Elsa se serait bien laissé aller à de long sanglots, elle se serait bien autorisé à pleurer jusqu’à son heure de sortie de l’hôpital, car cela faisait parfois du bien de tout extraire de son cœur par les larmes. Un autre vint perler sur sa joue et glisser vers son cou, la faisant frissonner. Son cœur était en train de se serrer à un point que sa poitrine lui faisait fortement mal, à un point que cela rendait difficile sa respiration. Les larmes ne coulaient pas, mais elle était en train de se mettre dans un état inquiétant. Elle se mordit les lèvres pour ne pas laisser s’échapper ce gémissement que l’on a lorsqu’on se retient de pleurer. Son ventre se tordait, elle ressentait un manque, elle languissait son père, sa vie calme, son île.
Avoir l’impression d’avoir raté quelque chose, d’avoir commis une erreur était douloureux, elle sentait le remord en elle, la jeune fille avait comme la sensation qu’elle avait été encore une fois stupide, d’abord au présent de s’être immiscé dans cette bagarre pour regarder, au passé pour être venu étudier à Seikusu, si loin de chez elle, et au futur d’avoir fait mauvaise impression au lycée. Tout cela lui paraissait irrattrapable, et elle pensait à présent qu’il était impossible de rester dans ce pays, elle avait une envie fulgurante de retourner chez elle. De plus, ce garçon qui l’avait heurté n’était pas resté à l’hôpital apparemment car elle ne l’avait pas vu débarquer dans sa chambre.
Une autre coula sur sa joue au moment où quelqu’un frappa à la porte, et alors que toutes ses pensées et ses désir allaient vers Oklan, ce dernier franchit la porte. Son souffle se coupa et elle sentit son cœur se tordre encore plus en même temps que ses joue rougissaient. Elle avait honte de lui apparaître en pleine crise de mélancolie, mais cela n’avait pas l’air de déranger le jeune homme qui était entré muni d’un bouquet de somptueuses roses rouges qu’il commenta et plaça dans un vase. Elsa l’écoutait vaguement, ce qui l’importait était de ce calmer, pour pouvoir lui parler. Il s’assit et raconta une histoire qu’elle saisit plus que le commentaire sur les fleurs, et elle regarda le jeune homme passer une bague à son doigt.
L’action qu’il venait de commettre émut encore plus la jeune fille et elle n’arrivait décidément pas à calmer ces convulsions invisible pour lui mais douloureuses pour elle. Elle passa ses doigts sur l’anneau et n’arriva pas à sourire, ni à répondre quoi que se soit. Elle le vit se lever, embrasser son front d’une façon quelque peu étrange, et sortir en prononçant quelques mots, puis son prénom. Il était clair qu’il voulait la faire réagir, qu’il voulait entendre sa voix, qu’il voulait qu’elle le rappelle. Mais que voulait-elle vraiment ? Elle décida d’être honnête avec elle-même et ce qu’elle voulait vraiment était que cet homme vienne s’asseoir près d’elle, éteigne cette foutue télé et continue à lui parler, et qu’il lui reprenne la main comme il l’avait fait dans l’ambulance.
« Attend, reste. »
Seulement deux mots réussirent à sortir de sa bouche, d’une voix faible et pincée car les sanglots refoulés avaient tendance à couper la voix. Elle devait ajouter au chose car ces verbes à l’impératif ne lui paraissaient pas très polis, surtout que ce garçon voulait se faire pardonner de quelque chose qu’Elsa lui avait déjà pardonné, et qu’il était attentionné à souhait. Elle le regarda et essaya de sourire, ce qui lui était difficile vu son état intérieur, mais un sourire timide réussit à s’immiscer sur son visage crispé et elle ajouta, d’une voix toujours pincée :
« Merci pour les roses, elle sont bien plus belles que moi. »