Si vous êtes un chômeur, une crapule ou un étudiant d’école publique, le meilleur bar du coin est le Lauren’s, situé au Japon mais fondé par une femme américaine ayant eu l’idée de monter son buisness à l’étranger, un pub dans le pure style irlandais, comptoir en chêne venue tout droit du pays des plaines et de la Saint Patrick, des banquettes ayant croisé le passage de nombreuses bières renversé et nombre de match ayant réunis les poivrots les plus fidèles de ce coin du pays.
Je ne suis que de passage en ville, vadrouillant là où le vent me mène avec juste un baluchon, et celle qui m’est la plus précieuse, mon indian chief de 1950 sur laquelle je travaille depuis que je suis gosse pour la booster afin qu’elle tienne la route sur de long trajet, mon père étant mécanicien, j’ai touché ma première moto à 2 ans, et à 6 j’aidais déjà mon père à l’atelier pour m’amuser avant qu’il ne se mette à boire et que je choisisse de quitter la maison pour ne jamais revenir en arrière, profitant de la vie à la même vitesse que mon bolide, sans me poser de question ni me retourner.
Et c’est dans ce pub demi-centenaire que j’ai choisi de m’arrêter convaincu par sa réputation…et passant les portes je ne suis pas déçu, le bar est remplie, la bière semble couler à flots, et une soirée concours de fléchettes semble organiser, et pour ceux qui ne sont pas intéressés, un billard est installé au fond de la salle qui est illuminé par des suspensions vertes, couleurs officielles de l’Irlande. Cet endroit transpire l’ambiance vintage et populaires qu’on m’avait promis, m’attendant à une bagarre de bar à tout instant, et j’en suis surexcité, mais ne le montre pas.
Commençant à me diriger au bar, un homme grand, plus grand que moi, chauve et imposant s’approche.
- Qu’est ce que j’te sers ?
- Une pinte, la première de la soirée.
Avec un regard se demandant pourquoi il a posé la question, il se dirige vers la tireuse et je vois ce nectar coulé pour remplir mon verre attendant d’être consommé. Je pose un billet sur le bar pour la régler, je n’aime pas avoir de dettes.
- Au fait, comment se passe le concours ?
- C’est 1 500 yens (10$) la participation, le premier à atteindre 0 au score remporte la mise des autres participants.
- Ca marche, merci, je vais regarder faire, je suis pas très doué, mais je tenterai ma chance.
La soirée commence à peine, le bar est encore loin d’être pleins, mais ça promets. En attendant, prenant ma pinte je vais vers le billard, commençant à parier 50$ je les laisse m’écraser, gagner en confiance, jouant exprès comme un total débutant, tenant une queue de billard pour la première fois, les poussant à parier plus gros jusqu’à ce que les gains en vaillent la peine, je commence alors à jouer sérieusement ne leur laissant aucune chance, ils ne touchent même pas une balle. Ce qui les fait rager, et je ne suis pas très bien vu visiblement, mais ils ne sont pas encore assez bourrés pour que ça aille plus loin. C’est un groupe de trois amis, membres d’un gang en me fiant à leurs tatouages.
Cette soirée commence bien en tout cas, et tel un enfant devant ses cadeaux de noël, j’ai hâte de voir la prochaine surprise.
