Alors que la scandinave allait lui répondre, entrouvrant la bouche, le jeune homme s'en alla chercher une chambre pour la nuit. Ouais, c'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire pour le moment. Quand il revint, l'idée de l'ascenseur, qui ne lui avait pas encore frôlé l'esprit, lui parut une très bonne idée pour ses jambes engourdies par l'effort. De plus, pour l'instant, ils n'avaient eut aucun soucis. En même temps, à cette heure, tout le monde est « censé » être couché. Ouais enfin non, quoi. Y'a toujours des abrutis pour foutre la pagaille. Toujours.
Néanmoins, même si elle esquissait un sourire de soulagement en le revoyant revenir avec une clé, elle ne s'attendait pas à ce que Nicolas lui prenne la main pour l'emmener jusqu'à l'ascenseur. Assez confuse, elle devait l'avouer, elle se laissa faire, reprenant quelques couleurs sur son visage, les sourcils froncés. La scène était assez ironique, quand on sait ce qui s'est passé il y a quelques temps de ça. Qui l'aurait cru ? Personne, même pas Frig. Enfin, encore moins Frig, elle n'était pas la mieux placée pour juger les faits puisqu'elle n'était pas présente, en quelque sorte. Personne n'était présent, en fait, quand on y pense. Peut-être, en fait, c'était pas sûr.
Dieu, qu'est-ce qu'elle détestait ces engins. Adelheid n'avait pourtant pas été traumatisée par les ascenseurs, mais ça ne la rassurait pas. Cependant elle faisait abstraction de ça, plutôt consciencieuse de sa fatigue. Elle s'enfonça jusqu'au fond de l'ascenseur, glissant une main sur la poche de son short pour vérifier si elle avait du laudanum sur elle pour atténuer la douleur (enfin, c'est ce qu'elle croit...). Le contact du flacon raviva sa hâte d'arriver dans la chambre et la norvégienne prit bien soin de mémoriser le numéro inscrit sur la plaquette accompagnée de la clé. Avant même que la machine ne les mène à leur étage, elle s'appuya contre la cloison du fond.
- Étudiante, en effet. J'viens de Norvège. Adelheid pinça les lèvres. Et oui, ça faisait loin, quand même. Et toi ? Ajouta-t-elle, tout naturellement.
Un grondement se fit entendre et l'ascenseur entreprit enfin sa montée. Un frisson la parcourut l'espace d'un instant. Elle s'impatientait d'arriver enfin à destination... D'un coup, une des paroles de Nicolas lui revint en tête. La scandinave se redressa brusquement, braquant un index accusateur sur son interlocuteur.
- Hei ! Mais comment peux-tu...
Frig se stoppa net et son regard se leva jusqu'à un des coins de l'ascenseur. Là ce trouvait un point rouge, lumineux. C'était douteux. Sacré amis nippons, toujours obligés de surveiller tout et n'importe quoi... Elle fronça les sourcils derechef.
- Non... c'est pas important... ajouta-t-elle avec une moue un poil contrariée mais avec ce regard sérieux signifiant bien : « On en reparlera. ».
Elle se rappuya contre la cloison et croisa les bras, bien que son index droit vint rapidement jouer avec l'un de ses piercings à la lèvre, comme elle avait l'habitude de faire.
Ses traits s'adoucirent considérablement lorsqu'ils arrivèrent à leur étage. Adelheid se dégagea bien rapidement de l'ascenseur mais contrairement à leur errance hasardeuse dans les rues, elle ne chercha pas à garder une marge d'avance avec Nicolas. Avec une certaine hâte enfantine, ses yeux scrutaient les numéros inscrits sur les portes.