Le sanctuaire des Filles d’Illusia était un endroit où j’aimais me rendre pour paresser, généralement j’y allais quand je sortais d’une mission particulièrement éprouvante ou que je cherchais des oreilles bienveillantes pour fanfaronner, soliloquer, et me vanter. En même temps, vous commencez à me connaitre. J’adorai cela. Mon égo étant ce qu’il était, forcément, je savais où trouver quel public… et la plupart du temps, je ravissais de retrouver de vieilles amies. Ces vieilles amies étaient, logiquement, les filles d’Illusia. Il ne pouvait être question de religion en tant que tel, c’était beaucoup trop peu pour une religion, c’était davantage une sorte de culte fermé, où les nouvelles venues étaient rares et dont les mystères ésotériques étaient bien gardés.
J’avais connu leur genèse, et je les avais un peu suivi tout au long de leur histoire. Illusia était une garce régulièrement mais quelle merveille de fantasmagorie avec les illusions qu’elle créait. Et il y avait des restes. Certaines choses ici pouvaient paraitre en bon état et l’instant d’après délabré, et vice versa. Parfois, la réalité semblait avoir du mal à rester elle-même… c’était amusant. Et puis, il y avait les fameuses filles d’Illusia. Dit comme ça, on aurait pu croire un nom de bordel. Mais je n’étais pas d’accord, ce n’était pas le cas, loin s’en fallait. Et au final, d’une certaine manière, c’était presque une sorte de famille, pour moi, cette sororité. J’en avais vu grandir, des filles d’Illusia. Quand j’avais connu l’actuelle grande prêtresse du culte, Amara, elle n’était qu’une simple novice. Et j’avouais découvrir avec plaisir et même un peu malice, les nouvelles au fur et à mesure où elles arrivaient, prenant soin de les connaitre et de leur montrer la même affection qu’au plus anciennes. Chacune à sa manière bien sûr, je savais ce que chacune aimait – à peu près, elles étaient nombreuses les bougresses !
Par politesse envers Amara, je lui avais envoyé une petite missive avant d’arriver.
Ma douce Amara,
Je te ferai le plaisir de ma venue très bientôt. J’espère que je ne te dérangerai pas et je serai ravi de toutes vous revoir car vous me manquez beaucoup. J’espère que tu auras la gentillesse de m’accueillir quand le temps sera venu…
Bien à toi,
Draven.
Court et sibyllin, comme souvent, nulle date ou heure précise d’arrivée, ni date ou heure précise de départ. Je faisais souvent à ma sauce mais je ne m’éternisais jamais plus de quelques décades.
Non, plusieurs sérieusement, je savais très bien quand les mystères des ces femmes les poussaient à revenir à des œuvres moins humaines et donc, quand il était nécessaire de l’éclipser. Quant à mon heure d’arrivée, c’était une sorte de jeu, depuis le temps. Entre celle qui arriverait à deviner quand j’arriverai. J’avais parfois l’impression d’être une sorte de coqueluche…
Pour le coup, j’étais sur place quelques dizaines de minutes après. Oh, bien sûr, j’aurai pu faire le grandiloquent, arriver par la porte d’entrée et faire un barouf de tous les diables, mais j’avais préféré rentrer par la petite porte et m’adonner à un larcin gastronomique des plus utiles. Ensuite, j’avais profité un peu des joies de la duplicité pour finalement arriver quelques temps plus tard sur le magnifique perron de l’église où j’étais attendu.
Amara était venue d’accueillir, seule, ce qui me froissa un chouia. D’habitue, ; elle s étaient plusieurs à venir me retrouver lorsque j’arrivais. Mais c’était à Amara que revenait la primeur de cela, semblait-il.
Je sortis des ombres à quelques pas d’elle.
« Ma très chère Amara. »
J’étais les bras et je venais l’enlacer avec tendresse, lui baisant la joue doucement, faisant frotter ma barbe et ma moustache contre sa peau délicate.
« Quel plaisir de te revoir. Tu m’s manqué… »
Je m’écartais un peu d’elle et je l’admirai. Toujours aussi sculpturale, bien sûr, mais toujours aussi élégante.
« Tu es toujours aussi belle et toujours vêtue des plus beaux atours… »