Lacrya regardait cette enfant sortir aussi discrètement qu'elle était entré dans la grotte. Sans doute pensait-elle déranger. Mais la demi-humaine était très généreuse, enfin, dans son point de vue. Elle ne savait pas que certaines humaines étaient timides, parce que jusqu'ici, elle ne s'était jamais attaqué qu'à des cas plus extravagants : ramener de force une fille facile était toujours plus facile que de ramener une discrète demoiselle bien élevée. Aussi, les premières cédaient toujours plus facilement au plaisir, donc le choix était très vite fait.
"Ne va pas penser que tu me déranges, tu sais."
De toutes façons, même si le soleil s'était décidé à cesser sa torture, Lacrya aurait retenu Siberia. Non seulement parce qu'elle représentait une proie potentielle de plus, facile à amener et à saisir vu la carrure, mais aussi parce que la chose dans son dos, ce petit détail pas du tout insignifiant et si bien caché, l'intéressait au plus haut point. L'alienne avait déjà prévu deux tentacules près des chevilles de Siberia, mais celles-ci ne reçurent finalement pas ordre de saisir la future victime, puisque la petite brune fit demi-tour, pour aller s'asseoir. Elle paraissait si fragile, si démunie... Lacrya se décida à lui laisser encore quelques instants de répit.
Les petites sandales de la demoiselle furent emportés par une ronce, qui avait toujours meilleur aspect qu'une tentacule, pour se rapprocher de leur propriétaire et se poser près de ses pieds nus. Lacrya, quant à elle, se rapprocha doucement, et sourit légèrement en entendant la petite se blesser sous les dures épines de ses roses chéris.
Lentement, comme on approcherait un animal sauvage, la drôle de fille aux cheveux blancs prit la main blessée, avant de sortir sa langue et d'entourer la plaie, pour ôter la goutte vermeille qui coulait le long de la peau blanche. Elle prit la parole après avoir rentré sa langue, d'un ton doucereux :
"Mes fleurs sont belles, mais elles sont aussi dangereuses. Peut-être es-tu dans le même cas ?"
Elle planta son unique oeil doré dans ceux, plus sombres, de la fillette, comme elle avait planté ses racines dans la pierre quelques heures plus tôt. Une bien étrange fille qu'elle devait avoir l'air, avec une langue pareille. Mais son but n'était pas d'effrayer Siberia : elle voulait juste concentrer son attention sur elle, pendant que, derrière, les deux tentacules toujours aussi discrètes se rapprochaient silencieusement.
Lacrya finit par greffer son regard sur la fleur qu'avait saisi Siberia, teinté de sang, salie, souillé.
"Ah, par contre... pour la blessure d'une de mes filles, ça va te coûter quelque chose."
Les deux tentacules saisirent alors d'un coup deux pans du kimono de Siberia, avant de le descendre net, dévoilant la naissance de ses seins, puis ses seins en eux-mêmes. Lacrya sourit, avant de laisser les deux appendices retourner la petite brune et la lancer un peu plus loin, dans un autre parterre de fleur, ou elle se retrouva les quatres fers en l'air.