Je laissais un léger soupir de soulagement s'élevait dans les airs. Bien qu'elle semblait dans un état qui démontrait une certaine fatigue dû à sa vie d'errance dans les bas-fond de Nexus, elle avait gardé son appétit et dévorait avec délectation le rapace que je lui avais emmené. L'oiseau fut dépouillé de son plumage, laissant ici et là quelques plumes, signe de son existence passé. J'observai la terranide féline tout en scrutant les horizons. Instinctivement, j'étais sur le qui-vive, faisant pivoter chacune leur tour les appendices oculaires, captant de ce fait, tous les bruits que généraient les diverses ruelles. Quand mon regard se reposa sur le repas de mon interlocutrice, je pu aisément remarquer que de la carcasse si gentiment garnie il y' a de là que quelques minutes, il en restait plus que des os blanchies soigneusement nettoyés de toutes traces de chairs. Le rapace anciennement maître des cieux n'était plus qu'un amas d'os.
Par chance, le nom que je lui avait attribué en prévision de retrouver son originel semblait lui convenir. Heureusement, car je devais l'avouer, je n'arrivais nullement à trouver facilement des noms temporaires, ni même définitif, préférant de ce fait, laissant le choix aux autres. Mais, étant dénudé de paroles, il lui aurait été bien difficile de prononcer le sien. Ce sera donc « Kitai » jusqu'à ce qu'on retrouve sa première appellation. Je ne fis aucun geste quand elle se releva afin de me montrer une certaine gratitude de par ces gestes, fermant juste un œil quand son muscle buccal lapa joyeusement l'une de mes joues. Le reste de ses mimiques semblaient aussi montraient qu'elle m'accordait sa confiance. Ce qui pourra fort être utile dans certaine circonstances.
Une tension commença à s'élever dans les airs. Non pas une tension entièrement désagréable, mais elle était présente dans l'atmosphère de cette ruelle, donnant un côté lourd et pesant à l'instant. Tandis que la terranide récemment dénommée Kitai se posait doucement sur le sol, visiblement encore fatiguée de sa journée, je fis de même, m'installant en tailleur à ses côtés, ne disant pas grand chose en cet instant. Cependant, le geste de sa queue qui frappa le sol d'un air excédé marqua mon attention. L'appendice caudal avait cogné le sol dans un élan colérique, presque rageur, ce qui était bien sûr, entièrement compréhensible.
Par mimétisme, ma queue fit la même chose, ponctuant ainsi de ce fait, que je partageais sa colère. Puis, elle se mit à osciller doucement sur le sol, tantôt en des mouvements amples et lents, tantôt en des gestes plus vifs et courts. Relevant un instant mon regard vers le ciel peu étoilé, j'essayais de trouver une solution, une idée aux évènements futures. Ce qui était certains, c'est que je ne pouvais décemment laissé cette félidé toute seule, bien qu'elle semblait avoir assez de ressources pour vivre de son propre chef. Mais qui dit terranide en liberté dans les ruelles malfamés de la cité état de Nexus, signifie aussi la présence d'esclavagiste qui lui feront une joie amère de la ramener à un statut d'esclave.
Ainsi, la meilleur chose à faire était de prendre la route, de sortir de ces bas-fond pour en fin de destination, sortir de la cité état. Prenant appuie sur mes deux mains posées à plat le sol, je me relevais, posant un regard convivial vers Kitai. La seule chose à savoir était si elle tiendrait la route en dehors de Nexus. Certes, la vie en ville pour une terranide était peu recommandée mais au moins, on ne pouvait nier l'abondance d'une forte présence de nourriture. Sortir de la ville marquerait le fait que toute source de viande trouvée ne devra guère être négligée.
« Je pense que le mieux à faire serait de partir de cet endroit....A moins bien sûr que tu as des objections, comme je te l'ai déjà dis, fais le moi savoir par n'importe quel moyen dont tu as la disposition.... Mais rester dans Nexus serait bien trop dangereux autant que pour toi que pour moi-même.... »
Tout était dit. Cependant, je laissais le choix à l'autre terranide. Si elle ne voudrait pas partir de tel endroit, nous resterons ainsi en pareil lieu. Je ne la forçais nullement à me suivre, ni à accepter mes décisions. La liberté revient déjà quand on est libre de faire son choix, de donner une réponse affirmative ou négative à une proposition donnée. Sincèrement, je n'avais aucune idée de la suite des évènements, ni même ce qui allait bien pouvoir nous arriver. Tendant l'une de mes mains vers sa direction, je repris de nouveau la parole :
« Si ta réponse est positif, mieux vaudrait que je t'aide à marcher sur tes deux jambes, même si je dois te soutenir...Sinon, tu ne risques pas de passer inaperçue aux yeux des passants qui roderaient encore à cette heure tardive »
Certes, le fait de la porter à moitié réduirait ma vitesse de mouvement, mais elle compenserait le fait d'attirer d'avantages les regards sur nous, si elle marcherait continuellement à quatre pattes tel un véritable chat. Naturellement, je pouvais facilement deviner, que le fait de marcher tel un humain normal ne lui serait pas indolore et je ne pouvais que prier pour que la douleur ne lui fasse pas un mal insurmontable.