Val était à la dois rageur et impressionné, rageur, car son idée foireuse n’avait pas marché, et impressionné par le calme olympique que manifestait Denna quand à la blessure occasionnée, la lame s’était enfoncée jusqu’à la garde ! Elle n’avait eu qu’un léger sursaut ! Elle n’avait même pas cillé ! Elle ne semblait pas en souffrir plus que cela ! Complètement aberrant ! Elle n’était pas humaine !Lui non plus, mais ce n’est pas là ou il voulait en venir, non, il voulait dire qu’elle n’avait pas eu le comportement qu’on attendait. Même un monstre au cuir plus épais ne serait pas resté aussi impassible devant une telle profondeur enfoncée dans l’épaule, mais elle, rien, nada, que dalle !
Petit à petit, Val sentait son don li échapper, comme si il perdait peu à peu contact avec sa main, physiquement, ce n’était pas douloureux, par contre moralement, c’était comme si on lui enlevait une partie de lui même. La douleur est inimaginable. Avait-elle déjà ressenti quelque chose de semblable ? Possible, cela aurait pu expliqué l’absence de réaction lors du coup de poignard. Elle seule devait savoir pourquoi, mais alors que Val souffrait en silence, elle fut parcourue par un frisson de plaisir. Le clone disparut malgré la volonté de Val ! Que se passait il ? Qui avait fait ça ? Dans son état, il aurait pu le faire tenir pendant au moins quatre heures ! Mais ce n’était pas fini. Il croyait avoir vu le pire, mais en réalité, cela ne faisait que commencer. Petit à petit, une douleur monta du fond de ses entrailles, progressivement, devenant de plus en plus intense, jusqu’à ce qu’elle transcende la douleur du membre fantôme. Il en hurla de douleur. Un cri à le rendre aphone, d’ailleurs sa voix se brisa un peu. A force de hurlement, ses maux ne seraient bientôt plus que des gémissements. Cela continua, par intermittences, complètement imprévisibles, lui arrachant des cris, toujours et encore, jusqu’à que sa voix elle-même, complètement éraillée, ressemble au raclement du fer sur la roche.
La douleur continuait d’aller et venir, alors qe Denna se penchait vers lui, s’accroupissant alors que la douleur lui arrachait des convulsions. Il ne maitrisait plus rien, il était dans un triste état, mais comme cela ne lui suffisait apparemment pas, elle lui planta la dague encore pleine de son sang dans l’épaule. La seule satisfaction qu’il avait face à tout cela, c’est qu’au moins, il ne souffrait de l’autre douleur, mais juste de la blessure. Enfin, elle prit la parole :
« Ta magie est à moi, fit Denna avec une lueur de folie dans le regard. Tout comme toi. A partir de maintenant, chacune de mes caresses seront les plus douces et les plus réconfortantes que tu n’as jamais reçu. Ma présence, la seule chose à laquelle tu aspires. Ma voix, un phare dans les ténèbres. Tu me chériras pour chaque moment de répit que je t’accorde et tu boiras mes paroles pour ne pas crever de désespoir à l’idée de ne pas me contenter. »
Elle n’avait jamais lâché le poignard, et la mention ses derniers mots, elle l’accentua en tournant la dague d’un coup sec li arrachant sans doute par pur plaisir sadique un hurlement éraillé,. Et avant qu’il ait eu le temps de faire quoi que ce soit, elle en profita pour l’embrasser à pleine bouche, avec fougue et bestialité. Et au moment où elle y mettait fin, elle lui mordit la lèvre jusqu’au sang, suçotant avec un plaisir non feint cette même blessure.
Enfin, elle se retira complètement, se leva et commença à s’occuper de sa blessure, sans pour autant cesser de le blesser, car au moment ou elle lâcha le poignard, sans le retirer de la plaie, ça aurait été trop gentil, l’autre douleur revint, toujours aussi imprévisible tant en intensité qu’en fréquence. Cela lui fit reprendre ses convulsions, mais il ne criait plus, il ne faisait que gémir, il n’avait plus de voix à force d’hurler sa fouleur. De plus, il continuait de perdre son sang, s’affaiblissant petit à petit. Si ça continuait ainsi, étant donné son état actuel, il serait mort demain. Pouvait il s’en rendre compte ? Pas vraiment. Pouvait il seulement réfléchir ? Non, tout ce qui restait dans sa tête, c’était quelques mots, ces mots prononcés par sa geôlière il y a peu. Il y avait autre chose, une voix plus profonde qui venait des confins même de son esprit, celle-ci ne communiquait pas seulement des mots, mais aussi des images, des odeurs des gouts, autant de choses qui perdait en force devant la voix de la jeune femme qui prenait de plus en plus d’ampleur, se revigorant là ou l’autre s’essoufflait, gagnant en intensité là où l’autre se perdait, résonnant là où l’autre n’avait aucun accès.
Au fond de lui, une autre voix se mêla à celles-ci, jouant en accord avec les deux, comme si c’était la seule solution pour avoir la paix.
*Renonce !*
*Val’Arrinian, je t’ordonne de renoncer !*
*Suis ma voix et mes conseils, et tu vivras.*
C’était vraiment étrange, pourriez vous imaginer deux voix qui chanteraient en parfaite opposition, sans aucune harmonie ? Si oui, alors voux xomprenez ce ue Val ressentait avant que la troisième voix ne s’en mèle. Cette vois les rassemblait, elle jouait le chaînon permettant de jouer les deux musiques ensemble sans le moindre désaccord.
Combien de temps passa-t-il dans cet état là ? Il ne le saurait jamais vraiment, car c’est comme si il était connecté à son corps, mais de loin, comme si il n’avait aucun rapport avec celui-ci, tout en ressentant tout ce qui était infligé à cette enveloppe charnelle. Finalement, terrassé, il sombra dans l’inconscience sans savoir vraiment ce qu’il disait, il souffla un mot, un peu comme un soupir, comme le râle d’un mourant, il ne pronça qu’un mot de deux syllabes :
« De … Denna … »
Étrangement, cela ne sonnait pas comme une supplique, non, il s'agissait juste d'un appel au secours, d'une demande d'aide. Celle ci, par l'assurance qu'avait eu sa voix, donnait l'impression qu'il ne se faisait pas de mourrons, qu'elle l'aiderait.
Mais plus étrange encore fut son regard presque vitreux avant qu'il ne ferme les yeux, on y voyait ni regret, ni souffrance, ni colère, on ne voyais que trois sentiments se mêlant les uns aux autres, on y lisait de la tristesse, de la compassion, et surtout, de la gratitude. Pourquoi cela ? Lui même l'ignorait, il ne dictait plus rien en lui, il n'y était pour rien. Peut être qu'elle comprendrai, mais laissez moi en douter. Le seul qui pourrait peut être comprendre un jour, ce serait lui, et partager cette réponse ne pourrait jamais lui être imposée, car il la savait au fond de lui, sans vraiment la savoir.