Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Zorro Wolfen

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Combats et café.

mercredi 03 juin 2020, 16:34:24

Un beau ciel bleu sans nuage. Un vent léger qui fait ondoyer l’herbe doucement, rafraichissant le voyageur. Une musique légère dans la tête, une monture au pied allègre pour vous porter et une plaisante compagnie avec qui discuter. Voilà des conditions de voyage idéales, pour ne pas dire idylliques.

Hélas pour Zorro, aucune de ces conditions de rêve n’était présente en ce jour. Il marchait dans une plaine aride, son bagage sur le dos, sous un ciel couvert de nuages menaçants et dans un air étouffant, chaud et lourd, prémices à n’en pas douter d’un orage redoutable. Et les rares souffles d’air qui parcouraient la lande désolée, bien loin d’une agréable brise, n’étaient que sèches et brutales rafales de vent, chargées d’une poussière jaunâtre qui lui fouettait le visage et le moindre centimètre de peau non couvert.

Sa cape de voyage sur le dos malgré la chaleur assommante, une écharpe de lin remontée sur son nez pour se protéger tant bien que mal des éléments, il se hâtait en direction des bâtiments qu’il voyait au loin, espérant y arriver avant l’orage n’éclate.

Il y parvint, juste à temps. A peine avait-il refermé la porte de la première taverne du village qu’un roulement de tonnerre ébranla le monde, faisant trembler les vitres de l’établissement. Avec un soupir de soulagement, il commanda un repas et un lit pour la nuit au tenancier goblinoïde de l’auberge, grimaçant devant le maigre contenu de sa bourse. Il expédia son repas puis, épuisé par toute une journée de marche forcée, fila s’allonger dans le dortoir principal. Le lit était dur, la pièce surchargée, mais au moins était-il au sec. Il s’endormit comme une masse, plongeant dans une transe sans rêve.


**********~~○~~**********


Il se réveilla à l’aube, de bien meilleure humeur que la veille. L’orage passé avait nettoyé le monde, le laissant frais et brillant. Profitant du beau temps, Zorro déambula dans la ville au hasard, savourant le plaisir simple d’explorer un nouvel endroit. Depuis qu’il était sorti de Lenwë, l’école de magie où Yukka l’avait guidé et où il avait récupéré une partie de ses capacités, il arpentait le monde au gré de ses envies jusqu’à ce que ses pas le mènent au-delà des frontières de Nexus, dans l’Empire d’Ashnard.

Alors qu’il regardait la devanture d’un armurier, regrettant de ne pas avoir assez d’argent pour s’offrir quelque chose de mieux que les vieilles protections de cuir qu’il portaient actuellement, des éclats de voix attirèrent son attention.

- Oyez, oyez braves gens, hommes, femmes et êtres de tout poils, plumes, écailles crocs et griffes ! Dès demain débutera officiellement le Grand Tournoi annuel de l’Arène de Nebelheim ! Venez acquérir honneur et gloire, ainsi qu’une récompense royale en vous mesurant à de valeureux guerriers venus de tout Ashnard parmi lesquels le terrible Ülfric Briseur-d’âme, la Général Noirmanguer, le colossal Thôork et notre célébrité locale, l’invaincue, la belle, la redoutable Céleste, dite la Valkyrie d’Ashnard ! Compétition ouverte à tout les guerriers ou pauvres fous ! Frais d’inscriptions de 100 pièces seulement !

Alors que le héraut s’éloignait et que des discussions enthousiastes s’amorçaient autour de lui, le Loup Noir resta songeur. Il ne connaissait aucun des noms cités mais ne doutait pas qu’il s’agissait sans doute d’incroyables combattant. Et puis il n’était pas venu pour se battre. D’un autre côté … la récompense promise était alléchante, et cela serait une bonne mise à l’épreuve pour lui.
Un rictus figé sur ses lèvres, il se mit inconsciemment à compter les pièces qui lui restait. 97 … 98 … 99 … 100 …


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- Mesdames et Messieurs, nobles et valeureux habitant du Grand Empire d’Ashnard, je vous souhaite la bienvenue pour l’ouverture officielle de la 15ème édition du Grand Tournoi de Nebelheim ! Et sans plus attendre, commençons tout de suite avec le premier combat. Venu tout droit des steppes glacées du Nord, je vous présente … Somni Dercete ! Et face lui, un vagabond venu dont ne sait où, Zorro Wolfen, dit Loup Noir !

Les grilles de sa cellule s’ouvrirent devant Zorro, qui pénétra dans l’arène en terre battue sous les acclamations de la foule, faisant remonter de vieux, très vieux souvenirs. Le sable, la foule en délire, l’excitation et l’adrénaline, le spectacle …

Clignant des yeux pour s’adapter à la soudaine luminosité, le mercenaire regarda autour de lui, s’appropriant l’espace où il allait combattre.
A quelques pas devant lui se tenait son adversaire. Immense, bien plus grand que lui, musculeux, il ne portait qu’un pagne grossier, exposant à l’air libre une épaisse toison brune, des pieds de taureau et une épaisse tête bovine. Entre ses mains larges comme des assiettes, le minotaure tenait un bec de corbin d’une taille monstrueuse.

- Je vais t’écraser moucheron ! T’aurais jamais dû venir ici. J’vais être gentil, abandonne tout de suite, et je ne te briserais que quelques os !

Sans répondre, Zorro se pencha en avant en une courbette moqueuse avant de gratifier son opposant d’un sourire narquois. La créature souffla rageusement, les mains crispées sur son arme.

- Que le combat commence !

Le dernier mot n’avait pas fini de résonner que le minotaure bondissait en avant, l’arme brandie au-dessus de sa tête. Esquissant un demi-pas sur le côté, le Loup esquiva l’attaque sans difficulté, la laissant passer à quelques centimètres de son corps, et flanqua une baffe magistrale à son adversaire avant de reculer, hors de portée de la contre-attaque.

Le combat continua sur le même rythme pendant quelques minutes, le mercenaire esquivant avec une facilité désinvolte les attaques de plus en plus enragées de son opposant, lui lançant après chaque assaut des piques outrancières qui résonnaient à travers l’arène, faisant rire la foule et aiguillonnant la colère de la créature. Oubliant toute contenance, toute lucidité, Somni se lança dans une série de mouvements dévastateurs, tentant d’écraser cette irritante sous-merde qui se foutait de sa gueule depuis le début !

C’était ce que Zorro attendait. Perçant au travers de la défense de son adversaire, faisant usage de son épée pour la première fois depuis le début de l’affrontement, il eu un geste d’une précision et d’une vitesse fulgurantes. Le bec de corbin du minotaure s’envola et s’écrasa plusieurs mètres plus loin alors que son propriétaire regardait stupidement ses pouces inertes, leur tendon sectionné par la lame de l’aventurier.

-Tu devrais abandonner et aller te faire soigner. Ta blessure est légère, mais si tu forces, tu ne pourras même plus attraper ta queue quand tu voudras te faire plaisir. Déjà que tu dois avoir du mal …

Avec un hurlement féroce, le Nordien chargea, la tête baissée, ses cornes accrochant un éclat de soleil. Cette fois, Zorro n’esquiva pas l’attaque. Solidement campé sur ses jambes, il saisit le taureau par les cornes et profita de son élan pour le renverser. Il y eu un crac retentissant quand l’épaule de la bête percuta le sol, disloquée, suivi d’un boom sonore lorsque Zorro abattit le pommeau de son épais sur son crâne épais. Avec un léger gémissement Somni Dercete roula sur le dos, inconscient.

Un silence de plomb s’installa sur l’arène. Silence que le voyageur rompit d’une voix amusée.

- Monsieur le juge, il me semble que mon adversaire est hors-service. On fait quoi, on attend quelques heures qu’il se réveille ou on passe à la suite des réjouissances ?

Ces mots tirèrent l’arène de la stupeur dans laquelle elle était. Un grondement sourd monta de la foule et s’accentua jusqu’à se muer en un tonnerre d’applaudissements et de hourras.

- Ce … Incroyable Mesdames et Messieurs. Voilà une superbe conclusion pour se premier combat de la journée ! Je déclare le Loup Noir vainqueur de la première manche, il est qualifié pour le prochain échange ! Passons maintenant au second combat …


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Plusieurs jours passèrent ainsi. Zorro continuait de gagner chacun de ses combats, malgré la diversité de combattants. Il fut plusieurs fois mis en difficulté, ses adversaires étant loin d’être tous aussi simplistes que Somni. Il affronta des soldats et mercenaires vétérans, des experts en arts martiaux, des assassins retors et même quelques mages sournois. Ce furent ces derniers qui lui posèrent le plus de problèmes, leur magie imprévisible les rendant particulièrement redoutables, mais ses réflexes et sa très longue expérience lui permirent à chaque fois de s’en sortir. Pas une fois il n’usa de sa capacité spéciale.

Les paris, auxquels il participait allègrement, allaient bon train et lui permirent de gagner l’argent nécessaire pour se loger, se nourrir et, plus important, améliorer son équipement. Il fut rapidement donné pour favori, se partageant la tête d’affiche avec l’intrigante Valkyrie.
Lorsqu’il ne combattait pas, il se reposait et prenait soin de son matériel, ou alors il essayait d’assister aux matches de ses futurs adversaire, observant leur style, réfléchissant à des manières de triompher quand viendrait son tour.

Vint finalement le jour des avant-derniers combats. Zorro combattait en fin de journée, aussi en profita-t-il pour observer ses prochains adversaires. Le premier combat fut époustouflant. D’une intensité à couper le souffle, il se solda par l’éclatante victoire de la Valkyrie d’Ashnard. Le mercenaire l’avait déjà vu à l’œuvre, mais jamais encore d’aussi près et sa silhouette menue de poupée ne laissait en rien deviner la force diabolique qu’elle déployait au combat.

Le second affrontement fut un véritable déchainement de violence et s’acheva en apothéose par un inattendue double KO, les deux adversaires s’étant écharpés mutuellement jusqu’à tomber en même temps dans la terre battue gorgée de leur sang.
Arriva enfin son tour. Lorsque les grilles s’ouvrirent, il pénétra dans l’arène sous les vivats de la foule.

- Loup Noir ! Noirmanguer ! Loup Noir ! Noirmanguer !

Observant son adversaire, Zorro s’inclina devant elle, sans aucune trace d’ironie. Il avait eu l’occasion de la voir combattre et en avait conçu un profond respect. La Générale lui rendit son salut, inclinant sa tête blanche aux yeux dorés, ses ailes de chauve-souris battant dans son dos.

- Puisse tes dieux être avec toi aujourd’hui.
- Et que ta bravoure t’apporte la victoire.

Avant même que le présentateur n’annonce le début des hostilités, dans un parfait accord ils se ruèrent l’un vers l’autre, l’arme au clair. Le succube s’éleva soudain dans les airs, soulevant un nuage de poussière. Zorro se laissa glisser sous elle et se redressa d’un mouvement souple, tournant sur lui-même. Fracas des lames. Pluie d’étincelles.

Les deux combattants se séparèrent puis s’unirent de nouveau, tournant l’un autour de l’autre en un ballet mortel, elle volant dans les airs, lui ne touchant le sol que de brefs instants, le temps de bondir de nouveau.
Soudain un hurlement strident déchira l’atmosphère et le succube se posa lourdement au sol, une aile déchirée par la lame de Zorro. Ce dernier atterrit un peu plus loin, du sang coulant le long de son bras gauche, frappé par la queue de la créature.

Une sphère ténébreuse naquit dans la main de la démone, qu’elle projeta comme la foudre vers le mercenaire. Il l’évita de justesse mais fut fauché de plein fouet par la seconde sphère. Il s’écroula, sonné, et roula d’instinct sur le côté. Juste à temps ! La lame de son adversaire transperça le sol à l’endroit précis où son cœur se trouvait un instant plus tôt.

Le Loup Noir pivota sur une jambe, fauchant celle de Noirmanguer qui tomba à terre à son tour et il se jeta sur elle. Ils luttèrent au sol un moment, chacun cherchant à renverser l’autre et à se dégager. De sa queue elle lui fouetta le dos, il se protégea avec le fourreau de sa lame et répliqua par un coup de tête fort peu courtois en plein sur le nez du succube. Un globe violacé se forma sur sa poitrine, enfla et explosa, les projetant tout deux à une extrémité de l’arène. Lorsque la poussière retomba, Noirmanguer se tenait debout, les ailes en charpie, du sang coulant de son arcade sourcilière et de son nez éclaté, sa queue pendant lamentablement sur le sol. A l’opposé Zorro s’était aussi relevé, la lèvre fendue, le pantalon déchiré et le bras gauche tordu selon un angle inquiétant, du sang s’en écoulant et goutant dans la terre battue.

- Tu te bats bien. Si tout les soldats d’Ashnard combattaient comme toi, nous aurions déjà gagné la guerre.
- Tu te débrouilles pas mal non plus !

Ils s’élancèrent à nouveau l’un vers l’autre. Un rictus identique déforma leurs lèvres. Ils levèrent leur lame d’un même geste. Choc. Bruit assourdissant. L’air crépite. Une lame tourbillonne dans les airs, sans son manche, et se plante à la verticale dans le sol.

- Bien joué …

Noirmanguer s’effondra, une longue estafilade courant sur sa poitrine, remontant le long de son bras jusqu’à la poignée sectionnée de son épée. Plus loin Zorro resta debout, inchangé. Même son bras gauche ne semblait pas si mal en point. Seule sa lame portait la marque de leur dernier assaut, sa pointe brisée.

- Bien joué toi aussi.


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Le lendemain, midi. Le soleil était haut dans le ciel. Protégé de sa morsure par l’ombre présente sous l’arène, Zorro attendait patiemment, parfaitement remis de ses blessures de la veille et heureux de savoir que les jours de Noirmanguer n’étaient pas en danger. Une ombre d’inquiétude voilait cependant son regard d’émeraude. Si Noirmanguer avait été une adversaire redoutable, alors qu’en serait-il de la Valkyrie, seconde finaliste et son prochain opposant ?

Un sourire plein d’expectatives tordit les lèvres du mercenaire. Il se leva, s’étira, s’approcha des grilles.

-Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ! Bienvenue pour la grande finale de cette 15ème édition du Grand Tournoi de Nebelheim. Ils ont triomphé de tout leurs adversaires, vous offrant un spectacle digne de l’Empereur lui-même, et aujourd’hui ils vont s’affronter. Pour l’honneur ! Pour la gloire ! Et pour votre plus grand plaisir ! Messieurs Dames je vous prie, une ovation pour Céleste, la Valkyrie d’Ashnard et Zorro, le Loup Noir !

Les grilles s’ouvrirent pour la dernière fois et Zorro s’avança dans la lumière alors qu’à l’autre bout son adversaire en faisait autant.

Que la danse commence !
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Zorro Wolfen

Créature

Re : Combats et café.

Réponse 1 samedi 27 juin 2020, 02:48:52

Clignant des yeux sous la lumière vive, Zorro s’avança dans l’arène, à moitié assommé par la véritable déflagration de hurlements, sifflements et autres vagissements plus ou moins articulés qui déferla en résonnant dans la cuve étroite de l’arène. Arrivé à sa position attitrée, il s’arrêta, saluant la foule du bras. Une foule dont l’attention toute entière était portée non pas sur lui mais sur son idole, la fierté de l’Arène, la célèbre Valkyrie d’Ashnard.
Abaissant son bras, inutile, le mercenaire laissa un sourire flotter sur ses lèvres. Il faut dire que son adversaire savait attirer l’attention. Juchée sur le plus énorme lion qu’il lui ai été donné de voir à ce jour, elle parcourait l’arène avec ce sens du spectacle que confère une longue habitude, sa robe noire, qui se détachait nettement sur le pelage d’or de la bête, flottant au gré du vent qui courait dans l’arène, ses griffes d’acier accrochant des reflets adamantins.

Alors qu’elle finissait son tour de piste, le demi-elfe respira profondément et sortie sa lame de son fourreau dorsal et la planta d’un bon pouce dans le sol devant lui, prête à servir, et vérifia du pouce que ses nouvelles acquisitions - un long poignard, une hachette et un jeu de lames de lancer – se trouvaient bien à leur place et glissaient facilement de leur fourreau respectif. Satisfait, il observa la jeune femme qui descendait de sa monture. Par Kahlia, qu’elle paraissait frêle à côté de cette montagne de muscles et de nerfs ! Mais l’hybride savait parfaitement que son apparence cachait une force monstrueuse dont il fallait se méfier …
La voix de la guerrière s’éleva, fraîche et à peine audible dans le brouhaha ambiant. Avec un léger hochement de tête et une expression courtoise, Zorro répondit à son salut.

- Bonjour à toi Gladiatrice ! Je te souhaite bonne chance, et que notre combat marque l’histoire de cette arène. Et puissions-nous y survivre tout deux !

Il récupéra alors son arme dans le sol et se mit en position alors qu’elle faisait de même, après avoir renvoyé son compagnon. De toute évidence, et Zorro le comprenait fort bien, elle ne voulait pas courir le risque de le voir blessé. Lentement, elle se mit à tourner autour de lui. La tension monta d’un cran et le silence se fit dans les tribunes.
Son regard d’émeraude fixé sur la jeune femme, le Loup Noir la détailla. Il avait pu voir quelques-uns de ses combats, et le dernier en particulier l’avait impressionné. Ce Zogare, cet homme-animal-machine avait semblé être un adversaire redoutable, avec toutes ses armes cachées. Elle en avait pourtant fait de la charpie, au mépris de ses propres blessures, qui avaient maintenant disparues. Elle était menue, mais vive et agile, et faisait preuve d’une force sans aucun rapport avec son aspect. En outre ses armes, ses griffes, semblaient capable de traverser la plus résistante des armures. Et ceux sans parler des capacités que la belle pouvait encore avoir en réserve ! Contre un adversaire pareil, son armure ne sauverait pas le voyageur. Ce qu’il lui fallait …

Le signal de début de l’affrontement tardait à venir, et sans doute que le commentateur, en bon maître de cérémonie, ne le donnerait pas, préférant laisser les combattants décider du rythme du combat. Alors Zorro leva son bras gauche d’un geste apaisant, replantant sa lame dans le sol.

- Je te demande un instant si tu veux bien.

Sans attendre de réponse, il fit alors un geste totalement incongru, inattendu, presque déplacé : il se déshabilla !
Ecartant les sangles qui maintenaient son plastron en place, il le fit passer par-dessus sa tête et le laissa tomber au sol avec un bruit sourd. Puis il délaissa ses bottes et les envoya rejoindre son armure dans la poussière. Il fit de même avec sa hachette et ses armes de jet. Finalement, torse et pieds nus, vêtu uniquement de son pantalon large et de ses ceintures, il se redressa et fit rouler ses épaules sous le soleil de plomb, déclenchants maintes commentaires, huées et même quelques gloussements dans la foule assemblée là. Les ignorants, il récupéra son épée et sortie son poignard de sa ceinture, le prenant en position inversé.

- Je te remercie pour ta patience.

Le combat reprit, plus intense qu’avant. Les deux adversaires se tournaient l’un autour de l’autre, chacun prenant la mesure de l’autre. Lorsque la Valkyrie faisait un pas à droite, Zorro faisait un pas à droite. Lorsqu’il se déplaçait à gauche, elle se déplaçait à gauche. Quand elle s’éloignait, il s’éloignait, quand il se rapprochait, elle se rapprochait. Tel deux fauves irradiant de force, ils dansaient dans l’arène, souples et fluides, avec une lenteur délibérée, tantôt si loin qu’ils semblaient vouloir partir, tantôt si proches que leurs armes se touchaient, provoquant un tintement cristallin. Leur regards, intenses, étaient rivés l’un à l’autre, pareillement verts, pareillement concentré, leurs souffles synchronisés. Inspiration. Expiration. Inspiration. Pas sur le côté. Expiration …

Soudain Zorro attaqua. Une attaque facile, un simple geste ascendant de son épée, de haut en bas, légèrement courbe, que Céleste pouvait facilement éviter ou dévier. Une attaque uniquement destinée à faire réagir son adversaire, à juger de ses réactions. Une attaque bégnine, mais qui suffit à perturber leur danse. Le rythme s’accéléra, bientôt ils se mirent à échanger des coups de plus en plus rapides, de plus en plus violents. Attaque. Eclair argenté. Mouvement. Arrêt. Déplacement. Encore.

La foule retenait son souffle, seul le vent osait briser le silence. Les deux combattants semblaient de force, de vitesse et d’agilité équivalente. Pour le moment, aucun n’avait réussi à toucher l’autre. Mais le combat en lui-même n’avait pas encore commencé …

Tournant autour de son adversaire, Zorro sentait son cœur battre avec force dans sa poitrine, à un rythme lent et régulier, comme sa respiration. Sa poitrine se soulevait, ses muscles jouaient sous sa peau tannée par le soleil. Dans ses veines, son sang s’échauffait lentement, bercé par une myriade de souvenirs. La chaleur lui cognait sur les épaules, à peine amortie par le vent chargé de poussières. Mais il ne la sentait pas. Tout ce qu’il sentait, tout ce qu’il ressentait, c’était la mélodie du combat, cette mélodie rougeoyante qui vous fait vous sentir plus vivant que jamais. Chaque coup échangé le faisait vibrer un peu plus haut, chaque passe d’arme, chaque feinte. Et cette attente insupportable. Aucun ne se décidait à passer réellement à l’offensive, ils se contentaient de jouer l’un avec l’autre. Mais bientôt ce jeu prendrait fin, il le sentait. La foule le voulait. Il le voulait. Et, il en était certain, elle le voulait aussi. Personne ne peut supporter cette tension animale indéfiniment. Le sang devait couler !

Et il coula !
D’un geste flamboyant, Céleste attaqua de nouveau le mercenaire. Il évita le premier assaut mais ne recula pas suffisamment pour le second. L’une des griffes de la guerrière lui frôla le visage, lui entaillant la pommette. Une goutte vermeille s’éleva dans les airs avant de se perdre dans le sable. L’hybride répliqua aussitôt. Profitant de l’ouverture dans la garde de son adversaire, il plongea sous son bras et lui percuta le ventre de la pointe du coude, avec assez de force pour la faire reculer. Il poussa son avantage, poursuivant son enchainement. Une pirouette, en appuie sur un pied, il pivota sur lui-même, de la gauche vers la droite, l’autre pied tendu dans l’objectif de lui faucher les jambes. Dans le même geste, il brandit son poignard, la lame dans le prolongement de son bras, visant le visage de la jeune femme, l’autre lame protégeant son buste d’une éventuelle contre-attaque. Que l’une de ses attaques portent, même au mauvais endroit, ou non, il comptait continuer son mouvement et attaquer cette fois avec son épée dans un vif mouvement de l’épaule au bassin, avant de battre en retraite d’un bond en arrière. Si l’occasion se présentait, il transformerait son bond en salto arrière pour tenter de heurter du talon le menton de la Valkyrie. Dans le cas contraire, il se contenterait d’atterrir un peu plus loin, jambes fléchies, prêt à sauter de côté ou à parer une riposte. Même si, autant que possible, il tâcherait de ne pas coincer ses lames entre les griffes de son opposante. Il serait alors trop facile pour elle de les briser.

Le combat avait enfin réellement commencé. Et il ne s’achèverait que sur la défaite de l’un des deux adversaires. Zorro espérait seulement que, peu importe qui gagne, ils s’en sortiraient tout deux vivant. Il répugnait réellement à tuer un adversaire. Cela était peut-être sa plus grande faiblesse, y compris en temps de guerre ; à part les créatures purement maléfiques qui ne souhaitaient que le carnage et la destruction, il ne portait de coups fatals que lorsqu’il n’avait absolument plus le choix.
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Zorro Wolfen

Créature

Re : Combats et café.

Réponse 2 jeudi 16 juillet 2020, 23:38:06

Pirouette, vrille. Jambe tendue, balayage pour déséquilibrer. Ne pas laisser de temps mort. Se redresser, attaquer.

Les choses se passèrent encore mieux que ce que Zorro avait espéré. Sa jambe faucha la Gladiatrice, la faisant basculer en arrière. Son adresse lui permit de se réceptionner avec une souplesse qui impressionna le mercenaire mais dans une position qui la mettait à sa merci. Comme il l’avait prévu il continua son geste, poignard brandie. La lame effilée manqua sa cible d’un cheveu, découpant un pan de robe en sifflant de manière vicieuse dans l’air chargé d’électricité. La seconde attaque en revanche porta ses fruits. Céleste eu beau esquiver, Zorro sentit la pointe de son épée pénétrer dans son mollet immaculé, déchirer la chair, le muscle, riper légèrement sur l’os. Le sang se mit à couler abondamment, un filet vermeil se répandant sur le sable de l’Arène alors que la jeune femme roulait un peu plus loin, en sécurité, et que le mercenaire prenait lui aussi ses distances.

La blessure était profonde, probablement handicapante malgré l’incroyable pouvoir de régénération de la Valkyrie. Aussi le Loup Noir fût-il pris par surprise lorsque la petite brune se mit à courir vers lui avec la vitesse d’un carreau d’arbalète. Lorsqu’elle lui projeta du sable au visage dans un geste inattendu, il ne dut qu’à ses réflexes, fruits d’un métissage improbable et de près de cinq cents années d’expérience du combat, de ne pas se retrouver complètement aveuglé. Il pivota en se baissant, le bras devant le visage pour se protéger des gravillons. Mais si ce réflexe lui avait évité l’aveuglement, il laissait sa jambe totalement à la merci de son adversaire.

Au dernier moment il perçut l’attaque de la jeune femme et planta son poignard dans le sol, dans la trajectoire du coup… une fraction de seconde trop tard ! Crissement strident. Frottement de l’acier contre l’acier. Pluie d’étincelles. Douleur. Les griffes armant les pieds de l’Ashnardienne se plantèrent dans sa jambe, à peine déviées par le poignard, évitant son tendon et sa veine d’à peine quelques millimètres.
La foule en délire hurla, avide de sang. Le combat était intense, les coups s’enchaînaient et s’échangeaient avec une force et une vitesse rare. Le présentateur lui-même avait renoncé à commenter le match, sa voix noyée par les exclamations endiablées des spectateurs.

Ignorant le signal d’alarme que sa jambe ouverte envoyait à son cerveau et le sang qui tâchait l’arène, se mêlant à celui de son adversaire, il se contraignit à réagir immédiatement.

Avec un grognement rageur, il se jeta contre son adversaire. Les griffes redoutables frôlèrent son dos et entaillèrent son épaule, traçant une série de sillons pourpres allant de son bras jusqu’à son omoplate, et ils roulèrent au sol, Zorro tentant de tenir les griffes mortelles de Céleste loin de lui. Ils luttèrent au sol de longues secondes, chacun cherchant à dominer l’autre ou à se dégager, passant régulièrement l’un au-dessus de l’autres, amants enlacés dans une parade de sang et de violence brute, tout deux de force équivalente.
Finalement, le mercenaire, plus lourd, beaucoup plus âgé, prit le dessus sur son adversaire, parvenant à coincer les poignets de Céleste entre ses mains, immobilisant ses pieds à l’aide d’une clé de jambes, le corps collés l’un à l’autre, leur souffle se mêlant tant ils étaient proches.

Tout en s’efforçant de maintenir son avantage, le voyageur réfléchissait à toute vitesse. La jeune femme coincée sous lui se battait et se débattait avec une vigueur peu commune. Sans même parler de sa force physique brute qui ne le surprenait pas tant que ça – il avait déjà vu des êtres bien plus petits et moins musclés soulever des poids qu’il n’aurait jamais osé ne serait-ce qu’imaginer déplacer d’un centimètre – ce qui l’interpellait c’était la rage qu’elle mettait dans ses assauts.

Zorro, lui, se battait pour la récompense substantielle promise et pour la notoriété que l’Arène lui apporterait, amenant avec elle une source de contrats qu’il espérait conséquente. Et aussi un tout petit peu pour l’excitation du combat, qu’il n’avait plus ressenti avec une telle intensité depuis qu’il avait lui-même cessé d’être gladiateur, il y avait fort longtemps. Rien de plus, rien de moins.

Céleste, de son côté, lui donnait l’impression de lutter pour quelque chose de bien plus précieux que sa propre vie. Il l’avait vu d’ailleurs. Plus d’une fois, elle n’avait pas hésité à se jeter au-devant du danger au mépris de sa propre vie. Comme-ci … comme si elle protégeait quelque chose, ou quelqu’un, d’infiniment précieux à ses yeux. Comme si elle ne pouvait pas se permettre de perdre, ne serait-ce qu’une fois, ne serait-ce que d’un cheveu. Comme si une règle implicite, que le mercenaire ignorait, l’empêchait de perdre. Il devait savoir !

Les dents serrées sous l’effort, il articula d’une voix rauque, basse, de manière à ce que seule la Valkyrie puisse l’entendre.

- Pourquoi te bats-tu ?

Alors même qu’il posait cette question, il sut ce qu’il allait faire. Il doutait maintenant de pouvoir gagner. En revanche, il était à peu près certain de pouvoir faire un match nul. Néanmoins, si la réponse de la brune lui convenait, il la laisserait gagner. Pas trop facilement bien entendu, pas sans en payer le prix, mais il lui permettrait tout de même d’échapper à l’égalité ; après l’en avoir informée, il la laisserait probablement le toucher gravement, lui planter ses griffes dans les côtes par exemple. Il en profiterait alors pour s’éloigner et continuerait de se battre, de plus en plus faiblement, jusqu’à ce que la perte de sang soit suffisante pour justifier un abandon. A moins qu’il ne tombe dans l’inconscience avant. Il y avait toujours un risque avec ce genre de pari. Il espérait simplement que Céleste n’en profiterait pour se laisser emporter par la rage et le décapiter. Il n’avait guère envie de perdre la tête, même pour les beaux yeux d’une guerrière enragée.
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Zorro Wolfen

Créature

Re : Combats et café.

Réponse 3 mercredi 20 janvier 2021, 16:00:18

Comprendre. Questionner pour comprendre. Comprendre pour savoir. Et savoir pour réagir.
Lorsqu’il avait demandé à la jeune femme pourquoi elle se battait, Zorro s’était attendu à une réponse brève, sèche, agressive. "Pour ma liberté". "Pour ma famille". "Pour l’honneur".
Des raisons qu’il pouvait comprendre et avec lesquels il pouvait s’accorder. Même individuellement. En particulier la soif de liberté. Mais en aucun cas il ne s’était attendu à une réponse aussi longue, ni aussi complexe. Habituellement, c’était lui le bavard en plein combat !

Ainsi donc, s’il comprenait bien, la jeune Céleste se battait non seulement pour sa liberté, prisonnière d’Ashnard et esclave guerrière de l’Arène, mais aussi pour la vie de ses proches et pour le droit à disposer de son corps comme elle le souhaitait. Dans sa voix, dans son ton, le mercenaire sentait toute sa rage, et toute sa terreur à l’idée de perdre ce pourquoi elle se battait depuis tant d’années, et il s’en voulu de mettre ceci en péril. Lui qui avait de tout temps prit le parti des opprimés, voilà qu’il prenait la place du tourmenteur. Involontairement, certes, mais tout de même.
Au moins sa résolution était-elle prise : il y laisserait peut-être sa peau, mais la petite gagnerait ce match ! Et s’il survivait … S’il survivait, il essaierait probablement de l’aider, poussé par sa mauvaise manie de se mêler de ce qui ne le regarde pas.

Sous lui, la Valkyrie tremblait de plus en plus violement, et il devait faire des efforts conséquents pour la maintenir en place. Pour la rassurer, il allait lui faire part de ses intentions, lorsque soudain, dans un hurlement qui lui fit sonner les oreilles, le visage féminin se transforma sous ses yeux en une gueule couverte de poils fauves et ouverte sur des crocs longs comme des poignards. Des crocs qui se propulsèrent avec une force sauvage vers sa gorge.
Surpris, il ne réagit qu’à l’ultime seconde, juste avant que les pointes acérées ne se referment sur sa jugulaire. D’une puissante détente il se projeta en arrière, se réceptionna dans le sable imbibé en une roulade arrière et termina son geste en un dérapage tout juste maitrisé, la jambe tendue en arrière, le buste à ras du sol. En face de lui, quelques mètres plus loin, son adversaire se relevait, son corps tanguant sous le poids de l’immense tête de lion qui reposait maintenant sur ses épaules.
Se relevant, Zorro se remit en garde alors que l’étrange hybride poussait un terrible rugissement qui vit vibrer les murs de l’Arène, son hurlement ressemblant presque à des mots. La puissance sonore fut telle que le mercenaire recula encore de quelques pas, grimaçant avec douleur, les oreilles sifflantes comme jamais.

- Mais bordel, qu’est-que …

A peine exprimait-t-il sa surprise que la tête bestiale sembla vibrer, se dégonfler. Les poils tombèrent par plaques entières, les muscles se déformèrent, et en l’espace de quelques secondes, Céleste avait retrouvé son apparence, l’air épuisée et affligée d’une migraine effroyable qui la faisait se tenir le crâne.
La foule en délire huait, hurlait dans une cacophonie nauséabonde, emplie de malveillance et de soif de sang, de morbide, les cris ponctués de jets d’objets et de victuailles en tout genre. Sauf de pièces d’or bien entendu, réservée aux paris qui allaient bon train.
Plus inquiet pour elle que pour lui-même, le mercenaire abaissa légèrement sa lame et s’approcha d’un pas, un unique pas, prudent, quand la combattante releva ses griffes en position d’attaque.

- Désolée … Je ne suis qu’une jeune fille qui essaie de vivre le plus longtemps possible …

Se remettant en position, l’hybride acquiesça du chef en claquant de la langue.

-Comme nous tous Céleste. Mettons fin à tout ceci. Et tâchons de rester en vie …

Sur le visage de la jeune fille, il pouvait lire son épuisement.
Lui-même commençait à accuser la fatigue, en dépit de son expérience. Bien moins long qu’une campagne de guerre, son duel avec la Valkyrie durait tout de même depuis plus de deux heures maintenant, et il avait été d’une rare intensité. Il doutait même qu’aucun de leurs adversaires respectifs eues pu tenir ce rythme aussi longtemps.

Alors que l’Ashnardienne s’élançait, il en fit de même. Le sable se soulevait sous leurs foulées rapides, soulevant un épais nuage de poussière dans le vent sec qui leur griffait la peau. En un battement de cils, ils s’étaient rejoints. L’air siffla, le soleil sanglant accrocha un reflet sur le métal brillant de leurs lames. L’acier rencontra l’acier en une pluie d’étoile hurlantes. Les griffes de la guerrière ripèrent sur l’épée du combattant. Son autre main vola vers le flanc exposé. Moins fatigué, ses réflexes moins amoindris que ceux de son adversaire, Zorro pouvait dévier le coup, s’assurer la victoire malgré ses doutes précédents. La transformation de la gladiatrice, la fatiguait qui en découlait avaient tout changés.
Avec un étrange sourire, il lâcha son poignard, frappa à main nue le poignet aux griffes meurtrières. Sous l’impact, la course de mort s’altéra. Au lieu de lui perforer les poumons ou le cœur, au lieu de l’éviscérer, les lames entaillèrent profondément son flanc, tout juste déviées par une côte.

Emportés par leur élan, les deux combattants poursuivirent leur route, échangeant leur place. La lame de Zorro avait creusé un profond sillon sur la pommette de Céleste. Quant à lui, un flot rouge commençait à couler de sa blessure au côté.
La poussière retomba, et avec elle, un profond silence. Très lentement, l’homme se retourna, maitrisant avec peine ses tremblements, cherchant à capter le regard émeraude de son adversaire. En silence, il articula trois mots avant de lever bien haut son épée.
La lame, pointée vers le ciel, sembla défier le temps puis, avec grâce, glissa des mains de son propriétaire et s’écrasa au sol dans un tintement sourd. L’instant d’après Zorro tombait sur un genou, la tête basse, se tenant le flanc d’une main, du sang ruisselant entre ses doigts, à demi inconscient. Il eut l’impression qu’une ombre le recouvrait, mais même les rugissements de la foule en délire lui paraissaient lointain.

-Merde, j’aurais peut-être dû dévier le coup un peu plus. Zorro, mon vieux, t’es trop gentil pour ce métier …

***********************************************

Une heure plus tard, le mercenaire était assis à une table de l’infirmerie attitrée à l’Arène, en train de se faire recoudre sans ménagement par un chirurgien qui tenait plus du boucher que du professionnel. Ou alors un boucher professionnel.

-Foutus combattants de merde ! Z’êtes bon qu’à vous faire charcuter. Même pas fichu de crever proprement ! Et en plus vous nous faites perdre du fric ! J’avais parié une fortune sur toi bâtard !

Serrant les lèvres sous les multiples piqûres, Zorro s’abstint du moindre commentaire. Il ne tenait pas à ce que le « médecin » bâcle son travail. C’était un coup à ce que même sa régénération ne puisse achever la guérison. Déjà qu’il était à peu près certain de garder des cicatrices de ce combat … Et puis lui aussi avait perdu de l’argent. Outre celui de la récompense, il avait aussi parié sur lui, avec modération ceci dit, et les soins n’étaient pas gratuits. Loin de là ! Enfin. Au moins était-il vivant.

Outre cette ombre qui le recouvrait, il ne se souvenait pas de grand-chose après la fin du combat. Il se souvenait vaguement d’avoir été à moitié traîné en-dehors de l’Arène, puis d’avoir repris conscience sur la couche de bois dure où il était maintenant assis.

Une fois son travail terminé, et son salaire perçu, le boucher-chirurgien s’éloigna, toujours râlant, laissant Zorro seul. Avec une grimace douloureuse lorsque les fils de suture tirèrent sa peau gonflée, il s’installa plus confortablement, regardant autour de lui.
Céleste était-elle dans les environs ? Il aurait aimé lui parler. Sans doute avait-elle besoin de soin elle aussi ? Encore qu’elle semblât pouvoir guérir bien mieux que lui. Puis en tant que championne de l’Arène, elle avait peut-être droit à un traitement de faveur ?
Un rire sardonique secoua le mercenaire. Un traitement de faveur ? Il en doutait fortement, après avoir entendu son histoire …
Avec un soupir fatigué il s’allongea et ferma à demi les yeux. Il allait s’accorder un peu de repos, puis il se rhabillerait et chercherait la jeune fille. Et s’il ne la trouvait pas … Et bien il aviserait à ce moment-là.
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Zorro Wolfen

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Re : Combats et café.

Réponse 4 lundi 28 juin 2021, 00:12:14

Deux heures. Deux heures entières. Alors qu'il ne comptait faire qu'une petite sieste le temps que ses points de sutures cessent de le tirailler ou que le médecin – un homme presqu'aussi charmant qu'un nain avec une rage de dents perdu au milieu d'elfes – le mette dehors, Zorro s'était finalement endormie pendant deux heures pleines, sombrant sans même s'en rendre compte dans un sommeil de plomb, dépourvu, pour une fois, du moindre rêve ou du moindre cauchemar. Une illustration particulièrement parlante de sa fatigue, bien plus importante qu'il l'imaginait.
Ce sommeil imprévu avait cependant eu bien plus d'effets positifs que négatifs. Si le dos du mercenaire était raid à cause de la dureté de sa couche, encore moins confortable que le sol où il dormait quand il voyageait, il se sentait particulièrement reposé. Mieux encore, la plupart de ses plaies étaient maintenant refermées, et même celle que l'Ashnardienne lui avait infligé au flanc, et qui avait failli l'emporter, n'avait plus guère besoin des points de suture pour rester fermée.

Les yeux toujours clos, l'homme esquissa un léger sourire, avant de prendre une profonde inspiration, évacuant les derniers lambeaux de sommeil. Sa poitrine musclée, nue, se souleva avec force, jusqu'à faire légèrement craquer ses os, puis il expira en clignant des paupières, ses iris de tourmaline captant la lumière d'un brasero non loin.

Une seconde inspiration, puis il se redressa en position assise avec un grognement sourd, les muscles encore endoloris des efforts fournis lors de son dernier combat contre Céleste. Avec un demi-sourire, il palpa distraitement la ligne irrégulière parcourant son flanc avant de secouer la tête.
En baillant, il s'étira, achevant de faire craquer sa colonne vertébrale, ébouriffa sa crinière de jais puis se mit debout. Avisant ses affaires toute proche, et sans remarquer la silhouette ombreuse vaguement derrière les grilles de la porte des lieux, il se rhabilla, grimaçant en voyant l'état de sa tunique : il était bon pour en acheter une nouvelle. Heureusement qu'en dépit de sa défaite finale il avait amassé assez pour se permettre cette dépense ! D'autant qu'elle n'était pas si importante. Ce n'était pas comme s'il avait dû racheter une armure complète.

Une fois équipé et ayant vérifié qu'il n'oubliait rien, il se dirigea vers la sortie de l'infirmerie et tomba nez à nez avec Céleste.
Surpris, il marqua un bref temps d'arrêt, papillonnant des yeux en croisant le regard d'émeraude de la jeune femme, puis une grimace amusée ourla ses lèvres, révélant une canine effilée.

-Une Valkyrie pour m'accueillir à mon réveil ? Serais-je en réalité mort et au Valhalla ?

Il ignorait si la légende de la Halle des Morts Glorieux existait dans ce monde, mais Céleste étant surnommée du nom des guerrières divines, la plaisanterie l'amusait.

-En tout cas, si c'est le cas, les lits ne sont pas dignes des légendes !

Tout en parlant, il l'observa, sans aménité.
Apparemment la guerrière avait été soignée, et mieux que lui. A moins que ses facultés de guérison ne soient à ce point efficaces ? A la réflexion, c'était l'hypothèse la plus probable. Après tout, il l'avait déjà vu se remettre en très peu de temps de blessures fatales, en particuliers suite au combat qu'elle avait mené contre le cyborg Zogare. Et puis de ce qu'il avait compris lors de leur propre "conversation", les gardiens de la gladiatrice n'avaient pas l'air du genre à vraiment prendre soin d'elle …
En tout cas, pour autant que le mercenaire puisse en juger, elle ne portait plus la moindre trace de leur affrontement. Elle s'était même changée, troquant sa tenue de combat pour une robe à la transparence étudiée, noire comme une nuit sans lune, moulante juste ce qu'il faut pour émouvoir sans obscénité. Une robe qu'elle portait avec la prestance d'une noble dame, du moins de l'avis du sang-mêlé.

Sans se départir de sa grimace enjouée, il mima une demi-révérence.

-Puis-je quelque chose pour toi Ô Princesse Guerrière ? Parce que je présume que tu n'es pas ici par hasard. Et soit dit sans offense, tu ne m'as pas l'air assez cruelle ou monstrueuse pour vouloir achever un adversaire.

Monstrueuse. Le terme était peut-être mal choisi. Plus tôt, dans l'arène, la Valkyrie avait eu l'air particulièrement perturbée par sa transformation.
A vrai dire, Zorro – et probablement l'ensemble des spectateurs - -avait lui aussi été surpris par cet évènement. Pour autant, il était sincère en disant ne pas la trouver monstrueuse. En fait, elle lui rappelait les Elians de son monde d'origine, des personnes qui, parfois, pouvaient vivre toute leur vie sans éclat, et se découvrir soudain capables de choses extraordinaires et se trouvaient … perdus.

Conscient de l'avoir peut-être vexé, il leva une main, tête baissée, coupant net toute protestation ou remarque éventuelle.

-Je te demande pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire. Pour autant, je suis sincère : je ne trouve absolument pas que tu sois un monstre. Pas plus que je ne te pense cruelle.

Il releva le visage pour planter son regard vert, franc, honnête, dans celui tout aussi vert de ce petit bout de femme maigrelet mais pourtant si redoutable.

-En guise d'excuses, puis-je t'inviter à boire un verre quelque part. Et puis pour être tout à fait honnête, je voulais te parler aussi. Ce que tu m'as révélé tout à l'heure m'a … on va dire que ça m'a touché.

~~~~~~OoOoOoOoO~~~~~~

Une demi-heure plus tard, Zorro et Céleste étaient attablés à la terrasse supérieure d'une taverne prisée de la capitale, éclairés par les premières lueurs d'un soleil couchant. La soirée venait de commencer, et il s'en fallait encore de plusieurs heures avant que l'astre du jour ne disparaisse derrière la ligne d'horizon. Pourtant, les deux combattants étaient seuls sur le balcon dominant une place en pierre de taille. Pour une raison que le mercenaire ignorait, lorsqu'ils les avaient vu arriver, le tenancier, un minotaure aussi impressionnant qu'affable, avait fait partir les quelques clients présents sur la terrasse avant d'y installer le duo, offrant un sourire sincère à la Valkyrie et un autre, tout aussi aimable mais plus professionnel que sincère, au Loup Noir.
Il s'était enquit de la commande du combattant, sans prendre celle de la jeune femme, comme s'il la connaissait déjà, et était revenu peu de temps après, posant devant Zorro une théière avec une tasse et une crêpe au chocolat – un délice qu'il avait découvert tout récemment – et son plat favoris devant Céleste.

Délicatement, le voyageur se servit une tasse de thé, en proposant à sa compagne, avant de siroter lentement le breuvage brûlant en faisant claquer sa langue de satisfaction.

-Rien de tel qu'un thé en terrasse. Surtout en bonne compagnie.

Il leva sa tasse à l'attention de Céleste avant de s'enfoncer dans sa chaise.

-Bon, honneur aux dames, commença-t-il avec un sourire galant.
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Zorro Wolfen

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Re : Combats et café.

Réponse 5 lundi 27 décembre 2021, 21:57:14

Les premiers mots de l’ashnardienne surprirent le mercenaire. En lui proposant de parler la première, il s’attendait à ce qu’elle l’interroge, ou du moins lui révèle les raisons de son attente un peu plus tôt, devant l’infirmerie de l’Arène. En aucun cas il n’avait prévu qu’elle lui présente des excuses. Encore moins alors qu’il s’estimait lui-même fautif pour son propre manque de délicatesse !

Il allait lever la main, lui dire qu’elle n’avait rien à se faire pardonner, mais déjà la jeune femme poursuivait. Il se renfonça discrètement dans son fauteuil, buvant une seconde gorgée de thé brûlant, appréciant la morsure enflammée du breuvage dans sa poitrine, un plaisir simple soudainement amoindri par les paroles de sa compagne.

Ainsi son geôlier battait Céleste, ne la traitant au final avec guère plus d’égard qu’un vulgaire chien de combat ? En apprenant cela le Loup dû réprimer un grognement pour ne pas couper la jeune femme dans son élan. Mais s’il n’avait pas craint d’empirer la situation il se serait déjà levé pour aller discuter avec cette enflure. Et lui présenter des arguments percutants, au besoin. Au lieu de cela, il s’avança vers la table, attentif, observant Céleste, son regard s’assombrissant au fil du récit. Un récit que le mercenaire sentait si chargé en émotion qu’il aurait pu durer des heures et des heures, des heures durant lesquelles la jeune gladiatrice sembla se vider de choses qu’elle gardait en elle depuis bien des années.

Pourtant, lorsqu’elle se tut finalement, achevant sa confession sur un timide pardon, et malgré les courtes pauses qu’elle fit, le thé était encore assez chaud pour que l’on se brûle sans y faire attention et la crêpe du voyageur laissait toujours s’échapper quelques fumerolles parfumées.

Méditatif, Zorro laissa Céleste manger enfin la fraise dominant sa tarte, avec un bonheur si évidant qu’il lui arracha un pouffement de rire.

-On dirait que quelqu’un raffole des fraises, je me trompe ?

Le regard pétillant, il roula sa serviette en cône et délicatement essuya la tâche de crème que la jeune femme avait laissé tomber sous sa lèvre au cours de son récit. Puis, toujours penché par-dessus la table, il donna une pichenette sur le nez de la Valkyrie.

-Et laisse moi te dire une chose : tu n’as rien à te faire pardonner. Compris ?

Finalement, il se laissa retomber dans sa chaise et attaqua la première bouchée de son dessert. Alors que la pâte, fine et légère, cédait sous ses dents, le chocolat fondu s’écoula lentement sur la langue du combattant, lui arrachant un frisson de plaisir.

-Ho quel délice ! Y a pas ça, d’où je viens, du moins aux dernières nouvelles. Si seulement je trouvais un moyen d’y remédier …

Il savoura encore sa première bouchée avant d’en prendre une seconde.
La moitié de sa crêpe disparue, il se lécha les doigts avec délectation, puis, sentant que le moment était venu, il s’installa plus confortablement et regarda Céleste dans les yeux, émeraude et tourmaline se reflétant l’une dans l’autre.

-Tu n’es pas un monstre Céleste. Et même si je ne suis pas en mesure de t’interdire quoi que ce soit, je t’interdis quand même de le croire. Et plus encore de croire les abrutis qui pourraient te le dire.

Un silence, et il reprit, le menton appuyé sur ses doigts croisés.

-A ce sujet, je tiens réellement à m’excuser d’avoir employé ce terme tout à l’heure. Du fond du cœur. C’était… maladroit de ma part, à tout du moins. Donc c’est moi qui te demande pardon.

Il lui adressa un sourire contrit, sincère, et s’humecta les lèvres avec une gorgée de thé. La saveur du breuvage, amère après tout le sucre du chocolat, lui tira une grimace comique.

-Ark ! Enfin bref. Si tu veux mon avis, tu dois être comme moi : une hybride, le mélange de deux espèces de ce monde. A la différence près que toi, t’es pas à moitié foirée !

Nouvelle grimace alors qu’il se passait la main dans la nuque, un peu gêné. Rares étaient les personnes à connaître ses origines, même parmi ses anciens compagnons.

-A titre d’exemple, je suis issu de deux races qui ne devraient même pas pouvoir avoir d’enfant ensemble. Résultat des courses, je n’ai même pas la moitié de leurs capacités : je ne me régénère pas aussi vite que ma mère, je ne maîtrise pas la magie comme mon père, bref … Tu vois le tableau !
Toi en revanche, j’ai l’impression que tu es complète, mais que tu ne maîtrises pas encore tout. C’est normal au final ! J’ai connu des gens qui mettaient une vie entière à y arriver. Et encore, ça ne les empêchait pas de renverser la moitié de leur broc d’eau en essayant de se servir par lévitation !


Un nouveau sourire amusé ourla ses lèvres alors que son regard brillait à ce souvenir.

-En tout cas je suis surpris. Quand je t’ai laissée commencer, je croyais que tu allais en profiter pour me poser des questions. Pas que tu allais répondre aux miennes avant même que je ne les pose ! Trop forte Princesse !

Le mot lui était venu spontanément, amical. Et il était bien parti pour lui rester, que cela plaise à Céleste ou non.

Un ange passa, baigné dans la douce lumière du crépuscule naissant et des lanternes de la terrasse où ils se trouvaient. Dans la rue en contre-bas, les bruits s’amenuisaient peu à peu, à mesure que la vie diurne s’estompait. Un peu plus loin on pouvait entendre les échos des premiers fêtards nocturnes, en avance sur les autres, mais pour l’heure la petite auberge du minotaure semblait être entourée d’une bulle de calme, à l’abri du monde et de sa rumeur.

A nouveau enfoncé dans sa chaise, ses longues jambes étirées sous la table, presque sous l’assise de Céleste, Zorro profitait de sa dernière bouchée de crêpe et d’une seconde tasse de thé tiède, tout disposé à répondre aux questions de sa compagne quand une interrogation subite lui vint.

-J’y pense. Ca ne devrait pas mais vu le caractère de merde de ton « gardien »… Tu n’as pas d’horaire à respecter rassure-moi ? Sinon je te raccompagne volontiers !

Il se leva à demi, prêt à partir si le besoin s'en faisait sentir.
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Zorro Wolfen

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Re : Combats et café.

Réponse 6 mercredi 29 juin 2022, 19:33:43

Zorro souriait, jouant distraitement avec sa cuillère. Le couvert, fin et léger, tournait entre ses doigts, accrochant des reflets venant des lampadaires proches, avant de s'arrêter et de repartir en sens inverse alors qu'il le faisait rouler entre ses doigts.

Il souriait parce que Céleste l'amusait. Alors même qu'il essayait de la rassurer, le petit brin de femme amoureuse des fraises en faisait de même avec lui, cherchant à le réconforter sur ses capacités. Elle l'amusait et surtout, elle l'attendrissait, elle qui, de ce qu'elle venait de lui raconter, avait eu une vie des plus sinistres, du moins depuis leur enlèvement par les forces ashnardiennes et qui, pourtant, demeurait profondément gentille. Profondément humaine.
Tellement humaine en fait, qu'il avait envie de prolonger leur discussion, de la connaître un peu mieux. Il prenait un plaisir sincère à sa compagnie, maintenant qu'ils avaient arrêté de se taper dessus, et aurait pu parler avec elle toute la nuit.
Malheureusement l'heure filait, et comme le mercenaire le craignait, la gladiatrice risquait de se faire punir si elle restait trop longtemps dans les rues. Un état de fait qui fit grogner Zorro intérieurement. Si au moins il pouvait l'aider …

Ils se levèrent tout les deux, la jeune femme passant devant l'homme qui eu un bref aperçu de sa silhouette filigrane alors qu'elle passait la porte de la terrasse. En bas, dans la salle comble de l'auberge, emplie du bruit des discussions et des rires des clients, dont beaucoup parlaient encore du dernier combat dans l'Arène, celui qui avait vu Céleste et Zorro s'affronter, ils passèrent à côté du tenancier minotaure, la jeune femme lui demandant de tout mettre sur son ardoise.
Le demi-elfe fronça les sourcils. Un froncement qui se mua en grimace discrète en voyant l'air de profonde réprobation qu'affichait l'aubergiste. Discrètement, il laissa Céleste prendre de l'avance et se tourna vers le tenancier, sortant quelques pièces brillantes de sa bourse.

- C'est elle qui a décidé de tout prendre sur son ardoise alors je ne devrais pas mais … Je ne peux simplement pas les choses se passer comme ça. Voilà pour le repas. Délicieux d'ailleurs. Et … et merci d'être son ami, ajouta-t-il après une brève hésitation, avant de filer agilement entre les tables pour rejoindre la jeune femme, sentant dans son dos le regard du minotaure.


Il la rejoignit juste avant qu'elle ne sorte.
Dans la rue, elle lui pointa un bâtiment du doigt, à quelques rues de l'auberge. Le bâtiment était imposant. Moins grand qu'un château, certes, mais impressionnant tout de même, il dressait sa haute silhouette bien au-dessus des maisons l'entourant et projetait son ombre immense loin dans les rues nimbées des lumières du soir.

Une idée passa dans la tête de Zorro, lui arrachant un éclat de rire.

- Et tu vis au sommet de cette tour ? Excuse-moi mais … une belle jeune femme, ayant pour amis deux lions, pour gardien un rustre avec un caractère de dragon sous rage de dents, et qui vit dans une tour … je vais vraiment t'appeler Princesse maintenant !

Il lui fallut un bon moment pour se calmer complètement. Un bon moment et surtout voir le regard inquiet de Céleste qui fouillait les rues et dévisageait les passants.
Il savait ce qu'elle cherchait. Ou du moins, il était sûr de le savoir. Après tout lui-même, en dépit de son hilarité, surveillait les alentours, attentif à ne pas le croiser. Le croiser lui, le "gardien dragon".

Cette simple idée faillit le faire repartir dans son fou rire, mais la question de sa compagne le prit au dépourvu. Il s'arrêta soudain et la regarda. Nulle colère et nulle indignation dans son regard émeraude. Juste une surprise sincère. Un sourire bienveillant ce dessina sur les lèvres de l'hybride et il s'apprêta à répondre, mais déjà la jeune femme poursuivait, se grattant la nuque comme pour chasser sa gêne.

-Et aussi pendant que j'y pense … Pour te remercier de m'accompagner jusqu'à chez moi … Est-ce que tu voudrais … Qu'on … Les deux …

Zorro haussa à demi un sourcil, sans rien dire, la regardant rougir et fixer ses pieds, curieux de voir où elle venait en venir.

-Continue de boire un verre dans ma chambre ? J'ai aussi des gâteaux !

Un nouveau rire, frais, joyeux, lui échappa, avant qu'il n'ébouriffe les cheveux de jais de la Valkyrie en un geste affectueux et spontané.

-Alors s'il y a des gâteaux, c'est avec plaisir, Princesse Céleste ! Mais avant ça, je voudrais fixer une règle.

Soudain sérieux, il croisa les bras sur sa poitrine, laissant le silence s'étirer, peinant à dissimuler l'étincelle narquoise dans son regard.

-Une seule et unique règle. Une seule condition, très importante…

Cette fois, impossible de dissimuler le coin de ses lèvres qui se relevait en un rictus taquin.

-N'ai pas peur d'être franche avec moi. Si tu as des questions, pose-les sans crainte de gaffer. Au pire, je t'enverrais un coussin dans la figure !

Avec un clin d'œil, il lui tira la langue avant de reprendre la route, marchant au même rythme qu'elle.

-Donc tu voulais connaître le mystère de mes origines ? Hmmm, comment dire … Déjà, il faut savoir que j'ai beaucoup voyagé avant d'arriver ici, donc je ne sais pas si les choses fonctionnent de la même manière. Mais disons, pour faire simple …


Tout en marchant vers la tour, il parla un peu de lui, de sa naissance et de sa vie. Hybride d'un elfe mage et d'une lycan guerrière, en vie grâce à la magie de son père qui a réussi à lier les deux sangs, voyageur et mercenaire, explorateur. Il aborda deux ou trois des ses voyages, sans entrer dans les détails afin de laisser un peu de champs aux récits plus tard, mais répondant aux éventuelles questions.
C'était un des plus gros défauts de Zorro. Bien que prudent dans ce qu'il révélait, une fois qu'il commençait à parler, il avait tendance à le faire beaucoup. Et même en plusieurs siècles d'existence, il n'avait pas réussi à se débarrasser de cette manie. Au contraire même : plus il vivait, plus il avait d'histoire à raconter.


Ce n'est que parvenu au pied de la tour, plongés dans l'obscurité par l'ombre de l'édifice, qu'il stoppa enfin sa faconde.
Debout à côté de Céleste, il leva le visage vers le ciel, impressionné par la hauteur de l'édifice. S'il avait déjà vu plus haut et plus imposant, le bâtiment dégageait une sorte d'aura qui le faisait paraître plus massif encore.

-Et donc tu habites tout en haut ? Bon et bien quand il faut y aller … Après toi Princesse.

Il s'inclina en une semi-révérence, bras tendu, pour laisser passer la combattante, et lui emboîta le pas.
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Zorro Wolfen

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Re : Combats et café.

Réponse 7 dimanche 25 juin 2023, 03:51:25

La tour où vivait Céleste était grande. Vraiment très grande. Et haute, vraiment très. A tel point que le mercenaire, pourtant en bonne voire excellente forme physique, maintenant que ses récentes blessures étaient refermées et que son ventre était plein, appréhendait déjà un peu de devoir gravir la quantité sans doute hallucinante de marches avant d’arriver au sommet.

Avec un soupir intérieur, il emboîta le pas à la gladiatrice, admiratif devant le stoïcisme qu’elle affichait et sans se rendre compte tout de suite qu’elle se dirigeait non pas vers les escaliers mais vers une plate-forme de bois d’où émergeaient de lourdes chaînes et un étrange appareillage cuivré.
Haussant un sourcil étonné, il la suivit sur l’étrange plancher et la regarda parler dans le dispositif.
Un bref instant après, le sol vibra et la plate-forme commença à s’élever sans heurt ni poussière, preuve qu’elle devait servir régulièrement.

-C’est plus simple que d’utiliser les marches d’escalier…
- Je veux bien le croire. Pour être honnête, j’étais fatigué à la simple idée de monter tout ça à pied. Je n’imagine même pas combien de marches cela représente !


La plate-forme s’élevait lentement, passant à intervalles réguliers devant de petites percées dans le mur, comme des meurtrières, qui apportaient un peu de fraîcheur et d’air dans ce conduit étroit et évitant à Zorro, habitué aux grands espaces, de se sentir trop claustrophobique.
Etrangement, le silence s’était installé, même si le mercenaire fredonnait distraitement une petite musique sans parole, se rappelant qu’il avait déjà vu ce genre d’appareil auparavant, quoique bien plus gros puisque conçu pour le transport d’énormes véhicules et convois de marchandises, et non pas pour celui de personnes. Même si le principe devait rester le même.

Enfin, après plusieurs minutes, l’élévateur s’arrêta avec un léger choc qui chatouilla bizarrement le ventre de l’hybride. Céleste se pencha à nouveau sur le dispositif cuivré, arrachant un sourire bienveillant à Zorro qui appréciait la gentillesse, l’humanité même dont elle faisait preuve, et le couple de combattant s’avança dans un court couloir qui menait à une porte. Ils s’arrêtèrent devant et Zorro dû se mordre la lèvre pour éviter de rire en voyant la jeune femme prendre une profonde respiration.
Il se doutait bien qu’elle ne devait pas souvent avoir de la visite, mais pour être stressée à ce point … C’était encore pire qu’il le pensait !

Courtois, il s’effaça et prit son temps pour entrer alors que Céleste entrait comme un ouragan pour essayer de ranger son désordre, prenant même le temps de se retourner pour fermer calmement la porte avant de regarder en l’air autour de lui, admirant les lieux.
Partout sur les murs, au point même d’en dégueuler littéralement partout, des livres, des livres et encore des livres. Zorro aimait lire, vraiment, mais jamais encore il n’avait vu autant de bouquins amassés au même endroit, à l’exception de certaines bibliothèques. Et encore, toute proportions gardées, il n’était pas sûr que ces bibliothèques aient eu autant de densité de livres ! Ils étaient littéralement partout, au point presque d’en masquer le reste du mobilier, à l’exception de l’énorme lit qui trônait au fond de la pièce.

Un lit qui venait de … grogner ?

Surpris, Zorro cessa son observation des lieux, les sens en alerte et porta son regard dans la direction du bruit.
Là, énorme, majestueux, debout sur le lit, se tenait un lion gigantesque ouvrant une gueule immense pour un bâillement non moins grand. Un lion qui portait sur sa tête une robe noire et une petite culotte, à peine cachée par la crinière resplendissante.
Amusé par le ridicule de la scène, l’hybride ne put retenir un pouffement de rire alors que Céleste, visiblement gênée, se rapprochait de l’animal et le caressait avant de faire les présentations.
Tranquillement, Zorro se rapprocha avant de tendre la main vers l’animal, paume retournée, pour lui laisser le temps de le sentir avant de s’assoir et caresser à son tour la grosse tête.

-Bonjour Sverre. Moi c’est Zorro. Je crois qu’on s’est déjà vu plus tôt, mais c’est plus agréable de te voir ici !

Le lion regarda l’étranger, clignant paresseusement des ses yeux d’ambre, puis posa sa lourde tête sur les jambes de l’homme, l’immobilisant complètement sous son poids.
Aussi surpris que gêné, Zorro regarda Céleste avec de grands yeux, avant d’esquisser un demi-sourire.

-Tu sais quoi ? J’ai toujours eu un bon feeling avec les animaux, mais c’est bien la première fois qu’un lion géant me choisit comme oreiller ! Par la sainte culotte de Maya, qu’est-ce qu’il est lourd !

Sur quoi il mima une grimace douloureuse largement exagérée avant de caresser à nouveau l’épaisse crinière, histoire de bien montrer que la situation ne le dérangeait pas. Pour le moment du moins. La tête était vraiment lourde !
Un silence bref passa, qu’il rompit de nouveau.

-Tu n’avais pas parlé d’un verre et de gâteaux ? Et en échange si tu veux …

Il se gratta la tête avant de désigner la pièce.

- … J’ai la vague impression que tu aimes lire. Si ça t’intéresse, je peux te raconter quelques histoires que j’ai entendu ou lu, voire vécu ?

Tout en faisant sa proposition, le voyageur commençait déjà à passer en revu certaines de ses aventures, rappelant ses souvenirs pour mieux les décrire. Entre ça et les histoires qu’il connaissait, il avait de quoi tenir plusieurs heures _ la boisson serait sans doute très utile _ et sauf si la jeune combattante voulait autre chose, il comptait commencer par la mer. Les descriptions de la mer, cette immense étendue d’eau, avait toujours un certain succès. Ses odeurs et ses couleurs, si variées, si changeantes ou gré des humeurs de l’océan et du ciel, cet espace infini, qui te fais te sentir seul, mais d’une solitude apaisante, jusqu’à ce qu’éclate les tempêtes. Les légendes des marins, si superstitieux, les attaques des pirates, dont il avait parfois fait partie. La liberté. Les nouveaux horizons. Puis les retours sur la terre ferme, chaque fois si semblables et si différents.
Puis peut-être qu’il enchaînerait sur les montagnes, si hautes qu’elles dépassaient le ciel. Les paysages qu’il avait vu, les peuples qu’il avait croisé. Oui vraiment, le mercenaire avait beaucoup de choses à raconter, si la jeune femme le désirait.

Et puis, il était aussi curieux d’en apprendre plus sur elle, sa vie, ses compagnons félins, ses envies éventuellement. Ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, mais parfois, se taper dessus rapproche les gens bien plus que des années de fréquentation, et ce petit bout de femme lui plaisait. S’il pouvait l’aider, il le ferait, il l’avait déjà décidé, même sans le formuler.
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Zorro Wolfen

Créature

Re : Combats et café.

Réponse 8 vendredi 21 juillet 2023, 08:21:06

Immobilisé par la tête du grand lion, Zorro regardait son hôte s’agiter en tout sens, sans parvenir à dissimuler son amusement. Certes il ne pouvait pas savoir que c’était la première fois que Céleste recevait quelqu’un, mais il était indéniable que ça ne lui arrivait pas souvent. Elle avait l’air si paniquée ! A tel point que le mercenaire devait vraiment se faire violence pour ne pas la taquiner.

Répondant à sa question, il lui demanda un simple thé, avant d’observer avec curiosité la boîte qu’elle venait de poser à côté de lui puis de reporter son attention sur la gladiatrice, désolé de ne pouvoir l’aider à installer la table pour eux.

- C’est vrai que j’ai beaucoup voyagé. Mais tu sais Céleste, tu fais maintenant partie de ces gens extraordinaires que j’ai rencontré !

Il lui adressa un clin d’œil complice. L’instant d’après, la jeune femme lui demandait qui était Maya et l’hybride manqua de s’étouffer en avalant sa salive. La question avait été si inattendue, et la supposition si candide, si innocente. Le pire étant que la gladiatrice n’était pas tombée si loin, Maya étant effectivement une déesse du monde natal de Zorro. Mais de là à penser que le mercenaire avait rencontré une divinité et lui avait rendu sa culotte …
Alors que Zorro tentait discrètement de reprendre son souffle, Sverre redressa sa large tête avec comme un air de reproche à l’encontre de cet homme-coussin qui osait remuer sous lui et se retourna dans le lit, soulageant le voyageur d’un poids. Celui-ci en profita pour se tourner un peu mieux vers la table, à côté de Céleste, au moment où la "princesse" tournait vers lui la boîte mystérieuse.
Curieux et bon public, il la fixa avec attention, penché en avant sans même s'en rendre compte, alors qu'elle soulevait le couvercle comme elle l'eut fait avec un coffre au trésor, tout doucement. Peu à peu, le carton révéla son contenu, un trésor en effet, fait de joyaux brillant, colorés, sucrés … Le carton était rempli de gourmandises comme le mercenaire n'en avait encore jamais vu, pour la plupart.

-Ooooh ! C'est super joli ! Et appétissant ! Tu dis qu'il va les chercher à l'autre bout du monde ? Il faudra que j'aille voir à l'occasion !

A l'invitation de son hôte, Zorro tendit la main, hésitant un bref instant devant tant de choix, avant de finalement s'emparer d'une pâtisserie de forme allongée, couverte d'un glaçage blanc et brillant comme de la neige pure et qui dégageait une forte odeur de sucre et de crème, mêlée d'une épice qu'il n'avait jamais senti.
Presque impatiemment, il attendit que Céleste se servent à son tour, avant de lever son éclair à la vanille vers le plafond, à l'adresse de la jeune femme

-A notre rencontre !

Et il mordit dedans, le corps parcouru d'un frisson de plaisir alors que la saveur, lourde, se répandait dans palais.

-Ch'est un déliche ! Vraiment ! Tu devrais goûter aussi, si ce n'est déjà fait !

Il en prend une nouvelle bouchée, tâchant de faire durer le plaisir, et repose la gourmandise entamée sur son assiette, la repoussant un peu pour inviter Céleste à se servir, avant de prendre une gorgée de thé, le breuvage étrangement amer après la dose de sucre qu'il vient de manger lui arrachant une grimace satisfaite.

-Donc tu voulais des histoires vécues. Mais d'abord, comprendre qui est Maya et cette histoire de culotte.

Il but une nouvelle gorgée, le temps de réfléchir à comment présenter les choses.

-Du coup, comme tu l'as deviné, Maya est effectivement une déesse, celle de la féminité de manière générale. Elle est souvent représentée avec des … attributs généreux dirons-nous, bien que cela dépende de quel aspect de la féminité on veut mettre en avant. Et il en va de même pour sa tenue, souvent très suggestive, mais toujours avec sa culotte. A croire que les religions ont toujours eu peur de représenter la beauté d'une femme dans ses moindres détails … Enfin. Et du coup, non, je ne lui ai jamais rendu sa culotte ! Je ne l'ai seulement jamais rencontrée en personne !

Un sourire goguenard éclairant son visage, l'hybride adressa un clin d'œil à sa compagne avant de lui tirer la langue et de boire une nouvelle gorgée de thé avant de froncer les sourcils en regardant sa tasse quelques instants.

-Dis voir Céleste. J'ai une question qui pourra avoir son importance plus tard…

Un instant de silence, annonciateur d'une connerie et il reprend

-…où sont tes toilettes ? Avec tout ce thé, je vais finir par en avoir besoin !

Un nouveau sourire éclaire le visage de mercenaire alors qu'il regarde l'émeraude des yeux de Céleste.

La soirée poursuivit ensuite son cours, les deux combattants grignotant quelques mignardises alors que Zorro racontait ses histoires, commençant, comme il l'avait envisagé, par quelques-unes des aventures qu'il avait vécu en mer, parlant des milles nuances de l'eau, tâchant de décrire au mieux son odeur iodé, apaisante par beau temps, chargée de souffre quand une tempête grondait, évoquant les récits de fantômes et de monstres marins, tous n'étant pas que des légendes, narrant la vie des marins et surtout des pirates.
Il prenait parfois une pause. Céleste avait alors l'occasion de lui poser des questions, auxquelles il répondait de son mieux, et ils échangeaient parfois leurs idées, ou leurs rôles, l'hybride interrogeant la jeune femme sur sa vie, sur ses lectures, sur ses goûts et ses rêves, avant d'échanger à nouveau les places.

Au dehors, la lune continuait sa course, éclairant le ciel, si lumineuse qu'elle en masquait presque les étoiles, montant de plus en plus haut avant de commencer à descendre, amenant une pâle lueur loin à l'horizon.
A l'intérieur de la tour, Zorro réprima un bâillement involontaire en s'étirant, faisant craquer son dos.

-Waaa-aaah ! Désolé.
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