Rendez-vous avec l’Indécence [PV]

Il y avait dans le regard de Célestine un peu d'admiration devant l'aisance d'Ernest. À moins que ce ne fut de la jubilation – c'était finalement difficile à dire. En vérité, elle n'avait jamais eu jusqu'ici de soumis assez athlétique pour mettre réaliser son dessein. Pour en avoir simplement l'idée, même, car elle n'avait germé dans sa tête qu'une minute avant. Une chose était certaine : la séance n'allait pas être de tout repos pour le garçon.

Pendant que le milliardaire tenait la pose sans trop de difficulté, la jeune femme s'avança vers lui. Ainsi suspendu, leurs visages étaient presque à la même hauteur. Progressivement, elle leva les bras et étira, puis colla son corps contre celui, nu et tendu, du mutant. Elle n'avait pas spécialement beaucoup de poitrine, mais suffisamment pour que son haut soit la première chose à frotter contre la fourrure brune. Sensuelle, elle fit peu à peu mouvoir son bassin contre celui d'Ernest, sans toutefois chercher à titiller particulièrement son entrejambe.

Enfin, Célestine posa sa bouche sur celle du milliardaire. Ce n'était pas un baiser d'enfant, timide où elle se serait contenté du contact. Presque agressivement, sa langue vint chercher celle du garçon. Ses dents virent chercher sa peau. Partage de salive : celle de la jeune femme avait toujours le goût mentholé de son chewing-gum. Les frictions qu'elle imposait au mutant balançant, bien qu'elle soit encore complètement habillée, devenaient de plus en plus érotiques. Toute la manœuvre, pendant qu'elle ondulait, était en revanche effectuée sans les mains, et pour cause.

À l'aveugle, les bras levés, la fille aux cheveux bleus s'était arrangée pour nouer la laisse à la barre. Un double nœud, simple mais difficile à défaire, qui laissait environ la moitié du tissu tomber. Posant finalement sa main sur le torse d'Ernest pour légèrement le repousser, elle  interrompit le jeu buccal et fit un pas en arrière. Elle dévoila ses paumes, montrant qu'elle ne tenait plus l'étoffe.

« Je me demande combien de temps tu tiens… » fit-elle, malicieuse.

Le ruban ainsi attaché n'était certainement pas assez long pour assurer au garçon une redescente agréable si les muscles de ses bras le lâchaient. Dans ce qui serait peut-être le meilleur des cas, un des nombreux nœuds se déferrait et le choc serait brusque. Mais le plus probable, c'était encore qu'il reste solidaire de la barre, plus ou moins la tête en bas, plus ou moins agrippé à autre chose, suspendu par l'entrejambe.

« Qu'est-ce que tu penses de cinq minutes ? Si tu réussis… tu pourras me donner un ordre. »

Cinq minutes seraient déjà une épreuve difficile – impossible sans doute pour autre chose qu'un athlète. Mais bien sûr, elle n'allait pas rendre ces cinq minutes paisibles. Avait-il vraiment le choix de toute façon ?

Ce baisé ! Mais quel baisé ! Jamais personne ne l’a embrassé comme ça ! En fait, quasiment personne ne l’a embrassé depuis l’éveil de son gêne X. Il y avait bien eut les rares prostituées, payées triples pour qu’elles acceptent, mais impossible de comparer avec Célestine. Avec elle, il y a une sorte de passion sauvage ! Avec en plus la danse du corps, les poitrines en contact, le mouvement éloquent... C’est sûr, elle n’est pas dégoutée de lui ! Vraiment pas ! Et, tout aussi sûr, il apprécie. Ça peut se voir dans ses yeux rouges.

Déjà c’est fini ! Merde, c’était trop rapide à son goût ! En fait, il n’a pas pleinement pu en profiter car il craignait un coup en traitre, du style coup de laisse. Si jamais elle réitère, il risque for de bander, ce qu’il pourra difficilement cacher. En même temps, pourquoi vouloir le cacher ?

Maintenant, il l’écoute, regarde ses paumes, lève les yeux pour voir la laisse nouée à la barre fixe. Il comprend et son cerveau cherche aussitôt la parade. Il pense la trouver. S’il est sur le point de lâcher, il peut agripper des deux mains le ruban, juste sous le nœud. Si le ruban tient bon, il peut le mordre  et avec ces dents de malade, il le tranchera vite. Ce n’est pas une parade parfaite, ça risque de serrer au niveau des parties et s’il se loupe, dans l’état de fatigue qui sera le sien... mieux vaut ne pas y songer. Seulement, pour l’instant, ça lui convient.

« Cinq minutes... » il répète, presque perfide.

Sa langue passe sur ses babines, comme pour capter la moindre parcelle de menthe. Sa salive à lui à une drôle de saveur, rien de répugnant, mais singulier, un rien acidulé.

« Cinq minutes et je te file un ordre... C’est dangereux de me donner des défis. »

Elle peut le croire, lui le milliardaire qui ose organiser ce genre de séance chez lui, sans aucune complicité du personnel, sans que son père soit au courant. Cinq minutes, il sait qu’il peut tenir, sans réelle difficulté en plus. Son rapport force/poids sort des normes humaines puisqu’il a le poids d’un enfant et une musculature d’adulte. Il est de plus très sportif, le prix en compétition d’art martiaux le prouve assez.

« Et si je dure dix minutes, j’ai droit à deux ordres ? »

Célestine laissa échapper un éclat de rire amical. Son soumis ne doutait vraiment pas de lui… C'en était un peu inquiétant, à vrai dire, mais elle ne pouvait pas vraiment revenir sur sa proposition. Peut-être aurait-elle réellement sous-estimé sa capacité à tenir ? On était jamais vraiment sûrs, avec les mutants – considérant l’aléa de son propre pouvoir, elle en savait quelque-chose. Peut-être disposait-il d'une forme mineure de super force, ou quelque-chose dans ce genre là.

Le plus important, c'était de conserver les apparences, dégager une impression de confiance.

« Si jamais tu tiens dix minutes, je serai à ta disposition jusqu'à ce que tu en aies assez » annonça-t-elle, légère. « Mais ça n'arrivera pas… »

Elle sortit son téléphone de sa poche, et pianota quelques instants. Puis elle tourna l'écran vers Ernest : un chronomètre venait de se mettre en route, indiquant déjà qu'une poignée de secondes s'étaient écoulées. Elle posa l'appareil par terre, devant le mutant.

« J'ai grandi dans une fête foraine. La suspension, c'est une épreuve assez courante là-bas… Le candidat doit tenir deux minutes. S'il gagne, il remporte dix fois sa mise… »

La jeune femme se rapproche de nouveau, mais elle garde une petite distance cette fois. Elle avance simplement le bras, posant très directement la main sur l'entrejambe du garçon. Doucement, elle caresse la partie inférieure de ses bourses, puis remonte jusqu'à leur base, où le tissu forme un étau. Elle passe les doigts sous le ruban, desserrant légèrement le premier nœud.

« Bien sûr, ça n'arrive jamais. »

Tout aussi lentement, elle procède de la même manière pour la verge d'Ernest. Elle la frôle d'abord sur toute la longueur, puis réduit la contrainte du lien. Elle ne peut s'empêcher de tirer légèrement sur la peau, exposant davantage le gland. La main toujours sur son sexe, elle se penche en avant, et vient chercher de nouveau la bouche de son soumis. Son autre bras se glisse dans son cou, attirant sa tête vers elle. Elle l'embrasse, alors qu'elle le masturbe, à un rythme régulier.

Cela dure presque une minute, avant qu'elle ne se détache. Sa main se balade brièvement sur la fourrure du bras ventre du milliardaire – pour essuyer l'humidité sur sa propre peau, en vérité.

« La barre tourne sur elle-même, tout doucement… Comme elle est assez large, elle roule sous les doigts. C'est impossible de conserver sa prise longtemps… Ça n'a, en vérité, Rien à voir avec une épreuve de force… »

Elle fléchit les genoux, fouille dans son sac en toile. Remonte avec un lot de petites pinces métalliques. Célestine sourit.

Cette fois, c’est largement assez pour qu’Ernest soit réceptif aux bons soins de Célestine. Il apprécie sans réserve le second baisé auquel il participe activement, cherchant à prolonger le contact. On le sens assez assoiffé de ce genre d’attention et ses yeux en redemandent. Une fois le baisé terminé, de nouveau, sa langue rose s’invite sur ses babines, captant la menthe avec une lubrique gourmandise. Un vrai rat en manque !

Dans le même temps, plus bas, son pénis s’est raidi, l’érection est très honnête. Il n’en est pas encore à vibrer d’extase à la moindre perception, mais les mains de la jeune femme sont vraiment les bienvenues sur son corps. Il n’a qu’un regret, de ne pas pouvoir toucher lui-même, de ne pas pouvoir déshabiller cette compagne, palper ses seins, malaxer ses fesses... Il se demande alors pourquoi il ne l’a pas embauché juste comme une prostituée. Mais l’aurait-il seulement trouvé s’il avait été dans cette optique ? Il n’aurait pas eu la même démarche, n’aurait pas fréquenté les mêmes forums, croisé les mêmes personnes. Et puis, il ne peut nier que ce petit regret l’excite. Il est forcé de se tenir des deux mains à la barre, il n’est pas maître du programme, il le subit. Alors certes, il n’est pas vraiment captif de cette fille, il y a le safe word. Non, il est captif de son propre orgueil qui l’a déjà fait se jurer qu’il n’utiliserai pas ce moyen. L’orgueil et plus encore la nostalgie d’un temps révolu... Il cherche à retrouver les sensations d’en temps, l’impression terrifiante d’être un objet entre des griffes toutes puissantes.

Un souvenir  fugace lui revient. Célestine devient, le temps d’un flash, un vieil homme dans la pénombre, un vieil homme qui tient un fusil de chasse, le modèle à double canon. Et ce canon le tient en joue. Il est là, devant les deux gueules béantes de l’arme pareilles au 8 de l’éternité, les mains levés. Il s’est fait pincé alors qu’il cambriolait une cave. Il a crut mourir cette nuit. 5 ans plus tard, ce souvenir le fait sourire.

« La barre roule... Je vois, un attrape-nigaud. » il répond, de retour au présent.

Pour l’instant, il se tient sans la moindre difficulté. C’est à peine s’il sent son poids dans ses bras.

« Mais ici la barre ne pivote pas Célestine. »

Ses yeux tombent sur les pinces. L’appréhension est de retour.

« Je ne doute cependant pas que tu as d’autres artifices. C’est pour quoi faire, ça ? »

* * *

Rose range son téléphone, une expression de contrariété peinte sur son visage ridé. Elle a quelques bribes d’images, elle sait que le jeune Lenoir est nu, elle peut en tout cas le déduire. Elle peut également déduire l’usage du ruban. Mais elle a été trop prudente, les angles de vue sont exécrables. De plus, elle n’a mis en place que des caméras, pas des micros, elle n’a donc aucun son. Non, elle va devoir agir autrement, un peu plus se mouiller.

« Célestine... » murmure-t-elle pour elle-même en reprenant son ménage.

Il y a tant de fric en jeu... Cette Célestine n’a pas idée de l’engrenage qui risque de l’entrainer, elle et Ernest, pour peut-être les broyer. Il n’y a rien de pire que le monde du business.

La jeune femme perçut avec un peu d'appréhension la totale absence de difficulté que semblait représenter pour Ernest de se tenir à bout de bras. Elle était maintenant sûre d'avoir mal choisi et proportionnée son épreuve. Elle serait obligée de forcer un peu, a minima pour que le jeu reste intéressant.

« Je trouve que cette barre est une bonne métaphore pour la vie » conclut-elle.

Célestine n'élabore pas cependant. Elle a appuyé sur une pince entre son index et son pouce, pour l'ouvrir. Elle la présente devant le garçon. Elle est noire, avec un ressort métallique puissant. Sa mâchoire est parsemées de petites dents régulières sur la longueur, façon croco. Elle l'ouvre plusieurs fois devant lui : clic, clic.

« C'est pour toi. »

Ses doigts caressent la poitrine du milliardaire, à la recherche d'un téton sous la fourrure. Quand la jeune femme le trouve, elle tire rapidement sur la chair puis referme aussitôt la pince sur la protubérance créée, la faisant tenir parallèlement au corps. Elle ne met pas longtemps à débusquer le second, et à lui faire subir le même sort. Elle sourit, laisse le temps à Ernest de reprendre son souffle. Évidemment ça n'est pas terminé.

Elle revient le masturber à vitesse lente. Mais cette fois, le contact froid du métal dans sa paume offre une sensation moins rassurante. Finalement, la sensation de traction sur son scrotum doit donner au garçon un indice sur ce qui va suivre. C'est une première pince qui distord la forme de sa bourse, appuyant sur toute sa longueur et l'étirant vers le bas. Une fois le choc passé, les dents, réellement pointues, sont sans doute le principal élément douloureux.

Deux autres mâchoires virent dans les secondes suivantes torturer Ernest : alors que la première était rigoureusement au centre, les deux autres se situent de chaque côté. La peau ainsi tendue, les bosses que forment les testicules du soumis sont beaucoup plus nettement visibles, comme pour une planche anatomique.

« Plus de pinces ! » s'exclame Célestine, en montrant ses mains vides. « Mais j'ai quelque-chose d'un peu plus hard pour ta queue, puisque t'aimes ça… »

Le petit sac en toile n'a visiblement pas encore dévoilé tous ses secrets. Ce que la jeune femme en sort a l'air beaucoup moins codifié que les pinces. C'est un piège à souris, barre en métal et petit socle en bois – beaucoup moins gros qu'un piège à rat, mais tout de même impressionnant.

« C'est un vrai » précise-t-elle. « Honnêtement, je l'avais prévue ta queue arrière, mais tu tiens un peu trop bien… »

Du bout du doigt, Célestine vint titiller le sommet du pénis d'Ernest.