simplement si les cris qu’il avait pu entendre étaient le fait d’une de ses proies. Et bien entendu, cela le fut, puisqu’aussi bravement que précédemment la demoiselle ne parla que peu, confirmant les soupçons du mercenaire. Et bien entendu, elle mit tout cela en scène, pour faire languir le jeune homme, et lui permettre d’une certaine façon d’admirer son corps.

Cependant, Mach resta des plus calmes, en se demandant ce que celle-ci attendait simplement de lui. Et avait elle réellement laissé échappée sa proie involontairement ? Mach en doutait fortement. Non, au contraire, il supposait que l’attrait d’une autre personne, lui en l’occurrence, qui convenait mieux au vampire, l’avait fait changer de cible.  D’ailleurs, il se contenta de poser de nouvelles questions, même si les réponses ne lui apporteraient sans doute pas grand choses.

Cependant, celles-ci étaient tout de même bien là, alors que rien n’avait obligé la demoiselle à lui répondre, et prendre directement ce qu’elle était venue cherchée. Ce qui laissa toujours le doute dans l’esprit de l’homme sur les intentions de la jeune femme, puisqu’il, et elle aussi, savait que Mach ne pourrait certainement pas lui échapper. Se fut d’ailleurs le sujet de la prise de parole de la demoiselle vampirique, suite à la dernière question de son interlocuteur
 
-Disons simplement que je ne suis pas suffisamment idiot pour tenter une fuite que je sais déjà impossible. Après tout, si on vient à accréditer toutes les rumeurs sur votre race, je n’aurai aucune chances de vous échappez, n’est ce pas ?

Répondit le jeune homme, alors qu’il vit le regard de la demoiselle porté sur son cou avec une attention telle, qu’elle devait surement se retenir de ne pas se jeter sur lui pour le mordre.  Ainsi, quand elle s’approcha de nouveau et vint caresser son visage, puis son cou, de façon si lente, qu’elle devait déjà s’imaginer planter ses dents dedans, avant de finir sur sa clavicule éraflant légèrement la peau de l’homme qui ne dit rien , ce dernier l’avait laissé faire sans broncher.

- Oh bien sur, je pourrais bien aussi tenter de me défendre, avec ce que je porte sur moi. Mais, vu votre rapidité et agilité, dot je présume les talents pour m’avoir approché sans que je ne le remarque, cela ne serait pas plus fructueux pour moi. Sauf si je veux réellement mourir. Alors que dans la situation actuelle qui sait si je n’ai pas une meilleure probabilité de rester en vie ! N’ai-je pas raison ?

Reprit-il en brisant de nouveau le silence. Bien sur, il aurait pu profiter que la jeune femme semble être dans la lune pour tenter quelque chose, mais comme il venait de le dire, il aurait été peu probable que ses actions portent ses fruits. Bien sur, la demoiselle pourrait le prendre pour un fou pour ne pas sembler la craindre, ou tenter de vivre en lui échappant, ce qu’aurait fait la majorité des personnes, comme la jeune femme avant lui. Et si on lui demandait s’il n’avait pas peur, ce qu’il semblait laissé paraître, il aurait répondu que si, et d’une certaine façon, la dernière partie de son discours, dont le vampire n’aurait peut être pas écouté, le montrait bien. Cependant, le mercenaire avait déjà traversé tellement d’épreuve, qu’il ne se laissait pas aller à ses sentiments les plus primaires

- Après pour être franc, je dois avouer que l’idée est moins déplaisante du fait d’avoir une ravissante jeune femme dans le rôle du chasseur plutôt qu’un vampire homme.

Dit-il avec un petit sourire, comme s’il cherchait inconsciemment à détendre un peu l’atmosphère autour de sa situation. Et il fallait avouer que la situation était bien plus plaisante à accepter de cette façon que si le vampire avait été un homme, et encore pire avec une personne âgée de plusieurs siècle, les paraissant vraiment, ce qui était loin d’être le cas de la demoiselle devant lui, qui malgré son sang froid devait avoir fait chavirer bien des cœurs parmi ses proies.

Il ne réagissait pas ? Elle haussa un sourcil avant de plisser les yeux, son visage se couvrant d’une moue enfantine. Finalement, elle allait le trouver bien vite ennuyeux s’il ne lui témoignait pas plus de sentiment. Bougonne, la Sangsue se planta devant lui dans toute sa nonchalance.

« Essayez donc et vous serez fixé. »

Non, pas d’autres questions pour lui cette fois, ni même de défi dans sa voix. Une réponse claire, bien que le ton peu avenant qu’elle lui offrit semblait de mauvais augure. On ne lui échappait que rarement. Pour ne pas dire jamais. Il ne fallait que comptait sur la chance pour que son intérêt s’efface et trouve une cible plus enivrante. Mais la bonne étoile de Mach ne brillerait pas sur ce coup là. Linnea se contentera certainement de l’illuminer à sa place.
Lorsqu’il évoqua son taux de survie en se cantonnant à ce genre de comportement, la donzelle ne sut dire s’il était dans le juste. Il était si rapidement pour elle de se mouvoir au-delà de toutes formes de ressentit qu’elle pouvait aussi bien mettre terme à ce bavardage dans la seconde.

«  Non justement, vous n’avez pas raison. »

Simple plaisir de contredire. Elle secoua la tête. Savoir que sa vie dépendait entièrement de sa volonté était subjuguant. Rien ne serait laissé au hasard  et même s’il lui échappait ce ne serait que parce qu’elle l’avait souhaité. Il fallait disposer pour savourer pleinement d'un pouvoir absolu.
Quand il fit état de son sexe, la demoiselle perçut à peine le compliment voilé. Homme, femme, qu’importe, les Vampires dégageaient en général, le genre d’aura obsédante dont on ne peut se défaire et peut-être même que l’un de ses homonymes masculins seraient en mesure d’éveiller des pensées interdites sur son compte.

« Ce qui est d’autant plus tentant, c'est que je pourrais vous obliger à me servir pour l’éternité. »

Elle sourit, laissant percer les canines éclatantes sur ses lippes carmines. Cette nouvelle idée donnait un second souffle à son intérêt. Après tout, Mach n’était pas en si mauvais état. Les prunelles de la belle se firent plus insistantes, se détournant des sillons rougeâtres que ses ongles avaient laissé sur sa peau. Ses bras se croisèrent sous sa poitrine, son poids bascula sur l’une de ses jambes pour souligner un déhanché léger. Les iris électriques s’affairèrent à relever le moindre détail le concernant. Ne sait-on jamais, ceci pourrait bien jouer en sa faveur quant à une possible survie. Irrépressiblement, elle ne pouvait que faire des comparaisons, le hissant à la hauteur de ses preux chevaliers qui la délivraient de sa solitude avec une ardeur dévastatrice. 
Ses lippes s’étirèrent d’avantage et elle se mouva dans la seconde. Dans le dos du mercenaire, elle posa ses mains délicates sur ses épaules et alors que les ongles s’enfonçaient sans douceur dans sa chair, l’un de ses pieds percuta l’arrière de ses genoux. A terre. La prédatrice serra les dents en le libérant de sa prise.

«  C’est bien prétentieux de ta part de croire que je pourrais te laisser en vie, souffla l’Hématophage, soudainement venimeuse. Mais il y a parfois pire que la mort. »

Elle s’accroupit, face à lui, son visage se peignant d’une tristesse inconnue et pourtant si réelle. Son élégance lascive laissait peu à peu paraître sa véritable nature. Indomptable, elle ne tarderait pas à réclamer de lui plus que son courage s’il se cantonnait à ce rôle.
A nouveau, elle releva sa main jusqu’à son menton, l’emprisonnant dans sa paume.

«  Jouons, veux-tu ? »

La question est rhétorique. Qu’il le souhaite ou pas, il devra jouer. Elle en a envie et c’est ce qui lui importe.  Linnea se laissa tomber à genoux devant lui, son minois retrouvant une légèreté plus sereine. Son excès de colère avait disparu et elle était presque prête en prendre en considération son opinion. A ceci près, d’abord, qu’il ne subisse ce dernier assaut plus doucereux. La Sangsue approcha son visage du sien dans cette même lenteur extrême qu’elle lui avait déjà présenté. Sans mal il pourrait éviter sa démarche tant ses intentions étaient lisibles. Linnea déposa ses lèvres contre celle du mercenaire pour sceller le pacte qu’elle s’apprêtait à lui faire passer.

Les premières paroles de Mach sur le fait qu’il ne tenterait ni une fuite, ni de se défendre, puisqu’il se savait « impuissant » face à la demoiselle, sembla attrister la jeune femme qui chercha sans doute à le provoquer en lui d’essayer s’il voulait être fixé. Il se demanda alors si elle n’avait finalement pas envie de jouer, au chat et à la souris par conséquent. Mais, en valait il vraiment la peine ce jeu, surtout que selon ce que ferait la demoiselle, cela ne ferait qu’épuiser sa proie, et rendre son petit déjeuner moins agréable, puisque les traces de la fatigue se verraient aussi dans le sang de son adversaire. Mais, peut être celle-ci trouvait cela préférable qu’une proie qui semble se donner d’elle-même à elle, et donc qui est trop facile.

Cependant était-elle la seule à jouer sur les mots ou Mach le faisait il lui aussi pour enduire la vigilance de la demoiselle et ainsi accroître ses chances lorsqu’il pourrait être amené à faire sa tentative. Il avait donc poursuivit sur ses chances de survit face à la demoiselle, qui ne tarda pas à lui dire qu’il se trompait. Cela le surprit donc, bien qu’il savait que s’était possible, et montra son état, peut être de façon exagérée, à la demoiselle.

- Ah bon, et en quoi ai-je tord alors ?

Demanda t il curieux d’apprendre le point sur lequel il avait commit une faute. Bien sur cela ne l’empêcha pas de continuer sa discussion, complimentant la demoiselle, de façon discrète en comparant que les craintes de la mort, ou le plaisir de ce qui pourrait suivre était totalement différent si le chasseur était un homme ou une femme. En effet, selon les préférences de chacun dans ce domaine, le sexe de l’autre pourrait aisément joué sur les réactions de la proie. Un peu comme la sensation qu’avait le mercenaire d’être moins vigilent en la présence de cette demoiselle.

S’est alors, que toujours en regardant la jeune femme dans les yeux, puisqu’il était difficile de ne pas contempler un si joli visage et regard, Mach aperçut le sourire de celle-ci, ne craignant pas spécialement sa dentition dévoilée de nouveau, se contentant d’écouter ce qu’elle lui disait. Elle lança alors l’idée qu’elle pourrait l’obliger à le servir pour l’éternité, ce qui d’une certaine façon fit sourire Mach.

- Ce qui pour certains doit paraître plus agréable que s’imaginer mourir !

D’ailleurs, avec la vue sur son corps que la jeune femme lui présenta juste après, cette idée là paru même être agréable à imaginer. Mais, cela ne fit qu’une brève vision, puisqu’il se retrouva rapidement à genoux, avec une légère douleur sur les épaules et aux genoux, là où la demoiselle qui reprenait la parole avait appuyée pour le mettre dans cette position. Elle parlait à présent de nouveau froidement, comme si elle voulait montrer de nouveau qui était le prédateur cette fois, alors qu’elle cherchait à défier, ou remettre à sa place Mach sur le fait qu’il espérait s’en sortir en vie.

- Je n’en doute pas une seconde. Une éternité de souffrance ou de solitude pourrait peut être rentrer dans cette catégorie de « pire que la mort »

Dit-il avant de la voir s’accroupir face à lui. Et si dans un premier temps, il supposa que s’était pour qu’elle puisse mieux prendre son repas. L’expression qu’elle arbora alors laissa le doute planer sur Mach. En effet, il se demanda un instant si ce qu’il venait de dire n’était justement pas ce que ressentait réellement la demoiselle sur sa propre situation, et en l’occurrence se sentir seule. Mais, n’était ce pas un nouveau jeu de la part de celle-ci pour le mettre à l’épreuve nerveusement ? Mach ne pourrait en être sur. Surtout qu’il la vit relever la tête et s’emparer de nouveau de son menton pour être sur que leurs regards se croisent lors qu’elle lui demandait de jouer.

- Et à quoi voulez vous jouer ?

Demanda t il calmement, en essayant de ne pas laisser paraître qu’il aurait pu peut être s’inquiéter pour elle de la voir triste à cause de mots qu’il aurait prononcé. En tout cas, le visage que lui montra la jeune femme était d’un calme, qui la rendait encore plus jolie qu’elle ne l’était déjà. Il vit son visage se rapprocher du sien très lentement, jusqu’au moment où leurs lèvres s’unirent dans un baiser qui surprit un peu le jeune homme. Etait-ce son dernier plaisir avant de mourir ?  Et même s’il aurait pu l’éviter, l’homme s’était laissé faire, et appréciait le contact, même froid, des lèvres de la demoiselle. Et il trouva cela si agréable, et la situation le laissant se sentir bien, qu’inconsciemment, il leva les mains pour les poser sur les épaules de sa partenaire. Non avec force, mais avec douceur, et sans chercher une seconde à s’en écarter. Il ne savait pas ce qui l’attendait, mais, si s’était la dernière chose qu’il devrait voir et faire sur Terre, on pouvait dire que cela serait une belle fin, agréable en tout cas, pour un homme tel que lui, qui avait été loin d’être un ange dans sa vie.

Mourir sous les doigts de Linnea, ne serait-ce pas toucher au quasi-divin ? Et quand la déité en question est aussi désirable, le supplice ne pourrait être que délicieux. Dans ses yeux ses amants avaient toujours désirés la mort tout autant qu’ils l’avaient voulu. Un désir absolu de vouloir posséder ce qui nous dépasse de bien loin et tout le pouvoir qu’elle peut symboliser.
En un sens, l’Hématophage incarnait aux yeux de nombreux de ces hommes d’une nuit la concrétisation possible de tous leurs rêves. Les plus fous soient-ils. Mais se retrouver bercé aussi proche de ces désirs d’absolus ne pouvaient que distiller une névrose légère, suffisante pour les aveugler du danger réel et leur offrir ce qu’elle jugeait de plus beau, la mort. Ou alors était-ce la faim qui lui dictait de leur ôter la vie. Qu’importe. Les fins sont toujours belles au regard du vécu.

Aussi, lorsque Mach posa ses mains sur les épaules frêles de la créature celles-ci firent vaciller son esprit. Comment pouvait-il s’immiscer dans son cercle ? Les émotions se confondirent dans son petit être qui parut soudainement accablé d’une humanité écrasante. C’est comme si son cœur s’était mis à battre à nouveau, douloureusement, dans l’intrusion qu’il venait de faire. Une mise en garde qui la contraignit à agir précipitamment. Elle éloigna ses lèvres des siennes dans un grognement à peine contenu et la tranche de ses mains tapèrent sur l’intérieur des coudes du militaire. Encore un peu et la vitesse du mouvement grandit davantage et ses paumes tapèrent contre son torse avec plus de force qu’une femme ne devrait en avoir.

« Jamais ! »

La voix de la belle s’érailla de ce contact forcé et de la vivacité qu’il avait éveillé dans son être.

« Ignoble humain, qui t’as permis de poser tes doigts sur moi. »

Son ton s’acidifit à mesure que la Bête en elle prenait de plus en plus de place dans son être. L'avait-elle cachée jusqu'à présent ? Non. Bien sûr que non, Linnea n’a jamais été autre qu’un Vampire. Il n'est même pas certain qu'elle ait réellement pu comprendre ce que signifiait la compassion et tout ces sentiments que la nature humaine altère.
Il n’y a que sa fureur, sa rage et son besoin irrépressible de sang qui ne puissent moduler selon ses humeurs. Tout juste ce qu’il venait de faire. Déclencher ses foudres.
Elle se jeta sur lui, prête à lui laisser entrevoir sa vision du monde. La chevelure cendrée glissa contre ses joues pâlottes pour retomber au-dessus du visage de Mach, désormais très certainement au sol, sous la charmante demoiselle. Ses fesses soigneusement posées sur le bassin du mercenaire, les jambes pliées de part et d’autre des cuisses de son compagnon de nuit, les mains plaquées sur son torse.

« On joue selon mes règles. J’ai toujours raison et je suis seule détentrice de ta vie. »

Elle sourit en se penchant vers lui alors qu'une main quitta son torse pour regagner son cou. Ses doigts glissèrent lentement sur son derme, retrouvant un peu de cette douceur maladive jusqu’à ce que ses ongles éraflent une nouvelle fois sa peau, plus longuement. Son visage s’approcha à son tour du sien, son souffle glacé courant sur sa peau comme une caresse délicate.
C’est indéniable, le monde tourne autour d’elle. Ainsi Mach ne devra jurer que par elle s’il espère un peu de sa clémence ou que la raison la retrouve. Et ce ne sera pas un autre baiser qui achèvera de la conduire vers la compassion. Au contraire, il semble que cela ait précipité son irrationalité. Lentement, elle lui fit tourner la tête sans laisser paraître une once de souplesse dans son poignet. Il ne pouvait que suivre le mouvement qu’elle lui imposait. D’ailleurs il pourra même entendre un petit rire s’échapper d’entendre ses lèvres alors que celles-ci se posèrent sur sa peau. Ses lippes s’écartèrent tout juste assez pour laisser filer sa langue qui passa sur les blessures superficielles qu’elle lui avait infligé.

« De quand date ta dernière étreinte ? »

La question est presque rhétorique. S’il ne le dit pas, elle le devinera. La Sangsue le huma, cherchant au-delà de sa propre odeur.

Aussi étrange et contradictoire que pouvait être la situation, Mach ne la craignit pas, et accepta même le baiser, en y participant. Cependant, lorsqu’il se laissa emporté par ce dernier et qu’il vint poser, sans aucune menace, les mains sur les épaules de la demoiselle vampirique pour approfondir un peu et améliorer le moment, la sensation changea soudain. En effet, une forte aura de danger, pour lui, émana de la jeune femme, alors qu’elle se mit à grogner, et que presqu’aussitôt, le mercenaire fut violemment repoussé. Si bien qu’une douleur aigue, mais qui passerait, vint s’installer dans sa poitrine, alors que la vampire prenait la parole avec un ton froid, et une expression menaçante sur le visage.

- Disons que je me suis simplement laissé aller au moment présent…

Il n’eut guère le temps de continuer, qu’il se retrouva jeté au sol lorsque le vampire lui sauta dessus. Et vu qu’il était à genoux auparavant, il n’avait guère pu échapper à cela. Cependant, les mouvements de sa « tortionnaire », même sous la colère, restaient des plus fluide et agréable à regarder, si bien qu’il ne fit presque pas attention à la douleur qui venait de son dos, suite à l’impact brutal avec le sol. D’ailleurs, elle se retrouva vite à califourchon sur lui, les fesses posées sur son bassin. Et il se demanda brièvement comment elle réagirait si ce dernier venait à être déjà excité, ce qui n’était pas spécialement le cas, même si elle ne le laissait pas indifférent. En effet, dans sa position actuel, la jeune femme n’aurait pas manqué de sentir si le pénis de sa proie était en érection ou non.

Quoi qu’il en fut, Mach ne pouvait guère bouger dans cette position, alors que son visage, toujours regardant celui de la demoiselle, était à présent captif de la chevelure cendrée de la jeune femme. Celle-ci lui dit alors qu’ils allaient jouer selon ses règles, et qu’elle était détentrice de sa vie, et par conséquent qu’il ne devrait pas lui dire qu’elle avait tord. Mach se mit alors à sourire sans réelle méchanceté.

- Se serait folie dans ma position de remettre en doute votre parole de toute façon.

Se contenta t il de répondre, alors qu’elle le plaquait fermement au sol de ses mains posées sur son torse. Et dans cette position, le jeune homme n’aurait sans doute pas pu s’échapper de   l’emprise de la demoiselle qui lui aurait doc surement ôté la vie, s’il venait à l’énerver pour de bon. Ce qui étrangement n’était pas encore le cas avec son geste précédant. Ce qui laissa le mercenaire se demander si elle se retenait volontairement ou si une part d’elle avait apprécié ce qu’il avait fait, sans qu’elle ne l’admette, et donc avait freiné son ardeur inconsciemment ? Bien sur se serait une question dont Mach n’aurait pas la réponse s’il venait à la poser, ou du moins pas oralement, à cause de la fierté du vampire, qui ne voulait pas se rabaisser à se comparer à un humain.

En tout cas, les mouvements de la jeune femme se refirent lents et plus doux, alors que sa mains revint caresser et griffer légèrement le cou de Mach avant de lui faire tourner la tête pour venir jouer de sa bouche et langue sur cette zone. Etait ce le moment où elle avait décidé de le mordre ? Il ne saurait le dire, bien qu’une autre question ne tarde pas à venir par contre. En effet, la jeune femme voulut savoir quand avait été sa dernière étreinte, ce qui le surprit. Bon, il pourrait jouer sur l’humour et faire référence à l’actuelle, mais, cela aurait sans doute agacé la demoiselle, et il se mit à chercher une réponse plus adaptée, ce qui laissa un silence s’instauré quelques temps.

- Avec un vampire ?

Commença t il par demander. Cela la surprendrait sans doute, puisque cela pouvait vouloir dire qu’il en avait déjà rencontré un dans le passé. Et s’était vrai, puisqu’il avait rencontré une dénommée Aleera, mais avec laquelle il n’avait que jouer sexuellement selon les propres envies de la demoiselle, qui ne l’avait au final pas mordu.

- Mais, si s’est une relation physique avec une femme dont vous voulez savoir, cela remonte à une semaine voir quinze jour.

Répondit-il calmement, ne pouvant être sur à cent pour cent sur cette dernière affirmation. La raison en était simple, puisqu’il venait tout juste de conclure son dernier contrat, qui lui avait demandé beaucoup de temps. Et pendant ce temps là, Mach n’avait rencontré aucune femme pour soulager ses pulsions sexuelles. Il se demandait tout de même ce que la jeune femme allait faire de ses informations ? En effet, quelles pouvaient être leur utilité é aux yeux d’un vampire ayant faim ?

Un vampire ? Un vampire. Elle fronça les sourcils à sa demande. Linnea n’avait que faire qu’il passe ses nuits en compagnie de créatures nocturnes ou naïves mortelles. La seule chose qui suscitait réellement de l’intérêt en elle, était belle et bien la date à laquelle remontait sa dernière partie de jambe en l’air mais son éducation l’obligeait sans doute à utiliser un langage un peu plus châtié.
Si on ne lui avait pas inculqué toute les notions de politesses que l’humanité exige d’ordinaire, son Créateur avait longtemps insisté sur le fait qu’il fallait toujours parler de manière correcte. Même sous la colère. Non seulement c’est terriblement plus classe que de se confondre dans une vulgarité insensée mais ça relève d’une notion mystique. Du moins c’est que la demoiselle finit par ressentir au fil des siècles.

Elle l’écoutait d’une oreille distraite, ses pensées s’envolant déjà au-delà de ses souvenirs. Ils revenaient par flash semer le trouble dans son esprit comme pour l’obliger à rester inactive au-dessus de lui alors qu’elle s’était redressée, assise à califourchon sur sa proie. Ne pourrait-elle pas le faire contribuer à l’élaboration d’un trône décent ? Là, Linnea revoyait son Maître, impérieux, assis sur tout un siège sculpté à même la pierre. On pouvait certes lire dans la pierre une connaissance anatomique époustouflante de la part de l'artiste mais un sens de l'esthétisme tel qu'il rendait l'oeuvre loin d'être aussi déplaisante qu'il n'y paraissait. Bien sûr il ne fallait pas voir la pierre seule dans sa froide étreinte, mais ajouter à cela les drapages aux tons pourprées un peu partout dans la pièce, les effluves délicieuses, irrépressibles même de l'hémoglobine franchement versé dans la coupe qui accompagnait le Maître des lieux lorsqu'il prenait place sur son trône. Et par endroit, sur des socles où se confondaient le minéral et la cire, des bougies dont les flammes dansaient leur divine valse. Bien évidement, elle n'avait pu qu'hérité son goût macabre.
Encore aux prises de ces doucereuses pensées, les mains de la belle se détendirent sur le torse de Mach. Son attention semblait décroisser alors que son ouïe ne pouvait s’empêcher d’entendre la mélodie délicieusement répétitive de son cœur.

« C’est tout ? » Finit-elle enfin par lâcher.

La donzelle ne le regardait même pas, son air songeur toujours figé sur son minois laiteux. La Sangsue aurait cru plus. Ou aurait aimé entendre plus. Son estime envers ce qui gisait au sol sous ses cuisses la fit finalement grimacer.

« Pas même un amant potable. Et pourtant je prends bien en compte que tu ne sois qu’un humain. »

Quelle délicieuse créature. En d’autres temps, elle chérissait les valeureux guerriers qui après avoir vaincu par le sang acceptaient sans mal de calmer les ardeurs de la donzelle dans l’hémoglobine. La voilà qui laisse se peindre un sourire élégant sur ses lippes carmines. Même les sensations qu’elle avait pu éprouver ces nuits-là lui revenaient. Aussitôt son aura se décupla, sa nature à l’œuvre pour abuser de ses charmes.  Heureusement la réalité sut lui démontrer que rien ne la comblait pour l’heure. Evidemment.
Les iris de la Belle descendirent sur son faciès, un sourcil se rehaussant. Tant pis pour lui, si Mach souhaitait être spectateur, il subirait les caprices de la demoiselle. Son bassin ondula lentement au-dessus de celui du mercenaire alors que ses mains gelées se glissaient sur son torse aux dessous de ses vêtements. Chaque centimètre de peau remonté exacerba un peu plus ses pulsions et si elle ne lui causa pas la moindre blessure, Linnea déchira brusquement son haut.

« Néanmoins, je suis presque certaine que tes os pourraient constituer un parfait ornement pour mes catacombes. »

Sa voix retrouva sa teinte mielleuse et acidulée. Elle se mordilla les lèvres, posa ses mains à plat sur le bas de son abdomen avant de tendre les bras de quoi constituer un étau pour son opulente poitrine. Si la position était on ne peut plus indécente, sa candeur restait toujours présente pour laisser croire à une possible naïveté.