La télévision tourne en arrière-plan, accompagnée du grincement de la cafetière derrière. Les bruits animent le salon dans lequel Erin patiente, seule. Son attention est portée vers son écran, dans ses mains ; une série de sms y défilent et témoignent de l’excitation naissante. L’homme ne devrait tarder à arriver pour réviser. C’était ce qu’il était convenu au départ mais la situation avait dérapé depuis quelques heures déjà. Détachée de l’échange sulfureux par un bip sonore, l’étudiante se lève, péniblement.
« Tu veux du café ? »
Sa voix s’élève à l’encontre de son jumeau, enfermé dans sa chambre. Mais toute réponse, si tant est qu’elle existe, est étouffée par l’arrivée soudaine de son copain et l’utilisation de leur désagréable sonnette. De brefs salutations, elle l’invite à patienter dans sa chambre le temps qu’elle finisse de remplir les tasses. La sienne prise, celle pour son frère laissée sur le plan de travail, elle le prévient avant de retrouver son amant :
« Au cas où, je te l’ai laissé dans la cuisine. Je vais réviser avec James. »
L’homme rejoint, Erin laisse la porte entrouverte, volontairement.
Leurs révisions peuvent débuter. Mais s’ils semblent partis pour respecter leur engagement, seulement dix minutes après, l’ambiance change. Très vite, les grincements du lit accompagnent les gémissements indiscrets de l’étudiante et elle ne fait aucun effort pour les dissimuler. Son jumeau et les voisins deviennent tous, malgré eux, les spectateurs de leurs ébats, ébats très courts cela dit. Être entendue aura été le seul véritable plaisir d’Erin face à la précocité de son partenaire. La honte accompagnant son incapacité à la satisfaire, il prétexte une fausse urgence pour disparaître, à peine rhabillé.
Surprise, énervée, la jeune femme reste là plantée dans son lit plusieurs minutes. Comment avait-il pu oser ? Sérieusement ?
Il faudra le temps d’une douche pour lui permettre de calmer ses esprits et chasser l’envie de le poursuivre et régler ses comptes avec lui. Sortie de la salle de bain, vêtue d’une culotte échancrée noire, d’un t-shirt serré, elle pénètre sans gêne dans la chambre de son frère. Sans lui prêter attention, elle profite qu’il soit installé à son bureau pour squatter son lit.
« T’as pensé à prendre ton café ? S’enquit-elle, en premier lieu avant de pester. Putain. C’est pas possible qu’il soit nul au lit, si ? Puis le coup de “on baise puis je me casse” mais quel connard ! »
Erin n’a jamais été pudique avec son jumeau. Proche de lui, elle lui raconte autant ses états d’âme que les détails de ses parties de jambe en l’air. Et à l’inverse, la demoiselle s’intéresse tout autant à celles de son frère, inexistant pour l’heure. Mais elle y travaille.
« Ah. Au fait, la pote que je t’ai présentée, tu te souviens ? Tu ne l'as pas convaincue et elle s’est déjà trouvé un autre mec. A ce rythme, à quarante ans, tu seras encore puceau, c’est pas possible. J’ai l’impression que plus je te présente de meufs, plus tu deviens empoté. »
Le fil de la discussion a vite changé. D’elle à lui. Ca lui évite d’attiser sa colère envers l’autre con et de l’oublier, un instant. Son attention est ainsi focalisée sur son jumeau, à qui elle jette des regards discrets.
« La seule solution, c’est que je m’occupe moi-même de ton cas. »
Si le ton emprunté semble léger, ses paroles sont sérieuses. Proche de lui, peut-être trop, ses parents avaient déjà remarqué dans leur adolescence qu’elle allait souvent trop loin -sans franchir une ligne incestueuse- ; elle aimait se faufiler dans son lit la nuit pour dormir à ses côtés ou discuter avec lui pendant qu’il prenait sa douche. Des limites claires avaient été posées. Et de peur de s’attirer leur colère, Erin était devenue presque sage, elle avait essayé de repousser son attirance pour lui, de l’ignorer. Jusqu’à aujourd’hui où ce dernier recours pour le décoincer, tâche qu’il lui tient vraiment à cœur, devient un prétexte pour franchir la ligne.
Mais la jeune femme ne va à sa rencontre, tout de suite. Elle reste posée sur son lit, curieuse d’observer sa réaction.