La nuit enveloppe la forêt d’un voile épais, l’air saturé d’humidité et du murmure incessant de la rivière. Fulgrim, le Loup Tatoué, avance en serrant les dents, chaque pas ravivant la douleur aiguë qui déchire ses côtes droites, où une plaie profonde suinte, défiant sa régénération lupine. Le sang poisseux trempe sa peau d’ébène, glissant sous les tatouages argentés qui serpentent sur son torse et ses bras, luisant faiblement sous la lumière lunaire, pulsant au rythme de son cœur erratique. Sa dague runique, crispée dans sa main, vibre doucement, comme un écho de son instinct en alerte. Il grogne intérieurement, furieux de sa faiblesse. Lui, l’Alpha d’Ébène, réduit à boiter comme une proie. Les chasseurs qui l’ont piégé ce soir étaient des experts : lames d’argent, runes de confinement, une embuscade méticuleusement orchestrée. Il en a abattu deux, mais le prix est lourd – du sang, et une vigilance constante pour ne pas s’effondrer. La douleur dans ses côtes est comme une lame qui s’enfonce à chaque inspiration, mais il refuse de céder, porté par une rage brute et une volonté de fer.
Un craquement sec déchire le silence de la forêt. Ses oreilles de loup pivotent, ses yeux jaunes, brillants dans l’obscurité, fouillent les ombres. Une silhouette émerge, et son flair capte une odeur envoûtante : forêt, fougue, et une pointe de méfiance acérée. Une Terranide, une louve. Sa voix claque, franche, mordante, avec une assurance qui force l’attention de Fulgrim. Elle n’a pas l’air de quelqu’un qui se laisse marcher sur les pattes, et cela attise une étincelle d’intérêt en lui, malgré la douleur qui le tenaille. Il s’arrête, son regard perçant fixé sur elle, analysant chaque détail : sa posture prudente, son regard défiant, et cette tenue de prêtresse qui contraste avec son attitude farouche. Elle porte une robe longue mais simple, faite d’un tissu gris-bleu orné de broderies subtiles – des motifs lunaires et des runes discrètes cousues en fil d’argent, qui semblent capter la lumière de la lune. Une large ceinture de cuir noir, ornée d’une boucle en forme de croissant, enserre sa taille, et une cape légère, bordée de fourrure grisâtre, flotte derrière elle, évoquant à la fois une aura sacrée et une liberté sauvage. Cette tenue, bien que marquée par l’esthétique d’un ordre, ne parvient pas à masquer l’énergie brute qui émane d’elle.
« Héhé, c’est comme ça qu’on accueille un cousin dans ces bois, ma belle ? T’as du feu, j’aime ça. » Un rictus amusé étire les lèvres de Fulgrim, dévoilant ses canines malgré la douleur qui pulse dans ses côtes. Il se redresse, sa carrure massive vacillant légèrement, et s’appuie contre un tronc pour masquer sa faiblesse. Sa voix, grave et rauque, teintée d’une pointe d’ironie, résonne dans la clairière. Il lève une main, paume ouverte, pour apaiser toute hostilité, sa dague runique toujours serrée dans l’autre, vibrant faiblement comme pour refléter son état d’alerte. « Détends-toi, je suis pas en état de jouer au méchant loup ce soir. Pas avec ce merdier. » Il désigne ses côtes ensanglantées d’un mouvement du menton, le sang luisant sur sa peau d’obsidienne.
Ses yeux jaunes ne la quittent pas, détaillant chaque nuance de sa présence : la façon dont elle se tient, prête à bondir, la lueur de défi dans son regard, et cette tenue de prêtresse qui semble presque ironique sur une louve aussi indomptée. Elle n’a rien de docile, et cela lui plaît, même s’il reste sur ses gardes. La douleur dans ses côtes le transperce à chaque mouvement, mais il force un ton assuré, presque provocant, pour ne pas trahir sa vulnérabilité. « T’as l’œil vif, dis donc. Ouais, je suis dans la merde. Des chasseurs m’ont bien amoché – lames d’argent, runes, tout le grand jeu. » Il grimace, un éclair de douleur traversant son visage, mais il ne détourne pas le regard, ses yeux ancrés dans les siens. « Si t’es du genre à filer un coup de patte à un loup en galère, je cracherais pas dessus. Mais… » Ses yeux se plissent, une lueur sauvage y dansant, mélange de méfiance et de défi. « Si t’as dans l’idée de me la faire à l’envers, je te promets que j’ai encore assez de jus pour te le faire regretter, ma grande. »
Un silence lourd s’installe, chargé de tension. Fulgrim jauge sa réaction, son sourire charmeur masquant à peine la méfiance qui l’habite. Cette louve l’intrigue profondément. Son franc-parler, son énergie brute, et cette aura de défi qui semble défier les conventions de sa tenue de prêtresse résonnent avec ses propres instincts. Mais il n’est pas assez insensé pour baisser sa garde, pas avec une blessure aussi grave, pas dans un monde où la trahison rôde dans chaque ombre. Pourtant, une étincelle s’allume en lui, un mélange de curiosité et de désir de tester ses limites. Il veut savoir qui elle est, ce qu’elle cache sous cette armure de sarcasme et de tissu sacré.
Il penche la tête, ses cheveux noirs cascadant sur une épaule, son ton glissant vers quelque chose de plus bas, presque séducteur malgré la douleur qui le tenaille. « Alors, louve, t’es qui ? Une vagabonde comme moi, ou une de ces âmes pieuses qui se planquent dans des temples pour jouer les saintes ? T’as pas la tête à réciter des prières, si je peux me permettre. » Une toux rauque lui échappe, la douleur dans ses côtes le rattrapant, mais il garde ses yeux rivés sur elle, guettant le moindre signe, prêt à voir si elle sera une alliée… ou une tempête de plus à affronter.
La nuit semble retenir son souffle, le murmure de la rivière devenant un fond sonore à peine perceptible face à la tension entre les deux loups. Fulgrim, malgré la douleur qui le ronge, sent une chaleur familière monter en lui – celle du défi, de la séduction, du jeu. Cette louve, avec son regard acéré et son attitude indomptable, est un mystère qu’il brûle de percer. Mais la plaie à ses côtes, suintante et brûlante, lui rappelle qu’il n’est pas en position de force. Chaque mouvement est un effort, chaque inspiration un combat. Les tatouages argentés sur sa peau semblent pulser plus fort, comme si la lune elle-même l’exhortait à tenir bon. Il sait que les chasseurs pourraient encore être à ses trousses, et cette rencontre inattendue pourrait être une bénédiction… ou une malédiction.
Il observe la louve avec une intensité accrue, notant la façon dont sa cape flotte légèrement au gré du vent nocturne, les runes argentées de sa robe scintillant comme des étoiles miniatures. Elle est une contradiction fascinante : une prêtresse, peut-être, mais avec l’âme d’une guerrière, d’une rebelle. Ses propres instincts lupins s’agitent, partagés entre méfiance et une attirance qu’il ne peut nier. Il se redresse légèrement, malgré la douleur, pour afficher une assurance qu’il ne ressent qu’à moitié. Sa main libre effleure le collier d’os à son cou, un réflexe inconscient, un souvenir de sa mère qui le ramène à sa propre humanité, même dans cet instant de vulnérabilité.
« Alors, ma belle, tu vas me laisser crever ici ou quoi ? » Son ton est taquin, mais ses yeux trahissent une urgence contenue. Il tousse à nouveau, le sang gouttant sur le sol, et il s’appuie plus lourdement contre l’arbre, sa respiration devenant plus laborieuse. « Je te promets, je suis plus drôle en vie qu’en cadavre. Et puis, on dirait que t’as des choses à raconter, toi. Une louve comme toi, avec une tenue pareille… y’a une histoire là-dessous, non ? » Il force un sourire, provocateur, mais ses yeux restent vigilants, scrutant chaque mouvement de la louve, prêt à réagir si elle décide de passer à l’action – pour l’aider, ou pour l’achever.