Le regard de Hirano la gêna, alors qu'il tentait de voir la cicatrice qui lui brulait le cou. Cathleen posa sa main dessus, comme si ça pouvait suffire à la faire disparaître. Elle était atrocement gênée, et le fut davantage quand le jeune homme refusa son argent. Cathleen n'en avait pas aussi besoin qu'il semblait lui croire. La grande Zatanna s'était produite chez les plus hauts nobles de Nexus, et même d'Ashnard, et on l'avait payée des fortunes... Et si Alastor avait pensé à mettre un petit sac d'or dans ses affaires avant de fuir, ce n'était qu'une petite partie de ce qui devait encore être sous son lit au Couvent. Non, vraiment, Cathleen se contentait de choses simples, elle ne manquait de rien, ni maintenant, ni pendant un bon bout de temps.
Pourtant, entraîner un inconnu dans ses problèmes, ça la gênait un peu plus... Surtout qu'il se sentait redevable envers elle, et sa sécurité. L'irlandaise rougit un peu, la tête baissée.
- Je suis confuse, je... Je n'aurai pas du venir vous voir... Je vous... Je te remercie de se soucier ainsi de moi, Hirano, mais je ne peux pas. Une simple pause ce midi leur a permis de rattraper l'avance que j'avais. Je ne peux pas rester ici.
Bien entendu, qu'une pause était tentante. Mais Cathleen ne pouvait pas se le permettre. Si elle s'écoutait, si elle était égoïste, sans doute qu'elle aurait tourné les talons et qu'elle serait repartie en courant, histoire d'éviter de nouveaux ennuis à Hirano. Au lieu de cela, elle releva la tête, et croisa son regard rassurant. Elle eut un maigre sourire, bref, sur les lèvres.
- Allons déjà manger. Je rêve de légumes depuis trois jours, et je te dois bien ça, un repas décent. Nous aviserons ensuite, d'accord ?
Et ces derniers mots sonnent faux ; elle paiera la chambre de Hirano, elle lui dira d'aller se reposer ; elle mentira en disant qu'elle viendra plus tard, et dès qu'il aura disparu dans sa chambre, elle partira. Cathleen ne peut pas se permettre de trop traîner en ville, avec tous ces fanatiques dans les parages.
Elle l'entraine donc jusqu'à un autre restaurant, où elle commande une poêlée de légumes de saison, et après une courte prière d'usage, elle saute sur son repas comme si elle n'avait rien mangé depuis des jours - ce qui est un peu le cas. Cathleen soupire :
- Quel régal...
Et après quelques bouchées supplémentaires, elle regard Hirano, l'air un peu plus sereine :
- Dites-moi tout, Hirano : que faites-vous dans la vie ?