Il ne faisait pas si frais que ça, cette nuit. Une bonne raison de ne pas rester enfermée dehors, avec un temps pareil. Puis Frig n'aimait pas rester à l'intérieur, de toute façon. La voilà, en train de errer en ville, tel un fantôme errant hors de sa tombe, comme à son habitude... Mais cette option est plus préférable que de rester à la maison et d'être oppressée par le foyer familial. Ce soir-là, les parents de la jeune fille était pour une fois rentrés à la maison, après quelques durs jours de travail dans l'hôpital qui se trouve à Seikusu. Adelheid, ayant rejeté l'amour parental depuis longtemps déjà, pris l'excuse de la « soirée entre filles » afin de pouvoir s'en allé. Ce qui bien sûr était totalement faux. Elle ne voulait pas être connue de ses parents, et s'ils apprenaient ce qu'elle était devenue en réalité, elle les décevrait. Elle s'en voudrait, si ils étaient déçus par sa faute. Mais le fait qu'elle doive mentir pour conserver sa façon de vivre lui faisait se sentir mal, parfois. Comment avouer à ses parents, à l'âge de dix-sept ans, que vous êtes dépendantes de certaines drogues, que vous errez ivre en ville, et que vous prenez votre cuite presque tous les soirs... Cette fois-ci, Frig n'avait pas bu. Ses parents l'auraient surpris, si elle avait bu à la maison... et là les représailles auraient été assez dures. Fille de médecin, on ne boit pas, et on ne fume pas. Que tu crois... Mais si ils l'avaient surprise à prendre de l'alcool pour filer en douce, les représailles auraient été encore plus dures. Elle n'a pas l'âge d'allé dans un bar, ni à s'acheter de l'alcool, puis à quoi bon... Elle n'était pas d'humeur à boire, ni a faire quoique ce soit si ce n'est errer en ville...
Errant dans chaque petite rue déserte, Adelheid marchait, tranquillement, cherchant un endroit tranquille, où elle pouvait être sûre que personne ne viendrait. Elle était habillée simplement: un chemisier blanc immaculé à col rond et à manches ballons, et d'une jupe noire remontant jusqu'au ventre et lui arrivant au dessus des genoux (
genre ça). Les talons de ses
ballerines coquets raisonnaient sur les pavés des rues les plus sombres de Seikusu. Tel un spectre, elle avançait sans savoir où elle se dirigeait, laissant voler ses cheveux blonds presque blancs derrière elle.
«
Le cimetière ». Cette idée jaillit de son esprit avec une telle force que Frig se fit peur toute seule. Le cimetière devait être vide, vers 21h30. Et personne n'aurait idée de venir la chercher ici... Un endroit parfait pour lire et méditer tranquille. Elle poussa la petite grille qui produisit un bruit de grincement fort désagréable lors de sous mouvement, et commença sa petite ronde dans le cimetière. Le vent était plus fort, ici, sûrement parce que ça devait être un endroit plutôt dégagé... Maintenant, il fallait trouver un endroit où s'installer. Plus profond dans le cimetière, il y avait un banc. Parfait. Adelheid se dirigea vers celui-ci et s'y installa, ouvrant l'une de ses œuvres favorite de son poète favoris qui est « Les Fleurs du Mal » de Baudelaire.
Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
CXIII, La Fontaine de Sang. Elle était tombé dessus totalement par hasard, en ouvrant son livre. Attentive à sa lecture, elle releva brusquement la tête. Un bruit atteint ses oreilles, et elle tourna la tête en vain afin d'en trouver l'origine. Mais sa curiosité la força à se lever et à aller voir l'origine de cet étrange son. Flânant de rangées en rangées, elle observait tout autours d'elle. Ses pieds s'arrêtèrent net et la jeune fille ne compris qu'après son corps qu'elle se trouvait à quelques mètres de quelqu'un. Elle n'était donc pas seule, dans ce cimetière...