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Commémoration

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Eugene Erik

Humain(e)

Commémoration

mercredi 13 mars 2024, 17:42:33

Trois années. Elles avaient filé en trois clins d'œil et un monde s'était éteint ; le précédent, celui antérieur à la mort de son père. Zéphirin, à cette occasion, avait extrait l'avis de décès d'alors pour le consulter, sans même trop savoir pourquoi. Noir sur blanc, on y clamait laconiquement que Lambert Maillard, père et mari aimant, s'en « était allé » avant même qu'il n'effleura le demi-siècle. On ne précisa pas toutefois où il fraya, l'homme-là, après un bête accident de voiture par temps pluvieux. Son trépas d'alors, au retour du travail un soir, fut si soudain et inespéré que la sidération prit le pas sur la tristesse, le choc obstruant les larmes. Cette mort avait été si preste qu'elle confina à l'absurde, à l'irréel. Et cela faisait trois ans.

Encore relativement jeune, Zéph' prit le parti de quitter le foyer deux mois à peine après que son père fut enseveli. Il avait à présent vingt-cinq ans et pensa que le gros de sa vie était derrière lui. Mettant un terme à ses études d'alors, il avait souhaité ne pas être un poids pour cette belle-mère que son paternel avait épousé en secondes noces. Aussi avait-il coupé les ponts, comme laissant derrière lui les jours d'insouciance pour ne jamais avoir à oublié ce qu'il avait perdu. Sans plus aucune attache, il travaillait de peu ; de ce qu'il pouvait, faute d'un diplôme qualifiant.
Depuis plus de deux ans, il avait trouvé un petit appartement au dernier étage d'une tour résidentielle qui en compta vingt-et-un. Un brin reclus, irrémédiablement changé depuis la mort de son père, même s'il jura le contraire, sa vie n'était qu'une succession de jours qui se ressemblaient inlassablement, sans qu'il ne savoura ne serait-ce que l'un d'eux à l'envolée. Un travail morne, aucun passe-temps, n'ayant plus trop d'intérêt à rien, Zéphirin vivotait depuis près de trois ans. Cela durerait, pensait-il, jusqu'à ce que lui aussi connaisse une soirée pluvieuse sur le trajet du retour.

Ne sachant trop comment elle avait eu son numéro, n'ayant plus aucun contact avec elle depuis deux ans ou presque, sa belle-mère l'avait contacté une semaine auparavant. Elle s'était mise en tête de commémorer cette mort ; comme si cela fut prétexte aux célébrations. De son regretté mari, elle n'avait hérité que de peu, son patrimoine étant principalement fait de regrets. Cela, Zéph l'avait bien senti au téléphone, tout du long de cette discussion gênante entremêlée de silences pesants. Si lui avait choisi de laisser tout ça derrière lui, niant son deuil trois années durant, madame, pour ce qui la concerna, parut enveloppée du sien, sinon enchaînée par lui.

Sans doute avait-elle espéré, en suggérant une rencontre avec l'unique témoin encore en vie de leurs jours heureux, pouvoir exorciser sa peine. Zéphirin avait accepté par courtoisie, ne souhaitant pas éconduire cette veuve qu'il avait connue plus rayonnante que ce qui résonna au travers du combiné. Nettoyant cet appartement si triste que même la poussière ne s'y installait guère, il avait apprêté son foyer afin qu'il la reçut.

Qu'allait-il bien pouvoir lui dire ? Parler de ces trois années passées ? Les siennes auraient pu se résumer à l'arrière d'un timbre. Parler de son père ? Pour en dire quoi ? Qu'il fut ? Que cela fut formidable ? Du moins jusqu'à ce que cette belle épopée prit fin. Ce samedi soir qui était arrivé si vite, ces dix-neuf heures qui lui venaient un peu plus vite dans la gueule à chaque seconde que fila la trotteuse, Zéphirin se demandait pour quelle raison il avait bien pu accepter cette « Commémoration ». Était-ce d'ailleurs cordial ou approprié d'avoir servi, avec les deux verres sur la table basse, une bouteille de Cognac héritée de la cave de son père ?

Peu lui importa, il souhaita simplement que l'entrevue ne lui dura pas une éternité, n'aimant que trop peu remuer des souvenirs dont il regretta qu'ils ne furent plus que des vestiges au fond d'une mémoire. On sonna, il était dix-huit heures cinquante-huit ; elle était aussi ponctuelle qu'il l'avait connue et il le regretta bien. Passé le Cerbère de l'interphone d'une simple pression d'un bouton, il entendit, au fond du couloir, la cage d'ascenseur se hisser jusqu'à ce que des pas approchèrent de son antre perchée. Elle avait frappé et il mit peut être trois secondes avant de se lever, repoussant l'inévitable du mieux qu'il put, jusqu'à s'en aller lui ouvrir la porte.

Il avait porté sur son visage un sourire freint et contrefait, dont il mettrait la fadeur sur le compte de la fatigue si elle le lui demanda. Après tout ce temps, qu'avait-elle bien pu devenir elle aussi ?

- Salut, ça faisait longtemps.


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