- Oulah, ils sont bien excités ce soir !- Bof, pas plus que d'habitude..."Elf chan" et "Bunny chan" avaient quitté la scène sous un tonnerre d'applaudissements, de sifflements et de hurlements d'excitation, réintégrant la loge pour prendre une pause bien méritée.
Quasiment tous les soirs, la salle du
Dahlia Noir était pleine à craquer, fréquentée par le même type de clientèle : salary-men accompagnés de leur patron, militaires venant de la base aérienne de Nakigawa, étudiants venus s'encanailler, yakuzas, noctambules de toutes sortes... Les deux filles avaient bien échauffé la salle. Elles étaient en quelque sorte le hors-d’œuvre, car le plat de résistance n'allait pas tarder et il promettait d'être savoureux.
Le speaker remercia le public pour avoir apprécié la prestation des deux strip-teaseuses avant d'annoncer la suite du programme :
- Gentlemen, voici celle que vous attendiez tous ce soir, celle pour qui vous vous êtes déplacés, celle qui hante vos rêves, la reine de la nuit, la déesse de l'effeuillage, la perle du Dahlia Noir, j'ai nommé Voodoooooooo !!!!Le lourd rideau rouge s'écarta et de la fumée jaillit de tubes placés de part et d'autre de la scène, masquant aux regards ce qui se trouvait au-delà. Soudain, une silhouette féminine s'avança, lentement. D'abord imprécise elle devint plus nette et les spectateurs purent voir surgir "la perle du Dahlia Noir" toute vêtue de cuir noir, avec des cuissardes finissant en talons aiguilles, un string, un soutien-gorge qui peinait à contenir (ou qui contenait à peine ?) son opulente poitrine, une petite veste qui semblait avoir été faite pour un enfant de dix ans et une casquette de biker.
Quand elle apparut, la clientèle, attablée comme debout, manifesta son enthousiasme de manière fort expressive, les Américains surtout, poussant des hurlements que n'aurait pas désavoué le loup de Tex Avery.
Elle commença à danser sur scène au son d'une
musique techno, se déhanchant vigoureusement, ouvrant de temps à autre sa veste pour offrir aux mâles émerveillés la vision de ses seins emprisonnés dans le soutien-gorge et qui menaçaient à tout instant de déborder...
Tout en continuant à se trémousser, elle descendit les quelques marches qui menaient à la salle et commença à évoluer au milieu des tables, sous les regards mi-admiratifs mi-concupiscents des clients qui, tout à leur excitation, n'oubliaient pas la règle d'or de toute boite de strip-tease : on ne touche qu'avec les yeux.
A un moment donné, elle s'arrêta devant une table où se trouvaient quatre hommes correctement vêtus et, tout en continuant à danser, commença à enlever avec une lenteur calculée la veste de cuir qu'elle balança ensuite sur la scène...