Adossée contre la porte refermée au côté de celle entrouverte pour laisser cette fine pluie assombrir un peu plus cette soirée haute en noirceur, Heilayne cessa calmement de chanter lorsqu'un pas résonna sur les dalles à l'extérieur, près de son manoir. Le souffle de la demoiselle se coupa, laissant un silence régner entre ses lèvres alors que le premier toquement résonna entre les murs de marbre du manoir aux couleurs d'opalines. Ses mires claires se glissèrent en direction de la porte, l'observant un moment alors que le clapotis de l'eau la rappela à la raison. Une personne perdue cherchant place ou se réfugier, qui était-elle pour le, la, laisser au pied de sa porte alors que le prochain abri était à des milles de routes ? Du bouts de ses frêles doigts, la jeune comtesse vint tirer la porte en sa direction pour l'entrouvrir, puis l'ouvrir complètement. Son corps, sous la première bourrasque de vent qui eut tôt fait de la faire frisonner, vint se glisser un peu derrière la lourde porte métallique, se soustrayant ainsi aux gouttelettes et au vent farceur.
Ses lèvres vinrent se presser l'une contre l'autre avant de les entrouvrirent lentement, laissant une interrogation flâner à l'extérieur d'une consonance douce, des plus délicate.
« Mais que diable faites-vous dehors à une heure pareille..? Entrez, vous allez attraper froid. »
Tout en restant un brin derrière la porte pour se cacher du froid de la nuit, vêtue comme elle était, celle-ci n'aurait même pas à lever le petit doigt pour congeler la belle. Elle invita l'homme trempé à entrer, glissant sitôt la porte pour la refermer dans un frisson qui eu tôt fait de lui parcourir toute l'échine dorsale. La pièce dans laquelle ils se situaient à présent était décorée que de blanc, comme toutes les autres pièces avoisinantes. Le tapis au bas des grandes marches étaient en poil, le reste du plancher en marbre blanc, copiant la texture des murs ornés de diverses chandelles, seules sources de lumières. Celles-ci n'étaient pas toutes allumées, il devait y en avoir deux ou trois pour pouvoir se diriger dans la maison, mais assez tamisées pour l'heure qu'il était.
Ses mains passèrent rapidement sur ses bras dénudés pour retirer les faibles gouttelettes qui eurent tôt fait de venir taquiner sa peau de porcelaine, face aux deux portes, Heilayne fit volte-place pour être en direction de son invité, bien que dans son dos.
« Désirez-vous quelque chose de chaud, une serviette pour vous épongez...? » Soupira-t-elle alors qu'elle observait l'état de l'homme, ni plus ni moins. Ses servantes étant parties, il lui fallait être une hôte de choix de son propre travail ce qui, bien entendue, pour une personne de son titre n'était guère si aisé.