Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

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Érogène Jones

Humain(e)

Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

mardi 02 février 2010, 03:52:06

Érogène Jones pousse la porte du bar, et laisse la chanson remplacer le son de la pluie. Lumière orangée, douillette, sur la trentaine de têtes tournée vers la scène. Une scène sur laquelle une jeune fille blonde se trémousse en susurrant des mots d'amour devant un micro. Un endroit comme il les aime, loin des bars étudiants et leurs néons ridicule. Des tables, des nappes blanches, un mobilier juste assez délabré pour être respectable. Cette odeur de cigarette et de mauvaises pensées laissées à la porte, qu'il associe au confort d'un verre en fin de journée.

Il accroche son parapluie et se dirige vers le comptoir. Un siège pour s'assoir, un autre pour poser son imperméable. Il passe une main dans ses cheveux pour en faire tomber les dernière goûtes et attend que Niiro daigne le remarquer. Niiro le barman, avec ses yeux rieurs et ses grandes mains malhabiles, qui fait la conversation à quelques clients. Mais déjà, il tourne la tête, et affiche un demi sourire qu'Érogène lui rend aussitôt.

Une enjambée et ils se serrent la main. Pas de japonaiseries entre eux, juste une poignée cordiale, comme deux camarades qui ne se sont pas vus depuis des années. Ce qui est le cas.

-Érogène Jones en personne. C'est un honneur.

-Niiro. Arrête tout de suite de me faire marcher.

-Seulement si tu m'appèles Pablo. Les temps changent, tu le sais bien.

Le sourire de Niiro -Pablo- s'élargit. Jones remarque qu'il porte un complet crème, juste un peu trop clair comme à son habitude. Il l'a toujours apprécié. Des manières, de l'esprit et un franc parlé peu commun, un garçon bien trop chaleureux pour l'univers glacial du renseignement corporatiste. Sa reconversion est certainement une bonne chose. Un jeune homme dont les talents ne seront pas gâchés en vaines querelles budgétaires, et qui ne finira pas échangé contre une source plus précieuse. Une petite victoire sur le Dieu Profit, toujours bonne à prendre.

Mais déjà, le visage de Pablo se fend d'une grimace qu'il doit penser compatissante, alors qu'il détourne le regard.

-J'ai appris pour Effy. Sale histoire...

Le sourire d'Érogène ne vacille pas. Il lève le bras et désigne une bouteille de bourbon hors d'age, quelque part derrière le comptoir.

-Verse-en moi un, tu veux?

Pablo s'exécute, le visage fermé, et se sert lui aussi une rasade. Ils trinquent, yeux dans les yeux, aux amis trop tôt disparus. Un jeune homme en tablier a reprit les reines, et s'occupe de servir les clients. Ils peuvent parler en toute tranquillité.

Leur dernière rencontre, dans un karaoke quelconque d'une ville quelconque. Une fête post-débriefing durant laquelle ils avaient tous beaucoup trop bu. Cette nuit là, Effy était aux anges, et il avait chanté avec elle les paroles de paint in black, sous les applaudissement de toute l'équipe. Cette nuit là, il était jeune, stupide, et il avait rit avec Niiro, plaisanté sur la vie et la mort. Cette nuit là, ils trinquaient à l'avenir, et ils le faisaient avec allégresse.

La voix paisible de Pablo le ramène au présent.

-On se débarrasse d'abord des affaires?

Et Érogène d'acquiescer en silence. Ando et sa fichue dette.

Son vieil instructeur l'a appelé il y a deux heures. Voix bourrue, alors qu'il lui répondait que non ça ne pouvait pas attendre. Érogène a été surprit -et il l'est toujours- de l'entendre réclamer si tôt son renvoi d'ascenseur. Ando étant Ando, il aurait été moins surprenant qu'il garde cette option sous le coude jusqu'au jour où il serait prit à la gorge, le jour fatidique où seul Érogène pourrait le sortir de la mouise... Peut-être que ce jour est arrivé. Ou peut-être qu'Ando n'estime plus vraiment sa valeur opérationnelle. Dans un cas comme dans l'autre, il a du soucis à se faire.

Pablo se baisse, et récupère quelque chose sous le comptoir. Une enveloppe de papier craft, sans étiquette, qu'il fait glisser vers Jones en silence.

A l'intérieur, un feuillet d'une vingtaine de pages.

-Le vieux a dit que tu pouvais le garder, Jones. Mais tu dois le lire sur place et me donner une réponse. Il devient prudent ces temps ci.

Ces derniers mots ont été prononcés d'une voix morne. Probablement pour faciliter sa lecture, Pablo lui verse un dernier verre avant de prendre congé. Érogène soupire et attaque la première page.

Des instructions, des plans, des photographies... Exactement ce à quoi il s'attendait. Il lit lentement, revenant parfois en arrière pour ne manquer aucun détail. Quelque-part à la frontière de sa conscience, une nouvelle chanteuse vient d'entrer en scène. Bien plus appréciée, sil en croit les exclamations des spectateurs. Il relève un instant la tête, intrigué par les étranges paroles et cette voix enchanteresse qui l'empêche de se concentrer. Dieu qu'elle est belle... Quel visage, quelle silhouette... Quel timbre chaleureux et lointain à la fois

Le jeune homme la contemple un moment, en sirotant son verre de bourbon. Il est presque sûr d'avoir croisé son regard, ce qui le trouble plus que de raison. Mais ce n'est pas le moment, Jones. De la discipline. Jusqu'à ce que tu en ais finit avec cette foutue dette, tu dois être d'une rigueur opérationnelle. Les proies attendront. A contrecœur, il revient au feuillet et finit sa lecture.

Voyant qu'il vient de terminer, Pablo est revenu le voir. Lui aussi à l'air d'apprécier la voix de Miya. Sourire appréciateur, qui rappèle à Jones qu'il adore la chanson. Le pourquoi de l'endroit, sans doute. Mais Pablo aussi a un travail à faire. Lorsque son regard revient sur lui, son visage est on ne peut plus sérieux.

-Alors?

-Alors Ando est devenu fou.

Le barman lève d'une main apaisante, tandis que l'autre leur sert une nouvelle tournée.

-Ne tire pas sur le messager, Jones. Mais tu me dois une réponse.

Il répond d'un sourire en coin, et avale son verre d'une traite, pour indiquer que ce qu'il vient de lire demande bien un remontant.

-Je ne dis pas que ce n'est pas dans mes cordes. Ça l'est, d'accord? Mais trois jours, sérieusement? C'est moins de temps qu'il ne me faut juste pour boucler l'enquête préliminaire...

-Le vieux pense que tu devras te passer d'enquête. Que tu devras choisir quelqu'un qui est déjà sur ton radar. C'est ce qu'il a dit, Jones.

-Mais pourquoi il n'utilise pas une de ses propres filles? Ou une indépendante? Les lanternes roses c'est pas ça qui manque, sur le marché.

Il se devait de poser la question, mais il connait déjà la réponse.

-Tu as vu le nom du chef de sécurité?

-Aoi Takahashi.

-Exactement. Un ancien lampiste du vieux, comme moi. Un bon. Très bon, même...

-Et Ando pense qu'il a gardé des contacts parmi ses gars...

Pablo hoche la tête, les traits empreints d'une gravité qui ne lui correspond pas. Toi, Pablo, tu es dans la confidence? Barman rangé mon œil.

-...Et il pense aussi que Takahashi a un œil sur le marché.

-C'est pour ça qu'il a besoin de toi, Jones. Tu devrais être content, c'est une occasion inespérée de te débarrasser de ta dette.

Sourire crispé. C'est une occasion inespérée... sauf que ce n'est pas aussi simple. Le vieux renard le sait parfaitement. Les filles "sur mon radar", je leur ai fait l'amour et les ai laissée derrière moi sans même me retourner. Pour une lanterne rose à usage unique, elle sont toutes utilisables, en théorie. Une théorie qui exclue malheureusement ma vanité. Même si je sais tout de la plupart d'entre elles, si je peux les manipuler, les mettre à ma botte sans le début d'une enquête préliminaire... Il est hors de question que moi, Érogène Jones, je m'abaisse à revoir une victime. Que je revienne à une ancienne proie poussé par le besoin. Pas dans cette vie, Ando, ni même dans la suivante...

La chanteuse a entamé une nouvelle chanson, et les deux hommes tournent la tête pour l'écouter un moment. Son corps magnifique ondule à la lumière des projecteurs, et son regard véron hypnotise l'assemblée. Elle est si pure, si leste... Et cette fois, il est certain qu'elle l'a regardé. Soudain, les affaires semblent bien lointaines. Les problèmes dérisoires... Jones a envie de velours, d'aller savourer ce délicieux bourbon à la chaleur d'un feu de bois, avec cette voix sublime soufflant sa chanson depuis un vieux gramophone.

Mais cela lui passe vite.

-Elle est belle Pablo.

-Ma meilleur recrue, tu peux me croire.

Il distingue une certaine fierté dans la voix de son ami. Soudain, un sourire étire les lèvres de Jones, alors que le frisson de la chasse traverse tout son corps

-Une recrue, hein? Alors tu dois avoir son dossier quelque part.

Il sent Pablo se raidir dans son dos. Il ne dément pas. Comme lui, il pense que ce dossier rend inutile toute enquête préliminaire. Mais c'est une idée qu'il n'aime pas.

-Dis à Ando que j'accepte, mais que j'ai quelques conditions. Rien que du très raisonnable. Remboursement des frais, tout d'abord. Et ensuite... je vais avoir besoin de jeter un coup d'œil à certaines tes archives.

Cette réponse non plus, Pablo ne l'aime pas.
« Modifié: vendredi 10 décembre 2010, 00:07:32 par Érogène Jones »

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 1 vendredi 05 février 2010, 22:50:58

Miya chantait. Pas pour son plaisir ou celui de la clientèle, mais parce que c'était tout ce qu'elle arrivait à faire encore à peu près correctement. Et surtout, parce que si Ryuga devait réapparaître, il viendrait obligatoirement la rejoindre ici... Oui, bientôt un an qu'il avait disparu, et elle était encore assez folle pour le croire en vie, sain et sauf, quelque part... En attendant, elle se lançait à corps perdu dans son boulot, faisant des heures sup qui aurait épuisé n'importe qui, surtout quelqu'un dans un état dépressif comme l'était Miya. Mais que faire, quand on est immortelle, avec un corps qui purge en quelques minutes tous les médicaments qui peuvent affecter sa santé ? Elle pouvait avaler une boîte d'anti-dépresseurs, et planer à peine...

De toute façon, Pablo avait bien vu, au bout d'une semaine, l'effet que la séparation avec Ryuga avait sur elle. Un soir, un client osa la demander en mariage, et elle lui avait ri au nez, l'avait traité en moins que rien. Après la fermeture du bar, Pablo était venu la voir, tandis qu'elle était censée ranger les bouteilles de la cave. Au lieu de ça, elle vidait sans modération une bouteille de Whisky -ce qu'il buvait quand il venait ici... -, une cigarette au bec -des Mild Sevens, les mêmes que lui... -, et quand Pablo lui fit remarquer qu'elle n'aurait jamais du agir ainsi, qu'il y avait des façons bien plus élégantes d'éconduire quelqu'un sans lui briser le coeur, Miya lui répliqua :

- Et mon coeur à moi, Pablo. Tu crois qu'il est dans quel état ?

Et le visage fermé de la demi déesse s'était, pour la première fois depuis la disparition de Ryuga, délié, soudain tordu dans une grimace de douleur pure, et elle fondit en larmes - et le problème avec cette foutue immortalité, c'est qu'elle remplaçait automatiquement l'eau perdue...

Alors, depuis, la demi déesse se donnait à fond dans son boulot. Elle ne s'accordait pas le moindre jour de repos, et quand elle en avait besoin, de toute façon, Pablo les lui accordait sans compter, puisque de toute façon, elle sortait juste le temps de faire un peu de shopping, et c'était hélas trop rare...

Et ce soir ne dérogeait pas à la règle : vêtue d'une robe longue, moulante certes, mais qui ne laissait que deviner ses courbes généreuses, parée de trois bracelets, quatre bagues et trois colliers - elle semblait loin, cette époque où elle s'amusait à mettre des robes courtes aux décolletés plongeants, et où elle se couvrait de dizaines de bijoux - Miya chantait. Et attendait. Que la porte s'ouvre sur ce beau brun qui faisait aujourd'hui saigner son coeur et torturait son âme. Et chaque soir, c'était la même déception, toujours, à la fermeture du bar. C'est à peine si elle remarqua, la première fois, cet homme qui semblait si bien connaître son patron... Pourtant, le lendemain, force lui fut de le remarquer... Miya chantait en première partie de soirée, toujours aussi pleine de cet espoir vain et futile, et commença par cette chanson apprise lorsqu'une collègue de boulot l'avait trainée à l'opéra...

(HJ : et ce n'est pas pour rien que j'ai mis la version de Nightwish, j'ai toujours imaginé Miya avec la voix de Tarja Turenen ^^;; )

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 2 samedi 06 février 2010, 13:45:06

Et Jones est assis à une table. Il l'a choisit avec soin, en tenant compte de la lumière, du positionnement par rapport à la scène. Pas trop centrée pour que Miya ne s'imagine pas l'avoir remarqué par hasard. Car elle va le remarquer.

A la seconde où elle a fait son entrée, il a posé son verre de bourbon -décidément quel nectar, Pablo- et a croisé ses doigts sur la table. Il s'est habillé pour se fondre dans la masse des clients. Un chandail terne d'où dépasse le col d'une chemise blanche, un jean et des chaussures de ville. Pas plus que la position de la table, son accoutrement n'est pas ce qui attirera ton regard, chanteuse de mon cœur. Ma toute petite proie.

Elle commence à chanter. Une voix si douce, voluptueuse... Qui vibre entre les murs et fait tourner les têtes. Sauf celle d'Érogène Jones, car il la contemple depuis la seconde où elle est entrée. Alors que la mélodie s'emballe, il la sent de plus en plus concentrée sur sa chanson. Un genre un peu diffèrent de la veille, mais tout aussi maitrisé. Sa voix prend l'exacte mesure de la pièce, et la remplit jusqu'au dernier recoin. Et quelque part, indifferent à la musique le jeune homme darde son regard.

Il est assis dans la pénombre, le dos droit contre le dossier de sa chaise. Et la première chose que remarquera Miya est sa complète immobilité. Contrairement aux autres clients qui sourient, hochent la tête au rythme de la musique, le jeune homme se contente de la fixer. Il faudra le temps, le temps qu'elle remarque cette irrégularité. Mais alors elle réalisera sans en avoir encore tout à fait conscience qu'il n'est pas venu pour la musique. Il est venu pour elle. Et une fois cette certitude implantée, il sait qu'elle ne pourra plus retenir le picotement de son regard. Car il la fixe, presque sans ciller. Un œil perdu dans l'ombre de ses mèches, et qui pourtant brûle d'une passion contenue à grand peine, et non sans douleur. Un regard troublant, qui semble voir quelque chose que tout le reste du monde ignore. Mais, naturellement, elle s'imaginera que ce n'est que le fruit de son imagination, et une fois sa chanson finie, elle laissera la scène à sa collègue avec une pointe de soulagement. Et il sait qu'elle ira dans sa loge, et qu'elle se demandera si elle a rêvé. Si ce jeune homme dans la troisième rangée en avait vraiment après elle.

Mais plus tard dans la soirée, elle devra revenir sur scène. Et cette fois, il balaiera ses derniers doutes. Elle le verra distinctement refermer son livre et le mettre dans sa poche. Et lorsque les lumières baisseront et qu'elle entamera les premières notes, elle se sentira traversée de part en part, dévorée par ce même regard ardent qui ne lui laisse nul part ou se cacher. Il pense qu'elle n'osera pas le regarder, car elle sait au fond d'elle que ce serait sa damnation, qu'elle aurait alors la confirmation de ce qu'elle sait déjà : Il est incroyablement beau. De cette aura, cette lumière intérieur qu'il fait briller tant qu'il la tient sous son charme. Une beauté terrible, dangereuse. Et alors elle ne saura plus où se mettre. Elle hésitera entre une tentative de soutenir son regard de braise, ou se concentrer sur sa voix, sur sa musique, et le bannir de son esprit. Lorsque viendra la fin de la chanson, elle quittera la scène avec sa présence lui brûlant l'échine. Et elle sera outrée car une part d'elle ne voudra pas que cela s'arrête.

Mais heureusement, les lumières de sa loges rompront le charme, et la ramèneront dans la réalité. Elle pourra se dire qu'elle est seule, fatiguée, au point que le premier beau garçon venu réveille en elle des échos étranges. Lui fait s'imaginer des choses délirantes qu'il vaut mieux oublier. Mais alors, elle remarquera le bouquet de rose. 6 aux total, avec un petit mot qui ne peut venir que de son jeune homme de la troisième rangée. Une belle écriture, leste et toute en boucles :

Retrouvez moi à la sortie des artistes. Je dois vous parler de Ryuga.

Et alors, elle sentira son cœur chavirer.

***

Jones est adossé au mur de brique, face à la sortie des artiste. Il a passé un pardessus noir boutonné jusqu'en haut, pour se protéger du froid mordant.

-Bonsoir, Miya.

Son visage est triste, empreint d'une d'une douce mélancolie. Mais son regard est toujours pénétrant.

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 3 dimanche 07 février 2010, 00:50:21

Le Fantôme de l'Opéra... Miya se laissait emporter par sa propre chanson, attentive à la moindre intonation de sa voix, cherchant toujours malgré elle la perfection. L'ombre au tableau était que cette mer de visages satisfaits n'arrivait même pas à la convaincre que sa prestation était loin d'être mauvaise. Pourtant, son regard finit par capter un être étrange. Elle se rappela vaguement l'avoir vu la veille au comptoir, mais rien de plus. Elle l'ignore, son regard se reporte sur le reste de la salle... Pourtant, cette immobilité fait presque tâche, et attire son œil chaque fois qu'elle essaye de s'en éloigner. Miya le prend d'abord pour une sorte de défi, et se donne davantage dans sa chanson, pour que même lui ne remue ne serait-ce qu'un doigt... Et finit par comprendre, sans vraiment souhaiter qu'il soit là pour elle... Pourquoi, d'ailleurs, serait-il présent pour la voir, si ce n'était pour la chanson ? Mais déjà, la chanson est finie, et c'est une jeune femme blonde qui prend la suite.

Miya regagne sa chambre pour se changer, et troque sa robe noire contre une bleu clair, et y ajoute une veste blanche courte aux longues manches échancrées. Elle repense à cet homme, se demande ce qu'il lui voulait. Sans doute rien, essaye-t-elle de se persuader. Elle porte à son visage une rose qui est là depuis longtemps, en hume le parfum toujours intact, souvenir de cette première nuit merveilleuse avec...

Les larmes envahissent lentement ses yeux bleus, et elle repose la fleur. Avant de laisser la mélancolie trop l'envahir, la demi déesse descend rapidement, cigarette entre les lèvres, fredonne déjà les trois titres qu'elle va devoir chanter, et chasse les dernières brumes du souvenirs d'Erogène Jones... Pourquoi le garder en tête, il a du partir.

Pourtant, lorsqu'elle remonte sur scène en chantant "Think of Me", toujours de ce même opéra qui l'a enchantée quelques jours auparavant, ses yeux se posent immédiatement à sa place. Sa voix tremble sans doute un peu, et peut-être même que durant quelques secondes, elle ne fait que souffler ses mots. Que fait-il encore là ? Miya détourne les yeux, presque en colère contre elle-même de se laisser avoir par le charme de ce démon à la gueule d'ange. Qu'il aille donc au diable ! Miya se concentre sur ses chansons, posée à un endroit stratégique où son regard ne se posera pas sur lui, même inconsciemment... Pourtant, la curiosité, ce stupide défaut ! la dévore, et elle sait -elle le sent- qu'il ne la quitte pas des yeux... Elle se demande ce qu'il pourrait lui vouloir...

La demi déesse s'incline face aux applaudissements, et pourtant, elle est déçue de se prestation. Lorsqu'elle se redresse, elle ne peut s'empêcher de jeter un dernier coup d'œil à Jones, qui ne bouge toujours pas, ce regard sombre braqué sur elle. Elle serre les dents et quitte la scène, s'adosse à la porte qu'elle vient de fermer. L'habitude lui fait prendre une cigarette qu'elle allume dans un geste souple. Elle se masse les tempes en soupirant. Une larme coule sur sa joue, tandis qu'elle finit par se demander si ce n'est pas un signe qu'il est temps d'arrêter les frais. D'arrêter de se voiler la face. Oh oui, il n'y a a aucune preuve qu'il soit mort, il n'y en a aucune non plus pour lui prouver qu'il est vivant. Son cœur se serre dans sa poitrine, lui fait mal à lui couper le souffle - ironique pour quelqu'un qui ne devrait plus avoir besoin de respirer... Miya laisse tomber sa cigarette au sol et remonte quatre à quatre les marches jusqu'à sa chambre. Ce que son immortalité peut lui peser, en cet instant ! Il serait si simple de souhaiter mourir assez fort pour faire revenir La Mort en personne et l'emporte, enfin ! Miya ouvre la porte de sa chambre à la volée, et se plaque dessus dès qu'elle l'a fermée. La douleur dans sa poitrine est telle qu'elle a du mal à reprendre une respiration qui ne la ferait pas passer pour un poisson hors de l'eau. Il lui faut plusieurs minutes, et un oreiller imbibé de larmes  pour qu'elle reprenne un semblant de contrôle d'elle-même. C'est en relevant la tête qu'elle voit le bouquet de roses. Elle se se relève pour le saisir, ne prend même pas la peine d'en humer le parfum qu'elle s'apprête à le jeter par la fenêtre. Le petit mot glisse entre ses doigts, et elle le garde, le temps de le lire...

Miya lâche les fleurs qui s'éparpillent au sol, la porte ouverte claque contre les meubles, et dans sa course, elle aurait pu tomber dans les escaliers... Ce ne sont que quelques vieux réflexes d'acrobate qui l'empêchent dégringoler. Elle court jusqu'à la sortie et bouscule la porte si fort qu'elle claque contre le mur extérieur. Elle fait quelques pas dans la ruelle, le temps de ralentir sa course. Elle tient toujours le mot dans la main, et son regard plonge dans les yeux de Jones. Qui d'autre ? Pourtant, cette fois, elle refuse de fuir. Elle lève la main qui tient toujours le morceau de papier, et elle murmure :

- Il vaut mieux pour vous que vous ayez quelque chose de vraiment intéressant à me dire.

Et sa voix est moitié menaçante, moitié suppliante...

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 4 dimanche 07 février 2010, 23:56:53

-Sinon quoi?

Il a dit cela sans la moindre méchanceté. Pas une menace, pas même une provocation. Juste une simple constatation, une question rhétorique pour lui signifier son impuissance. Tu es celle qui pleure toutes les nuits, pas moi. Même si cette pensée ne me réjouit pas le moins du monde.

Il la toise un instant d'un regard un peu triste, comme s'il se détestait d'être ici, maintenant. Sa voix est basse, apaisante.

-Pas ici, Miya. Vous allez devoir me suivre.

Il se détourne, et s'éloigne d'un pas rapide. Lorsque Miya arrive à sa hauteur, il lui saisit le bras avec toute la douceur possible pour la forcer à suivre son allure, sans ralentir une seconde. Comme si ralentir pouvait être dangereux. Et l'immortelle réalise soudain qu'elle a affaire à un homme traqué.

Tout se passe très vite, comme dans un rêve qui refuse de glisser vers un réveil mérité. Il la guide, et ils longent les murs, Miya contre la paroi comme s'il voulait la protéger de son corps. Au croisement, elle le voit scruter chaque voiture de son regard perçant. Chacun de ses gestes est maitrisé, répété. Un professionnel qui sait ce qu'il fait, qu'elle le veuille ou non. Mais, elle le voit bien, cela ne l'empêche pas d'avoir peur... Peur de quoi? Peur d'être vu? Peur pour lui? Peur pour elle? Leurs souffles sont des nuages blancs dans la fraicheur du soir. Il sait que chaque seconde de silence est un supplice pour Miya. Elle veut savoir, l'arrêter pour le forcer à parler. Mais à chaque fois qu'elle essaye, il la tire de plus belle, avec l'autorité de celui qui est aux commandes, et qui se moque éperdument de ce que peut bien vouloir sa... sa quoi? Sa prisonnière? Sa complice? Est-ce qu'on force une complice à entrer à l'arrière d'une voiture?

Une simple voiture grise, à moitié engouffrée dans une ruelle. Il la fait s'assoir sur la banquette arrière, et il prend le siège du conducteur. Une image qui exaspère probablement la jeune fille. Oh, je sais bien que tu n'aimes pas te faire balader. Mais toi, tu sais que si tu te débats tu pourrais bien briser ta chance, ta seule chance de me faire parler. Car je suis un homme qui sait, pas un simple poseur. Cela au moins, tu peux en être sûre.

Une fois assis, il appuie sur le bouton. Verrouillage centralisé des portières. Avant que Miya n'ait pu protester, il s'est tourné vers elle et l'a cloué d'un regard dur, sans appel. Elle est presque surprise qu'il ne sorte pas une arme pour la menacer.

-Taisez vous et écoutez moi. Il faut que je vous pose quelques questions, et vous allez y répondre dans l'ordre. Je dois savoir si vous vous savez surveillée. Avez-vous repéré des personnes qui vous suivent dans la rues? Des clients suspects, un peu trop récurrents? Des objets déplacés dans votre loge? Votre appartement? Du retard dans vos courriers? Des appels suspects? Je veux dire, quelqu'un qui raccroche sans dire un mot? Des commentaires de votre entourage sur quelque chose d'inhabituel? Répondez!

Il se tait enfin, et il sent qu'elle va se rebeller. Peut-être même lui agripper le col pour lui hurler qu'elle veut des réponses, et qu'il peut aller se faire voir. Son regard se fait plus dur que jamais.

-J'ai prit un risque énorme en venant vous voir, Miya. Je ne vous dirai rien si vous refusez de coopérer.

Au son de sa voix, il est on ne peut plus sérieux.
« Modifié: lundi 08 février 2010, 00:24:05 par Érogène Jones »

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 5 lundi 08 février 2010, 14:42:58

Miya fait un pas en arrière, s'apprête à lui dire qu'elle doit aller chercher une veste un peu plus chaude... Il faut dire que sa robe de scène n'est pas des plus épaisses... Mais déjà Jones s'éloigne, laissant un moment de flottement où la demi déesse réalise que si elle rentre, il disparaitra à jamais. Ce n'est pas tant la personne qu'elle regrettera - ce visage est trop beau pour appartenir à quelqu'un de parfaitement honnête... - mais les infos qu'il pourrait avoir... Et s'il savait vraiment quelque chose qui pourrait la mener à son amant ? Miya ne réfléchit pas plus et le rattrape rapidement. La dague qui bat sa cuisse est d'une fraicheur rassurante... Il lui prend le bras, avec douceur, et elle n'a d'autre choix que de le suivre. Tandis qu'ils avancent en silence, elle se pose enfin quelques questions : et si c'était encore un de ces fans légèrement dérangé ? Pourtant, elle est sûre de ne l'avoir jamais vu avant la veille... Comment aurait-il pu être au courant pour Ryuga ? Avec un numéro de charme auprès d'une des serveuses ? Elle aimerait tant l'arrêter d'un coup sec, le plaquer contre le mur et le faire parler, quelle que soit la méthode... Pourtant, la peur et l'angoisse lui tordent le ventre au point qu'elle repousse sa colère et son impatience au fond de sa conscience. Sa main se sert même un peu plus autour de son bras, elle pousse quelques soupirs, agacée par ce manège de bête traquée.

Et enfin, la voiture, dans laquelle elle s'engouffre sans poser de questions. Idiote ! hurle-t-elle intérieurement. Sa main commence à descendre le long de sa jambe, pour aller chercher la dague. Mais l'autre commence déjà son interrogatoire.

- J'ai pris un risque énorme en venant vous voir, Miya. Je ne vous dirai rien si vous refusez de coopérer.

La demi déesse sourit à ces mots. Oh non, tu n'imagines même pas à quel point tu joues à un jeu dangereux, si tu cherches à t'amuser avec mes sentiments. Elle n'a qu'une dague et toujours le morceau de papier, mais c'est largement suffisant. Ses mains commencent à trembler, et elle se cale au fond du siège, croise bras et jambes. Quelques secondes de silence où Miya hésite entre répondre et l'étrangler. Et une fois de plus, elle s'oblige à jouer la carte de la prudence. La demi déesse soupir, agacée de sa propre faiblesse et ferme les yeux quelques secondes avant de répondre, sans relever la tête pour le regarder :

- Oui, il y a des gens qui me suivaient quand je décidais de ne pas dormir dans la chambre que me laisse Pablo, mais rien de plus que quelques ivrognes du bar qui (elle lève les yeux au ciel et dessine des guillemets avec ses doigts) "avaient quelques exercices bien plaisant pour faire monter ma voix dans les aigus". Il y a toujours des habitués dans un bar, vous savez, ce n'est pas pour autant que ce sont des gens suspects, et personne n'a jamais eu l'audace de venir dans ma chambre ou...

Elle soupire. Pas question non plus de lui dire qu'il lui arrive d'aller dormir dans l'appartement de Ryuga... Elle hausse les épaules, cherche et allume une cigarette qu'elle sort d'une petite sacoche qu'elle porte au côté.

- Quant au courrier, ce ne sont que des lettres que des clients laissent à Pablo, et que je ne prends même pas la peine de lire. Et je n'ai pas de téléphone, puisque je n'ai personne à qui parler. Satisfait ?

Miya expire un nuage de fumée sur le visage de Jones, et elle se penche en avant, prenant appui sur les deux sièges.

- Maintenant, jeune homme dont j'ignore encore le nom, j'écoute ce que vous avez à me dire.

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 6 lundi 08 février 2010, 17:07:12

Satisfait? A en croire le regard du jeune homme, pas le moins du monde. Il a toujours l'air tendu, anxieux. Il semble hésiter, peser le pour et le contre... Pendant un instant, elle croit qu'il va sortir de la voiture, ou lui reposer une nouvelle série de questions. Mais non. Il semble soudain se résigner, baisser sa garde en poussant un long soupire fatigué. Et Jones est réellement fatigué. Il a passé la nuit d'hier et la journée d'aujourd'hui à éplucher des dossiers, passer des coups de fils, demander des faveurs. Il a eut besoin de toute sa concentration et de ses meilleurs contacts en matière de contrefaçon pour être prêt dès ce soir. Une longue répétition devant la glace, et deux bonnes heures pour mémoriser tous les détails de son rôle. Normalement, il faut une semaine et toute une équipe pour monter un coup pareil sans laisser la moindre faille. Il espère seulement que son talent fera le reste.

Le jeune homme se retourne et se laisse aller dans le dossier de son fauteuil.

-Je m'appelle Jones. Je suis un ami de Ryuga.

Comme s'il était convaincu qu'elle allait lui demander des preuves, il sort de sa poche un protège carte de cuir et le tend à la jeune fille. A l'intérieur, une plaque de police. Inspecteur Jones, brigade criminelle dans une juridiction de Tokyo. Une vieille carte qu'il emmène dans tous ses voyages et qui lui a mainte fois sauvé la mise. Photo datant d'il y a quatre ans, avec un sourire en coin. Une date de naissance bidon qui le vieillit de deux ans.

-On s'est connu à l'école de police. Regardez la photo, le troisième sur la droite. Rangée du haut.

La photo est pliée dans le porte carte. Une batterie de jeunes policiers en uniformes, car c'est le jour de la remise des diplômes. Ryuga est au centre, un grand sourire sur les lèvres. Il n'a eut aucun mal à se la procurer, et encore moins à la trafiquer. Le visage de Jones est bien visible, à quelques largeurs d'épaules de Ryuga. Ils ont l'air de deux beaux jeunes hommes avec la vie devant eux.

-C'était deux ans avant la mort de son père.

Il tend la main pour récupérer le porte carte, et le fait disparaître dans une poche de son pardessus. Son visage est de nouveau tourné vers elle, fermé, impénétrable. Il baisse les yeux, ce qui ne saurait être bon signe.

-Il y a une boîte dans le sac. Juste à côté de vous. C'est... c'est tout ce que j'ai eut le temps de rassembler. Ouvrez-la, elle est pour vous.

Je sais que tu es affolée par ma voix. Elle est celle du mauvais page, qui apporte la nouvelle terrible dont tu ne te relèvera pas. Une voix vaincue, soumise à sa mission détestable, et pourtant teinté de dignité. Je suis loyal. Loyal envers Ryuga.

Il la regarde ouvrir sac de sport noir en en sortir une boîte en carton sans la moindre inscription. Miya soulève le couvercle, et il sent son coeur s'arrêter. Elle sort lentement une chemise froissée, qui a été pliée avec soin. Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Miya. Serait-ce parce que cette chemise est du même modèle que celle qu'il portait le jour où il a disparut? Parce que tu sent dessus son odeur, que j'ai récupéré de son linge sale plus tôt dans la journée? Parce qu'elle est déchirée, brûlée d'au moins deux impacts de balle? Ou peut-être est-ce à cause du sang... Du sang coagulé, traité pour paraitre vieux de trois jour. La chemise en est pleine, tellement qu'elle en est presque rigide.

Au fond de la boîte, une montre un révolver, un porte feuille. Tous trois du même modèle que ceux de Ryuga. Soigneusement usés, et même tachés de sang dans le cas du porte feuille en feutre. Tous ces éléments, il en a trouvé la description dans le dossier ouvert par le commissariat lors de la disparition de leur cher inspecteur. Ce qui lui a demandé le plus d'effort, c'est la fausse carte de flic. Un travail de faussaire effectué à la hâte, et qui ne résisterait certainement pas à l'examen d'un expert. Mais Miya n'est pas une experte. Et il a adoré voir une part d'elle mourir au fur et à mesure qu'elle découvrait tous ces terribles éléments.

Mais il n'est pas là pour la briser. Du moins pas encore.

-Il n'est pas mort, Miya. Enfin... peut-être pas.

Il la fixe droit dans les yeux et attend que l'orage se déchaine.
« Modifié: lundi 08 février 2010, 17:21:22 par Érogène Jones »

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 7 lundi 08 février 2010, 22:31:17

La cigarette se consume lentement entre les doigts qu'elle s'évertue de ne pas faire trembler. Miya l'observe, se prend parfois de pitié pour cet homme qui a l'air si triste ; le jeu d'EJ est si parfait qu'elle se laisse prendre au jeu. Pourtant, elle ne fera pas le moindre geste vers lui. Elle attend, et elle a tout le temps qu'il faut devant elle. Tandis qu'il parle, elle saisit le porte-cartes qu'il lui tend, regarde dedans, et ses yeux s'arrêtent sur la photo, ce visage si souriant. Elle voit, à la limite de son champ de vision, la main qui réclame sa propriété, et à contre cœur, elle ferme le porte-cartes. Il la regarde à nouveau entre les sièges avant de baisser les yeux. Le cœur de Miya rate un battement alors qu'elle prend conscience du sac à côté d'elle. Elle lui tend sa cigarette pour qu'il l'écrase dans le cendrier à l'avant, et extrait la boite en carton, lentement, sans un mot.

La voix de la raison aurait pu se manifester à ce moment-là. Lui dire qu'il y avait de nombreux problèmes chez cet homme, à commencer par sa prétendue amitié avec son amant. Pourquoi il s'est conduit ainsi entre le bar et la voiture. Et puis, à ce moment-là, elle soulève le couvercle. Son cœur cesse réellement de battre, où du moins, il le fera moins souvent, juste ce qu'il faut pour faire circuler le sang dans son corps d'immortelle. La voix de la raison aurait pu lui souffler : il est si facile de trouver des chemises comme ça...

Au lieu de ça, Miya se laisse complètement prendre au piège. Au-delà de l'odeur de sang, il y a celle de Ryuga. Elle prend la chemise, la soulève pour la déplier. Elle l'étale sur le sac, ses doigts effleurent, comme dans un cauchemar, les deux trous aux bords brulés, les limites de cette tâche de sang - Dieu, il y en a tant, au moins autant que ce qu'elle évacue chaque soir dans sa baignoire, lorsqu'elle plonge de désespoir ce poignard dans sa poitrine... A la différence que ce ne sera jamais un manque mortel pour elle. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle baisse le visage, caché alors par quelques mèches de ses longs cheveux sombres. Il n'est pas mort, Miya... Enfin, peut-être pas. Plus qu'à l'accoutumée, elle souhaite disparaitre. Elle est trop fière, malgré la situation, pour pleurer devant un inconnu, quand bien même il ne peut voir son visage de profile figé dans une expression de douleur. Bien malgré elle, sa respiration siffle, et une énorme boule se forme dans sa gorge. Les mains serrées sur le tissu, ses derniers espoirs s'envolent.

Et je n'ai rien pu faire pour l'empêcher de mourir...

Les deux autres grandes tragédies de sa vie lui reviennent dans la figure, la mort de ses parents, puis celle de son frère jumeau... Et maintenant Ryuga ? Miya gémit de douleur, ses épaules s'affaissent, elle ferme les yeux. Et elle le voit : ce désert de glace qu'elle imagine chaque fois qu'elle doit monter sur scène... Lentement, elle laisse le froid l'envahir, la glace danser autour d'elle pour la geler jusqu'aux os, enserrer son cœur pour le protéger de tout sentiments parasites. Elle rouvre les yeux et se redresse. Miya se retourne vers Jones, décide d'ignorer la boîte qui pourrait faire fondre sa prison de glace et se retourne vers lui. Elle s'autorise une ébauche de sourire et allume une nouvelle cigarette ; le froid fait trembler ses doigts, rien d'autre. Là, ça y est, la voix de la raison arrive à se faire entendre maintenant que le maelström de ses sentiments est arrêté. Elle le regarde, droit dans les yeux, sans ciller :

- Jones-san, j'aimerai que vous me disiez quelque chose. Commençons par la vérité, voulez-vous ?

Elle tire longtemps sur sa cigarette, sans baisser les yeux. Ça y est, la colère commence à monter, et quelques paillettes dorées apparaissent dans son œil droit, une demi seconde seulement.

- Amis de longue date ? Pourquoi pas. Mais ça ? Si le moindre cheveux de Ryuga avait été retrouvé à l'autre bout du monde, j'aurai été la première au courant... Alors une chemise pleine de sang ?

Oublie qu'elle a son odeur, Miya, tu as trop d'imagination, tu n'as fait que l'imaginer...

Sa cigarette change de main, tandis que la droite glisse le long de sa cuisse pour sortir la dague à travers sa robe... Juste une précaution. Miya se penche en avant, les yeux légèrement plissés. Pense au froid, et à la glace qui doivent paralyser ton cœur.

- Alors, Jones-san... J'espère que vous avez une bonne raison d'avoir voulu ainsi jouer avec mes sentiments... Qu'est-ce que vous me voulez ?

Elle essaye de ne pas paraître trop froide, trop en colère. Et tandis qu'elle tire à nouveau sur sa cigarette, elle espère qu'il ne lui prouvera pas que cette chemise n'est pas vraiment recouverte du sang de Ryuga. Que tout ceci n'est qu'une mascarade. A nouveau, son œil droit se teinte de doré, couleur froide et inquiétante, signe de très mauvaise augure.

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 8 mardi 09 février 2010, 01:40:40

En apparence, Jones est indiffèrent au regard, à la morgue de Miya. Il reste ce triste jeune homme qui s'acquitte de sa douloureuse mission.

Mais en profondeur, il est impressionné. A la fois par la réaction de la jeune fille, et par cette lueur dorée dans son œil droit... "Si le moindre cheveux de Ryuga avait été retrouvé à l'autre bout du monde, j'aurai été la première au courant.". Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire? Rien dans les dossiers de Pablo et dans les témoignages qu'il a recueillit religieusement ne lui permet de donner le moindre sens à ces paroles. Et cela l'ébranle sérieusement. Mais à cet instant précis, il sait que le moindre tressaillement pourrait bien le trahir. Donc il reste de marbre, puisant dans ce qu'un de ses instructeurs a appelé un jour son "sang froid monstrueux". Ce détail devra être étudié plus tard, mais tout de suite, il a un baratin à continuer.

Encore une fois, le beau jeune homme refuse de se laisser brusquer. Il va à son propre rythme, dit les choses qu'il a souhaite dire, et pas une de plus. N'en déplaise à son interlocutrice.

-Cette chemise n'a pas été... tachée à l'autre bout du monde, Miya. Tokyo, il y a trois jours, on lui a tiré dessus.

Soudain, elle remarque quelque chose qui lui avait jusque là totalement échappé : La culpabilité latente, tracée à même les sillons de se beau visage. Jones se sent responsable de ce qui est arrivé à Ryuga, quoi que cela puisse être.

-Il y avait du sang partout. J'ai réussit à le sortir de la voiture, et à le ramener à l'hôtel. Je l'ai déshabillé, mis dans la baignoire et j'ai bandé ses blessures comme je pouvais. Mais ce n'était pas suffisant, vous comprenez?

Son récit est décousu, mais sa voix est sûre, quoique lasse et amère. Il détourne un instant le regard, comme pour empêcher des souvenirs trop douloureux de remonter à la surface. Avec une retenue tellement tragique que même Miya ne peut s'empêcher de le voir un instant dans la peau d'une victime, il balaie ses émotions, et continue sa mission : dire la vérité à l'amour de son ami Ryuga, quoi qu'il en coute.

-Il lui fallait des soins, et on ne pouvait pas l'emmener à l'hôpital. Alors je lui ait dit que je revenais, et j'ai foncé chez un contact médecin. Je n'ai pas été assez rapide, Miya. Le temps que je revienne, ils étaient déjà passé, et ils avaient emmené Ryuga. Et aussi le rideau de douche, probablement pour l'enrouler dedans.

Il n'ajoute pas de "Si j'avais été plus rapide..." ou quoi que ce soit d'autre. Il n'en a pas besoin. Sa culpabilité silencieuse est mille fois plus éloquente.

-C'est pour ça que je vous dis qu'il n'est peut-être pas mort : Ils n'ont pas prit la peine de nettoyer la chambre. Pourquoi l'auraient-ils emmené s'il avait été mort à leur arrivée? Pourquoi en laissant tout ça derrière eux?

D'un coup de menton, il désigne la boîte et le reste de son contenu, que la jeune fille n'a pas encore remarqué. Enfin, il se décide à répondre à la question de Miya.

-Je n'ai pas l'intention de jouer avec vos sentiments. Pas une seconde. Ryuga est mon ami, et il m'a dit que s'il lui arrivait quelque chose, je devais venir vous voir. Vous dire qu'il vous aimait, et qu'il était désolé. Rien de plus. Pas de trémolos, pas de longs discours. Nous savons tous les deux que ce n'est pas son genre. Il a dit que je devais m'assurer que vous vous en sortiez bien... Mais que si il mourrait, il se faisait plus de soucis pour ma carcasse que pour la votre. Je ne sais pas pourquoi il a dit ça.

Un sourire mélancolique est passé sur ses lèvres, au moment de prononcer ces derniers paroles. Une petite improvisation hors planning, basée sur la pugnacité de la jeune fille. Elle a noté qu'il prend bien soin de ne pas parler de Ryuga au passé. Mais son effort est trop  laborieux pour être efficace.

-Comme je l'ai dit, il n'est peut être en vie. Il reste un endroit où je peux encore le chercher. Mais c'est un endroit très dangereux... Je déteste autant que vous cette incertitude, Miya. Si j'avais pu prendre ce risque, j'aurais attendu de l'avoir dissipée pour venir vous voir. Mais il fallait que je vous donne cette boîte.

Autrement dit : Cela ne pouvait pas attendre, car il y a de bonnes chances que je sois moi même bientôt mort. Mais il laisse Miya le déduire par elle même.

Il se détourne, et revient s'assoir face au volant.

-Voila, Miya. Ryuga vous aime, et il est désolé. Cette boîte est pour vous, et vous pouvez sortir de cette voiture. Je vous enverrai de l'argent.

Il se tait enfin, en sachant très bien qu'il laisse de nombreuses questions sans réponses. Il s'est montré très prudent, il n'a révélé aucun nom, aucun lieu précis. Pas même la plus petite indication sur la nature de ses ennemis.

Il appuie sur le bouton de déverrouillage des portières. Une invitation à descendre, même s'il sait pertinemment qu'elle n'en fera rien.

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 9 mardi 09 février 2010, 15:57:43

Tokyo ? Mais qu'est-ce qu'il aurait été faire là-bas, sans même la prévenir, sans même l'amener avec lui ? Il sait qu'elle l'aurait suivi au bout du monde, et tout plaqué pour rester avec lui... Ils n'avaient presque aucun secret l'un pour l'autre -elle évitait toujours de trop parler de son passé, de son ancienne vie- et elle l'aurait su, s'il n'était pas qu'un simple flic...

Elle l'aurait su, n'est-ce pas ?

Miya se penche entre les deux sièges pour venir écraser sa cigarette. Le doute s'insinue dans son esprit comme du poison contre lequel son immortalité ne peut rien. Lorsqu'elle se cale à nouveau dans son siège, à l'arrière, elle se masse les tempes... La demi déesse repense à son désert de glace, qui fond, et les paroles de Jones résonnent dans ce vide qui se teinte peu à peu de rouge... Pire, elle imagine cette scène morbide à mesure qu'il la décrit. Son visage reste de marbre, et c'est une lutte à chaque seconde. Elle voit passer sur le visage du jeune homme l'ombre de la culpabilité. Et il continue de parler de Ryuga -s'assurer qu'elle s'en sortirait bien ? Pourquoi Ryuga aurait dit ça ?- et Miya secoue la tête, lève souvent les yeux au ciel pour s'empêcher de pleurer. Elle ne le croit pas une seule seconde, ou plutôt, elle refuse absolument que l'idée même qu'il puisse dire la vérité l'effleure.

Il est peut-être en vie... Un endroit dangereux... Il vous aime, il est désolé.

Elle a vu Jones s'installer correctement dans son siège, déverrouiller les portes. Miya se penche en avant, ses mains se serrent autour de ses tempes. Son regard dévie bien malgré elle vers la boîte, à nouveau. Et contrairement à ce que EJ pensait, Miya sort de la voiture, même si elle ne fait que s'appuyer sur la portière dès qu'elle l'a claquée. Ses poings se serrent sur ses yeux, et elle étouffe les cris de détresse qui lui tordent la gorge.

Tout ceci n'est qu'un cauchemar... Et je n'arrive juste pas à me réveiller...

L'immortelle finit par se demander si elle doit le croire - mais pourquoi lui aurait-il menti ? Son désert de glace qu'elle imagine chaque jour ne lui fait pas le moindre effet, et Miya a la possibilité d'avoir une preuve tangible... Peut-être même de revoir son amant, après presque un an sans la moindre nouvelle. Miya pleure quelques secondes, le visage tourné vers le ciel, et fait le tour de la voiture pour venir s'installer sur le siège passager, à la gauche de Jones. Elle regarde droit devant elle, croise ses longues jambes - il peut voir la silhouette du fourreau et de la dague sur sa cuisse droite.

- Dites-moi, Jones-san... Si je devais croire votre histoire, vous seriez avec Ryuga depuis un peu plus de dix mois... Sur quoi travailliez-vous au point qu'il n'ait jamais pu me donner la moindre nouvelle ? Je veux dire... Tokyo est à quoi, trois heures en train ? J'aurai très bien pu faire l'aller retour dans la journée pour qu'on se voit. Et je serai aussi très curieuse de savoir ce qu'il a pu vous dire sur moi...

Sa voix n'est qu'un souffle tremblant. Intérieurement, Miya espère qu'il fasse une erreur, même infime. Parce qu'elle ne veut croire, ni imaginer se retrouver face au cadavre de son amant.

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 10 mardi 09 février 2010, 16:29:40

Sans hâte, Jones tourne la tête vers Miya. Il n'a pas cru qu'elle allait partir. Pas une seconde.

-Tout d'abord, je ne suis pas avec Ryuga depuis plus d'un mois. Ce qu'il a fait avant, il a refusé de me le dire. Il était devenu réellement paranoïaque, et il avait ses raisons.

Il parle d'une voix patiente, apaisante. Parce qu'il veut la soulager du plus de peine possible, et parce que cette dague lui fait extrêmement peur. Il se souvient de Sibylle, sur la plage... Peut-être que les deux filles ont un lien quelconque? Il n'espère pas, car Sibylle est folle à lier.

-Pourquoi il ne vous a rien dit? La même raison qu'il avait de me laisser dans le brouillard, je suppose, et la même raison que j'ai de ne rien vous dire de plus. Il voulait vous protéger. Plus que n'importe quoi d'autre. Vous devez comprendre qu'il s'attaquait à quelque chose qui aurait pu vous bouffer toute crue, Miya. Si vous aviez été mise en danger, il ne se le serrait pas pardonné.

Il a dit cela en la regardant droit dans les yeux. Cet aspect de Ryuga, il le comprend et le respecte. Peut importe ce que Miya peut bien penser.

-Vous savez, moi non plus je n'ai rien dit à ma femme.

Une lueur de défi traverse son regard, avant de disparaître aussitôt. Il reste une question à laquelle il doit répondre. Ensuite, peut-être, il sera libre d'aller se faire tuer pour sauver son ami Ryuga.

-Je suis désolé, mais il n'a pas beaucoup parlé de vous. Seulement une fois, pendant une planque. Il m'a dit comment vous trouver, et ce que je devais faire s'il lui arrivait quelque chose. Cela, je vous l'ai déjà dit. Vous savez aussi bien que moi qu'il n'est pas du genre à s'épancher sur ses problèmes de cœur. Pas même auprès d'un ami.

Il la fixe droit dans les yeux, déterminé. Encore une question, où je peux me mettre en route?

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 11 mardi 09 février 2010, 19:56:29

(HJ : désolée, c'est court  ::) je ferai mieux la prochaine fois, promis ^^ )

La voix de Jones est douce et... un brin apaisante. La respiration de Miya se calme, comme pour s'accorder avec son ton. Et puis, Jones fait une erreur, l'erreur que la demi déesse amoureuse attendait. Elle se laisse aller contre le dossier du siège, lève un peu la tête, et tout dans son attitude peut laisser croire qu'elle s'est enfin résignée à croire à l'histoire du jeune homme, couronné d'un soupir qui pourrait avoir une sacrée touche mélo-dramatique.

Miya aimerait pleurer de soulagement. Il est vrai qu'elle ignore encore si Ryuga est mort ou vivant, et où il peut être, et s'il l'aime encore, même. Pourtant, là, elle est sûre que Jones ne lui a jamais parlé, ou qu'il n'a pas passé un mois avec lui comme il le prétend. Parce que Ryuga savait qu'il était inutile de protéger Miya. Elle ferme les yeux et pousse un nouveau soupir. Le soulagement est tel qu'elle oublie qu'elle voudrait sortir sa dague et "s'amuser" un peu avec Jones, qui a eu l'audace d'utiliser ses sentiments envers Ryuga pour...

Pourquoi d'ailleurs ? Miya tourne la tête et le regarde, droit dans les yeux, à la faible clarté des réverbères. Ils s'observent quelques secondes et elle finit par demander :

- Et vous attendez quoi de moi, au final ? (Elle a un petit sourire moqueur, pourtant teinté de tristesse.) Que je fonce vers ce danger duquel il voulait me protéger ? Dans cette tenue ?

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 12 mardi 09 février 2010, 20:51:50

(Aucun problème avec les posts courts, loin de là ^^)

Une expression de surprise sur les traits du jeune homme.

-Certainement pas, Miya. Je ne veux rien de vous. D'ailleurs, si vous n'avez plus de questions, vous feriez mieux de retourner au bar avant que votre absence ne soit remarquée. J'ai fait attention, mais si quelqu'un nous repère, vous pourriez être en danger.

Érogène Jones n'est pas un idiot, et il est parfaitement capable de se rendre compte quand une femme le mène en bateau. Du moins quand elle est autant submergée par ses sentiments que ne l'est Miya. C'est une des raisons de toutes ses provocations. La chemise, le sang, tout le reste. Il voulait lui faire suffisamment mal pouvoir lire dans ses yeux si elle croyait ou non à son histoire. Et elle n'y croit pas. C'est une catastrophe, mais cela ne change rien à son plan. Il faut continuer dans le mensonge, et essayer de repérer ce qui la dérange dans son récit. Car c'est forcément un élément qui cloche, il est convaincu que son jeu est parfait.

Le jeune homme répond à son sourire, avec la même mélancolie.

-Inutile trop vous inquiéter tout de même. Ryuga avait surtout peur que vous ne soyez utilisée comme moyen de pression contre lui. Si vous ne faîtes rien d'insensé, je pense qu'ils vous laisseront tranquille.

Il la regarde un instant avec pitié.

-Vous lui manquiez, vous savez. Vous devez lui en vouloir de vous avoir mit à l'écart. C'est parfaitement naturel. Moi aussi je suis en colère après lui...

Il a l'air de savoir qu'elle sera bientôt partie, et il se force à vider son sac, à lui dire ce qu'il faut pour qu'ils puissent se séparer sans regrets.

-Cet idiot était très secret. Je vous mentirais si je vous disais que je comprenais toujours ce qu'il voulait, pourquoi il le voulait... Mais je peux vous dire une chose : En ce qui vous concerne, Miya, il avait toujours les meilleurs intentions du monde. Il vous plaçait en toute première priorité. Toujours. Quand j'étais avec lui, je voyais bien qu'il crevait d'envie de venir vous voir. Ou au moins vous écrire un mot. Mais il savait qu'il ne pouvait pas se le permettre, et il a prit sur lui tout du long. Une force de caractère incroyable.

Il la fixe droit dans les yeux. De ce même regard brûlant qu'il avait dans le bar.

-Quand vous le reverrez, dans cette vie ou dans l'autre, ne soyez pas trop dure avec lui. S'il vous plait.

Il s'incline respectueusement, et ses lèvres restent closes. Il a déjà beaucoup parlé. Trop pour son habitude, manifestement. Il s'enferme dans son silence, et attend qu'elle sorte.
« Modifié: mardi 09 février 2010, 21:22:29 par Érogène Jones »

Miya Diablo

Dieu

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 13 mardi 09 février 2010, 21:50:01

Et effectivement, Érogène Jones joue son rôle à la perfection. Si seulement il avait su que Miya était immortelle, sans doute n'aurait-il commis aucune erreur, et que la demi déesse l'aurait suivi n'importe où, persuadée qu'il l'amènerait jusqu'à son amant disparu. Seulement, cet élément si important n'est connu que des deux tourtereaux... Et il est à parier que Jones n'arrive pas à lui arracher son secret... Miya abandonne le soulagement, et son regard se refroidit à mesure qu'il persiste dans son mensonge. Jones n'a pas idée du jeu auquel il joue. Énerver la jeune femme est la pire chose à faire ; jouer avec ses sentiments l'est davantage. Miya plonge la main dans une fausse poche de sa robe, et d'un mouvement vif, saisit sa dague, et l'arrête entre les deux yeux de son interlocuteur. Étrange sourire sur ses lèvres, froid. L'éclat doré réapparaît dans son œil droit pour disparaître aussitôt.

- Jones-san. Je vous prierai d'arrêter de parler de Ryuga comme si vous le connaissiez. Je me rends bien compte que ce n'est absolument pas le cas. Au moins, arrêtez de faire comme s'il vous avait parlé de moi. Il me connaissait suffisamment pour savoir...

... que je ne craignais pas la torture, encore moins de mourir. Imbécile. Ca a failli lui échapper. Elle secoue la tête et soupire :

- Je ne lui en veux pas le moins du monde, contrairement à ce que vous croyez.

Menteuse ! Les premiers jours, elle était persuadée qu'il l'avait abandonnée, qu'il était peut-être reparti à ses vieilles histoires de flirts d'un soir... Qu'il avait fini par se lasser d'elle ! Elle, Miya, la magnifique (et modeste, hein -_-) qui se tuait chaque jour pour paraître chaque fois plus belle et plus désirable, rien que pour lui ! Elle l'avait maudit, à travers ses larmes, un nombre incalculable de fois ! Mais c'était la colère du début... L'absence de toute trace paraissait si suspecte qu'elle avait fini par se persuader qu'il n'avait pas eu le choix mais de la à être en mission secrète, sans pouvoir lui envoyer le moindre message... Non, ça, c'était trop. Si Ryuga avait été vivant, il le lui aurait fait savoir, même si sa vie était en danger. Parce qu'il devait savoir que Miya aurait pu le soutenir envers et contre tout. Et qu'à force d'avoir côtoyé des lionnes dans son enfance, elle était devenue aussi protectrice que ces fauves. La demi déesse soutient encore quelques secondes le regard brulant de Jones, et finit par ramener la lame de son poignard le long de son avant bras.

- Je crois que nous en avons fini ? Ou vous allez finir par être un tant soit peu honnête ?

Érogène Jones

Humain(e)

Re : Une nuit, un bar, une enveloppe. [Miya]

Réponse 14 mardi 09 février 2010, 22:39:22

Jones secoue lentement la tête, l'air déçu et perplexe.

-Le déni n'est pas la plus intelligente des réactions, Miya.

Alors ça, il ne l'a pas vu venir. Pas une seconde. Lorsque sa proie inoffensive a sortit ses griffes et a brandit son poignard entre ses deux yeux, il a bien cru que sa dernière heure était venue. Elle aurait pu le tuer. Avec le recul, elle aurait du... A présent, elle le cloue de son regard doré qui lui donne des frissons dans l'échine. Du sang froid, Jones. Je ne veux pas te voir ciller. Il faut que tu réfléchisses, c'est ta vie qui en dépend.

Elle rejette son histoire en bloc, avec cette même certitude... Mais qu'est-ce qui cloche, bon sang? Qu'est-ce qui peut bien te rendre si sure que je ne connais pas Ryuga? Tout ce que je t'ai dit sur lui, je l'ai pioché dans du renseignement de première main. Pablo le connait, il m'a tout dit sur lui, et j'ai décrypté toute sa vie administrative, ses rapports, les appréciations de ses supérieurs... Même un bilan psychologique après la mort de son père. Dis moi, Miya, qu'est-ce que j'ai bien pu rater? Et toi, tigresse, qui es tu en réalité? J'ai toujours su que tu avais de la ressource, c'est pour cela que je t'ai choisit. Un passé trouble dans le monde du spectacle, une vie décousue sous les radars de la société... Mais un poignard? Vraiment?

Il soutient son regard, l'œil plus ardent que jamais.

-Si vous voulez vous voiler la face, c'est votre problème. Je vous ai dit ce que j'avais à dire, et je vous ai donné la boîte. Si quelque chose ne vous parait pas compréhensible, je peux peut-être vous l'expliquer. Mais je vous en prie, épargnez moi votre crise d'hystérie.

Il hésite un instant à tenter de la désarmer. Dans un environnement aussi confiné, il a peut-être sa chance après tout... Mais il ne connait pas ses talents de combat et de quelles autres armes elle dispose. Autant jouer jusqu'au bout. L'idée de mourir menteur ne l'a jamais dérangée.

-Écoutez, si vous voulez me tuer, allez-y. S'il existe encore une chance de sauver Ryuga vous la détruirez à jamais. Je n'ai pas peur de la mort, Miya. Pas de vos mains. Tout ce que je vous demande s'est de rentrer au bar et de faire profil bas.

Sa passion a une faille, car il ment sur un point : il a peur de la mort. Et c'est un mensonge dans le mensonge... Alors qu'il la défie du regard, Jones a tout le temps d'imaginer l'acier déchirer sa gorge. Et en réalité, une part autodestructrice de lui même brûle d'envie qu'elle le fasse. Il s'agit seulement de lui donner un ascendant, d'essayer de l'amadouer... Dans le reste, il a mit toutes ses tripes, tout le poids de son talent transcendé en une conviction sans faille. Il martèle les mots juste au bon rythme, et juste avec la bonne intensité. S'il s'en sort, il pourra repenser à cette tirade comme l'un de ses chefs d'œuvre. S'il s'en sort...

Fais le, Miya. Égorge l'agneau apeuré. Ma main est prête à bloquer ta lame, et à t'entraîner dans un combat qui me sera surement fatal. Fais le. Et son regard dit : ne le fais pas.


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