Sa sauveuse était apparue comme une superhéroïne, s'imposant au moment crucial pour secourir une Narue prête à passer un sale quart d'heure. Alors que tout semblait perdu, elle fut comme un rayon de soleil aux yeux de l'ingénieure, qui les écarquilla en se faisant remarquer que c'était la personne la plus formidable qu'elle avait jamais vu. Manifestement, l'incarnation prenait le pas, dans ce moment de tension intense, sur la conscience la dominant. Ufo ne contrôlait pas toujours les réactions extrêmes de ses formes. Il les trouvait très intéressantes, pleines d'enseignements. Il ne pensait pas avoir déjà compris comment un être humain pouvait en admirer un autre, ou en détester d'autres. C'était fait.
Les hommes avaient cru à leur bonne étoile jusqu'au moment de voir apparaître l'arme. A ce moment-là, ils reculèrent instinctivement, réellement pris d'une peur panique pour leur propre sécurité. Le compagnon de Takato lâcha la jeune femme sous son emprise, lui permettant de s'écarter de la scène en courant. Elle alla se plaquer contre le mur, du côté d'Ana, observant avec intensité ce qui allait se passer. Takato, le prédateur aviné, s'avança à nouveau, cela dit, avec un air résolu.
" Affaire de ... de truc international ... Ouais ouais, bien sûr. Joli jouet, gamine. Maintenant, casse-toi ou laisse-toi faire ! J'ai les couilles pleines et la bite sèche. "
Il se mit à avancer sans hésiter. Narue put voir les sourcils d'Ana froncer, et son doigt se préparer à se contracter sur la gachette. Ufo savait que les projectiles ne seraient pas mortels, mais il avait atteint son but pour le moment, et il ne voulait pas que qui que ce soit soit blessé ou inquiété. Se concentrant, il reprit le contrôle de la situation. Le temps se figea autour de lui, et une forêt de pensées, de murmures et de possibles survola la scène en silence. Il se tourna vers le compagnon de Takato ; un certain Kaito. Un type bien, assez honnête, mais un suiveur, incertain quand à l'attitude de Takato mais incapable de le contredire. L'entité éthérée lui rendit visite, lui souffla quelques mots, puis regagna le corps qu'elle avait choisi.
Quand le temps revint à la normale, Kaito s'élança, pris d'une impulsion soudaine, et attrapa les épaules de Takato, l'arrêtant et le faisant reculer.
" Allez, Takato, ça suffit les conneries ! Viens ! On va rentrer. Tu as assez bu ! Tu nous attires toujours des ennuis quand tu es comme ça, tu le sais ! "
" Lâche-moi, putain ! Roh ! Bon, bon, d'accord ! Toute façon ces putes en valent pas la peine. "
Les deux ivrognes s'éloignèrent. Ana put baisser et ranger son arme, une fois sure qu'ils ne feraient pas volte-face, les gardant en vue. Sans un bruit, Narue la rejoignit à petits pas hésitants au milieu de la rue. Elle gardait ses yeux rivés sur son joli visage aux traits délicats, sur sa peau bronzée et ses cheveux sublimes. Elle était émerveillée par sa sauveuse, et ce n'était pas que la reconnaissance qui parlait. Pour tout dire, si elle avait fréquenté des hommes par le passé, elle avait toujours trouvé les femmes plus jolies, et celle-ci, et bien ... Celle-ci était vraiment très à son goût. Elle rougit en songeant à ses pensées indélicates à l'égard d'Ana, et c'est la bouille couleur tomate qu'elle se présenta près d'elle, son visage levé vers le sien car elle était un peu plus petite. Quand la superhéroïne la remarqua, elle eut un sourire radieux.
" Domo arigato ! Merci beaucoup ! " Elle était passée du japonais à un anglais sans trop d'accent. Dans son milieu d'activité, c'était presque une condition obligatoire. Elle supposait que l'étrangère parlerait plus facilement cette langue. " Je suis Narue, Saito Narue. Sans vous, j'aurais eu de gros ennuis. Je vous suis tellement redevable ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis à votre service. "