La jeune vampiresse avait donc entrepris de laver son compagnon du moment, passant l’éponge humide tout le long de son dos. Elle ne put s’empêcher de trembler légèrement en se rendant compte qu’elle traçait des sillons blanc pâle marbré d’argenté au fur et à mesure qu’elle nettoyait la peau. Effectivement, cette dernière était d’une pâleur impressionnante pour un être pourtant bien vivant, et des cicatrices de toutes tailles l’ornaient comme une macabre décoration. Lorsqu’il était recouvert de boue et de sang, ainsi que de brûlures, Kira ne s’était pas rendue compte que même son épiderme portait les traces de sa puissance, et à cet instant, elle se plaisait à les admirer, imaginant quels rudes combats l’avaient amené à être ainsi marqué. Une partie d’elle savait que ces marques avaient été faites en détruisant des créatures comme elle, nées de l’étreinte des ténèbres et du sang, et n’aspirait qu’à se jeter sur le sorceleur afin de le tuer, car il représentait un danger. Mais l’autre était calme, et désirait la compagnie de cet homme si fort et si agréable, car il n’avait pas tenté de la tuer, au contraire, et était capable de converser tranquillement avec elle. Aussi ne réagit-elle pas beaucoup, prise dans un combat interne qui la mènerait à des actes que pour le moment, elle ne parvenait pas à anticiper.
Finalement, quand elle eut fini de laver le dos de son compagnon, elle jeta un coup d’œil à la bassine, dont l’eau avait pris une affreuse teinte oscillant entre le noir et le rouge. Soupirant légèrement, elle pensa qu’il ne serait pas agréable pour l’homme d’être lavé par cette eau-là, et qu’à ce stade, elle ne ferait que le salir davantage. Aussi passa-t’elle sa main au-dessus du liquide, se concentrant, comme elle avait appris à le faire depuis quelques temps. Après tout, le sang de Poséidon coulait dans ses veines, comme celui de bien d’autres puissantes créatures, et elle avait hérité de quelques dons spéciaux qui lui permettaient de faire de grandes choses, dès qu’elle en éprouvait l’envie. Aussitôt qu’elle eut fini, l’eau avait repris sa clarté et sa pureté originelle, et fumait légèrement, réchauffée. Car avec le temps mis à bien s’occuper du dos du sorceleur, l’eau était devenue froide. Dès que sa magie eut opéré, la vampiresse trempa l’éponge dans la bassine, puis s’attaqua au visage et au cou de son compagnon. Elle ne savait pas ce qu’il pensait de ses pouvoirs, et se demandait s’il n’envisageait pas de l’attaquer, par peur qu’elle ne le fasse avant. Quoi qu’il en soit, cela n’interféra pas avec son envie de l’aider, et elle finit par terminer son ouvrage. Dès lors, elle entreprit de laver les cheveux poisseux et collés par le sang et la saleté, prenant soin de ne pas lui faire mal, se faisant plus délicate que jamais, la fraîcheur de ses doigts de pierre tranchant avec la chaleur de l’eau savonneuse. Finalement, elle le repoussa en arrière, le laissant tomber sans douleur sur le matelas que sa vitesse surnaturelle lui avait permis d’apporter sans que l’homme ne s’en rende compte, et lui avoua qu’elle devait continuer, et par conséquent lui retirer son pantalon. Bien entendu, le sorceleur se rendit compte de son sourire, et donc des idées qui courraient dans sa tête vampirique, mais ne fit point part de ses propres pensées.
Ainsi, la vampiresse débarrassa l’homme de son pantalon, qui commençait à coller à ses jambes à cause du sang qui le maculait, et entreprit de finir de le laver. Au fur et à mesure qu’elle rendait à la peau sa blancheur d’origine, elle ne pouvait s’empêcher d’être attirée par la chaleur qu’il dégageait, et par le sang qu’elle sentait couler dans ses veines. Malgré qu’il sembla le remarquer, il ne dit rien, et elle lui en fut reconnaissante, baissant légèrement les yeux sous son regard. C’est alors qu’il prit deux pots et les lui montra, après les avoir ouvert, laissant échapper un parfum de plantes assez fort pour faire plisser le nez à la vampiresse. Le sorceleur lui expliqua comment se servir des onguents sur les plaies, puis s’occupa de celle qu’il avait sur le flanc, et qui était béante. En quelques secondes, avec des efforts et une douleur visibles, il parvint à cautériser la plaie à l’aide de ses pouvoirs, et une atroce odeur de chair brûlée se fit sentir. Kira n’appréciait pas du tout ce fumet, qui lui rappelait de très mauvais souvenirs. De plus, un vampire n’aime pas le goût de la chair, juste du sang. Il n’est pas comme les loups garou, qui se goinfrent de chair humaine, en en propulsant partout autour d’eux, salement. Non, un vampire boit le sang de sa victime sans laisser beaucoup de traces, en général, laissant un cadavre propre, qui ressemble plus à un humain endormi qu’à un mort. Contrairement au loup garou de base, qui laisse derrière lui un corps difforme, dont on aperçoit les os et des morceaux de viscères. Secouant la tête pour ne plus penser à cela, Kira revint à l’instant présent, et saisit les deux pots que lui tendait son partenaire, afin de les déposer à côté d’elle.
Saisissant délicatement le premier, celui pour les plaies ouvertes, elle sembla légèrement dégoûtée à l’idée de plonger ses doigts là-dedans, mais contint sa répulsion et en prit dans sa main. Puis, elle regarda les blessures, et prit de la pâte dans son autre main, sur le bout de ses doigts, et commença à l’appliquer délicatement dessus, faisant de son mieux pour ne pas faire souffrir l’homme. Ensuite, elle fit de même, mais pour les brûlures, avec l’autre pot. Le tout dura plusieurs minutes qui durent paraître une éternité pour le blesser, mais Kira termina sa tâche et plongea son regard carmin dans le sien.
- Ça aurait été plus rapide et moins douloureux pour toi de boire mon sang, comme je te l’avais proposé…
Finalement, elle s’étira, faisant craquer ses os, puis se lava les mains dans la bassine qu’elle avait au préalable à nouveau épurée, avant de les sécher d’un simple souffle, tranquillement. Ensuite, elle reporta son attention sur le sorceleur, et s’assit à ses côtés, tout près de lui, sa peau effleurant la sienne. Son regard était comme agité par des flammes rougeâtres, qui coloraient magnifiquement ses iris. Effectivement, Kira était une digne représentante des vampires, et comme ses congénères, aimait séduire ses proies avant de les goûter. Cependant, dans le cas présent, elle avait déjà goûté sa proie. Soulevant une de ses mains, elle caressa le menton, puis la joue de l’homme, du bout des doigts, lui souriant. Il était toujours à demi-nu, et un simple sous-vêtement cachait son entrejambe, le protégeant d’éventuels attouchements. Plongeant son regard hypnotique dans le sien, elle susurra :
- Puis-je faire autre chose pour toi ?
[Je m'excuse encore du temps mis... =/]