Depuis son arrivée au Japon, Jezabel avait senti une étrange présence. Elle-même traînante dans les rues – et proche de l’établissement d’art – pour des raisons qui lui étaient propres, ses pas avaient été irrémédiablement conduits à Rohan.
Après l’avoir observé de loin, elle ne savait toujours pas identifier sa nature. Trois vérités s’imposaient tout de même à son esprit : Il n’était ni un humain, ni un démon. La succube mourait d’envie de l’approcher, en apprendre plus sur cette aura de mystère qui l’entourait.
Pour se faire, elle décida dans un premier temps de prolonger son séjour à Seikusu et s’inscrivit à ses cours. De ses observations, il passait pour un humain lambda ; pour l’approcher, la démone serait obligée d’endormir sa méfiance.
Elle prit ainsi une apparence plaisante à son goût pour l’aborder. Un soir, la succube arriva naturellement dans la salle de classe, dotée de son matériel de dessin, trouvé on-ne-sait-où.
Il était seul, en avance dans la salle déserte. Elle trouvait la liberté d’agir à sa convenance.
« Bonsoir ! Lança-t-elle avec enthousiasme, prise dans son rôle d’étudiante étrangère. Oui, c’est mon premier cours. Vous avez des conseils à me donner ? »
La démone cherchait à entretenir la conversation. Elle devait profiter de leur tête-à-tête pour se rapprocher rapidement de lui. Avec grâce, elle se faufila entre les chevalets disposés par avance par la professeur. Il n’y avait aucune place attribuée mais certains possédaient leur habitude.
« Oui ! Ca me permet de me familiariser avec les lieux et de m’échauffer un peu. » Armée d’un sourire amical, elle s’arrêta jusqu’à côté de lui. « La place est libre ? » Si elle l’était, Jezabel s'installa tranquillement à côté de lui. Sinon, la démone trouva à s’asseoir quelques places plus loin.
Sa trousse sortie, ses doigts se saisissaient d’un crayon. Elle prit le même modèle que Rohan ; après tout, ils étaient là pour dessiner, autant s’éviter d’attirer d’inutiles soupçons.
« Au fait, je m’appelle Jessie et toi ? » Il était clair que la démone devait user d’une appellation plus moderne que son vieux prénom phénicien.