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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

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Saël Thorne

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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

vendredi 24 octobre 2025, 19:40:31

☩Prologue — Là où le silence naît avant la lumière☩

Nul battement d’ailes.
Nulle voix.
Juste le murmure des sphères célestes, ce chant que seuls les plus anciens des anges entendent encore : la résonance première, celle qui vibre avant que la création ne trouve son nom.

Là, au seuil de ces harmonies éternelles, se tient Tsaphkiel.

On dit de lui qu’il est un trône, un pilier du divin, mais rares sont ceux qui connaissent le poids exact de ce mot : porter la pensée de Dieu sans jamais en contester l’écho, sans pourtant en devenir l’esclave.

Il ne parle pas souvent.

Car Tsaphkiel ne juge pas les choses, il les écoute d’abord.

Ses ailes, vastes tel le souffle du vent sur une étendue sans fin, non pas blanches comme tous les autres célestes mais telles l’ombre de l’aurore s’estompant avec le lever du soleil, luisent non pas d’or mais d’une lumière douce, presque lunaire. Il mesure 1m95, silhouette élancée mais robuste, chacune de ses épaules sculptée par le glaive et la contemplation. Son corps, fait d’une force tranquille, pèse autour de 92 kilogrammes, non par lourdeur, mais par densité — comme si chaque os, chaque fibre est façonné pour encaisser le poids des secrets du monde.

Son visage, inexpressif de loin, porte de près des détails qu’on ne voit que chez les anges nés avant les guerres : la gravité sans dureté, la compassion sans naïveté, et dans le regard, cette lueur ancienne — ni flamme ni glace — quelque chose d’intermédiaire, comme l’aurore avant qu’elle ne se colore.

Il ne descend ni vers la Terre, ni vers Terra.
Du moins, pas encore. Mais le désir commence à naître.

Pas un désir d’humains, ni de chair, ni de domination.
Mais celui de comprendre ce que la perfection céleste ne répond plus.

Chaque fois qu’il observe les mondes inférieurs, il ne voit pas "l’imperfection" comme le disent tant de ses frères, mais la question. Celle que les anges ont oubliée.

Pourquoi la souffrance existe-t-elle s’il était demandé d’aimer ?
Pourquoi le libre-arbitre fut-il donné, si le moindre écart mène à la Chute ?
Et si la Justice n’est pas l’application de la Loi, mais l’équilibre entre ce qui respire, ce qui doute, ce qui espère ?

Ces pensées, il ne les confie ni à Métatron, ni à Sandalphon. Il les porte seul, comme on porte une lame à double tranchant contre son propre cœur.

Autour de lui, le Ciel vit sa routine parfaite.
Les jardins suspendus flottent, arrosés par les pluies d’encens et les vents aux odeurs d’iris.
Les Chérubins chantent les Noms.
Les Séraphins entretiennent les flammes de l’Amour Divin.
Tout semble à sa place.

Mais Tsaphkiel voit les fissures invisibles.
Depuis la destruction de Tsion, depuis les cendres de la Première Guerre et de la Chute de Lucifer, une note dissonante subsiste dans la musique céleste.

Il ne l’ignore pas.
Il ne la condamne pas.
Il l’écoute.

Ce prologue ne raconte pas encore sa gloire.
Ni sa peine.
Mais ce moment suspendu où un ange commence à comprendre qu’obéir n’est plus suffisant.

Ce moment où il ouvre les yeux, non sur l’Enfer, non sur la Terre, non sur Terra, mais sur ce qui manque au Ciel.
« Modifié: dimanche 26 octobre 2025, 21:22:29 par Saël Thorne »

Saël Thorne

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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

Réponse 1 vendredi 24 octobre 2025, 21:54:05

☩Chapitre I — La rumeur de Sanctuary☩



Le Ciel respire.

Pas par le vent, mais par la lumière. Elle pulse doucement dans les arcades de marbre blanc, glisse le long des colonnes comme un souffle invisible. Ici, chaque pierre chante une harmonie silencieuse. Et pourtant… quelque chose dévie.

Une note, fausse, presque imperceptible.

Elle ne vient pas d’une voix.
Elle vient du silence entre les voix.


☩Les Archives du Ciel☩

Dans la salle des Archives, les plumes frottent les parchemins anciens. Un parfum d’encre fraîche, de cire chaude et de poussière d’or flotte dans l’air immobile. Les copistes ne parlent pas, mais leurs ailes frémissent légèrement, un battement retenu, nerveux.
Leurs regards se croisent sans un mot.
Un nom circule sans être prononcé, comme un frisson glacial qui coule dans les colonnes d’air :
Sanctuary.

Il ne figure dans aucun chant sacré. Aucun registre du Conseil ne le mentionne. Mais parfois… une plume hésite. Un parchemin crépite, comme s’il refusait de mentir. Dans les marges, entre deux lignes de lumière, une trace… un mot griffonné puis effacé.

Sanctuary.


☩Les Voilés rapportent☩

Des messagers revenus des mondes inférieurs, les Voilés, passent leurs rapports à voix basse, dans le parfum d’encens froid. Leurs bottes d’argent laissent sur le marbre des éclats de poussière terrestre et de givre de Terra.

Dans les ruines de la côte de Terra, nous avons entendu des chants… Ils ne sont ni célestes, ni infernaux.
Il reste des Nephalems. Ils se cachent entre les plans. Ils protègent quelque chose.
On parle d’un éclat de pierre. Une pulsation. Comme le cœur d’une étoile tombée.

Le Conseil ne répond pas. Officiellement.
Mais le silence qu’il impose est plus lourd que mille décrets.


☩Tsaphkiel entend la dissonance☩

Sur un balcon baigné de lumière pâle, posé au-dessus des jardins suspendus, Tsaphkiel reste immobile. Il ne parle pas. Il écoute.

Le vent n’existe pas ici ; pourtant ses cheveux, d’un brun mordoré, oscillent légèrement comme caressés par une brise venue d’ailleurs… peut-être de Terra.

Ses yeux se posent sur l’horizon. Là où la lumière cesse d’être pure. Là où les sphères se superposent : Ciel, Terre, Terra.

Il ne sent pas d’angoisse. Seulement une tension subtile dans l’air, comme si le monde retenait sa respiration.

Quelque chose qu’on étouffe. Quelque chose qu’on ne doit pas voir.

☩L’arrivée du Séraphin☩

Un froissement de six ailes. Lumière vive.
Un Séraphin s’avance, son visage dissimulé sous un voile d’éclat.
Son odeur, une odeur d’orage et de myrrhe, tranche avec la douceur du jardin.

Dans ses mains, un sceau de cire encore tiède, d’où perle lentement de l’or liquide.
Tsaphkiel… Toi aussi, tu entends cette note qui ne devrait pas exister ?

Je l’entends depuis longtemps. Avant même qu’elle ne cherche à être un mot.

Le Séraphin incline la tête. Sa voix n’est ni chaude, ni froide. Elle est juste.
Ce message ne t’est pas destiné. Mais il doit être lu par toi.

Tsaphkiel prend le parchemin. Le papier est rugueux, plus organique que céleste. Comme s’il avait voyagé entre plusieurs mondes.

Il brise le sceau.

L’écriture est rapide, nerveuse. Une plume qu’il connaît.
Sandalphon.

Ce n’est plus un mythe.
Sanctuary existe encore. Fragmentée, cachée entre les plans.
Ils veulent effacer ce qu’il en reste.
Je ne peux t’attendre plus longtemps. Viens.


Une seconde signature, plus discrète, à l’encre d’argent :
Métatron.

Pas un mot de plus, juste un symbole : ⚖

L’équilibre.


☩Une décision sans bruit☩

Le parfum du parchemin se mêle à celui du jasmin des jardins.
Une cloche très lointaine résonne, pas pour appeler, juste pour rappeler que le Temps existe.

Tsaphkiel referme le parchemin.

Il ne ressent ni révolte, ni peur. Juste cette certitude calme, profonde :
Il reste une vérité que les Cieux préfèrent ignorer.

Et personne ne descendra la chercher…
À part lui.
« Modifié: dimanche 26 octobre 2025, 21:34:02 par Saël Thorne »

Saël Thorne

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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

Réponse 2 samedi 25 octobre 2025, 15:12:31

☩Chapitre II — …Et les cendres de Sanctuary chantent encore☩

Le vent ne souffle pas ici. Pourtant, l’air tremble, saturé d’un souvenir trop lourd pour se taire.
Entre les voiles superposés du Ciel, de la Terre et de Terra, un fragment oublié de Sanctuary repose, effacé des mémoires, mais pas de la pierre.

Tsaphkiel apparaît au seuil de la ruine, immobile. Ses ailes, vastes et pâles, n’effleurent rien, mais chaque plume semble sentir les cicatrices du lieu. Ses yeux, clairs comme l’aube hésitant entre nuit et lumière, se posent sur les murs effondrés, les arches brisées, les colonnes recouvertes d’ombres et de poussière.

Le silence est un chant. Chaque fissure, chaque pierre, chaque éclat de verre fumé résonne d’une harmonie brisée. Les cendres parlent. Les cendres murmurent. Sanctuary n’est pas mort : il attend, fragile, dans les limbes de la mémoire.


☩Les traces des Nephalems☩

Des pas minuscules, presque effacés, mènent vers un éclat de pierre sombre. Une pierre qui pulse faiblement, comme un cœur refusant d’abandonner. Tsaphkiel s’agenouille, ses doigts effleurant la surface.

Le fragment répond, timide, hésitant, mais vivant.
Ce qui est né d’équilibre…” murmure-t-il pour lui-même, la voix perdue dans l’immensité.
…n’appartient ni au Ciel ni aux Enfers.

L’ange aux ailes naturellement sombres sans être un déchu, relève les yeux. Dans le voile entre les plans, deux présences se matérialisent, immobiles et silencieuses. Sandalphon et Métatron.

Le premier, imposant et austère, porte la clarté d’un jugement silencieux. Le second, plume d’argent et lumière tranquille, semble connaître plus que ce qu’il laisse voir. Ils n’ont pas franchi le seuil pour combattre, mais pour observer, pour convoquer, pour rappeler la loi du Ciel.

Tsaphkiel”, dit Métatron, la voix douce mais ferme comme le marbre des archives, “tu es allé là où les Cieux n’envoient plus.
Les fragments de Sanctuary ne sont pas encore destinés à être vus," ajoute Sandalphon. "Leur secret pourrait troubler l’ordre des plans.

Tsaphkiel ne répond pas immédiatement. Il écoute les vibrations du lieu, les murmures du fragment. Il sent la présence des Nephalems, la patience du démon tapi dans l’ombre. Et il sait déjà qu’il ne peut céder, qu’aucun décret ne peut étouffer la mémoire qui lui parle.

Je sais pourquoi vous êtes venus," dit-il enfin, calme et précis. "Je protège ce qui doit l’être. Ni pour le Ciel, ni pour les Enfers, mais pour la vérité.

Vous n’êtes pas sans danger, dit Métatron. “Mais… tu n’es pas seul.

Sandalphon incline la tête. Le silence qui suit est plus lourd qu’une tempête. Dans cette pause, le fragment de pierre pulse comme un cœur, fragile et obstiné.


☩L’ombre silencieuse☩

Et là, dans la périphérie de son regard, Tsaphkiel perçoit un mouvement plus subtil que le souffle d’une plume. Une présence tordue, ancienne, presque imperceptible : un démon. Il n’avance pas. Il ne parle pas. Ses yeux brûlent d’une patience ancestrale, d’un désir ancien qui n’a ni haine ni loyauté, seulement l’attente.


Tsaphkiel ne sursaute pas. Il ne fronce pas les sourcils. Il sent, il observe, il comprend. Le démon ne cherche pas le conflit, seulement à mesurer, à sonder, à connaître.


☩Le choc des convictions☩

À l’entrée, un ange loyal s’avance, déterminé à effacer ce qui reste. Dans l’ombre, le démon silencieux observe, patient. Tsaphkiel reste au centre, immobile, le regard clair, le souffle égal.

Ce qui est né d’équilibre n’appartient ni au Ciel ni aux Enfers.” dit-il enfin, sa voix résonnant dans la pierre et le vide.

Sanctuary n’était pas un blasphème. C’était une question posée au Créateur. Et personne n’a encore répondu.

Ni jugement, ni colère. Juste vérité.

Le fragment continue de battre à son rythme propre, et le Ciel, dans sa vigilance, observe. Tsaphkiel ne fuit pas. Il ne combat pas. Il protège.

Le démon incline légèrement la tête, comme s’il acceptait le choix silencieux de l’ange différent. Il s’efface, mais son regard reste, comme un écho qui hantera le fragment à jamais.


☩La solitude du Prince☩

Lorsque Sandalphon et Métatron se retirent, laissant le silence reprendre ses droits, Tsaphkiel reste seul. Plus seul que jamais, car ici, dans ce fragment suspendu entre les plans, aucun écho céleste ne viendra saluer son choix, aucune voix ne viendra le contredire ni le soutenir. Le monde entier semble avoir retenu son souffle, observant à distance ce moment où un seul ange porte la mémoire d’un lieu disparu.

Chaque souffle de lumière glissant sur les cendres, chaque vibration minuscule de la pierre, chaque pulsation du fragment est désormais enregistré dans sa conscience. Il sent la solitude peser sur ses épaules comme le poids d’un ciel entier, et pourtant cette solitude ne l’écrase pas ; elle aiguise sa volonté.

Il sait que ce fragment est fragile, qu’il sera convoité, disputé, peut-être effacé par des forces bien plus puissantes que lui. Et pourtant, il ne doute pas. Il n’hésite pas. Dans ce silence, dans cette immensité immobile, il prend une décision claire et définitive : il veillera sur ce cœur de mémoire, seul si nécessaire, contre le Ciel, contre l’Enfer, contre tout ce qui pourrait le détruire.

Il ne sourit pas. Il ne se réjouit pas. Il ne parle pas. Mais dans la profondeur de son regard ancien, dans la gravité tranquille de ses ailes repliées, toute la force de sa détermination se lit : la protection de ce fragment sera sa tâche sacrée, son silence porteur de vérité, son acte d’équilibre entre les mondes.

Et dans ce murmure des cendres, Tsaphkiel s’efface, non par peur ni par retrait, mais par choix : témoin solitaire et vigilant d’une mémoire que seul il peut préserver, gardien d’une vérité que personne d’autre n’osera regarder.
« Modifié: samedi 25 octobre 2025, 16:39:34 par Saël Thorne »

Saël Thorne

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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

Réponse 3 samedi 25 octobre 2025, 23:27:14

☩Chapitre III — Les échos de l’équilibre☩

Le fragment de Sanctuary pulse au cœur de la ruine suspendue entre les plans, faible mais obstiné. Tsaphkiel se tient immobile, ailes repliées, silhouette élancée dans la lumière pâle. Chaque souffle de pierre, chaque vibration de poussière, chaque murmure du fragment résonne dans sa conscience comme un chant que seuls les Anciens peuvent entendre.

Puis l’air se durcit.  Le ciel s’épaissit, non de nuages, mais de volonté. La voûte céleste devient un cristal instable : une tension invisible se tord entre les Plans. D’un côté, un ange loyal surgit, armé de pureté et de décrets, chaque geste calibré pour purger. De l’autre, un démon ancien de Lilith, dissimulé dans l’ombre, observe et tend ses tentations, ses murmures infectés de promesses et de malice.


☩Le choc mental☩

L’ange attaque d’abord dans l’esprit de l’archange. Ses pensées, ses certitudes, ses mémoires se heurtent à des vagues d’ordre et de Loi. Efface ce fragment. Sanctifie ce qui demeure. Soumets-toi ou péris. Les mots frappent comme des éclats de lumière sur le crâne, précis, chirurgicaux.

Puis le démon insinue ses illusions : des murmures feutrés glissent dans le tissu de sa conscience. Prends ce qui t’appartient. Détruis le Ciel et les règles qui t’enchaînent. Réécris l’histoire à ta guise. Des visions s’ouvrent devant ses yeux, des réalités possibles, des morts et des renaissances, des mondes réécrits sous sa main.

Le Prince des Trônes ne vacille pas. Il ne fuit pas. Il ne répond pas par la force. Il est une corde tendue entre deux volcans : il absorbe la pression, laisse passer la tempête, et canalise les pulsations dans sa propre stabilité. Chaque pensée qui tente de le submerger est déviée, chaque impulsion brisée ou redirigée, sans jugement, sans colère. Il devient le Silence entre deux éclats, la ligne immobile autour de laquelle la Loi et le Chaos tournent.


☩ La violence physique – et le fragment qui veille ☩

L’ange frappe enfin, non pour tuer, mais pour purger. Ses ailes s’ouvrent en une arche de lumière blanche, presque céleste, mais lacérée de fêlures invisibles. Chaque battement fait vibrer la pierre, le vent et le fragment lui-même, comme si le ciel entier respirait dans le chaos. Les vibrations traversent le sol, résonnent dans les ruines, puis viennent mourir contre Tsaphkiel, absorbées, apaisées, reformées.

Car l’Archange ne répond pas par la violence, mais par l’équilibre. Son Aura du Silence s’étend, déliant les hurlements de magie, étouffant la colère, réduisant le monde à un battement de cœur, à une respiration. Les pierres cessent de trembler. Le fragment, ce cœur ancien, taillé dans un matériau que ni les Cieux ni les Enfers n’ont su nommer, cesse de pulser dans la peur. Il écoute.

Le démon surgit alors, silhouette brumeuse et tranchante, telle un souffle d’hiver dans la nuque. L’espace se tord autour de lui. Le temps hésite. Et les illusions déferlent : cris d’innocents, cendres de cités dévastées, murmures de trahisons jamais prononcées. Tsaphkiel ne se laisse pas happer. Ses yeux, chargés de Jugement Intérieur, ne voient pas seulement ce qui est : ils voient ce qui est vrai. Le fragment le sent. Il se contracte, frémit… comme s’il reconnaissait en Tsaphkiel non un maître, mais un témoin digne.

Alors, Tsaphkiel se met en mouvement.

Pas un pas inutile. Pas un souffle de trop.
Son corps devient axe, sa volonté devient loi.
Il dévie la lumière de l’ange avec une douceur souveraine ; il absorbe les ombres du démon comme on recueille une plainte.
Chaque impact, chaque flash de grâce ou de corruption, chaque frisson dans la pierre traverse son corps, mais ne le brise pas, il le transforme.

C’est l’Équilibre Cosmique à l’œuvre. La chaleur insoutenable d’une radiance angélique devient fraîcheur d’aurore. La douleur mentalement projetée par le démon se dissout en silence. Et le fragment, pris entre tous ces mondes, palpite plus fort — comme un cœur qui hésite, comme une âme qui se souvient.

Une lueur naît alors dans la main de Tsaphkiel : l’Épée du Jugement. Elle ne frappe pas. Elle vibre. Elle attend. Car il ne s’agit pas de détruire, mais de distinguer : le lien pur de l’entrave, l’espoir de la corruption, le vrai du mensonge. Le fragment réagit. Il brille, à peine… comme s’il reconnaissait l’arme. Comme s’il répondait : oui, je me souviens de toi.

Autour d’eux, le monde devient murmure. Le vent se suspend. Les pierres retiennent leur chute. La cendre cesse de danser dans l’air.
Et dans cette immobilité souveraine, seule demeure la vibration du fragment, lente, grave, presque un chant.

Tsaphkiel se tient au centre, non en conquérant, mais en gardien.
L’ange loyal le fixe, haletant, incapable de décider s'il doit haïr ou prier.
Le démon recule imperceptiblement, car même l’Ombre reconnaît cette vérité :
ce qui se tient devant eux n’est pas un adversaire.

C’est un Trône.
Un pilier d’équilibre.
Un témoin du premier souffle des mondes.
Et le fragment, désormais éveillé, pulse à l’unisson avec lui.
Non comme une arme.
Mais comme une mémoire.


☩ Le choix du Prince – et la marque invisible aux Cieux ☩

Le silence revient… mais ce n’est plus celui du Ciel.
C’est un silence lourd de poussière, de souffle retenu et d’échos brisés.
Le fragment repose, parfaitement intact, tel un cœur arraché au corps d’un monde disparu… et qui pulse encore.

L’ange loyal, l’épée encore levée, ne bouge plus.
Ses ailes tremblent, non de peur, mais d’un respect muet et presque chancelant. Devant Tsaphkiel, il ne voit plus seulement le Prince des Trônes.
Il voit un veilleur d’avant les lois, un être qui protège non ce qui est saint… mais ce qui est vrai.
Ses lèvres s’entrouvrent, mais aucun ordre, aucune accusation ne sort.
Au lieu de cela, il incline légèrement la tête, un geste rare, presque interdit, un silence qui vaut plus que tous les serments.

Le démon, lui, n’applaudit pas, ne sourit pas. Il recule d’un pas, ses yeux fendus baignés d’une lumière trouble.
Tu ne purifies pas. Tu ne corromps pas. Tu gardes… Pourquoi ?

Tsaphkiel ne répond pas, et cette absence de réponse est plus tranchante qu’une lame divine. Elle dit : Je marche hors de vos querelles.

Le démon hoche lentement la tête, intrigué.
Ce fragment t’a choisi… ou peut-être l’inverse. Qu’importe. Je reviendrai… non pour lui, mais pour toi.
Et il s’efface, avalé par l’ombre et la poussière.

Alors seulement, Tsaphkiel s’avance vers le fragment.

Il s’agenouille.
Ses ailes se replient lentement derrière lui, formant un cercle sombre autour de sa silhouette agenouillée.
Sa main se pose sur la surface du fragment : tiède, vibrante, ni pierre ni métal… comme une étoile refroidie.

La pulsation commence.

Une onde traverse sa paume, remonte son bras, atteint son cœur.
Ce n’est pas une brûlure, ni une douleur, c’est une mémoire liquide.
Il voit Sanctuary vivante, libre, lumineuse… puis l’incendie, le sang, la trahison, la cendre.
Et la mémoire s’inscrit en lui.

Sous sa peau, quelque chose change.

Sur son bras gauche, depuis la paume jusqu’à l’intérieur de l’avant-bras, puis le long du biceps jusqu’à l’épaule, apparaît une ligne fine, sombre, comme tracée par la main du fragment lui-même.
Une ligne presque droite, parfois ondulée, d’un noir bleuté aux reflets argentés, semblable à un fil d’encre cosmique.
Elle n’est visible que lorsque sa peau n’est pas couverte, que lorsqu’il est torse nu, sinon, elle disparaît, comme avalée par la lumière de sa grâce.
Dans son dos, entre la naissance de ses ailes, la marque poursuit sa course, s’enroulant en une spirale discrète, formée de la même teinte sombre irisée d’argent.

Comme une galaxie endormie.
Comme un serment gravé sous la chair.
Ce n’est pas une cicatrice.
Ce n’est pas un sceau.
C’est un souvenir que le fragment a choisi de ne jamais laisser mourir.

Alors Tsaphkiel murmure, d’une voix plus douce que la lumière :
Je ne suis ni juge, ni tyran, ni possesseur. Je suis témoin. Et tant que mes ailes porteront encore l’aube, je protégerai ce qui doit l’être… même si le Ciel m’oublie.

Le fragment répond par une ultime pulsation, lente, profonde.
Les pierres, les cendres, même l’air, se figent comme si l’univers lui-même retenait son souffle devant cette promesse.


☩L’écho de l’équilibre☩

Le ciel, l’ombre, la lumière : tout converge, puis se retire. La ruine retombe dans un silence presque sacré. Tsaphkiel reste seul, immobile, au milieu des pierres fissurées et des cendres immobiles. Son souffle est calme. Mais sous sa peau, une vibration persiste, infime, continue, comme si le rythme du fragment battait désormais quelque part dans ses veines.

Sous les plis de son armure, invisible aux regards, une marque nouvelle a pris forme. Une ligne fine, presque une spirale, glissant du centre de son dos jusqu’à l’arrière de son épaule gauche, puis descendant lentement le long de son bras. Une trace d’un noir bleuté aux reflets argentés, comme une cicatrice céleste laissée par la mémoire de Sanctuary. Muette tant que sa peau reste cachée, mais vivante, palpitante, lorsque la lumière nue la touche.

Il a affronté la Loi incarnée par l’ange, la tentation portée par le démon. Il n’a cédé ni à la colère, ni à la corruption. Il reste debout. Plus silencieux. Plus seul. Mais jamais vide. Sa solitude n’est pas un tombeau, c’est un axe. Une ligne entre les mondes.

Il sait désormais que protéger ce fragment ne sera pas un acte, mais un destin. Dans le murmure étouffé des cendres, dans la pierre qui respire encore, une certitude se grave en lui : il marchera entre Ciel, Terre et Terra, non pour juger, ni pour dominer, mais pour préserver ce que tous veulent oublier. Et il le fera seul. S’il le faut.
« Modifié: dimanche 26 octobre 2025, 12:17:56 par Saël Thorne »

Saël Thorne

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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

Réponse 4 dimanche 26 octobre 2025, 18:38:40

☩Chapitre IV — Méniel, le Scribe aux ailes de lune☩

La salle des Archives s’étendait comme un océan figé de lumière et de silence. Chaque rayon de soleil céleste, filtré par les vitraux aux teintes d’ivoire et de saphir, glissait le long des étagères comme un courant discret. Des parchemins anciens, fragiles et parfumés d’encre dorée, reposaient dans l’attente de mains patientes.

Méniel avançait entre les allées, ses petites ailes blanches ponctuées de points argentés, scintillant comme la lune sur un lac gelé. Chaque battement retenu faisait trembler un souffle de poussière d’étoiles. Le vent n’existait pas ici, et pourtant l’air vibrait sous la mémoire des mots inscrits, comme si la pierre elle-même retenait le murmure des siècles.

Ses yeux s’attardèrent sur une alcôve qu’il n’avait pas consultée depuis des siècles. Là, des manuscrits semblaient avoir été déplacés, leurs sceaux anciens légèrement ébréchés. Son cœur se serra. Quel ange avait osé toucher ces archives sans autorisation ? Et surtout, pourquoi ?

C’est alors qu’il aperçut un tube d’albâtre veiné de rubis, à moitié caché derrière un parchemin plié et couvert de poussière d’étoiles. La lumière de la salle se reflétait sur ses veines rouges, et Méniel comprit immédiatement la gravité de sa trouvaille. Ce n’était pas un artefact ordinaire. Le rubis palpitait doucement, comme si le tube contenait non seulement l’écriture, mais la mémoire même d’un jugement oublié.

Il se souvint des murmures d’un collègue scribe, un ange discret et fidèle, qui lui avait soufflé que certaines archives du Jugement n’avaient pas été correctement scellées après le dernier Conseil. Le Conseil n’avait pas prévu que quelqu’un de leur rang ose chercher plus loin, et pourtant, Méniel avait toujours su que la vigilance silencieuse était son rôle. Avec précaution, il avait retiré le tube, vérifié chaque sceau et senti la vibration de l’albâtre contre ses mains.

Le poids du secret se fit sentir, lourd et glacial comme la poussière d’étoiles. Ce tube contenait les noms des anges bannis, ceux qui avaient été effacés du regard du Ciel, oubliés même des plus fidèles scribes. Et parmi ces noms, il devinerait plus tard celui de la guerrière d’élite, disparue d’un jugement auquel ni Tsaphkiel ni lui n’avaient pu assister.

Méniel inspira profondément. Ce tube, qu’il avait trouvé par instinct et par patience, représentait un choix qu’il ne pouvait plus reporter. Il devait le porter à Tsaphkiel, et il savait que la confiance de ce dernier en sa loyauté silencieuse rendait cette action possible. Même si le Conseil ignorait sa démarche, même si les lois célestes l’avaient oublié, il était le seul à pouvoir franchir cette distance, à pouvoir remettre l’histoire entre les mains de celui qui pouvait en comprendre la vérité.

Le souffle d’albâtre contre sa poitrine, le rubis veiné de lumière rouge pulsant doucement, Méniel fit le dernier pas vers les appartements du Prince des Trônes. Chaque battement de ses ailes de neige, chaque murmure des parchemins dans le vent immobile, le rappelait à sa mission : il n’était pas seulement un scribe, mais un gardien silencieux de l’équilibre, le témoin fidèle d’un monde que peu avaient le droit de voir.

Chaque pas de Méniel résonnait doucement dans le silence des Archives, comme si la pierre elle-même retenait son souffle. Mais alors que le tube reposait contre sa poitrine, son esprit s’évada, remontant aux origines de sa propre existence.


☩Souvenir — La naissance dans les Bibliothèques du Firmament☩

Il se revit, enfant de la lumière, parmi les étagères infinies des Bibliothèques du Firmament. Les parchemins étaient des constellations, chaque lettre une étoile vivante, et il avait appris à écouter leurs murmures avant même de parler. Là, le monde était pure harmonie et ordre, mais déjà, quelque chose l’attirait au-delà de l’évidence : le silence entre les mots, la musique que seul le cœur pouvait entendre.

C’est dans ce silence que Méniel avait compris qu’il serait scribe, non pour consigner des lois, mais pour préserver la mémoire que le temps voulait effacer.


☩Souvenir — La première rencontre avec Tsaphkiel☩

Puis, comme une brise d’aurore, le souvenir de Tsaphkiel surgit. Il l’avait vu pour la première fois dans une salle suspendue au-dessus des jardins du Ciel, immobile sur un balcon. Le Prince des Trônes ne parlait pas, mais ses yeux, teintés comme la une nuit sans lune, l’avaient touché d’une manière que rien d’autre ne pouvait. Méniel se souvient encore de la sensation étrange et sacrée : un silence si dense qu’il paraissait contenir tous les cris du monde et toutes les vérités jamais prononcées.

Dès cet instant, il avait su qu’il suivrait cet être silencieux, qu’il serait à jamais son observateur, son scribe fidèle.


☩Souvenir — Le serment prêté☩

Enfin, la mémoire du serment. Dans une salle de marbre et de lumière, Méniel avait murmuré à voix basse, ses ailes repliées, le cœur vibrant d’une détermination pure :
Je te servirai, non par peur ni par loi, mais parce que ta voix silencieuse porte plus de vérité que mille décrets. Je serai ton témoin, ton scribe, ton observateur, même quand le Ciel détournera les yeux.

Ce serment, scellé dans le temps, résonnait aujourd’hui avec une urgence nouvelle. Le tube d’albâtre dans ses mains ne contenait pas seulement des noms : il contenait le poids du Ciel oublié, les fragments d’un jugement auquel Tsaphkiel n’avait pu assister.

Et Méniel savait que son rôle, fidèle depuis des siècles, allait être mis à l’épreuve comme jamais auparavant.
« Modifié: dimanche 26 octobre 2025, 18:48:01 par Saël Thorne »

Saël Thorne

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"…Et les cendres de Sanctuary chantent encore."

Réponse 5 lundi 27 octobre 2025, 00:37:24

☩Chapitre V — Ceux qui veillent quand le Ciel détourne les yeux☩


☩ Le retour du Prince des Trône☩

Le silence du Sanctuaire céleste n’est pas celui des morts. C’est celui d’un monde qui retient sa respiration, comme si l’univers lui-même observait, suspendu.

Tsaphkiel franchit le seuil de ses appartements sans un froissement d’aile. La lumière tombe doucement, filtrée par des voiles translucides de marbre blanc, teintés d’ivoire et de saphir. Chaque rayon glisse comme un souffle discret, caressant les parchemins, les murs, les pierres. Le temps semble ralentir à mesure que ses pas se font entendre.

Son regard glisse sur le bassin d’eau claire. La surface miroitante reflète un ciel figé, captant le reflet des voiles et des étoiles lointaines. Chaque parchemin roulé sur la table pâle semble retenir un soupir ancien. Une plume d’argent oubliée palpite encore faiblement, vestige d’une pensée transcrite. Plus loin, près de l’ouverture donnant sur le vide des astres, la flamme d’une lampe d’huile tremble à peine, exhalant un parfum subtil de cerise noire et de bois de santal légèrement mentholé, comme si elle sentait le maître revenir et retenait son souffle.

L’Archange retire son armure, finement gravée d’or ancien et portant les symboles de constellations oubliées et de cercles d’équilibre. Il dispose lui-même chaque pièce sur un mannequin de bois, refusant toute aide de valet ou aide de camp. L’épée longue repose dans son fourreau auprès de lui, soigneusement posée. Il reste pieds nus, vêtu uniquement d’un tissu noir et blanc ondulant autour de sa taille, écho d’ombre et de lumière réconciliées. Chaque plume de ses ailes frissonne encore des rémanences du fragment de Sanctuary. Torse nu, la ligne noire-bleutée au reflet argenté sur son bras gauche et son dos palpite doucement, vivante.

Il avance. Ses pas sont silencieux, mais les pierres semblent frémir sous le poids de sa présence. Chaque effleurement de sa main sur le bassin fait vibrer l’eau, et l’image de ses yeux, mordorés, profonds, calmes, se reflète. L’écho du tumulte du fragment y brûle encore, invisible mais présent.

Alors, un souffle traverse l’air, léger mais certain. Une présence discrète, hésitante… familière.

Mon Prince…
La voix est douce, claire, cristalline comme une plume déposée sur un parchemin neuf.

Méniel.


☩L’ange aux ailes de neige☩

Il se tient à l’entrée, petit et frêle comparé à l’Archange. Ses cheveux couleur de sel et de lait tombent en mèches soyeuses, encadrant son visage pâle. Ses yeux portent la pâleur des lunes éteintes, limpides et attentifs. Ses ailes, minuscules et parfaites, sont blanches comme la neige, constellées de points argentés, éclats de nuit glissés sur des plumes fragiles.

Méniel garde les mains jointes, immobile. Il ne baisse pas les yeux, mais ne défie pas non plus. Il attend, conscient du poids de l’instant. Tsaphkiel se tourne lentement, observant le moindre mouvement de son fidèle scribe, chaque souffle contenu, chaque frémissement de plume.

Tu peux entrer.” dit-il simplement.

Méniel avance. Chaque battement de ses ailes soulève un souffle léger, presque imperceptible, mais qui fait frissonner l’air figé. Il tient un cylindre d’albâtre veiné de rubis, froid et lisse, mais vibrant d’une mémoire muette.

Je n’aurais pas osé troubler votre repos, murmure-t-il, la voix tremblante à peine perceptible. Mais… cela ne pouvait plus attendre.


☩Le tube d’albâtre et les noms oubliés☩

Tsaphkiel tend la main. Le contact avec le tube est presque humide, comme si la pierre pleurait silencieusement depuis des siècles.

Qu’est-ce donc ?” demande-t-il, la voix grave et mesurée.

Méniel inspire. Une plume frissonne sur son aile.
Le registre des bannis. Depuis la première Loi. Depuis la création du Trône.

Pourquoi maintenant ?

Parce qu’un nom y a été ajouté… un nom dont personne ne nous a parlé.

Un silence lourd, dense, suspendu comme une corde sur le point de rompre.

Tsaphkiel rompt le sceau de cire, déroule lentement le parchemin. Les noms glissent sous ses yeux, certains anciens comme des montagnes, d’autres récents, brûlants de la sentence encore fraîche. Puis, une ligne s’arrête dans sa lecture.

Une guerrière d’élite. Discrète, redoutable. L’une des rares en qui il avait placé une confiance muette. Et lui… n’avait pas pu être présent pour son Jugement. Méniel, lui.. personne n’avait jugé important de l’avertir.

Le souffle dans la pièce semble s’éteindre presque entièrement.


☩ La réaction du Prince☩

Tsaphkiel ne parle pas. Mais Méniel voit.

Il voit les pupilles de l’Archange se rétracter imperceptiblement. Il voit ses doigts se resserrer sur le parchemin, mouvement indiscernable pour quiconque en dehors du scribe qui le connaît bien. La gorge du Prince des Trônes se tend légèrement. Une tension contenue mais profonde, qui dit plus que n’importe quel cri.

Ils… ne nous ont pas prévenus…  murmure Méniel.

Non.” répond Tsaphkiel.

Un mot. Mais il résonne comme une lame.

Je… ai pensé que vous deviez savoir.

Tu as bien fait.

La voix du Prince est douce, stable, mais l’air porte une fracture silencieuse.
Méniel.

Oui, mon Prince ?

Ce que le Ciel choisit d’oublier… nous ne l’oublierons pas.

Alors, que ferez-vous ?

Comprendre. Et si elle a été bannie sans justice… je la rétablirai.

Méniel incline la tête, ses ailes frémissant d’un soulagement palpable. Dans le silence, on croirait entendre le battement du fragment de Sanctuary, pulsant dans le sang de Tsaphkiel.


☩ Le bain et l’intimité des sens☩

Le scribe s’incline légèrement et prépare un bain pour Tsaphkiel, le parfum subtil de cerise noire et de bois de santal se mêlant à l’air ambiant, ni trop chaud, ni trop froid. L’eau enveloppe l’Archange, chaque goutte capturant la lumière diffuse de la lampe. Les bruits de gouttes tombant doucement sur la pierre et le bois du bassin ponctuent le silence, se fondant dans le souffle régulier du Prince des Trônes.

Tsaphkiel se délecte de la sensation de l’eau sur sa peau fatiguée. Chaque frisson du bain emporte la tension des combats récents, la lourdeur des révélations, la résonance des noms bannis. Ses muscles se détendent, ses pensées s’apaisent, mais son esprit reste vif, absorbant chaque vibration du monde autour de lui.

Méniel, silencieux, s’éloigne ensuite sans un mot, rassuré que le Prince soit en sécurité. Il sait que sa mission est accomplie : le registre est entre de bonnes mains, et le témoin de ces mondes veille.


☩Le souffle du silence☩

Allongé sur la pierre froide du balcon, le corps nu exposé au vent léger, Tsaphkiel ferme les yeux. Chaque respiration s’accorde au rythme subtil des astres au-dessus de lui. Le ciel n’est pas seulement un décor : il pulse, il respire, il écoute. Le parfum de bois de santal et de cerise noire se mêle au souffle frais des vents, glissant le long de sa nuque, caressant ses cheveux bruns qui effleurent ses épaules et s’étirent jusqu’au bas de son dos.

Le murmure du fragment résonne encore dans ses veines. La marque sur son bras et son dos palpite, discrète mais insistante, comme un écho liquide de mémoire ancienne. Chaque battement de cœur répercute le poids du Jugement Oublié, les noms des bannis, la promesse silencieuse qu’il s’est faite : être témoin et gardien.

Ses yeux demeurent clos, mais dans le noir de ses paupières, il voit les visages fugaces des mondes qu’il protège, les éclats de lumière, la cendre et le feu, la solitude et la force. Le monde est vaste, impitoyable, et pourtant il n’a jamais été seul : le silence de Méniel, la confiance muette du fragment, le souffle de l’ombre et de la lumière se conjuguent pour créer un espace où rien ne peut le briser.

Un léger frisson parcourt sa peau au contact du vent. Il laisse le froid caresser ses épaules et ses bras, laisse le soleil imaginaire des étoiles sécher les dernières gouttes d’eau sur sa peau. Chaque sensation devient un point de repère, une méditation corporelle et spirituelle : les mondes sont là, tangibles, mouvants, mais Lui est le centre, immobile et vigilant.

Tsaphkiel expire longuement. Dans ce souffle, il y a la mémoire, l’acceptation et la résolution. Il sait que demain le Ciel détournera à nouveau les yeux, que la guerre des lois et des fragments reprendra, que la solitude sera pesante. Mais pour l’instant, il n’est qu’ici, là, nu et vivant, suspendu entre le vent, la pierre et la lumière des astres. Le silence l’enveloppe, complet, parfait, comme une étreinte de vérité pure.

Et dans ce silence, il comprend à nouveau : protéger n’est pas un acte de force, mais un choix de présence. Et il restera, toujours.


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