Quelque part en Ashnard, les préparatifs d'une fête à venir vaguaient à pleine vitesse.
Les damoiselles de la cours cherchaient couturier pour des robes plus aguichantes que couvrantes tandis que les hommes eux, donnaient or et bijoux à leurs femmes pour les embellir tel un trophé que l'on exibhe pour montrer sa puissance. En les rues, les carrosses déambulaient rapidement, rendant les paysans, mendiants et voleurs aux aguets des bourses avoisinantes. Le général revenait. La fête débuterais dans une lune ou deux, tout dépendant.
Quant à la comtesse de Daelys, eh bien... C'était autre choses. Ses pas résonnèrent entre les murs du château tandis qu'elle semblait absente en ses mires claires et pourtant assombrirent par le temps. Ses hanches roulaient sous sa démarche féline et délicate, l'amenant ainsi jusqu'aux portes du château qu'elle ne prit guère le temps de patienter avant de les franchires, bien au contraire. Du bout de ses doigts, la comtesse vint quérir un panier en osier déposé sur le sol quelques minutes plus tôt, le glissant tout en douceur dans le creux de son coude.
« Serez-vous présente pour le bal en l'honneur du Général, Demoiselle de Daelys? » Interrogea l'un des portiers lorsqu'il vit la femme vêtue de blanc traverser la lourde porte métallique, la stoppant ainsi dans son élan jusqu'à même lui faire tourner la tête en sa direction. Dans un doux sourire délicat, la comtesse vint incliner son faciès bien bas tout en glissant ses doigts contre les plis de sa robe pour lisser ceux-ci convenablement.
« Il en va de soit, n'est-il pas dans deux lunes ? » L'homme, pensif, vint déposer son hallebarde contre le mur tout en replaçant ses gants de plaques, sans réponses. Layne inclina de nouveau sa tête avant de reprendre le pas. Ses pieds nus glissèrent maintenant contre les pavés poisseux et parfois orné de quelques mauvaises herbes qui eurent passé entre les craques pour se frayer chemin vers une certaine source de lumière. Tout être semble attiré par cette force invisible qu'est ce ciel, ce soleil, cet amour ou ces sentiments enivrants... Pourtant, qu'est-ce que le véritable bonheur?
La belle à la tour blanche marchait toujours, laissant ses pieds la mener là ou elle ne désirait guère savoir. Un tournant, un second, toujours le hasard. Probablement que ce soir, elle devrait chercher à quérir une robe des couturiers pour ainsi se préparer au bal qui aura bientôt lieu, et pourtant, l'élan de ce soir semblait plus poussé vers les songes.
Le ciel s'assombrissait, laissant une teinte d'encre peindre ce tableau aux imperfections nébuleuses tel que la lune et les tâches étoilées. Plus elle s'avançait, plus la civilisation disparaissait derrière ses pas aux consonances délicates, silencieuses. Il n'y avait rien de plus délectable que ce silence...
La solitude d'une comtesse, qu'elle ironie.
Ses paumes repoussaient lentement les branches joueuses des arbres malmenés par ce vent qui ne se priait guère pour frapper tout sur son passage. Quitter les rues pour se diriger dans la bordure de la ville de nexus ou reignait divers arbres plus imposants les uns que les autres, être ainsi brusquée dans ces mouvements sous le vent et les branches ne devrait donc pas la surprendre. Enfin... Son corps habillé d'une longue robe blanche, cachant ses bras, terminant en pointe d'un V dans le bas de son dos, tout juste en haut de ses fesses et les pieds nus frôlés pas les pans de cette robe touchant au sol, l'image de cendrillon aux cheveux bruns dans une forêt ; ou était donc la citrouille...?
Puis, son corps entier se stoppa.
Mirage, illusion, blague de mauvais goût...?
Ses mires claires se déposèrent sur un homme poisseux de sang, plaies ouvertes, ecchymoses partout... Un tableau digne d'un picasso ivre mort. Sans plus attendre, la comtesse s'approcha d'un pas rapide, bien qu'un peu freinée par les quelques branches qui eurent tôt fait de venir lui égratignée la joue droite mais, l'adrénaline présente.. Aucune plaintes.
« Mon dieu.. êtes-vo... hm..? » Sans pouvoir avoir le luxe de terminer sa phrase, l'homme souffla un mot, un nom. Non, ce n'était pas le sien et ce n'était certes pas le temps de lui demander une histoire à propos de ce prénom. La comtesse déposa le panier en osier au sol et s'approcha un peu de l'homme sauvagement blessé, teintant par le fait même sa robe d'un rouge poisseux mais, bien évidemment, c'était le cadet de ses soucis. Ses doigts vinrent se poser contre le cou de l'homme pour vérifier son poul et un certain soupire de satisfaction régna entre ses lèvres en voyant qu'il était vivant, toujours. Sans plus attendre, Layne retroussa ses manches au tissu luxueux en haut de ses coudes et vint commencer à éponger le sang à l'aide d'un chiffon qu'elle avait dans sa besace en osier. Suite de quoi, elle commença à soigner les plaies rapidement, se pressant dans tous ces mouvements délicats pour ne pas être trop brusques et lui faire plus mal.
***
Assise près de l'homme qu'elle avait plus tôt soignée pendant des heures, tout près de le perdre sous chaque respirations un peu trop saccadée, trop basse, trop haute, trop rapide. La comtesse était désormais poisseuse de sang, sa robe aux couleurs d'opaline arborait désormais les couleurs d'Ashnard. Du bout des doigts, elle appliquait avec douceur une compresse d'eau froide sur le front de l'homme, les plaies avaient étés cousues et partiellement refermées, bien que toujours bien visible vue que non cicatrisées. Le corps du policier avait été bougé, enfoncé un peu plus dans la forêt jusqu'à être voisin d'une rivière dans laquelle la jeune femme trempait le chiffon pour le presser sur son front, parfois sur ses épaules et son torse, cherchant à garder sa température correcte. La tête de l'homme appuyée sur ses genoux, elle glissa une œillade autour, puis revint sur l'homme en arquant la tête de côté.
« Êtes-vous.. Conscient...? » Susurra-t-elle du bout de ses lèvres, lentement. Ne cherchant pas à le réveiller des morts mais, après tant d'heures inconscient, elle espérait avoir pu le sauver.