L’empereur de la fournaise jouait avec une carte. C’était un petit objet similaire à ce que l’on pouvait trouver sur terre, un petit bout d’une matière plus rigide que le papier, fort jolie, un peu colorée. Il la faisait glisser entre ses doigts, la regardait, l’oubliait, envisageait de lui mettre le feu, s’en abstenait. C’était bien curieux. La promesse était simple, étant donnée la carte, il était logique qu’il s’agisse d’une chose précieuse, étant donnée comment elle était conservée. Bien à l’abri, dans une chambre forte avec les richesses du dernier grand conflit qu’il avait remporté. Le propriétaire des lieux avait raconté, avant de rendre gorge, d’où elle venait et ce dont il s’agissait. Il avait trouvé l’idée intéressante, d’autant qu’une date était proche. Une date dont il fallait marquer le coup. Ce serait la première fois en plus de cent ans que la légion de l’éternel ardant serait au complet, avant de lancer une immense campagne contre un empire méridional appelé la Ligue des cent dragons. Quel non pompeux…
La victoire était certaine. Comme toujours, parce que les quatre armées de la légion déferlait, encore, et encore, jusqu’çà ce que la terre ne soit plus que cendre. Donc ils pouvaient bien fêter la réunion de la légion. Peut-être même que Pyraetus ferait le déplacement. C’était dire !
Chacun amènerait ses festivités, et il voulait déçu raffinement, il voulait que ce soit digne d’un maitre de ce monde, du titre d’empereur dont il se prévalait non sans raison. Il était l’empereur de la fournaise après tout, et il dirigerait ce monde au nom de l’Eternel Ardant, au-dessus même de toutes ces divinités mineures.
« Tout est prêt, votre Majesté. »
Revenant à la salle qui l’entourait, il regarda en contrebas. Depuis son trône de flammes, ; sur une estrade surélevée au milieu de la tente immense qui aurait pu contenir un véritable petit palais. Et s’il s’était agi d’un palais, il se serait trouvé dans ce qui devait être la salle d’audience. En bas de l’estrade se tenait une créature écailleuse, dans une robe orange et rouge, qui ternissaient ses écailles leur donnant une lueur plus brune que de réalité. Un mage. Puissant qui plus était, et membre du conseil restreint de Sa Majesté. De part et d’autre, le long de la toile, des soldats se tenaient ; de nombreuses ethnies, de nombreuses races, mais toutes avec la livrée. La garde impériale, garde d’élite.
« Commence alors. »
Il lança la carte au mage qui l’attrapa précautionneusement. Le mage entonna alors d’une voix habituée aux incantations, les morts gravés dans la petite carte. Il avait une voix rêche, presque désagréable à l’oreille. C’était une voix fatiguée, habituée à prononcer des longues mélopées à s’en abimer la voix.
« Compagnie des Miracles, je vous appelle, pour que vous preniez place sur une nouvelle scène. »
Il y eut une crispation générale, et une forme de nervosité de la garde, dont les lances s’baissèrent alors légèrement, vers le centre de la pièce vide. Ils attendaient que quelque chose se passe. Mais cela mettait un peu de temps.
« Eh bien ? Rien ? Recommence ! »
Le mage s’exécuta, et cette fois, il ne cesserait pas jusqu’avec que quelque chose advienne ou que l’empereur se lasse. Sa tête était clairement en train de s’installer sur le billot. L’incompétence – qui revenait souvent à être capable d’exaucer chacun de ses caprices - n’était jamais rien de moins qu’un crime capital.