De feu et de sang .. Epilogue ? [PV : Kira]

Musique d'ambiance

Tout d'abord, une explosion sourde se fit entendre au loin.
Puis, une colonne de feu s'éleva dans le ciel, immense et terrifiante, déchirant les ténèbres de la nuit orageuse.
Une grande place se retrouva entièrement encerclée par les flammes, flammes qui, étrangement, ne se propagèrent pas aux bâtisses croulantes alentours...

Quelle était donc cette sorcellerie ?
Les rares âmes qui trainaient encore dans les étroites ruelles, dangereuses et crasseuses, s'empressèrent de se terrer tels des rats.
La misérable populace des lieux se barricada chez elle, comme si une planche de bois faisant office de volet, suffirait à les protéger.
Une chape de terreur venait de s'abattre sur les bas-fonds de Nexus...

Soudain, après ce qui sembla être une éternité, l'intensité des flammes augmenta soudainement ! Les pavés jonchant les rues, les vitres, les fondations.. Tout se mit à légèrement trembler.
La colonne de feu vacilla, comme si sa base ne pouvait supporter un tel déchainement de puissance. Enfin, après de longues secondes angoissantes, le grondement s'estompa : Un bref instant, la colonne de feu se figea, comme si les flammes étaient sur le point de se cristalliser dans le ciel. Puis tout bascula..

La colonne de feu s'effondra sur elle même, dans un fracas incroyable : L'onde de choc fit trembler les bâtiments de l'autre côté de Nexus ! Un nuage sombre de poussières et de cendres, s'éleva alors dans le ciel nuageux, avant de retomber doucement, en mince particules noires, sur les toits et les pavés...
Bientôt, il se remit à pleuvoir, et l'eau commença à effacer peu à peu les traces de ce terrifiant évènement. Lentement, des volets s'ouvrirent, des silhouettes réapparurent derrière les fenêtres et des ombres recommencèrent à roder dans les ruelles.
La nuit reprenait ses droits, et les bas-fonds de Nexus sombrèrent à nouveau dans la misère et la violence ..


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Mais tout n'était pas terminé.
Dans une des rues du quartier, lorsque le bruit de bottes parvint à leurs oreilles, des têtes se tournèrent vers une silhouette se découpant à travers le rideau de pluie et marchant à pas lents. Croyant d'abord à l'arrivée d'un homme, les témoins de la scène eurent une vision d'horreur : Un spectre blanc ensanglanté émergea des ténèbres !
Les habitants à leur fenêtre se figèrent de stupeur, les yeux écarquillés.
Les quelques rares trainards au dehors, s'empressèrent de s'écarter du passage de cette apparition morbide et fantomatique, et de disparaître dans les ruelles adjacentes ou dans l'encadrement d'une porte.

Cependant, les plus sensés constatèrent que c'était là un homme qui passait devant eux, et non un esprit démoniaque. Mais dans quel état ..
L'individu, aux cheveux d'albâtres teintés d'écarlate et à la peau extrêmement pâle, ne portait plus qu'un pantalon déchiré, roussis, et poisseux de sang ainsi qu'une ceinture et des bottes.
Son torse nu et musclé, son dos, ses bras, son visage : Toutes les parties visibles de son corps étaient recouverts de lacérations, de blessures, de brûlures.. Il était couvert de sang ..

Se tenant le flanc droit d'une main, un filet de sang coulant entre ses doigts et tombant en goutte sur le sol en traçant des arabesques macabres sur les pavés mouillés, la bouche entrouverte, haletant, l'homme marchait lentement, difficilement mais comme animé d'une volonté implacable, son regard braqué droit devant lui. Il ne semblait prêter attention ni aux gouttes de pluie qui dégoulinaient sur son corps et ses blessures, ni aux badauds incrédules qui le regardaient passer..

Mais ces derniers devinaient très vite l'identité de l'homme, lorsqu'à la lueur d'un rayon de lune ou d'une lanterne, son visage se dévoilait à tous, et notamment ses yeux : Deux pupilles fendus tel celles des chats.
Aucun doute, devant eux se tenait un sorceleur !
Un de ces tueurs de monstre, usant de sciences occultes pour arriver à leur fin, et ne chassant que contre espèces sonnantes et trébuchantes. Sans parler des histoires sur les enfants enlevés ..

Sur le visage de certains témoins de la scène, on pouvait décelé un rictus moqueur. Dans d'autres regards, on pouvait lire de la haine. Chez tous, on devinait de la frayeur ..

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Avancer droit devant, sans s'arrêter, sans faillir.
Serrer les dents et faire abstraction de la douleur des chairs lacérées et brulées.
Oublier les gouttes de pluies tombant sur les blessures, comme autant d'aiguilles se plantant dans le corps.
Maitriser sa respiration pour combattre les sentiments de peur et de panique qui menacent de prendre le dessus.

Un pied devant l'autre, l'homme aux cheveux d'albâtre avançait, le regard braquée sur la seule échappatoire : Sortir de cette fange putride où croupit tous les misérables et scélérats de Nexus. Ne surtout pas s'arrêter : S'asseoir pour se reposer et fermer les yeux, c'est prendre le risque de se retrouver la gorge tranchée avant même de pouvoir réagir.
Si seulement il pouvait arrêter l'hémorragie de sa blessure au flanc, là où une griffe l'avait transpercée …

Geralt sentait les regards braqués sur lui. Des ombres au coin d'une rue, ou derrière une fenêtre, qui l'observaient. De temps en temps, il surprenait un regard narquois. Cela ne l'étonnait pas. Tous les gens qu'il croisait durant cette nuit cauchemardesque, devinaient rapidement qu'il était un sorceleur.
Et comme toujours, il ne voyait que de la peur, du mépris et de la haine sur leur visage...
Et comme toujours, le tueur de monstre ne leur porta aucune attention ..

Soudain, un pavé mal agencé fit trébucher le guerrier aux cheveux d'albâtres, et il se rattrapa tant bien que mal en posant sa main sur un mur. La tête baissée, haletant, des gouttes de pluie coulant sur ses cheveux, il lutta contre la douleur en serrant les dents.
Une fois les tremblements de ses muscles atténués, le sorceleur releva la tête, s'apprêtant à repartir, mais il constata que des silhouettes s'approchaient...

 Sortant des ruelles, ou de l'ombre d'un porche, une demi-douzaine d'hommes avancèrent vers lui, en l'encerclant. La pourriture de Nexus voulait se délecter d'une proie blessée et affaiblie.
Des loques en guise de vêtements, crasseux, mal rasés, les dents jaunes et pourries, la plupart arboraient un sourire goguenard et cruel.
Certains tenaient des bâtons, et Geralt perçut le reflet métallique d'un poignard...

Le plus grand d'entre eux, surement le chef de cette misérable bande, s'avança vers lui, affichant un sourire jaunâtre. Le tueur de monstre nota inconsciemment qu'il lui manquait deux dents. Il puait l'alcool. L'homme lança sur un ton moqueur et sadique, en jouant avec un gourdin.

«- Alors sorceleur, t'es tombé sur plus fort que toi on dirait ? Tu n'as vraiment pas de chance cette nuit : tu fais à nouveau une mauvaise rencontre .. » 

Il éclata de rire, bientôt suivit par ses compagnons de misère. Mais soudain, son sourire disparut quand il constata que Geralt ricanait également. Il y eut un instant de silence avant que les pupilles fendus du sorceleur ne se posent sur l'homme, à travers les mèches argentées recouvrant son visage ensanglanté.

« - Crétin, c'est toi et ta bande qui venaient de faire une mauvaise rencontre .. »

Le visage de l'homme se tordit de colère et il leva soudain son gourdin pour frapper.

« Enfoiré, je vais te .. ! »


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Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le poing du tueur de monstre venait de s'écraser sur sa mâchoire : Le colosse s'étala de tout son long sur le dos, un filet de sang coulant de sa bouche. Les autres hommes figés, regardèrent effrayés le sorceleur, couvert de sang, maintenant debout devant eux. Quelqu'un cria :

« - Tuons le ! »

Un premier scélérat voulut le frapper de son bâton. D'un bond Geralt plongea en dessous de  lui et l'homme, emporté dans son élan, ne frappa que le mur de pierre contre lequel il se tenait un instant auparavant.
Il se retrouva au milieu du groupe, ahuri, et en profita pour asséner un formidable uppercut dans le ventre de l'un d'entre eux, qui se plia en deux, le souffle coupé. Mais les autres brigands se ressaisirent très vite et les chacals se jetèrent sur le loup blanc.
Cependant, ils oubliaient qu'il n'y a rien de plus dangereux qu'un animal blessé …

Le sorceleur esquiva un poing, et d'un coup de pied dans le postérieur, envoya son adversaire bouler plus loin. Un autre belligérant arriva sur sa droite, mais ce dernier ne reçut qu'un coup de coude en pleine face. Quelqu'un tenta de ceinturer Geralt par derrière. Le tueur de monstre se dégagea, saisit son adversaire, et d'un mouvement d'épaule, l'envoya, par dessus sa tête, s'écraser sur un autre homme.
Mais la vermine ne cessait de revenir à la charge...

Du coin de l'oeil, le guerrier aux cheveux d'albâtre, vit un poignard fendre l'air. Il bondit en arrière et évita le premier coup, puis fit un pas de côté, le poignard frôlant sa gorge.
Il profita de la situation pour saisir le bras du mécréant, à l'aide de ses deux mains, et l'immobilisa. Avant que ce dernier ne puisse se dégager, le sorceleur lui asséna deux violents coups de genoux dans l'aine : Le poignard tomba au sol dans un bruit métallique …

Geralt était encore au prise avec l'homme, quand il vit le chef de la bande, à nouveau debout, se ruait sur lui. Repoussant celui qu'il tenait, le sorceleur vit le gourdin décrire un grand mouvement circulaire. Il voulut sauter sur le côté pour esquiver, mais son corps lui fit défaut, trop affaibli, trop meurtri …


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Le gourdin frappa en plein dans sa blessure au flanc droit.
Geralt poussa un râle étranglé de douleur et se retrouva au sol, la vision blanchit par l'atroce douleur qui irradiait dans tout son corps.

Avant qu'il n'ait eut le temps de reprendre ses esprits, on lui asséna plusieurs violents coups de bottes dans les côtés et dans la tête. Le sorceleur essaya de se ressaisir, mais tout était trouble autour de lui. Il entendait des voix d'hommes mais aucun mot intelligible ne parvenait à ses oreilles. Tout son corps n'était plus que souffrance.
Allait-il finir ainsi, achever par une bande de pouilleux dans les quartiers miséreux de Nexus ?
Ses yeux à demi-clos se posèrent sur un objet brillant sur un pavé devant lui. Alors son instinct reprit le dessus...

Le chef de la bande, riant aux éclats en frappant le sorceleur à terre un instant auparavant, se figea soudain, la bouche grande ouverte. Du sang se mit à couler entre ses lèvres...
Les autres brigands hoquetèrent de frayeur, n'arrivant pas à croire ce qui venait de se dérouler sous leurs yeux : Le sorceleur, alors à terre, avait soudain bondit avec une agilité surnaturelle sur le colosse et lui avait planté dans la gorge le poignard qu'il avait ramassé..
D'un geste sec, Geralt extirpa le poignard en arrachant la moitié de la gorge de l'homme, qui tomba sur les pavés mouillés dans un bruit mât, et resta ainsi, les bras le long du corps ..

Pendant quelques secondes, la scène resta figer, jusqu'à ce que le tueur de monstre tourne la tête vers les hommes restants. Ces derniers reculèrent en laissant tomber leurs armes lorsque le regard du sorceleur se posa sur eux : Il n'y avait plus rien d'humain en lui.
Leur dernière once de courage s'évapora et ils s'enfuirent, en criant au démon ..

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Geralt n'avait plus que la nuit et la pluie comme compagnes. 
L'eau coulait sur sa peau et lavait son corps du sang et de la poussière qui le recouvrait.
Haletant, il retrouvait doucement sa vision normale et le contrôle de ses sens.
Tous ses membres tremblaient, sans qu'il ne puisse les contrôler.
Il laissa tomber le poignard ensanglanté sur le sol, sans un regard pour le corps gisant à ses pieds, et voulut reprendre sa route : Il ne devait en aucun cas rester là..

Mais le sorceleur n'avait pas fait trois pas qu'une douleur sourde lui transperça la poitrine.
Les yeux écarquillés et les dents serrés, il tomba à genou, une main étreignant l'emplacement de son coeur. Prit d'un violent hoquet, il cracha du sang sur les pavés, et respira bruyamment, comme s'il manquait d'air....
Il avait atteint ses limites. Non seulement son corps était meurtri de multiples blessures, mais il subissait maintenant les effets secondaires à l'ingurgitation de ses drogues : Le combat contre le démon l'avait poussé dans ses derniers retranchements, et il avait dut user des plus puissantes drogues qu'il possédait pour vaincre .. Ce faisant, il avait atteint le seuil critique de toxicité.

Geralt voulut se relever pour pouvoir enfin sortir de ce coupe-gorge, mais un effrayant constat s'imposa à lui : Il n'en avait plus la force !
Ne pouvant rien faire d'autre, il se traîna jusqu'à un mur contre lequel il s'appuya. Levant la tête vers le ciel orageux, seuls la sensation des gouttes de pluie tombant sur son visage lui permettait de savoir qu'il était en vie...
 

Un immense feu s’était déclaré dans Nexus, et la peur régnait chez ceux qui avaient une maison, ou tout autre lieu où ils vivaient, vers la zone la plus proche de l’intempérie. Tout avait commencé par une énorme explosion qui en avait fait sursauter plus d’un. Le feu avait ensuite suivi, ravageant plusieurs bâtiments, et ce pendant assez longtemps pour qu’il n’y eut plus d’espoir. Néanmoins, la pluie vint, et elle balaya les flammes et apaisa l’air rendu lourd par la fumée en la dispersant. Peu à peu, on constata les dégâts et la vie reprit son dû.

Lorsque l’explosion avait ébranlé les bas fonds de Nexus, une créature qui n’était pas à sa place se promenait déjà dans les lieux. Elle s’était nourrie un peu plus tôt et était repue, donc calme et sereine, n’avançant que pour le plaisir de sentir les regards se poser sur elle. La prédatrice, de son regard envoûtant, examinait sans trop s’y intéresser les visages qui l’entouraient, cherchant quelque chose d’anormal, ou quelque créature surnaturelle. Elle sentait que quelque chose de mauvais se préparait, et elle n’aimait pas cela. La lune était teintée de rouge, ce qui laissait penser à la vampire que la nuit apporterait avec elle beaucoup de sang avant que le jour ne se lève. D’un côté ce n’était pas pour lui déplaire.

Continuant sa promenade solitaire, elle ne fut nullement surprise par la déflagration qui résonna longtemps aux oreilles des humains. Lorsque la panique prit les habitants des lieux, elle sauta sur le toit d’une maison et utilisa les pouvoirs surnaturels qui lui étaient accordés lorsque la lune dominait le ciel. Sa silhouette se mit à rétrécir, à devenir de plus en plus gracieuse et souple. Sa colonne vertébrale s’allongea en prenant la forme d’une queue, des oreilles douces et soyeuses firent leur apparition à la place de celles, humaines, qu’elle possédait jusqu’alors. Lorsque la transformation s’acheva, Kira poussa un petit miaulement qui sonnait comme un rire. Désormais féline, elle fit quelques pas pour tester ses nouvelles pattes. Satisfaite de la souplesse de son corps, elle courba le dos. Les chats étaient décidément ses animaux préférés… Comme tous les félins et certains prédateurs.

Sautant de toit en toit, elle semblait sourire. Ayant gardé sa force, vitesse et résistance de vampire, elle se sentait incroyablement puissante, et l’air qui fouettait son visage félin lui faisait beaucoup de bien. Contrairement à un chat normal, son cœur ne battait pas, et son pelage noir semblait luire d’étranges éclats bleus, comme les anciens cheveux de la vampire, et ses yeux étaient restés les mêmes. Cramoisis, on pouvait apercevoir des flammes qui dansaient dans un bain de sang, comme si elles se réjouissaient de la couleur qui leur rappelaient des souvenirs et des envies. Malgré ces banalités, rien ne la différenciait physiquement d’un vrai chat. À part l’intelligence qui se dégageait de son regard et l’aura menaçante qui semblait tournoyer autour d’elle. Mais passons ces détails. Se dirigeant vers un lieu qu’elle ne connaissait même pas, elle se sentit attirée par quelque chose. S’arrêtant soudainement, elle huma l’air. Du sang, du sang en très grande quantité. Quelqu’un devait être sacrément blessé… Curieuse, elle se remit en route, courant à une vitesse telle qu’elle était imperceptible à l’œil nu. En chemin, elle entendit des commentaires, parlant d’un sorceleur. Elle ignorait ce que c’était. Ça sonnait comme « sorcier ». Peut-être était-ce un dérivé ? Un sang-mêlé ? De toute façon, elle goûterait par elle-même à son nectar vital et le découvrirait bien assez tôt.

Augmentant l’allure, elle finit par arriver tellement près de l’odeur qu’elle décida de s’arrêter et de marcher lentement. Toujours sur un toit, elle entendit des éclats de voix venant d’en dessous, ainsi que des bruits sourds de coups. Par instinct, Kira plaqua son ventre au sol et avança petit à petit, en prenant garde de bien se cacher. Mais de toute façon, il faisait tellement nuit en haut et son pelage était tant en accord avec la couleur du ciel obscur qu’on ne la distinguait qu’à grande peine, ombre parmi les ombres. Elle assista silencieusement au combat d’un homme aux cheveux d’argent contre une bande d’ivrognes. Admirative, elle faisait doucement onduler sa queue, les yeux rivés sur le prédateur. Car il était évident qu’il s’agissait d’un prédateur, il en avait les réflexes et les instincts. Se redressant brusquement quand il tomba à terre et se fit ruer de coups, elle s’apprêta à lui venir en aide. Après tout, il était un chasseur, tout comme elle. Elle ignorait quelles étaient ses proies et s’en fichait. Néanmoins, il reprit assez vite la situation en main et la vampire-chat remua les oreilles, satisfaite. Cependant, il saignait encore plus. Cela faisait un moment qu’elle avait repéré l’odeur du sang, mais ça devenait presque entêtant.

Il décapita celui qui semblait être le chef des ivrognes et se retourna d’un air menaçant vers le reste, qui déguerpit. La puissance de l’homme intéressa grandement Kira, qui fit un pas vers lui, mais se retint d’avancer davantage. Elle sentait le sang qui coulait de ses blessures, entraîné encore plus rapidement que la normale à cause de la pluie. Elle-même ne se rendait compte qu’avec peine qu’elle était trempée… Un mouvement attira son regard. Le sorceleur, puisqu’il semblait que c’était lui qui était appelé ainsi, avait décidé de fausser compagnie au cadavre et tentant à grande peine de s’avancer. Le suivant du regard, Kira assista à sa chute, qui dû être bien douloureuse, et se demanda pourquoi il avait porté sa main à son cœur. Ce n’était pas lui qui semblait le plus mal en point, pourtant… Quoi qu’il en soit, tandis qu’il semblait trop occupé pour la remarquer, elle sauta du toit et atterrit gracieusement au sol sans encombre et sans un bruit. Juste à ce moment-là, il recracha du sang par terre. Attirée par l’odeur, elle s’approcha rapidement et sans un bruit et fixa sur l’homme ses yeux cramoisis. Ne remarquant pas sa présence, il se traîna jusqu’à un mur et s’adossa contre lui, le visage tourné vers le ciel.

Toujours aussi silencieusement, Kira s’approcha de l’homme à demi allongé par terre. Il semblait vraiment très mal en point. Faisant onduler sa queue, elle s’étira en faisant sortir ses griffes et poussa un petit soupir de bien être. Décidément, elle appréciait ce corps. L’homme l’ignora, sans doute perdu dans ses pensées. Ou alors, il n’avait pas assez de forces pour la regarder. Ronronnant, elle monta sur ses genoux. La pluie collant ses poils, elle se mit à lécher sa patte avant. Constatant qu’il remuait à peine, elle se décida à reprendre son apparence normale. En une seconde, elle était redevenue vampire. Ses longs cheveux étaient mouillés, ce qui était assez inconfortable, mais elle se retenait d’utiliser ses pouvoirs afin de les sécher, préférant ne pas en mettre encore plus dans la vue de l’homme. Elle avait prit soin de mettre ses jambes de chaque côté des cuisses du sorceleur afin de ne pas lui faire mal, même si son poids était d’une vingtaine de kilos, étant donné son statut d’être surnaturel. Se penchant sur lui, elle écarta les cheveux mouillés du visage de l’être avant de lui sourire.

-   Tu es un prédateur aussi, n’est-ce pas ? Je m’appelle Kira…

Elle semblait heureuse de lui parler. Sa voix douce et mélodieuse atténuait les paroles dures qu’elle avait prononcées. Après tout, les prédateurs font peur aux proies…  Finalement, elle remarqua que l’homme était torse nu et recouvert de sang. Frissonnant, elle essaya de résister mais ne pu pas. Approchant ses lèvres du cou si gentiment offert, elle lécha le sang qui y était répandu. Sa langue était chaude, pour une raison inconnue, tout comme ses lèvres, ce qui contrastait avec la froideur de ses mains. Poussant un petit soupir d’aise, elle se colla contre le torse de l’homme. Néanmoins, elle se rappela qu’il était blessé et s’écarta de lui.

-   Je peux te donner de mon sang, si tu veux… Il a de grandes vertus curatives… Il t’aiderait…

Elle semblait apprécier le sorceleur. Elle ne savait pas qu’il était sensé tuer les créatures comme elle. Tout ce qu’elle savait de lui, c’était qu’il avait comme elle des instincts qui le gardaient en vie, et qu’il chassait. Et qu’il n’avait pas peur de tuer. Cela lui suffisait… Elle le regarda, examinant chaque détail de son corps. Elle se demandait comment il avait fait pour avoir autant de blessures. Contre quoi s’était-il battu ? Kira aurait-elle sa chance ? Elle aimerait bien essayer de se battre contre la même créature, pour voir… Mais pour le moment, elle devait se concentrer sur son interlocuteur. Plongeant son regard dans le sien, elle sourit à nouveau.

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Maîtriser sa respiration.
Contrôler les tremblements de ses muscles.
Inhiber la douleur lancinante parcourant son corps.
Et surtout, surtout, ne pas s'endormir...

C'était uniquement à ce prix que le sorceleur pouvait espérer avoir une chance de survivre. Adossé au mur de pierre, le regard tourné vers le ciel, les gouttes de pluie dégoulinant sur son visage et son corps, la respiration douloureuse, Geralt s'efforçait à ne pas sombrer dans les ténèbres, car il savait que jamais il ne se réveillerait.

Mais sa volonté s'amenuisait peu à peu. Son corps n'était qu'un torrent de souffrances. Il avait l'impression que chacun de ces muscles étaient déchirés, chacun de ses os broyés. A chaque nouvelle inspiration, il lui semblait inhaler du souffre. Chaque battement de coeur était comme un coup de poing dans son torse et dans ses tempes..

Pourquoi ne pas faire cesser tout cela ?
Pourquoi ne pas céder et goûter à un repos mérité ?
Lentement, ses paupières se refermèrent, jetant un voile sombre sur son esprit...

Le tueur de monstre rouvrit soudainement les yeux. Il avait senti quelque chose tomber sur ses genoux. Baissant les yeux, son regard tomba sur un chat, au pelage noir nuancé de bleu, entrain tranquillement de faire sa toilette.
L'incongruité de la scène lui fit hausser les sourcils, mais rapidement il remarqua les pupilles écarlates de l'animal qui le fixait désormais. L'homme aux cheveux d'albâtres fronça les sourcils. L'instant d'après, il se retrouva nez à nez avec une jeune femme aux yeux écarlates.

Une grimace et un léger recul de la tête trahirent la surprise de Geralt de se retrouver avec une femme presque allongée sur lui. D'abord une goule, puis un démon, ensuite des brigands et maintenant ça ! Comme s'il en avait pas assez vu cette nuit !
Commençait-il à délirer ?

L'inconnue se présenta, un sourire aux lèvres :

« -   Tu es un prédateur aussi, n’est-ce pas ? Je m’appelle Kira… »

Le sorceleur ouvrit légèrement la bouche mais ne répondit pas : Ces yeux cramoisis et fendus, ces canines pointues …
Oui, elle était un prédateur. L'un des plus dangereux. Et elle le considérait, lui aussi, comme tel.
Soudain, la dénommée Kira baissa les yeux. Ses lèvres commencèrent à légèrement trembler. Elle se pencha vers lui..

Le tueur de monstre se raidit instantanément, et il eut un mouvement de recul, mais il était bloqué par le mur derrière lui. Les dents serrés, Geralt vit la bouche de la vampire se rapprochait dangereusement de son cou. Cherchant à tâtons, sa main droite se referma sur une pierre de moyenne taille.
La vampire desserra les lèvres à quelques centimètres de son cou .. Avant de venir lécher le sang qui coulait sur sa peau pâle.

Le sorceleur resta figé lorsqu'il sentit, non pas les crocs acérés et froids, mais la langue chaude et douce de la vampire. Kira vint se lover contre lui. Il la sentit frissonner de plaisir. Geralt, lui, laissa échapper un grognement de douleur.
Néanmoins, la vampire s'écarta rapidement, extatique, comme s'il lui avait offert un superbe cadeau.

Elle lui fit alors la plus surprenante des offres :

« -   Je peux te donner de mon sang, si tu veux… Il a de grandes vertus curatives… Il t’aiderait… »

Stupéfié, Geralt releva la tête et la regarda dans les yeux, la bouche entrouverte, alors qu'elle détaillait ses blessures. Puis, sans prévenir, le sorceleur fut agité de soubresauts. Un rictus apparut sur son visage. Ce qui ressemblait en un début de spasme se transforma en un rire étranglé, moqueur, tranchant radicalement avec la gentillesse apparente de la jeune femme, qui se termina en une toux sanglante.
L'homme reprit difficilement sa respiration, du sang coulant de sa bouche, avant de relever la tête, plongeant ses pupilles fendues dans celle de Kira, un sourire mauvais aux lèvres :

« -     Plutôt crevé, vampire. » Cracha t-il.

La vampire avait remarqué que sa présence ne plaisait pas vraiment à son nouvel interlocuteur, la preuve était son subit mouvement de recul et ses traits qui se tordirent en une grimace dégoûtée. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il semblait autant mépriser sa présence, mais après tout elle s’en fichait. Qu’il l’apprécie ou non était le cadet de ses soucis. Elle avait été gentille avec lui, à lui de voir s’il voulait lui rendre la pareille. Les yeux cramoisis de la créature nocturne n’exprimaient aucune soif, contrairement à leur habitude. Elle avait bien bu avant de venir jusqu’ici, et le fait de s’être retrouvé dans le corps d’un félin lui avait fait oublier pour un temps ses désirs sanglants, même s’il lui était toujours aussi difficile de résister à l’appel de l’odeur du sang.

Elle se présenta, lui laissant l’occasion de faire de même, mais il ne sembla pas le comprendre et resta en silence. Décidant de se laisser aller à ses instincts, elle se pencha sur le cou de l’autre, flairant l’odeur délicate et attirante que le sang diffusait dans l’air.. Comme si il eut été électrisé, il se raidit avant de se précipiter en arrière, mais le mur lui coupa toute retraite et il dû, contre sa volonté, rester entre les griffes de Kira. Finalement, ses lèvres entrèrent en contact avec la peau de l’homme sur lequel elle s’était retrouvée et elle le sentit remuer un bras. Sa pupille avertie lui signala qu’il s’était saisi d’une pierre de taille impressionnante, sans doute une de celles qui s’était descellée lorsque l’explosion avait eu lieu. Elle se dit qu’il avait sûrement l’intention de la blesser avec, ce qui la fit rire intérieurement. La seule trace de son hilarité sur son visage fut la flamme dévorante qui apparut dès lors au plus profond des pupilles effilées de la vampire. Il pensait réellement pouvoir entailler sa peau de marbre avec cela ? Il n’avait donc jamais eu affaire à un vampire ? Il ne pourrait rien contre elle, absolument rien, et surtout dans son état. Pour s’assurer qu’il ne ferait pas d’effort inutile, elle fit glisser ses doigts le long du bras qui tenait « l’arme » et, lorsqu’ils arrivèrent au poignet, le plaqua à terre.

Ses lèvres carmines posées sur la peau douce mais salie de nectar vital de l’humain s’entrouvrirent pour laisser passer sa langue chaude, ce qui était anormal pour une vampire, qui se devait d’être totalement de glace. Mais après tout, Kira était loin d’être une vampire normale, elle l’avait prouvé à de nombreuses reprises dans son passé, et ce jour-là apportait une nouvelle preuve. Elle fit glisser sa langue brûlante le long de la peau sanglante, goûtant au liquide carmin qui en sortait. Elle frissonna de plaisir et se lova contre le torse tout aussi sanglant de l’autre, savourant ce plaisir inattendu. Il grogna, lui montrant que lui n’aimait pas autant cela, mais elle s’en moquait éperdument. Il ne lui avait même pas dit son nom, après tout.

S’écartant finalement de lui après avoir nettoyé son cou, elle le regarda de ses yeux vampiriques, envoûtants. Ils étaient faits pour charmer ses victimes, les rendre consentantes à ses moindres désirs. Une fois qu’elle les avait hypnotisées, elle pouvait en faire ce qu’elle voulait. Des simples attouchements jusqu’à des sommets de perversion, d’un petit coup de langue sur une plaie à de grandes lampées de sang, les crocs plongées dans une artère juteuse, rien ne lui était plus refusé. Kira aimait se servir de certaines de ses proies ainsi, histoire de s’amuser, de se rendre compte de l’étendue de ses pouvoirs. Néanmoins, dans ce cas là, elle n’irait pas jusqu’à vraiment les utiliser. La plupart des effets de son charme ne dépendaient que de sa beauté statuaire de morte-vivante figée dans l’âge de ses seize ans. Une statue qui vivait, qui bougeait, qui souriait. Le fil de ses pensées la fit sourire une nouvelle fois, et tandis qu’elle songeait à son sang, son précieux sang qui ne circulait plus grâce à son cœur mais par la magie des ténèbres, son regard se posait sur les différentes blessures de son interlocuteur. C’était alors qu’elle lui avait proposé de lui en faire boire pour le soigner, n’ayant pas idée de sa haine envers les vampires et autres créatures malfaisantes.

Contrairement à ce à quoi elle s’attendait, il se mit à rire. D’abord, elle crut qu’il était en train d’avoir une attaque, mais il se contentait juste de manifester une certaine hilarité. Allant jusqu’à recracher du sang. Elle s’écarta de lui à temps pour ne pas recevoir la giclée et se retrouva à quelques mètres, debout. Non, elle n’était pas debout, pas vraiment. Dans une posture défensive, les muscles bandés, elle s’attendait à une attaque. Au lieu de cela, il lui annonça qu’il préférait mourir que de boire son sang. En des termes moins littéraires, néanmoins. Souriant à son tour ironiquement, la vampire lui lança :

-   Justement, il me semble que ton désir sera bientôt possible, voire même fatal.

Elle ignorait pourquoi il détestait autant les vampires, mais au moins il n’était pas assez stupide pour ne pas comprendre qu’il en avait une en face de lui. Néanmoins, elle n’allait pas se laisser impressionner. Il n’était pas aussi bien que ce qu’elle imaginait, puisqu’il était mortel. Elle s’était attendu à mieux. Visiblement déçue, elle se détendit. Se recoiffant de ses doigts en lissant ses cheveux trempés en arrière pour ne plus avoir de mèches devant les yeux, elle s’approcha de quelques pas, n’ayant rien à craindre de l’homme aux cheveux argentés étendu au sol. Trop près… Son regard de feu tomba sur les gouttes qui perlaient sur la commissure de ses lèvres. S’approchant encore, doucement, elle se pencha et arriva à quatre pattes devant lui, très près, ne se souciant guère de lui, de ses réactions, puisqu’il était déjà mort. Enfin, ce ne saurait tarder, s’il continuait à s’obstiner. Et elle avait trop l’habitude de boire du sang sur des mourants pour savoir qu’ils ne lui opposaient jamais de résistance. Posant avec douceur ses mains sur les épaules de l’homme, elle le plaqua au mur pour l’empêcher de se mouvoir, et descendit ses mains pour bien retenir ses bras contre la paroi afin qu’il ne tente rien. Finalement, elle approcha ses lèvres de sa lèvre inférieure et la saisit entre elles puis l’aspira, la suçant légèrement, afin de boire le sang qui s’y trouvait. Une fois que ce fut fait, elle lécha le sang qui avait coulé sur son menton à petits coups de langue. Souriante, elle éloigna son visage du sien et lui lança :

-   Si tu ne veux pas de mon sang, qui pourrait te remettre d’aplomb en quelques minutes, moi je veux bien du tien. Et je n’aime pas boire d’un cadavre. Alors j’espère que tu ne m’en voudras pas d’en profiter avant que tu ne coagules.

Puis, elle plongea sur son torse et se mit à le lécher, savourant tout le sang qu’il lui était possible d’aspirer avec sa langue. Elle nettoya son cou, puis ses clavicules et descendit un peu sur son torse, le retenant toujours en plaquant ses bras au mur. De petits soupirs de plaisir lui échappaient tandis qu’elle se nourrissait de son festin.

La vampire eut un sourire moqueur à la réponse du sorceleur.

« -   Justement, il me semble que ton désir sera bientôt possible, voire même fatal.  » Lança t-elle.

Comme s'il ne le savait pas.
Apparemment, elle ignorait qui il était.
Elle ne savait pas qu'ils étaient tout deux aussi inconciliables que l'Eau et le Feu.

Elle faisait parti de ces êtres qui se croyaient au dessus de tout, ne pensant qu'à eux, n'agissant que pour leur propre plaisir ou envie. Aux yeux de Geralt, elle aurait apprécié que lui même devienne un vampire, sans penser une seconde, que ce serait la pire chose qui pourrait arriver au sorceleur : Le chasseur qui devenait le prédateur de ceux qu'il protégeait auparavant, et la proie de ses pairs .. Non, il ne pourrait le supporter.

Par son refus, le tueur de monstre passa, aux yeux de la vampire, du statut d'« être intéressant » à  celui de « proie potentielle » : Les pupilles écarlate se posèrent sur les lèvres de Geralt. Kira avança à nouveau vers l'homme aux cheveux d'albâtres, tel un chat.
Les mains de la jeune femme se posèrent sur ses épaules et descendirent sur ses bras. Elle le poussa doucement contre le mur. C'était une illusion. La vampire n'aurait aucun mal à l'immobiliser s'il tentait de se dégager.

Ayant retrouvé son calme, le sorceleur se contenta de ne pas bouger, la fixant de ses pupilles fendues .. Résigné ou réaliste ? Leurs visages se rapprochèrent, lentement. Il ressentit bientôt ses frissons lorsque leur lèvres se frôlèrent. Un instant, leur souffle se mélangea, avant que les lèvres de Kira ne se referment sur celle inférieure de Geralt. La vampire lécha son sang, doucement, sensuellement..
Une fois ses lèvres nettoyées, sa langue parcourut le menton du sorceleur, puis elle se recula. Souriante, elle ajouta : 

« -   Si tu ne veux pas de mon sang, qui pourrait te remettre d’aplomb en quelques minutes, moi je veux bien du tien. Et je n’aime pas boire d’un cadavre. Alors j’espère que tu ne m’en voudras pas d’en profiter avant que tu ne coagules. »

Alors que la vampire posa à nouveau ses lèvres sur la peau pâle du tueur de monstre, un rictus réapparut sur le visage de ce dernier : La langue de la jeune femme était aussi chaude et ses lèvres douces que ses mains étaient glaciales, et le sens de ses paroles morbides.
Ainsi, elle le considérait comme déjà mort. Boire son sang était l'unique chose qui intéressait la vampire ..
Geralt la laissa faire sans mot dire, se contentant de profiter quelque peu de l'instant : Cela lui aurait paru agréable si l'atroce douleur de ses blessures et brulures ne sublimait pas tout le reste. Après une petite éternité, alors que la vampire avait atteint la profonde plaie à son flanc droit qui continuait de saigner, il lui répondit enfin, un rictus de douleur et d'orgueil barrant son visage.

« - Je ne suis pas encore mort .. » Souffla t-il.

Il attendit que la jeune femme ait relevé les yeux vers lui avant de pencher la tête vers elle et de rajouter, doucement, dans un murmure :

« - .. Mais tout dépend de toi, Kira. »

Il ne tenta même pas de se débattre lorsqu’elle le plaqua au mur. Avait-il donc déjà abandonné la bataille ? Lui laissait-il son corps sans même se défendre ? Kira était légèrement déçue de la situation, elle appréciait les proies qui se débattaient jusqu’à la fin, qui lui faisaient sentir des frissons de plaisir alors qu’elles la blessaient sans réellement l’entraver dans ses projets… Elle aimait jouer les chasseresses. Et là, quelqu’un avait déjà chassé sa proie jusqu’à la rendre sans défense. En lui proposant de lui laisser boire son sang pour la guérir, elle n’avait voulu que pimenter le jeu. Et puisqu’il avait refusé, et bien elle se contenterait de le boire sans jouer. Rapprochant ses lèvres des siennes pour l’embrasser, ou du moins lécher et sucer ses lèvres ensanglantées, elle le sentit frissonner, ce qui l’amusa, au plus profond d’elle-même. Elle adorait que ses victimes la désirent avant de mourir. La plupart du temps, elle leur donnait même ce qu’elles désiraient, c'est-à-dire du plaisir sexuel. C’était si bon… Même pour un vampire, Kira n’était pas vraiment ce que l’on pourrait qualifier de normale. Et ça lui plaisait.

Elle s’amusa à lécher son menton et tenta de le faire réagir en lui disant qu’elle allait boire tout son sang puisqu’il avait refusé de goûter au sien. Puis, elle se mit à explorer son cou, il y avait beaucoup de sang en cet endroit. Sentant sa peau bouger, elle comprit qu’il souriait, ou du moins que l’expression de son visage avait changé. Ne se souciant pas de ce qu’il lui arrivait, elle descendit. Ses iris brillaient de plaisir, comme si le sang qui y dansait sa valse enflammée aimait ce qu’ils voyaient. Et c’était le cas. Le corps chaud de l’homme était recouvert de sang et de plaies. Il était beau, de son point de vue. Tout à fait appétissant. Un corps bien formé, une volonté certaine et beaucoup de sang. Et il était sous son pouvoir. Du moins il était impuissant et ne pouvait se défendre contre ses lèvres avides. C’était parfait. Continuant à descendre le long de son corps, elle arriva à la plaie qui semblait la plus profonde. Kira sourit et la caressa de sa langue, avalant le sang qui venait se loger dans sa bouche. C’est ce moment qu’il choisit pour parler, lui annonçant qu’il n’était pas encore mort. Ça, elle le savait, ce n’était pas la peine de le lui préciser. Si ça n’avait pas été le cas, elle ne serait pas là, en train de se régaler de son sang. Il devait le savoir, et donc avait une idée en tête. Se décidant à savoir laquelle, la jeune femme se redressa pour le regarder dans les yeux, attendant qu’il continue. L’homme pencha la tête vers elle, comme pour lui faire une confidence, et murmura que tout ne dépendait que d’elle. Intéressée, elle rapprocha son visage du sien et lui répondit, sur le même ton :

-   Vraiment ? Que veux-tu dire, homme ? Te déciderais-tu enfin à me laisser te guérir ?

Elle songea à ses précédentes paroles. Il semblait haïr les vampires. Semblant comprendre ses appréhensions qui avaient causé son premier refus, elle repris :

- Pourquoi n’aimes-tu pas les vampires ? Nous sommes tous les deux des prédateurs dans un monde qui ne fait que vivre sans s’amuser, mécaniquement. Nous sommes faits pour nous amuser, nous… Et tu sais, boire mon sang ne te transformera pas en vampire,  sinon la terre en serait peuplée. Pour cela, il faudrait que je te vide de ton sang et que je te remplisse avec le mien. Le sang de vampire n’est pas vraiment du sang. Il est de la vie liquide. Tu vois, il peut faire vivre un corps mort, il le guérit lorsqu’il est blessé. On nous dit morts vivants, mais nous sommes la vie elle-même… Alors c’est sincèrement que je te propose de t’aider. En échange, bien sûr, il te faudra me donner quelque chose, mais ne parlons pas de cela maintenant.

La vampire releva la tête à ses paroles, et le regarda droit dans les yeux, l'air intéressé.

« -   Vraiment ? Que veux-tu dire, homme ? Te déciderais-tu enfin à me laisser te guérir ?  ».

Elle sembla réfléchir quelques instants, avant de reprendre :

« - Pourquoi n’aimes-tu pas les vampires ? Nous sommes tous les deux des prédateurs dans un monde qui ne fait que vivre sans s’amuser, mécaniquement. Nous sommes faits pour nous amuser, nous… Et tu sais, boire mon sang ne te transformera pas en vampire,  sinon la terre en serait peuplée. Pour cela, il faudrait que je te vide de ton sang et que je te remplisse avec le mien. Le sang de vampire n’est pas vraiment du sang. Il est de la vie liquide. Tu vois, il peut faire vivre un corps mort, il le guérit lorsqu’il est blessé. On nous dit morts vivants, mais nous sommes la vie elle-même… Alors c’est sincèrement que je te propose de t’aider. En échange, bien sûr, il te faudra me donner quelque chose, mais ne parlons pas de cela maintenant. »

Le sorceleur fronça les sourcils, suspicieux : Il n'avait jamais entendu dire que le sang de vampire avait des vertus curatives. Était-ce un piège ? 
Laissant cette interrogation de côté, un rictus apparut sur son visage et il eut un petit rire étranglé.

« - Tu ne crois pas que j'ai perdu assez de sang pour remplir la première condition ? .. Il suffirait que je sois un peu trop gourmand et pfou ! .. » Cracha t-il, difficilement, ironique.

Puis il reprit son souffle et son sérieux, avant de répondre à la jeune femme :

« - Nous sommes tous deux des prédateurs, oui, mais nous sommes aussi inconciliables que l'eau et le feu. » Il fit une pause « - Toi, tu chasses les hommes pour leur sang et pour ton plaisir. Moi, je traque les créatures qui chassent les hommes... Je suis un sorceleur. »

Son regard rivé dans celui de Kira, l'homme aux cheveux d'albâtre laissa le temps à la jeune femme d'assimiler le sens de sa phrase, lourde de sens et de sous-entendus.
Il respira profondément avant de reprendre son explication :

« - Dès ma naissance, cela a été décidé ainsi. J'ai été élevé pour ça, mon corps a été forgé dans ce but... Pour devenir définitivement plus fort, j'ai du subir, à l'age de quinze ans, ' l'épreuve de l'herbe ' : Elle consiste à ingérer une drogue surpuissante qui altère définitivement l'organisme.»

Nul doute qu'il faisait là allusion à ses cheveux d'albâtres, sa peau pâle et ses yeux fendus. Geralt fut pris d'une quinte de toux mais continua tout de même :

« - Comme si cela n'était pas suffisant, ce soir, j'ai du utilisé toute ma panoplie de drogues de combat : Mon corps est arrivé à ses limites. Les toxines se sont accumulés dans mes organes. Mon cœur bat irrégulièrement... Je suis véritablement étonné que tu ais trouvé mon sang à ton goût ! » Conclut-il dans un petit ricanement, avant de reprendre son souffle, en fermant les yeux.

Il rouvrit les yeux, visage tourné vers le ciel :
«- J'ignore comment mon corps va réagir à l'ingestion de ton sang de vampire, Kira. Il se pourrait que cela me guérisse, mais mon coeur pourrait aussi très bien explosé. » Un rictus apparut barra son visage. « Et j'aimerais éviter cela autant que possible.. »

Geralt se cala mieux contre le mur, puis respira profondément avant de river à nouveau ses yeux dans ceux de la vampire :

«- Voilà ma proposition. Si tu tiens tant à me venir en aide, j'ai une chambre dans une auberge discrète en dehors des bas-fonds. J'y ai laissé toutes les affaires inutiles pour ma traque, notamment de quoi me soigner. Si tu m'aides à y retourner en entier, j'aurais une dette de sang envers toi. »

Son interlocuteur sembla ne pas la croire, mais elle s’en fichait. Elle adorait le voir dans cet état, finalement. Il était si faible, si démuni… Mais il restait aussi arrogant et méfiant ! Elle sourit. C’était fort intéressant… Il sourit à son tour, un rictus, néanmoins, et rit, d’un rire saccadé qui devait lui être douloureux. Il lui signala qu’il avait perdu assez de sang pour remplir la première condition et que dès qu’il aura but trop de sang, il se transformera et deviendra comme elle. Kira sembla amusée. Se rapprochant de lui, puis, en s’appuyant sur ses mains, se mettant pile au-dessus de lui, elle posa ses lèvres carmines sur le cou palpitant de l’homme et fit mine de le mordre, en répondant :

-   Parce que tu crois que c’est aussi simple ? Je dois te vider moi-même de ton sang si je veux te transformer, en plantant mes crocs en toi. Tu dois me remplir pour que je puisse le faire, te donner mon sang pour te faire devenir vampire. Ainsi, il se créera entre nous un lien inébranlable… Mais personne autre qu’un être de la nuit ne peut comprendre cela. Votre cœur est vivant, il ne peut supporter ce que le nôtre accepte sans se plaindre.

Elle sourit à nouveau et s’éloigna de lui, sans pour autant se relever. Ça l’amusait, de se retrouver au-dessus de cet être, car il en semblait contrarié. Il sembla reprendre son souffle, néanmoins, et lui raconta qu’il était un sorceleur, et que si elle chassait par plaisir et par faim, lui le faisait pour défendre les humains. La vampire sembla ne pas apprécier cette information. Ses yeux prirent une teinte plus sanguine, tandis que les flammes qui dansaient dans ses iris devenaient noir d’encre. Elle était en colère. Fermant les paupières, elle se concentra quelques secondes et rouvrit les yeux. Ils étaient redevenus comme avant, mais une trace d’indignation restait en elle. Pourquoi les chasser ? Ils ne faisaient que se nourrir ! Les humains aussi traquaient des animaux pour se sustenter, pourquoi pas les vampires ? De plus, il y avait moins de vampires que d’humains, alors pourquoi se plaindre ? Et les humains, eux, faisaient du mal à la terre, ils pillaient leur environnement, détruisaient la nature, ne prenaient pas en compte les autres. Alors que les créatures des ténèbres, elles, ne se faisaient jamais remarquer et ne dérangeaient aucune créature dans son propre habitat…

Tandis qu’elle réfléchissait à tout ceci, son interlocuteur reprenait son souffle, et il reprit par là-même là où il en était, racontant son histoire. Il dit qu’il n’avait pas choisi, qu’on l’avait éduqué pour qu’il devienne sorceleur. Ainsi, il était peut-être récupérable… Il ajouta qu’on lui avait fait ingérer une drogue altérant définitivement son corps, ce qui était sûrement une allusion à la couleur inhabituelle pour un homme de ses cheveux et de la forme de ses pupilles. Il finit sa tirade en disant qu’il avait utilisé toutes ses drogues en un seul soir et qu’il était vraiment mal en point. Et il lui avoua son étonnement, elle avait trouvé son sang agréable alors qu’il était toxique. Elle sourit.

-   Je ne suis pas un vampire normal, très cher…

Il lui fit part de ses peurs, ensuite. Soit il guérissait en buvant son sang, soit cela le tuait. Cela, elle pouvait le comprendre. Mais elle avait une confiance surprenante en son sang, il en avait tiré plusieurs hors des prémices de la mort. Incertaine, elle le sentit se caler plus confortablement contre le mur pour lui faire une proposition intéressante. Si elle l’aidait à aller dans la chambre d’une auberge où il avait de quoi se soigner, il aurait une dette de sang envers elle. Une dette de sang… Cela voudrait-il dire qu’il lui laisserait boire encore du sien ? Elle sourit, ses yeux s’illuminant. Se relevant, elle arracha le bas de son kimono pour créer un bandage, qu’elle noua délicatement autour de la taille de son humain afin qu’il cesse de saigner. Lui tendant une main froide, elle saisit une des siennes et le força à se relever, entourant ensuite ses bras de son torse pour le faire tenir debout. Vraiment, elle avait une force extraordinaire… Elle ne sentait qu’à peine son poids, ayant mobilisé tous ses muscles. Lui souriant, elle demanda :

-   Où se trouve ton auberge ? Je t’y conduis sur le champ. Aie confiance en moi, je peux t’y emmener rapidement… Quoique…

Elle jeta un coup d’œil à ses blessures et se mordit la lèvre. Il n’était vraiment pas en état… Soupirant, elle se résigna. Fermant les yeux, elle se concentra, et des os fins sortirent de son dos, dans une explosion de sang. Elle le sentait à peine, mais c’était impressionnant. Une fine membrane se mit à relier les os entre eux, et commença à s’épaissir, comme les os. Au bout de quelques secondes, de jolies ailes noires de chauve-souris ornaient le dos de la vampire. Son kimono était légèrement déchiré, mais tenait bon grâce à l’obi. Elle sourit. Ainsi, cela irait plus vite.

-   Accroche toi à moi.

Elle-même resserra sa prise autour de son torse, et fléchit les genoux pour se donner une impulsion, puis s’envola, dans un battement d’ailes qui fit voler de la poussière sous eux. Au bout de quelques secondes, ils étaient haut dans le ciel, et elle le tint plus fort pour ne pas qu’il tombe.

- Où allons nous, donc… ?

Lorsque la jeune femme s'approcha de lui, jusqu'à ce que ses crocs effleurent la peau du cou du sorceleur, ce dernier ne bougea pas, un sourire en coin. Il commençait à cerner un tant soit peu son interlocutrice, arrogante et provocatrice, et de toute façon il n'avait plus rien à perdre. Elle lui expliqua alors, dans un murmure, son souffle chatouillant son oreille, le « rituel » pour devenir un vampire et ce qu'il en résultait, comme lui avait expliqué son initiation pour devenir sorceleur.
Son sourire s'agrandit : Lui ne pouvait imaginer le lien qu'unissait les vampires entre eux, elle ne pouvait comprendre les sentiments d'un sorceleur. L'eau et le feu. Inconciliable, à tout jamais...

Kira s'écarta de lui et, après qu'il ait exprimé son étonnement ironique sur ses goûts, elle lui répondit :

-   Je ne suis pas un vampire normal, très cher…


Elle n'avait nulle besoin de le préciser, il s'en doutait. Même s'il avait rarement parlé à des vampires, la rencontre se terminant à chaque fois très rapidement en un affrontement sanglant, Kira paraissait différente. Appartenait-elle à une caste supérieure ? Une élite ? Il nota mentalement de se renseigner plus tard sur la hiérarchie des vampires, s'il parvenait à survivre..

Quand il parla de « dette de sang », il vit les yeux de la vampire s'illuminait. Il aurait peut être du réfléchir à l'emploi du terme « sang ». Kira ne semblait pas avoir la même définition que lui...
Néanmoins, elle arracha le bas de son kimono pour lui faire un garrot. Geralt émit un grognement quand elle serra le bandage mais ne pipa mot. Il fut d'avantage surpris lorsqu'elle lui tendit une main pour se relever : Il la regarda quelques secondes avant de se décider à saisir son avant-bras.
Elle le releva sans effort. Une fois debout, il sentit sa tête tournait et ses jambes se dérobaient sous lui, Mais Kira l'entoura aussitôt de ses bras pour le soutenir. Même s'il savait que c'était une vampire, cela le dépassait toujours qu'une jeune femme si frêle d'apparence possédant une telle force. Souriante, elle lui demanda :

-   Où se trouve ton auberge ? Je t’y conduis sur le champ. Aie confiance en moi, je peux t’y emmener rapidement… Quoique…


Elle sembla douter tout d'un coup de pouvoir l'emmener facilement. Elle soupira et se concentra. Geralt haussa un sourcil en lui jetant un regard interrogateur, quand soudain, des os transpercèrent le dos de la jeune femme. Les yeux ronds, le sorceleur vit deux ailes poussées dans le dos de la vampire !

« -   Accroche toi à moi.  »

Avant qu'il n'ait eut le temps de protester, Kira s'envola, l'emportant avec elle. Ahuri, les yeux écarquillés, l'homme aux cheveux d'albâtres vit les pavés de la rue, puis les toits des maisons s'éloignaient à une vitesse phénoménale !
Prit un instant de panique, ses bras blessés ne lui permettant pas de s'accrocher solidement à Kira, il reprit son calme quand il constata que la jeune femme n'avait aucun mal à le porter. Il contempla néanmoins la ville qui défilait en dessous d'eux, la bouche légèrement entrouverte : C'était la première fois qu'il volait...
Il mit quelques secondes à réaliser que la vampire lui parlait :

« -    Où allons nous, donc… ?
 »

Apès l'avoir cherché des yeux dans la nuit, Geralt, prudemment, désigna de son bras un bâtiment à un angle de rue.

«- Là bas .. deux pâtés de maisons derrière la place de marché. » répondit-il, avant de rajouter en maugréant, après avoir laissé tomber son bras le long de son flanc «- J'aurais très bien pu marcher .. »

La vampire eut un sourire avant de plonger dans la direction indiqué, embarquant dans sa chute un sorceleur retenant difficilement un cri de frayeur. Le sol se rapprocha dangereusement et Geralt se surprit à fermer les yeux, mais Kira ralentit leur chute en déployant ses longues ailes de chauve souris : Ils atterrirent en douceur à quelques mètres de l'entrée de l'auberge.

L'ayant lâché, le tueur de monstre fit quelques pas en titubant avant de s'appuyer d'une main sur un mur. Fort heureusement, les rues étaient désertes. Après avoir repris son souffle, il fit un signe de tête à la jeune femme pour lui dire que ça allait.
Elle commença à se diriger vers la porte mais Geralt l'interpella :

« - Une seconde. »

Il avait repéré une bâche sur un tas de bois en se posant. Il s'en empara et la noua autour de lui telle une cape afin de masque son torse couvert de blessures et de marques, puis, en se regardant dans une flaque d'eau, il nettoya un tant soit peu le sang sur son visage. Il valait mieux ne pas attirer l'attention...

« - Allons-y. » Lâcha t-il à l'intention de la vampire.

Il entra alors en premier dans le bâtiment. L'aubergiste était à son comptoir, à moitié endormi, mais il se redressa en voyant entré le sorceleur. A la vue de son état, même partiellement masqué, l'homme cligna des yeux. D'un regard, Geralt fit taire toutes questions qui aurait put naitre dans sa bouche. Le tueur de monstre s'approcha :

« - Je voudrais la clé de ma chambre. » Demanda t-il d'une voix qu'il espérait assuré.

Sans rien dire, l'homme la décrocha et la lui tendit. Geralt rajouta :

« - J'aimerais que vous m'apportiez également deux cuvettes d'eau chaude, dès que possible.  Vu l'heure tardive, je rajouterais un supplément à ma note. »

L'aubergiste se contenta d'hôcher la tête, jeta un coup d'oeil à Kira avant de retourner à ses occupations. Un homme intelligent qui savait quand il était préférable de ne pas l'ouvrir.

Le sorceleur et la vampire montèrent à l'étage. Il laissa Kira ouvrir la chambre puis ils entrèrent. La chambre n'était pas très grande, mais propre et confortable : Un lit, une commode, une fenêtre, et même une cheminée. Au pied du lit, deux sacoches étaient posés un peu négligemment.
Geralt laissa tomber la bâche qui lui servait de cape et s'agenouilla, avec quelques difficultés, pour fouiller dans ses affaires ..

Pour sauver le sorceleur d’une mort plus que probable d’anémie, Kira lui fit un garrot autour de sa blessure principale, mais dû appuyer trop fort car il poussa un grognement qui manifestait sa douleur. Néanmoins, elle ne pipa mot, sachant très bien que plus c’était serré, mieux ça garantirait que le sang reste dans son corps. Elle lui avait ensuite tendu une main affectueuse pour l’aider à se relever, et il l’avait regardé quelques secondes, comme s’il était trop surpris pour faire autre chose. Cependant, il avait saisit son avant bras et elle l’avait relevé comme s’il était aussi léger qu’une poupée en tissu. Ce qui, pour la vampire, était le cas, sa force légendaire n’ayant pas d’égal dans le monde des mortels. Il chancela et elle le retint contre elle, puis lui demanda où se trouvait son auberge, afin de l’y conduire le plus vite possible, histoire qu’il vive encore quelques temps. Comprenant qu’elle n’arriverait pas très vite si elle se contentait de marcher, elle se décida à faire sortir ses ailes, ce qui lui provoqua une douleur à laquelle elle était habituée, mais qui entraînait irrémédiablement une perte sanguine conséquente. Heureusement qu’elle s’était bien nourri du sang de l’humain… Qui d’ailleurs avait était très surpris de voir les membres sortir de son dos, au vu de son expression subite.

Lorsqu’elle prit son envol, il sembla avoir peur. Elle-même était très confiante et savait qu’il ne risquait rien, mais lui tenta, elle le comprit par la douce pression qu’il exerçait sur elle, de s’accrocher encore plus. En vain, bien sûr, ses bras endommagés ne lui permettant pas de s’accorder une bonne prise sur les épaules de la vampire, qui pour le rassurer resserra la sienne sur son torse. D’une voix charmeuse, elle susurra :

-   Ne t’inquiètes pas, très cher, tu ne risques rien avec moi.

Elle lui demanda ensuite où ils devaient se rendre, et le sorceleur se mit à chercher des yeux le bâtiment où il aurait de quoi se guérir. Il mit quelques secondes, puis lui indiqua une bâtisse. Alors, il relâcha son emprise sur elle, son bras devant le faire souffrir, et maugréa qu’il aurait pu y aller en marchant. Les yeux carmin de la vampiresse se mirent à luire étrangement, et elle répondit :

-   J’aurais très bien pu te laisser là où tu étais, et vu ton état, on t’aurait attaqué pour te prendre le reste de tes affaires. Alors je te prie de te taire, l’expérience a été assez douloureuse et affaiblissante pour que je puisse avoir l’impression d’avoir fait ça dans un but utile. Tu n’as pas idée de ce que ça fait, quand des os transpercent ta peau pour se faufiler un chemin à l’air libre, propulsant le sang que tu as eu tant de mal à acquérir par terre.

Elle sourit néanmoins et se vengea en plongeant dans la direction indiquée, faisant crier de peur l’humain. Comme il était agréable de se laisser porter par le courant, les ailes repliées dans son dos… À quelques mètres sur sol, cependant, elle déploya à nouveau ses puissants membres, ce qui ralentit leur chute et leur permit de se poser en douceur, dans une grande bourrasque de vent. Il la lâcha et fit quelques pas en titubant, pour s’appuyer à un mur. Kira le fixait de ses yeux de créature ténébreuse, tandis qu’elle faisait rentrer ses ailes dans son dos. Cela aussi était douloureux, mais moins, puisque cette fois, elle n’avait pas à se percer la peau. Il la rassura sur son état mais lui demanda d’attendre avant d’entrer. Il alla prendre une bâche abandonnée là et s’en revêtit pour cacher ses blessures. La douce créature aux traits féminins haussa ses épaules de marbre et le laissa entrer, avant de le suivre comme une ombre discrète. L’aubergiste allait poser des questions mais se tu, sûrement à cause d’un regard assassin lancé par son interlocuteur, qui lui demanda la clé de sa chambre. Il les reçut, puis ajouta qu’il désirait deux bassines d’eau chaude et qu’il les paierait. Le gérant de l’endroit acquiesça et lança un regard à la vampiresse, qui lui sourit, dévoilant ses crocs blanchâtres et aiguisés. L’homme déglutit et retourna à ses activités. Amusée, Kira suivit donc le sorceleur jusqu’à sa chambre. Il lui donna la clé et elle s’en emparant, avant d’ouvrir la porte. S’effaçant pour lui laisser le passage, elle entra à son tour dans la pièce et lança un rapide regard circulaire autour d’elle pour examiner les lieux et vérifier qu’il n’y avait aucun danger.

Elle alla s’accouder à la fenêtre, tandis qu’il cherchait de quoi se guérir. Tandis qu’il fouillait dans ses sacoches, Kira tendait l’oreille et entendit l’aubergiste monter les escaliers avec peine. Elle fut à la porte une seconde avant qu’il ne frappe et lui ouvrit, le laissant stupéfait. Dans un petit sourire, elle prit les cuvettes posées l’une sur l’autre sans effort alors que l’humain peinait à se maintenir debout, et le remercia de sa voix chantante, avant de lui donner de l’argent de sa propre poche. Après tout, elle n’en avait pas besoin, et disposait néanmoins d’une petite fortune. Refermant la porte, elle posa les cuvettes sur une table et se tourna vers son compagnon, pour lui demander d’une voix se faisant le plus attirante possible, celle qu’elle utilisait pour appâter ses proies :

- Tu voudrais que je t’aide en quoi que ce soit ?

Le sorceleur sortit d'une des deux sacoches diverses fioles et autres pots en céramiques. Il bénit silencieusement son ancien maître qui lui avait inculqué de toujours assurer ses arrières afin de se préparer au pire. Avec ça, il avait de quoi panser ses plaies et soigner ses blessures.
Alors qu'il choisissait avec soin les remèdes qu'il lui fallait, la vampire se dirigea soudainement vers la porte et l'ouvrit : Elle avait entendu le tavernier arrivé avec les cuvettes d'eau chaude et était allée à sa rencontre avant même qu'il n'ait frappé. Du coin de l'oeil, Geralt vit Kira le remercier avec le sourire d'un chat devant une souris, et lui versa quelques pièces. Le pauvre homme devait se demander dans quelle galère on l'avait entrainé...
Malgré la situation, alors que la jeune femme apportait les bassines, Geralt eut un mince sourire en coin :

« - Évites de trop l'effrayer. Il serait dommageable que la milice de la ville débarque. »

L'homme aux cheveux d'albâtre prit une petite fiole contenant un liquide bleu nuit, la déboucha et but son contenu d'un trait. Pendant quelques secondes, rien ne se passa, avant que le sorceleur ne tressaille imperceptiblement. Il inspira alors profondément comme s'il sortait d'une longue apnée.

« - Cet élixir devrait éliminer les toxines de mon corps. » Crut-il bon d'expliquer à la vampire.

Geralt se releva alors quelque peu difficilement et s'empara d'une des cuvettes qu'il apporta jusqu'à devant la cheminée. Avec précaution, il la posa par terre à côté de ses affaires et s'assit en tailleur devant le feu de cheminée. Ce simple effort avait fait couler de grosses gouttes de sueur sur le corps du tueur de monstre...
Il prit l'éponge qui baignait dedans et commençait à laver son  bras du mélange crasseux de sang, de poussière et de boue qui recouvrait entièrement son corps et ses plaies, plongeant régulièrement l'éponge dans la bassine. Mais avant d'avoir atteint son épaule, Geralt interrompit son geste, les dents serrés, le visage ruisselant de sueur. Son bras lui faisait atrocement mal ..

Kira lui demanda alors de sa voix la plus délicieuse :

« - Tu voudrais que je t’aide en quoi que ce soit ? »

Le tueur de monstre lui jeta un regard en coin, son visage fendu d'un faible sourire résigné. Un chat et sa proie
Même s'il aurait préféré éviter cela, il demanda calmement :

« - J'aurais besoin d'aide pour me .. laver et me soigner. »

Il plongea l'éponge dans la bassine et la serra d'une main avant de la tendre en direction de la jeune femme, l'invitant à le rejoindre.

Alors que Kira déposait les bassines dans un lieu où elles ne se renverseraient pas, Geralt, lui, souriait du petit manège de la vampire et lui conseilla de ne pas trop effrayer l’homme afin que la milice de la ville ne soit pas alertée du fait qu’un être provenant des méandres de l’enfer venait d’arriver afin de sauver un sorceleur des griffes de la mort. Souriant à son tour, elle se tourna vers lui pour répliquer mais n’eut pas le temps, il était en train de boire le liquide d’une fiole. La jeune vampire y jeta un coup d’œil. Non, ce n’était pas du sang, c’était d’un bleu nuit intense, et pourtant l’autre l’avait vidée d’une seule gorgée. Fronçant le nez, elle se dit qu’il n’était pas un suceur de sang, contrairement à elle, et donc qu’il était normal qu’il ne se nourrisse pas de ce précieux et attirant nectar vital. D’ailleurs, à l’inverse des effets de l’hémoglobine, ceux de son liquide lui provoquèrent des frissons suivis d’inspirations qui semblaient douloureuses. Sans trop savoir pourquoi, la jeune femme accourut aux côtés de l’humain, comme désirant l’aider, alors qu’elle savait très bien qu’elle ne pourrait rien pour lui, puisqu’il refusait de goûter à son sang. Pour la rassurer, il lui expliqua que la boisson était supposée éliminer les toxines dûes aux drogues de son corps. Acquiescant doucement, elle se recula pour le laisser continuer à panser ses plaies, qu’elles soient internes ou externes.

Le sorceleur se releva avec peine, visiblement épuisé et affaibli par l’effort qu’il avait fait en gravissant les escaliers sans aide. Le regardant avec un mélange de distance et d’affection, Kira le laissa transporter une des cuvettes jusqu’au feu de cheminée et s’asseoir devant ce dernier afin de s’exposer aux flammes qui léchaient la paroi en béton de leurs langues brûlantes, réchauffant la pièce par la même occasion. Il prit une éponge qu’il humidifia avant de s’en servir pour nettoyer son corps des crasses comme la boue, le sang ou autres, dans le but sûrement d’avoir une peau propre à panser. Néanmoins, il s’interrompit, une expression de douleur s’affichant sur son visage, de la sueur coulant. C’est alors qu’elle lui proposa d’une voix chaleureuse de l’aider à faire quoi que ce soit. Il n’était pas dans ses habitudes d’aider un humain, et encore moins de se sentir aussi maternelle envers l’un d’eux au point d’en oublier son éternelle indifférence. Après tout, elle savait que si elle s’attachait à l’un d’entre eux, ce ne serait qu’un futur de souffrances qui s’ouvrirait devant elle, car ces êtres sont mortels et leur vie fâne comme les pétales d’une rose, et avec la même vitesse…

Le tueur de vampire lui lança un petit regard en coin en prenant un air résigné suivit d’un petit soupir et elle su avant sa réponse qu’il la laisserait s’occuper de ses plaies. Effectivement, quelques secondes plus tard, il lui avoua avoir besoin d’elle pour le laver et le panser. Souriante, elle saisit l’éponge qu’il lui tendait et s’agenouilla derrière l’homme en tirant la cuvette à elle. Alors, avec douceur, elle commença à passer l’éponge sur le dos de l’humain, parcourant ses épaules musclées avec un petit sourire ravi. Elle descendit à ses bras, puis jusqu’au bas du dos, et nettoya l’éponge, avant de l’essorer et de se pencher afin de laver la peau du torse et du ventre, puis prit un temps pour s’occuper du cou et du visage. Enfin, elle marcha à quatre pattes jusqu’à se retrouver devant lui, pour lui sourire. En un instant, elle disparut de son champ de vision, puis réapparut, et le poussa en arrière, sur le matelas qu’elle venait d’apporter derrière lui. Prenant un air innocent, elle répondit à ses probables interrogations intérieures :

-   J’ai pensé que ce serait plus confortable que le sol… Et il faut que je nettoie tes jambes, maintenant. Et pour cela, je dois te… retirer ton pantalon. Navrée…

Elle ne semblait pas navrée du tout, pourtant, et c’est avec un grand enthousiasme qu’elle se pencha et ouvrit son pantalon, non sans douceur, et le baissa lentement, faisant attentions aux plaies nombreuses, puis le retira. Par gentillesse, elle ne fit pas mine de vouloir retirer le sous-vêtement, et trempa à nouveau l’éponge pour la passer sur ses cuisses, l’air concentré sur sa mission alors qu’elle s’extasiait de la chaleur qu’elle sentait sous ses doigts. D’ordinaire, elle n’avait pas trop le temps de s’attarder sur le corps vivant d’un humain, et cette expérience était assez agréable, surtout que celui du sorceleur pulsait doucement au rythme de son sang, et était assez attirant, pour celui d’un humain. La vampiresse en était légèrement troublée, même si elle ne le montrait pas et restait de marbre. Elle ne se laisserait pas avoir par cette faiblesse humaine qu'était le désir, non, sûrement pas...

La vampire, apparemment ravie de la demande du sorceleur, s'empara de l'éponge et, se plaçant derrière lui, se mit aussitôt à la tâche : Avec douceur, elle lui lava les épaules et le dos, en prenant son temps.    Le contact de l'eau chaude sur sa peau fit un bien fou au chasseur de monstres : Les yeux fermés, il soupira d'aise, alors que la jeune femme descendait dans le creux de son dos. Une fois son travail finit, Kira se pencha sur lui pour continuer nettoyage. Déclicatement, elle passa l'éponge sur son torse. L'homme aux cheveux d'albâtres sentit son souffle lui chatouiller la nuque, mais il resta impassible.

Des gouttes coulaient le long de ses muscles saillants, mais elles étaient vite rattrapées par l'éponge menée d'une main d'experte. Peu à peu, le contenu de la cuvette d'eau chaude s'assombrit d'un mélange noir et rougeâtre, peu engageant.
La vampire lui lava ensuite son visage et son cou, se montrant encore plus délicate. Geralt commençait à reprendre visage humain : la couche de crasse et de sang séché laissa place à une peau pâle constellé d'anciennes cicatrices...Kira prit ensuite soin de ses cheveux poisseux, les lavant consciencieusement avant de masser son cuir chevelu. Geralt en aurait presque oublié la douleur.

Le sorceleur rouvrit les yeux lorsqu'il ne sentit plus les mains de la jeune femme, et il la vit arriver devant lui, à quatre pattes. Soudain, elle s'évapora, littéralement. Geralt n'eut pas le temps de cligner des yeux qu'elle réapparut devant lui, à genoux et le poussa en arrière : Surpris, il bascula mais retomba sans mal sur un matelas.
Redressant la tête, il lui jeta un regard interrogateur, un sourcil levé. 

-   J’ai pensé que ce serait plus confortable que le sol… Et il faut que je nettoie tes jambes, maintenant. Et pour cela, je dois te… retirer ton pantalon. Navrée…

Le sourire en coin de la jeune femme démentait ses propos, sans compter qu'elle s'attaquait déjà à sa ceinture. Quelques instants après, elle le dévétit de son pantalon. Le tueur de monstre poussa un soupir résigné et se laissa retomber sur le matelas : Elle adorait le mettre dans des situations embarassantes mais il ne pouvait ni dire, ni faire quoi que ce soit.
La jeune femme lava alors ses jambes doucement mais se fit prendre à son propre jeu : Si le sorceleur remarqua son trouble, il ne dit rien.

Une fois le travail finit, Geralt se redressa sur son séant, avec précaution, et récupéra deux des pots qu'il avait sortit de ses affaires. Il les ouvrit alors, éprouvant quelques difficultés à cela, et une forte odeur d'herbes se fit immédiatement sentir : Le premier pot contenait une crème verdâtre tandis que le second était remplit d'une pâte épaisse et brunâtre.
L'homme aux cheveux d'albâtre désigna les deux pots successivement :

“Cet onguent permet de soigner les plaies ouvertes. Celui-là apaise les brûlures. Mais avant ...”

Pendant un instant, Geralt tâta sa profonde blessure au flanc, pensif, puis soudain, la saisit à pleine main, la pinçant pour refermer la plaie le plus possible. Il joignit les deux doigts de son autre main, les yeux fermés, concentré : Une vive lueur orangé les entoura d'un coup.
Rouvrant les yeux, Geralt appliqua ses deux doigts sur son flanc, parcourant lentemement toute la longueur de l'entaille, les dents serrées, de grosses gouttes de couleurs coulant sur son visage
Une légère odeur de chair brulée se fit sentir, mais l'instant d'après la plaie était refermée : Il l'avait cautérisé, ne laissant qu'une petite brulûre. Cela n'était apparemment pas son coup d'essai ...

La jeune vampiresse avait donc entrepris de laver son compagnon du moment, passant l’éponge humide tout le long de son dos. Elle ne put s’empêcher de trembler légèrement en se rendant compte qu’elle traçait des sillons blanc pâle marbré d’argenté au fur et à mesure qu’elle nettoyait la peau. Effectivement, cette dernière était d’une pâleur impressionnante pour un être pourtant bien vivant, et des cicatrices de toutes tailles l’ornaient comme une macabre décoration. Lorsqu’il était recouvert de boue et de sang, ainsi que de brûlures, Kira ne s’était pas rendue compte que même son épiderme portait les traces de sa puissance, et à cet instant, elle se plaisait à les admirer, imaginant quels rudes combats l’avaient amené à être ainsi marqué. Une partie d’elle savait que ces marques avaient été faites en détruisant des créatures comme elle, nées de l’étreinte des ténèbres et du sang, et n’aspirait qu’à se jeter sur le sorceleur afin de le tuer, car il représentait un danger. Mais l’autre était calme, et désirait la compagnie de cet homme si fort et si agréable, car il n’avait pas tenté de la tuer, au contraire, et était capable de converser tranquillement avec elle. Aussi ne réagit-elle pas beaucoup, prise dans un combat interne qui la mènerait à des actes que pour le moment, elle ne parvenait pas à anticiper.

Finalement, quand elle eut fini de laver le dos de son compagnon, elle jeta un coup d’œil à la bassine, dont l’eau avait pris une affreuse teinte oscillant entre le noir et le rouge. Soupirant légèrement, elle pensa qu’il ne serait pas agréable pour l’homme d’être lavé par cette eau-là, et qu’à ce stade, elle ne ferait que le salir davantage. Aussi passa-t’elle sa main au-dessus du liquide, se concentrant, comme elle avait appris à le faire depuis quelques temps. Après tout, le sang de Poséidon coulait dans ses veines, comme celui de bien d’autres puissantes créatures, et elle avait hérité de quelques dons spéciaux qui lui permettaient de faire de grandes choses, dès qu’elle en éprouvait l’envie. Aussitôt qu’elle eut fini, l’eau avait repris sa clarté et sa pureté originelle, et fumait légèrement, réchauffée. Car avec le temps mis à bien s’occuper du dos du sorceleur, l’eau était devenue froide. Dès que sa magie eut opéré, la vampiresse trempa l’éponge dans la bassine, puis s’attaqua au visage et au cou de son compagnon. Elle ne savait pas ce qu’il pensait de ses pouvoirs, et se demandait s’il n’envisageait pas de l’attaquer, par peur qu’elle ne le fasse avant. Quoi qu’il en soit, cela n’interféra pas avec son envie de l’aider, et elle finit par terminer son ouvrage. Dès lors, elle entreprit de laver les cheveux poisseux et collés par le sang et la saleté, prenant soin de ne pas lui faire mal, se faisant plus délicate que jamais, la fraîcheur de ses doigts de pierre tranchant avec la chaleur de l’eau savonneuse. Finalement, elle le repoussa en arrière, le laissant tomber sans douleur sur le matelas que sa vitesse surnaturelle lui avait permis d’apporter sans que l’homme ne s’en rende compte, et lui avoua qu’elle devait continuer, et par conséquent lui retirer son pantalon. Bien entendu, le sorceleur se rendit compte de son sourire, et donc des idées qui courraient dans sa tête vampirique, mais ne fit point part de ses propres pensées.

Ainsi, la vampiresse débarrassa l’homme de son pantalon, qui commençait à coller à ses jambes à cause du sang qui le maculait, et entreprit de finir de le laver. Au fur et à mesure qu’elle rendait à la peau sa blancheur d’origine, elle ne pouvait s’empêcher d’être attirée par la chaleur qu’il dégageait, et par le sang qu’elle sentait couler dans ses veines. Malgré qu’il sembla le remarquer, il ne dit rien, et elle lui en fut reconnaissante, baissant légèrement les yeux sous son regard. C’est alors qu’il prit deux pots et les lui montra, après les avoir ouvert, laissant échapper un parfum de plantes assez fort pour faire plisser le nez à la vampiresse. Le sorceleur lui expliqua comment se servir des onguents sur les plaies, puis s’occupa de celle qu’il avait sur le flanc, et qui était béante. En quelques secondes, avec des efforts et une douleur visibles, il parvint à cautériser la plaie à l’aide de ses pouvoirs, et une atroce odeur de chair brûlée se fit sentir. Kira n’appréciait pas du tout ce fumet, qui lui rappelait de très mauvais souvenirs. De plus, un vampire n’aime pas le goût de la chair, juste du sang. Il n’est pas comme les loups garou, qui se goinfrent de chair humaine, en en propulsant partout autour d’eux, salement. Non, un vampire boit le sang de sa victime sans laisser beaucoup de traces, en général, laissant un cadavre propre, qui ressemble plus à un humain endormi qu’à un mort. Contrairement au loup garou de base, qui laisse derrière lui un corps difforme, dont on aperçoit les os et des morceaux de viscères. Secouant la tête pour ne plus penser à cela, Kira revint à l’instant présent, et saisit les deux pots que lui tendait son partenaire, afin de les déposer à côté d’elle.

Saisissant délicatement le premier, celui pour les plaies ouvertes, elle sembla légèrement dégoûtée à l’idée de plonger ses doigts là-dedans, mais contint sa répulsion et en prit dans sa main. Puis, elle regarda les blessures, et prit de la pâte dans son autre main, sur le bout de ses doigts, et commença à l’appliquer délicatement dessus, faisant de son mieux pour ne pas faire souffrir l’homme. Ensuite, elle fit de même, mais pour les brûlures, avec l’autre pot. Le tout dura plusieurs minutes qui durent paraître une éternité pour le blesser, mais Kira termina sa tâche et plongea son regard carmin dans le sien.

-   Ça aurait été plus rapide et moins douloureux pour toi de boire mon sang, comme je te l’avais proposé…

Finalement, elle s’étira, faisant craquer ses os, puis se lava les mains dans la bassine qu’elle avait au préalable à nouveau épurée, avant de les sécher d’un simple souffle, tranquillement. Ensuite, elle reporta son attention sur le sorceleur, et s’assit à ses côtés, tout près de lui, sa peau effleurant la sienne. Son regard était comme agité par des flammes rougeâtres, qui coloraient magnifiquement ses iris. Effectivement, Kira était une digne représentante des vampires, et comme ses congénères, aimait séduire ses proies avant de les goûter. Cependant, dans le cas présent, elle avait déjà goûté sa proie. Soulevant une de ses mains, elle caressa le menton, puis la joue de l’homme, du bout des doigts, lui souriant. Il était toujours à demi-nu, et un simple sous-vêtement cachait son entrejambe, le protégeant d’éventuels attouchements. Plongeant son regard hypnotique dans le sien, elle susurra :

- Puis-je faire autre chose pour toi ?






[Je m'excuse encore du temps mis... =/]

Le sorceleur frissonna au contact des doigts de glace de la vampire sur son cuir chevelu.
Il soupira quand elle nettoya sa peau avec de l'eau délicieusement tiède.
Il serra les dents quand elle appliqua les différents onguents sur ses blessures encore vives..

Les soins durèrent encore longtemps. Ses entailles et brûlures étaient innombrables. Plusieurs fois la vampire purifia et réchauffa l'eau qu'elle utilisait à l'aide de la magie. Si Geralt vit son tour de passe-passe, il n'en dit rien et la laissa faire. Peu à peu il sentit son corps se détendre. Les herbes faisaient leur effet et la douleur s'estompait, même s'il était loin d'être guérit...

Kira termina de passer l'onguent sur une entaille barrant les pectoraux du chasseur de monstre avant de le dévisager ses yeux de braise. Elle lui reprocha à nouveau de ne pas avoir bu son sang. Geralt eut un faible sourire sarcastique et il siffla entre ses dents serrés :

- C'est une manière d'a ... d'apprendre de mes erreurs.. Et celle là je m'en souviendrais longtemps. Finit-il en ricanant avant de reprendre son souffle difficilement. Dieu qu'il était faible ..

Sa tâche finit, la jeune femme vint s'asseoir lascivement à côté de lui, cherchant son regard de ses yeux rouges carmins. Elle caressa de sa main une des joues de l'homme aux cheveux d'albâtre, et lui demanda d'une voix sensuelle s'il avait besoin d'autre chose.
Mais le sorceleur garda son regard vide fixé sur l'antre de cheminée où brulait un bon feu. Après un instant de silence, il répondit à la vampire :

- Je suis à bout de force. J'ai besoin de repos ..

Sans attendre de réponse, il se mit à genou, sur la peau en cuir posée devant la cheminée, avant de reprendre son explication :

- Je vais entrer en méditation pendant deux jours. Cela facilitera ma guérison : Mes blessures cicatriserons plus vite et mes côtes fracturées auront le temps de se ressouder.

L'instant d'après, les mains sur les genoux, Geralt avait fermé les yeux et était entré en méditation...

***************

Par intervalle de six heures, le sorceleur sortait de sa méditation quelques minutes afin de manger et de boire un peu, ainsi que repasser de l'onguent sur ses blessures quand il l'estimait nécessaire.
Au premier intervalle, il remit son pantalon..

***************

Geralt rouvrit les yeux. Un peu plus de deux jours s'était écoulé, mais pour la première fois depuis son combat il se sentait reposé. Dehors, la nuit venait de tomber. Toujours assis à genoux devant la cheminée, il regarda ses bras, avant d'ouvrir et fermer ses mains à plusieurs reprises. Il fit jouer son épaule droite, puis l'autre. Il avait bien quelques courbatures, mais la douleur était minime. Enfin il tâta ses blessures et constata qu'elles étaient en majorité guéries ..