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Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

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Grayle le pérégrin

Humain(e)

Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

mardi 28 décembre 2021, 08:53:36

Le quartier de la Toussaint est probablement un des plus mal famés de Seikusu, et la concurrence est rude. On y trouve de nombreuses personnes plus ou moins (plutôt moins d'ailleurs) recommandables, qui évoluent tels des poissons dans l'eau formé par un labyrinthe de ruelles mal éclairées, sinistres et tortueuse, où même le plus innocent des commerces renferme quelques lourds secrets et un fusil à pompe planqué près de la caisse. Les flics y sont rares, les touristes, inexistants.

Sauf un. Pour Grayle, la Toussaint n'est même pas un sujet d'inquiétude. Après avoir visité les vaisseaux esclavagistes des Gorsh, s'être aventuré au coeur de la citadelle de la peur, vécu dans l'enfer de la jungle des skarns, affronté le roi barbare Krull au sein de la cité maudite de Morshleib, croisé morts-vivants, vampires, démons, pirates intergalactiques et créatures instraplanaires, le danger posé par un cocaïnomane ou un malfrat des bas-fonds oscille entre "très léger" et "inexistant". Pour l'immortel, les risques auxquels il s'expose dans cet endroit sont plus l'occasion d'anecdotes que de blessures de guerres, qui, de toute façon, finiront inévitablement par disparaître.

Ainsi, il se baladait, vêtu d'habits communs -jean, t-shirt long, col roulé gris, veste en cuir marron, écharpe orange-, son sac sur le dos, ses chaussures épaisses s'enfonçant dans la boue blanchâtre qu'une neige timide mélangée avec une pluie dégueulasse avait laissée. Bien qu'on soit au japon, l'esprit de Noël était présent, et certains habitants avaient accrochés quelques décorations.

Globalement, tout le monde laissa Grayle tranquille. Son visage beau, mais juvénile, ainsi que son air insouciant, en aurait normalement fait une cible de choix. Mais l'assurance presque insultante avec laquelle il se baladait douchait instinctivement toute envie d'agression chez les malfrats potentiels, qui se disaient qu'un type aussi tranquille était forcément dangereux.

L'oeil vif et les sens aux aguets, Grayle percut, sur sa droite, un bruit étouffé, suivi du mouvement d'air typique créé par des mouvements vifs, pas très loin. Avec l'intuition poussée de celui qui trouve les emmerdes partout où il va, il s'engagea dans la ruelle. 

Grayle le pérégrin

Humain(e)

Re : Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

Réponse 1 vendredi 31 décembre 2021, 11:30:01

Les deux hommes ricanent, alors que l'auteur du coup de poing saisit la jeune fille par la peau du cou, la soulevant sans la moindre difficulté.

- Bah alors, elle est ou ta justice ?

Son rire prend fin lorsque la brune lui décoche un coup de poing en plein visage. La douleur explose entre ses tempes, alors qu'il pousse un grognement de rage. La conne lui a explosé l'arcade sourcilière, et du sang coule sur son visage. Son pote pousse un grand rire.

- HAHAHA, tu te fais cogner par une gosse !

Il en faut toutefois plus pour étaler un grand lascar plein d’adrénaline et bien décidé à se taper la donzelle. Il la projette violemment contre le mur, avant de lui enfoncer son poing dans l'estomac, prenant à grand plaisir à voir la jeune ado se tordre de douleur, avant de vomir des filets de liquide par terre. Bave, repas d'hier ? Il s'en fout en vrai, ça rendra la pipe encore plus facile. Il la rattrape par les cheveux, avant de lui administrer un formidable coup de boule. Il a mal calculé son coup toutefois, et au lieu de pulvériser le nez de Sanaé, les deux fronts se percutent, et il pousse un hurlement, alors que le bandeau métallique s'enfonce dans son front.

- Putain, ca fait mal ! rage t-il, le front rougit et légèrement ensanglanté. Il fout un coup de pied à la jeune fille encore sonnée, sa semelle sale s'écrasant contre son épaule, puis sa cage thoracique.

- Salope !

- Hey, mec, l'abime pas trop, on pourra pas en profiter si elle est défoncée... rappelle son très raisonnable compagnon au couteau, avant d'ouvrir les yeux étonnés lorsque la petite se relève, en sale état, mais toujours prête à se battre.

- Oh, délicieuse petite dit-il d'un air mauvais, avant de lécher la lame de son couteau, les yeux fixés sur le poitrail de la brune, s'imaginant déjà le découper pour exposer sa poitrine.

- Salut dit une voix derrière eux. Ils répondent d'un air machinal un "Salut" presque aimable, avant de réaliser qu'une autre personne est sur les lieux. Ils se retournent. C'est juste un gosse. Un jeune homme lambda, qui passe dans le coin, pas vraiment dangereux d'apparence, tenant quelque chose dans sa main. Un téléphone ? On dirait un baton de relais. Ils sont d'humeur généreuse.

- Mec, si tu cherche des putes, le bordel c'est juste à droite près de la sortie.

- Oh, mais c'est exactement ce que je cherchais répond le jeune homme, dont les yeux bleus semblent briller dans le noir. Et je viens de tomber sur deux petites putes, justement. reprend-t-il avec une voix condescendante à l'extrême.

L'un d'entre eux se prend quelques coups de la brune, qui semble en redemander. Il riposte en la giflant, attirant l'attention de son comparse au couteau. Grayle profite de ce bref instant de confusion pour frapper. Son baton s'allonge soudainement, de plusieurs mètres. Le bout percute dans un "craquement sonore le front déjà ensanglanté du mec s'était battu avec Sanaé, le plaquant contre le mur. Il fixe Sanaé d'un regard vide et torve, un filet de bave coulant des lèvres, complètement KO, glissant lentement sur le sol.

- Pardon répond le mystérieux sauveur alors qu'il fait glisser le baton le long du flanc de Sanaé avant de la projeter au loin sur le côté. Premier type, neutralisé. Victime sécurisée. Bien. Deuxième type...

Déjà en train de courir. He ben, c'est pas le courage qui l'étouffe. Grayle jette un rapide coup d'oeil vers la jeune fille. Elle a l'air jeune, encore une ado, et... habillée comme... mince, comment elle s'appelle, il a passé quelques années sur Terre, mais les super-héros c'est pas son truc... wonder-female ? Wonder Woman ! Que fout une fille habillée comme Wonder Woman ici ?

Quoi qu'il en soit, cette vision l'avait inspiré. Il lacha son baton magique, qui reprit sa taille initiale de 30 cm, et fit glisser son sac sur le côté. Il plongea son bras dedans, et en sorti le lasso magique qui lui avait été donné en récompense par des amazones après qu'il ait sauvé leur reine d'une embuscade d'orcs. Il agita son poignet, faisant claquer la corde sur le sol, puis détendit son bras. Le lasso doré parti à toute vitesse et s'enroula autour du corps de l'homme, le saucissonnant avec une facilité surnaturelle qui ne venait de toute évidence, pas de l'expertise de son utilisateur. Le malandrin poussa un "gné?" complètement con avant de se ramasser avec violence contre le bitume, s'écrasant le visage sur le sol.

Il essaya de se dégager, mais Grayle était bien plus fort. Calé sur ses jambes épaisses, il tira le type en arrière, sur un bon mètre. Il reporta son attention sur la brune, qui s'était relevée.

- Hey, ca va ? T'es pas blessée ?

Grayle le pérégrin

Humain(e)

Re : Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

Réponse 2 dimanche 07 août 2022, 13:02:40

“Je contrôlais la situation…”

" Tu contrôlais que dalle" avait envie de dire Grayle, mais le jeune homme savait être diplomatique. La jeune femme, ou plutôt jeune fille avait clairement eu les yeux plus gros que le ventre, mais elle s'était bien battue pour quelqu'un de son âge et de son gabarit. Nul doute qu'elle aurait étalé Grayle à son âge.

Elle le remercia, un peu dégoûtée évidemment. Il sourit. Même avec le visage un peu tuméfié, elle était adorable. D'une certaine manière, elle lui rappelait sa petite sœur, et, avec gentillesse et peut-être un peu de paternalisme, il tapota doucement son crâne.

- Tu as été très courageuse. Et tu as de sacrés mouvements petite ! Tu t'appelles comment ? Moi, c'est Grayle. Il épousseta un peu ses épaules, avant de fouiller dans son sac, et en tira une petite bouteille en verre et transparente. A l'intérieur, un liquide carmin et clair flottait paresseusement. Une potion de soin, venue d'un autre monde.

- Prend en quelques gorgées, ça devrait t'aider
. Petit clin d’œil. Fais moi confiance. Tu peux marcher toute seule ? Ne t'inquiète pas, on est pas pressés. Il reporta son attention sur le badaud qui était à terre, saucisonné par le lasso magique.

- Hey, tête de gland, c'est quoi ton nom ?

- Va te faire foutre !
hurla le mec, la gueule en sang et le nez écrasé.

Grayle gronda, et le lasso se mit à briller d'une douce lueur dorée.

- Je répète ma question, c'est quoi ton nom ?

- Je m'appelle Mark Thompson !
Répondit l'homme avec un air étrange dans sa voix. Grayle se retourna vers Sanaé, avec un grand sourire.

- Et bien, on progresse ! Hey, tu as envie de lui poser quelques questions tant qu'on y est ? D'ailleurs, au passage, qu'est ce que tu fais ici, habillée en Wonder Woman ? Tu fais du cosplay ? Car franchement c'est super bien fait.
« Modifié: samedi 19 novembre 2022, 19:06:38 par Grayle le pérégrin »

Grayle le pérégrin

Humain(e)

Re : Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

Réponse 3 samedi 19 novembre 2022, 21:36:50

Grayle poussa un cri en voyant la jeune fille tomber au sol. Il ne remarqua même pas la petite fesse dodue et rebondie, sur laquelle il se serait attardé dans une autre situation. Afin de calmer le bandit hilare, il lui posa une question.

- C'est bien wonder-woman ? T'en pense quoi ?

- C'est pas mal répondit le bandit du tac o tac, arrêtant soudainement de rire, influencé par les pouvoirs du lasso de vérité. Après j'avoue que je suis pas très fan de l'époque de l'âge de bronze, le dynamisme du duo Kanigher-Sekowsky était bien plus intéressant à mes yeux. J'me souviens, le numéro 174 surtout, mettant en scène...

Laissant le vaurien déblatérer une connaissance presque suspicieuse du comic, Grayle lâcha le lasso, et se précipita sur la jeune fille, qui geignait au sol, une belle bosse sur le front. La pauvre était vraiment dans un sale état et... oh, elle n'avait pas bu la potion. Elle ne lui faisait pas confiance ? Il ne s'en vexa pas. Quel âge avait-elle ? A voir de plus près, elle était encore plus jeune que ce qu'il pensait...

Il tira chastement sur la jupe afin de recouvrir le postérieur exposé, avant de l'aider à se relever.

- Hey, Sanaé. Sanaé ! dit-il en claquant des doigts, afin qu'elle porte son attention sur lui. S'il n'avait pas réagit à ses réponses, il les avait entendues. Elle prétendait vouloir faire régner la justice, et que ce n'était pas du cosplay. Elle avait volontairement affronté ces deux types, malgré le danger.

Etait-ce super dangereux et complètement inconscient ? Oui. Mais l'immortel avait vu le pire comme le meilleur de l'humanité, et il ne put s'empêcher d'être ému par l'idéalisme honnête et franc de l'adolescente. Il prit doucement Sanaé par les épaules, l'aidant à se relever.

- Quand j'avais ton âge et que je voyais quelqu'un se faire agresser, je détournais le regard voir je changeais de direction plutôt que l'aider. Tu n'as pas à rougir de tes actions tu sais ? Et même si j'étais aussi courageux que toi à ton âge, je me serais sûrement fait défoncé de bien pire manière.

Il l'aida à marcher, bras dessus, bras dessous, avant de la déposer sur une caisse en bois. Il lui redonna la potion.

- Bois, je t'assure. Ce n'est pas empoisonné, ni drogué, ça va te faire sentir mieux le temps qu'on s'occupe de tes bleus. Et moi, je dois m'occuper d'eux...dit-il en désignant du doigt les deux criminels. Pour la police, malheureusement, la moitié des flics sont des ripoux, alors e connais un moyen de punir ces mecs comme il se doit...

Il se dirigea vers le premier criminel et... vida ses poches, trouvant son argent et son portefeuille. L'immortel tira chacune des cartes du criminel. Identifié, assurance... il déchira ces dernières, avant de fouiller ses poches, trouvant ses clés, et passes, qu'il balança dans une bouche de caniveau. Il senti le regard de la jeune fille.

- Ce n'est peut-être pas la justice de l'homme, ni divine, mais crois moi, ca va bien plus les emmerder qu'une nuit au poste


Il se dirigea ensuite vers Mark Thompson, qu'il assomma de plusieurs coups dans le menton -il n'était pas vraiment doué là-dedans-, avant de lui infliger le même traitement. Puis, il traina les deux hommes, sorti une grande corde de son sac et les attacha à un pilier soutenant un des balcons de secours du bâtiment. Il se frotta les mains d'un air satisfait. Avant de baisser leur froc.

- Vu le froid, il vont bien se marrer. Héhéhé... il se retourna ensuite vers Sanaé, qui était toujours présente, et se tint devant elle;

Il tendit son bras vers la jeune fille, main ouverte, paume vers le ciel.

- Tu m'autorise à te raccompagner chez toi ? Si tu es trop loin, je connais un endroit sécurisé dans les environs.

« Modifié: samedi 19 novembre 2022, 21:49:51 par Grayle le pérégrin »

Grayle le pérégrin

Humain(e)

Re : Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

Réponse 4 dimanche 05 février 2023, 22:13:17

Il serre un peu la main de la jeune fille, avant d'approcher l'autre pour lui ébouriffer les cheveux. Debout l'un en face de l'autre, elle était clairement plus petite et fine que lui, arrivant à peine au niveau de son menton.

- Allons, hauts les cœurs ! Sans toi, je ne serais pas venu, et ces deux pourris seraient en train de marauder libres à faire dieu sait quelle saloperie.

Il la regarde, fronçant les sourcils, la regardant des pieds à la tête dans sa tenue amochée de super-heroïne un peu amochée.

- Hum, tu es vraiment bien là-dedans, mais je pense qu'on va devoir te couvrir pour être un peu plus discrets. Je n'ai pas ton sens du panache ! dit-il en ouvrant son sac, en tirant un anorak brun.

- C'est un peu grand pour toi, mais ca fera l'affaire ! Elle lui dit qu'elle avait laissé son anorak noir, dans un renfoncement de mur, quelques rues plus loin. Il consentit d'y aller. Ce n'était pas un gros détour, et il se sentirait mal de la forcer à abandonner son manteau, qui, caché ou non, allait sûrement être volé avant la nuit.

Il prit la tête du petit groupe, mais ils durent se rendrent à l'évidence : si elle allait un peu mieux, la pauvre brune avait encore du mal à marcher.

- La potion devrait bientôt faire effet. D'ici là, tu vas devoir me supporter un peu plus !
dit-il en la prenant par la taille, son bras coulant dans son dos, l'aidant à se tenir droite et à marcher. Leur rythme lent, sur la neige, donnait presque l'air d'une petite balade romantique nocturne. Il voulu plaisanter sur le sujet, avant d'y renoncer. La pauvre était moribonde. Les blessures physiques allaient guérir, mais celles de l'âme allaient clairement poser plus de problèmes...

Grayle n'était pas forcément un bon samaritain, mais il préférait savoir les gens heureux que triste, et une jeune fille comme Sanaé... bah ca le touchait un peu, beaucoup même. Elle avait confiance en lui, assez pour le suivre chez lui.

Alors qu'ils retrouvaient l'anorak de la jeune fille - qui l'enfila après lui avoir rendu l'anorak prêté -, ils reprirent leur route, et à un moment, il posa son bras sur ses épaules.

- Hey, hey Sanaé, je sais ce qui te passe par la tête. Je vais te dire, je suis pas un énorme expert en comics-books, mais j'en ai lu quelques uns et entendus parler d'autres. C'est Superman le plus fort, non ? Tout le monde l'aime, l'admire, il est grand, il est musclé, il sauve les autres, tout ca tout ca. C'est un symbole d'espoir, même un siècle après sa création. Et pourquoi ? Pour ce qu'il est, et ce en quoi il croit ! Pas parce qu'il gagne tout le temps. Même Superman perd et essuie des défaites. Mais il n'en reste pas moins Superman, non ?

Ils étaient arrivés devant un immeuble, à la frontière entre la Toussaint et un autre quartier qui, s'il n'était pas riche, était déjà plus fréquentable. A l'entrée, deux colosses de plus de 2 mètres et à la mine patibulaire. Des videurs qui, devant Grayle, firent un signe de tête.

- Allez-y monsieur. Bonsoir mademoiselle.

Ils franchirent les portes, se retrouvant dans la réception. L'immeuble était en fait un hôtel.

- J'ai une chambre ici. Enfin c'est plus un petit appartement qu'une chambre, mais c'est assez cool. C'est près de la Toussaint donc les gens ici sont proches de leurs dealers, mais c'est plutôt safe. Allez, 30e étage !

Alors que l'ascenseur montait lentement, Grayle, adossé à un mur de ce dernier, fixa Sanaé d'un air songeur.

- Tu sais, Sanaé, ce qui compte dans la baston, ce n'est pas être le plus fort, le plus rapide, ou le plus malin... ce qui compte, c'est combien de fois tu t'entraine à donner un coup de poing, ou un coup de pied, combien de fois tu prend un coup et tu te relève. Jusqu'à quel point tu es prête à saigner, guérir, et saigner encore.

Ding. La porte de l'ascenseur s'ouvrit, et ils marchèrent dans le couloir, avec un tapis rouge et des murs beiges, mal éclairés.

- J'ai connu une fille pendant une période. Une dure de dure, qui venait des favelas du brésil. La fille était plus grande et plus forte que moi, avec des abdos en béton. Et pourtant, à ses débuts, elle perdait plus de combats qu'elle n'en gagnait. Pas un jour ne passait sans qu'elle n'ait un pansement quelques part.

Tu me manque, Jessandra.

- ... mais elle n'a jamais abandonné, car elle avait compris qu'il faut savoir encaisser des coups avant d'apprendre à ne plus en recevoir.

Il ouvrit la porte de sa chambre. Un petit couloir d'entrée, donnant sur une salle de bain sur la gauche, et plus loin, une grande pièce avec un grand canapé en face d'une télé, une petite table, deux chaises et, séparé d'un rideau, un grand lit deux places. La pièce avait une immense baie vitrée permettant de voir la ville en contrebas... ou plutôt, le quartier de la Toussaint.

- Tu veux sauver des gens et faire le bien, pas vrai ? Alors ca fait de toi une heroïne, et que tu te prenne quelques baffes de malfrats ne change pas ca. Tes os vont un peu mieux non ? Normalement tu ne devrais plus rien sentir de cassé. Je te sert quelque chose à boire ?

Grayle le pérégrin

Humain(e)

Re : Prélude à l'héroisme (Grayle-Sanaé)

Réponse 5 samedi 15 juillet 2023, 00:54:16

Grayle s'était dirigé dans la cuisine, laissant la jeune fille s'installer comme elle le souhaitait chez lui. Plutot petite, la cuisine ne comptait guère plus qu'un frigo, une petite table avec des plaques de cuisson et un micro onde. Ouvrant le frigo, il y trouva les deux briques de jus de fruit tant demandées par l'ado. Versant du jus d'orange dans un verre, il revint vers elle.

La pauvre n'allait pas bien du tout. Sa main contre la vitre, le regard triste, affaissée, vaincue, elle semblait à deux doigts de la crise de nerf. Il s'approcha d'elle, bien visible dans le reflet de la baie vitrée, et avec douceur, posa une main sur son épaule, preuve muette et physique de son soutien.

- Tiens, prend ca, dit-il en présentant le verre de jus de fruit devant elle. Elle s'en saisit, et ils se retrouvèrent tous les deux en train de regarder la ville. La main de Grayle restait sur l'épaule de Sanaé.

- Tu ne sers pas à rien dit-il. Seul le silence lui répondit, alors qu'elle buvait son jus de fruit sans mot dire. Dans le reflet de la vitre, les deux paires d'yeux sombrèrent l'une dans l'autre.

- Et tu n'as pas à ouvrir les yeux.

Les siens devinrent sombres, songeurs. Il mit fin à leur échange de regards, alors qu'il contemplait la mégalopole qui s'étendait en contrebas.
Imperceptiblement, Grayle sembla devenir plus vieux, alors que son apparence physique restait inchangée. Le poids des siècles, pendant de brefs instants, revint alourdir ses épaules.

L'adolescente se détestait. Mais malgré sa performance, et la futilité apparente de sa quête, Grayle ne pouvait s'empêcher de la respecter.

Non.

C'était la futilité de sa quête qui faisait qu'il la respectait.

- Je n'en ai pas l'air, mais j'ai vécu un certain temps. J'ai ouvert les yeux, comme tu dis.

Il reprit la parole, parlant d'une voix sèche, comme un juge rendant un verdict, et un suspect déballant tout après des années de mutisme.

- Douleur. Misère. Trahison. Haine. Une cruauté qui dépasse l'entendement. J'ai entendu toutes les voix de la plus noble créature de Dieu. Les gémissements des moins que rien dans les rues des pires bauges de la terre.

- J'ai vu beaucoup de gens mourir, parfois lentement. Je les ai tenus dans mes bras au dernier moment. Ce sont des hommes qui ont ouverts les yeux, voyant la vie telle qu'elle est. Et ils sont morts en désespérant. Pas de gloire, pas de derniers mots courageux, seulement leur regard, remplis de confusion, qui se demandaient "Pourquoi ?".

Cette fois, il ne la regardait plus via le reflet de la vitre, mais fixait directement ses prunelles. A côté d'elle, la main toujours sur son épaule, il lui lança un triste sourire.

- Je ne pense pas qu'ils se demandaient pourquoi ils mouraient... mais pourquoi ils avaient vécu. Un petit rire. Lorsque la vie elle-même est complètement lunatique, où se trouve la folie, Sanaé ?

Une seconde main sur l'autre épaule. Sa voix était devenue puissante, plus que l'orage qui s'annonçait dehors. Alors que la pluie battante gagnant en intensité et qu'un éclair déchirait le ciel, Grayle continuait de parler.

- Abandonner ses rêves, les détruire avec du bon sens, c'est se condamner, Sanaé ! Et le pire, c'est de voir la vie telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait être !


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