Zyllios parût quelque peu rassuré quand Shylee lui parla de son appartement, et du fait qu'il ne devait pas être trop loin de là. Une petite trotte, pour sûre, mais la jeune femme aimait bien marcher, donc ce ne la dérangeait pas. Ce qui était plus ennuyeux, par contre, c'était le retour. Marcher seule, dans la nuit, c'était pas très, comment dire, rassurant. Mais Shylee verrait bien quand elle y serait. Pour l'instant, ils n'étaient même pas encore arrivés chez Zyllios. Alors, pas la peine de penser tout de suite à partir, non ? Elle avait bien le temps d'y réfléchir. De toute manière, rentrer chez elle, pour le moment, c'était à prescrire. Shylee ne voulait pas laisser Zyllios par les patus. Cela n'aurait pas été très sympathique de sa part. Et pire encore, comment aurait-il pu faire pour se soigner ? Hein ? L'endroit où il avait été blessé lui était, certes, facile d'accès, mais ça serait plutôt difficile pour lui de se soigner correctement, du moins, c'était ce qu'elle pensait.
Enfin brèfle. Shylee crut remarquer une pointe d'étonnement lorsqu'elle lui proposa d'aller chez lui. Oui, surpris il était, du moins, c'était l'impression qu'il donnait. Bah, s'il préférait, ils pouvaient toujours aller chez Shylee. Mais c'était bien plus loin que l'appartement de Zyllios et ses jambes, du fait de la fatigue et de la perte sanguine, ne pourraient peut-être pas le porter jusqu'à chez la jeune femme. Donc, autant aller au plus près, non ? Sortant de sa torpeur, Zyllios répliqua qu'il ne fallait pas qu'elle se fasse des idées, que ce n'était pas immense. Et alors ? Shylee se fichait bien de la taille de son appartement. Elle haussa légèrement des épaules.
"Chacun a sa vision de la grandeur des choses. Ce n'est pas bien important. Ce qui compte le plus, c'est qu'on trouve de quoi te soigner."
Oui, Shylee faisait une fixette sur la blessure de Zyllios et alors ? Elle s'inquiétait, et puis, se disait que c'était un peu de sa faute s'il avait reçu un coup. Alors, elle cesserait d'y penser lorsque la plaie serait nettoyée et pansée, pas avant. Bon, y'avait plus à tergiverser. Les deux jeunes gens se remirent en route. Ils ne marchaient pas côte à côte pourtant. Pourquoi ? Zyllios lui montrait le chemin. Normal, Shylee n'aurait pas su où se rendre, et quelle direction prendre. De temps à autre, Zyllios lançait quelques regards à Shylee. Ses jolis yeux verts croisaient les bleus de Shylee. Les yeux verts, c'était plutôt joli d'ailleurs, on y repensant. Cela faisait penser aux vertes prairies qui s'étendaient à perte de vue dans certaines régions de certains pays. Une sorte de rêve d'évasion en somme, un peu comme les yeux bleus de Shylee qui faisaient penser à une étendue d'eau.
Brèfle. Un à un, les lampadaires s'allumaient, tandis que le soleil avait presque disparu. Bientôt, l'astre solaire laisserait la place aux astres de la nuit. Quoique, avec les lumières de la ville, Shylee n'était pas réellement sûre que les étoiles pointeraient le bout de leur nez. Non, elles seraient, très probablement, un peu masquées par toutes les lumières. Zyllios se tourna une nouvelle fois vers Shylee, lui posant quelques questions. Il voulait savoir si elle parviendrait à rentrer chez elle, sans ennuis. Et la curiosité le piquant, il li demanda si elle vivait seule. Si la réponse à la deuxième question était plutôt évidente, Shylee n'avait pas encore totalement réfléchi à comment elle allait rentrer.
"Je crois que le mieux sera que je prenne un taxi. Je n'aimerai pas non plus tomber sur d'autres voyous."
Y'avait bien une autre solution : celle de passer la nuit sur le canapé de Zyllios. Au moins, il n'aurait pas à s'inquiéter pour elle et saurait qu'elle était en sécurité, et pas dehors. Mais bon, Shylee ne voulait pas non plus s'imposer, d'où le fait qu'elle avait pensé au taxi.
"Sinon, effectivement, je vis toute seule. Non pas que j'en avais marre de mes parents mais il faut bien prendre, un jour, son indépendance, non ?"
Papa et maman étaient adorables. Sauf qu'ils n'habitaient pas dans la même ville qu'elle. Et comme Shylee avait accepté ce poste, il fallait bien qu'elle vole de ses propres ailes, non ? Qu'elle prenne son indépendance, comme elle le disait. Bon, il était vrai que Shylee avait encore un peu le cafard, de temps à autre, parce que se retrouver toute seule du jour au lendemain ... Fallait bien un temps d'adaptation. Mais bon, elle ne regrettait rien, du moins, pour l'instant, elle n'avait rien à regretter.
"Et toi ? Tu as opté pour la solitude ?"
Tandis qu'ils continuaient leur petite discussion, ils se retrouvaient finalement devant le bâtiment qui abritait l'appartement de Zyllios. Ils s'engouffrèrent vers ce dernier et s'avancèrent vers une espèce d'ascenseur. Oh, fichtre ! Un ascenseur ... Shylee n'aimait pas trop ces petites bêtes. Enfin, même, pas du tout. Oui, elle les détestait depuis qu'elle était restée coincée dedans lorsqu'elle était bien plus jeune. Depuis, elle les évitait comme la peste. Mais demander à Zyllios de prendre les escaliers, c'était peut-être un peu trop.
*Respire ... Et reste calme ...*
Plus facile à dire qu'à faire d'ailleurs. Après un long soupir, Shylee pénétra dans l'ascenseur avec Zyllios. Tsss, la boîte de conserve était vraiment petite, trop, ce qui n'arrangeait pas vraiment l'anxiété de Shylee. Bien qu'ils étaient obligés de se serrer, Zyllios, lui, était tout à fait détendu, ce qui n'était pas son cas.
"Tu sais ... Faut que j't'avoue quelque chose ... Je déteste les ascenseurs ..." avait-elle lancé avec un nouveau soupir.
Un étage de passé ... Y'en restait encore trois. Tant bien que mal, Shylee essayait de garder son calme mais c'était plutôt difficile. Tsss ... Fichue boîte de conserve va ! Mais Zyllios la calma d'une manière fort agréable. En effet, le jeune homme avait déposé un doux baiser sur ses lèvres. Certes, cela l'avait surpris mais au moins, Shylee ne pensait plus à la boîte de conserve et au fait qu'elle pouvait tomber en panne à n'importe quel moment. Un baiser opportun mais qui avait eu un effet plus que positif, il fallait bien le dire. Leurs lèvres se décollèrent rapidement et aussitôt, Zyllios présenta ses excuses, et lui demanda de bien vouloir le pardonner.
"Je crois qu'il n'y a rien à pardonner. Enfin, pour ma part, j'ai plutôt été insupportable durant ce cours voyage en ascenseur. Ca serait plutôt à moi de m'excuser."
Finalement, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Ah ! Quel bonheur ! Une chance que la boîte de conserve n'était pas tombée en panne. D'ailleurs, elle préférait même pas l'imaginer. Brèfle, Zyllios attendit quelques instants avant de sortir. Peut-être qu'il attendait de voir ce que comptait faire Shylee. Elle n'allait pas s'enfuir en courant, ou bien le laisser là sur le pas de la porte de son appartement. Non, elle effleura sa main avant de venir loger la sienne dans celle de Zyllios.
"Allons soigner ta blessure."
En somme, elle acceptait sa proposition, celle de continuer leur petite discussion chez lui. Et puis, advienne que verra.