Le Sang Faible [Omi Thigun]

Brandunn

C’était un petit village isolé à l’orée d’une grande montagne, dans des régions assez froides et rocailleuses. Les habitants de Brandunn étaient assez éloignés du fort local, et le village était administré par un seigneur local, qui avait son siège dans un manoir au centre du village, en face de l’auberge. Malgré son isolement, Brandunn restait un endroit dangereux, où les villageois affrontaient parfois des grizzlys descendant de la montagne, ou, plus rarement encore, des manticores. Pour le reste, ils vivaient de l’exploitation de la carrière à proximité, et de la forêt s’étalant à leurs pieds.

« Oui, il est là...
 -  Je vous l’avais dit, Maîtresse. J’ai ressenti sa présence.
 -  Un Drow d’Eilistraée... »

Au sein de l’Outreterre, Eilistraée était une Déesse drow mineure, une renégate dont les adorateurs et les servants étaient impitoyablement traqués par les prêtresses de Lolth. Le simple fait d’être surpris à prononcer le nom de cette Déesse dans les cités drows pouvait d’ailleurs vous valoir une exécution capitale. Depuis des années, Streeaka cherchait le temple d’Eilistraée. Son existence n’était qu’une rumeur pour beaucoup, mais la Matrone savait que ces êtres existaient, et elle comptait bien les massacrer. C’était le genre d’exploits qui lui permettraient de maintenir sa position de dominante au sein de Menzoberranzan. Quand elle avait appris, par l’intermédiaire de Marceline, qu’un Drow se trouvait à la surface, elle avait chargé la femme d’enquêter, de le pister. C’est ainsi que Marceline s’était retrouvée jusqu’à Brandunn, et était maintenant sûre de son fait.

Streeaka n’hésita guère, et ordonna rapidement d’attaquer le village. Sa cible était toute trouvée : elle voulait ce Drow. Il était peut-être attiré par la région, car on disait que les elfes de jadis avaient bâti une tour elfique au sommet de la montagne, afin de marquer la frontière de leur territoire. La montagne, dit-on, avait d’ailleurs été le théâtre d’un affrontement intense entre les elfes et les nains.

« Envoie tes Orcs faire le ménage, Marceline, je vais venir en personne.
 -  Vous êtes sûre, Maîtresse ?
 -  Un peu d’exercice me fera du bien. »

Marceline lui sourit, avant d’éteindre son orbe magique, qui lui servait à communiquer, puis se rendit dans une grotte. Là, elle utilisa une corne pour appeler des Orcs. La maison Z’Ress contrôlait beaucoup d’Orcs, et, à la tombée de la nuit, Marceline en avait réuni une division.

« Postez-vous dans la forêt, et attendez mon signal. »

La jeune Drow entreprit ensuite de s’infiltrer dans le village, à la faveur de la nuit. Usant de ses capacités vampiriques et drow, elle réussit à se faufiler, et exécuta les deux sentinelles veillant sur la porte, puis ouvrit cette dernière, et souffla dans son cor. Un cor drow, qui provoquait un sifflement aigu, strident... Puis une clameur monta de la forêt, et les Orcs hurlèrent, avant de se ruer vers le village.

« WAAAAAAAAAAAAAGH !!
 -  À mort les humains !! Kass’les’oooosssss !! »

Et les Orcs déferlèrent, avec rage et fureur...

Omi avait rejoint ce lieu pour deux raisons. La première était que le savoir elfique et donc les chance de croiser des elfes était plus grand ici. La second était pour apprendre un petit remède grâce à une lettre qui lui avait été confié suite à ses bonnes actions.

Il fut très mal accueillit au début, passant une demi-journée en geôle pour vérifier les preuves qu'il était bien un adorateur de la déesse dansante et non un drow voulant se faire passer pour tel. Cet endroit avait connaissance de ce culte, ce qui lui avait évité d'être chassé ou fléché. Il aurait pu se faufiler et se cacher, mais ce n'était aucunement son but. Une fois ses dires confirmer il fut libéré, le seigneur voulut savoir où se trouvait son clan pour estimer une potentiel menace. L'elfe indiqua juste qu'il était bien trop loin pour menacer son village et que les citoyens préféraient rester à l'abri des murs. Cela sembla satisfaire le dirigeant.

Cela faisait à présent quelques jours qu'Omi était dans ce village. Certes il n'était pas aimé de tous, mais il avait réussit à gagner la confiance, et il avait eu la recette recherché. Quand aux elfes de la région, soit ils savaient se dissimuler, soit ils avaient quittés la région. La taverne était un lieu qu'il avait apprécié, une fois l'ambiance glacé à son égard passé, et il avait participé à la protection de certains villageois devant aller en forêt. La garde semblait valeureuse, bien que peu nombreuse. C'était un peu comme chez lui, l'environnement offrait une première protection, puis venait les gardes et ceux aptes à se battre.

Il n'allait pas tarder à reprendre son voyage, car sa présence pouvait attirer du danger et il n'était resté que trop longtemps. Si seulement il avait décidé de partir plus tôt, il n'y aurait pas eu ce cor au son particulier et le cri de guerre des Orcs.





Cette nuit là Omi avait eu du mal à dormir et avait décidé d'aller à la taverne. Cela lui avait permis d'entendre le son et voir la porte, grande ouverte. Les premiers gardes se mirent en place, croyant n'avoir affaire qu'à des Orcs et furent rejoint par le guerrier elfique, bouclier et arme dehors. Le sang-mêlé informa le capitaine que des drows étaient présents et qu'il allait tenter de les neutraliser s'il les voyaient.

Les archers n'attendirent pas d'être sur les murs et firent une volée par-dessus la porte afin de diminuer la charge. Les mages lançaient des sorts pour amoindrir l'armée qui chargeait sur le petit village, certains illuminant les alentours. Un petit nombre d'assaillant fut embourbé et criblé de flèches. Les villageois s'armaient, sachant qu'ils ne pourraient fuir et certains partir allumer les feux d'alarme pour prévenir le fort. Tous étaient braves et l'elfe n'allait pas rester les bras croisé, il espérait juste que cela n'était pas arrivé par sa présence, auquel cas il était près à périr au combat et emporter ses secrets avec lui, sa formation lui donnerait une meilleure résistance en cas de torture. Un espion devait savoir protéger ses secrets.

Omi déverrouilla ses pouvoirs et força un Orc en tête a tuer ses camarades avec de lourdes attaques de hache, bien qu'il avait pensé plus à stopper la charge. Quatre Orc étaient morts suite à son action silencieuse, mais de toute évidence ce village serait rasé. L'elfe n'allait pas fuir et laissa son parfum enchanté agir sur les défenseurs proches, ces derniers devinrent plus calme et le signal de la charge fut donné.

Tous les braves chargèrent comme un seul homme vers une mort certaine, mais il s'agissait là un moyen de protéger les autres villages aux alentour de la menace Orc. Certains villageois auraient sans doute le temps de fuir en tant que messagers. Omi dépassa  les hommes de tête et fut le premier à percuter la formation, faisant voler quelques tête et causant une légère brèche. Dans son sillage les humains gagnèrent en courage et en fougue, répondant au cri Orc par le leur.
Le fracas des deux camps se fit entendre. les troupes humaines subissaient des pertes assez rapidement, Omi dansait dans la foule d'Orc, ayant rangé son bouclier et saisit une deuxième épée. La fureur qui animait ses coups et sa souplesse anormale, même pour un elfe, firent de légers dégâts compte-tenu du nombre. Sa lame elfique brillait d'une lumière magique, devenant un luciole meurtrière dans le chaos environnant.

Le sang-mêlé cherchait le chef ou la personne dirigeante, son élimination causerait peut-être une baisse de morale qui leur permettrait de résister plus longtemps.

Marceline était bien placée pour savoir que les Orcs étaient, par nature, idiots et stupides. Il était donc facile de les manipuler, d’en faire des esclaves, en usant de magie. Et les Drows avaient appris, historiquement, à commander les Orcs pour attaquer les autres elfes. C’était, dit-on, l’un des dons de Lolth, et c’était par ce biais, affirmait-on encore que, historiquement, les ancêtres des Drows, les Ilythiiri, s’allièrent avec des Orcs pour attaquer les autres royaumes elfiques. Marceline n’était pas la seule Drow qui attaquait. Streeaka lui avait adjoint l’aide de la sensuelle Dalael, une tueuse drow au service des Z’Ress. Marceline vit ainsi l’un des Nobz de cette Horde se retourner contre les siens en hurlant, visiblement possédé, et elle fronça les sourcils. Dissimulée le long des arbres, Marceline usa de sa magie pour remonter le signal de ce sort d’envoûtement, qui dura jusqu’à ce que l’un des Orcs ne plante sa hache énorme dans le crâne du Nobz, prenant de ce fait sa place, en hurlant furieusement.

« WAAAAAAAAAAAAAAAAAAGHHH !! »

Les archers humains attaquaient les Orcs, mais il fallait plus d’une flèche pour abattre de telles masses. Brandunn n’était pas taillé pour ce genre d’assauts, et, même si Marceline n’avait envoyé qu’une seule compagnie d’Orcs, les villageois n’avaient aucune chance. Mais, encore une fois, la magie agit, et parvint à les empêcher de paniquer. Au milieu de la division orc, une bannière était portée par le porte-étendards orc, insufflant courage et hardiesse dans l’esprit des Orcs. Il suffisait de regarder la bannière pour y voir le symbole des Z’Ress, un soleil noir à épines.

Les Orcs se rapprochèrent de la porte quand celle-ci s’ouvrit, libérant les soldats locaux. Un choix censé, car ils bénéficiaient encore de la couverture des archers, tout en évitant que les Orcs n’attaquent la ville. Néanmoins, cette charge était dangereuse, car les Orcs étaient puissants, et bénéficiaient des sortilèges et potions de la Matriarche. Il n’y avait pas de quoi les rendre invincibles, ni même plus intelligents, mais plus brutaux. Une masse s’abattit violemment sur le heaume d’un soldat, enfonçant le casque, broyant le crâne du malheureux. Un autre se reçut un coup de hache dans le ventre, un coup si puissant qu’il décolla du sol, et s’écrasa au sol. D’autres Orcs s’improvisaient lanceurs de haches, témoignant du rudiment de stratégies et de connaissances militaires dont ils disposaient. Ceux-ci disposaient de gros sacs dans le dos, et en sortaient des hachettes, qu’ils lançaient à destination des archers. L’un d’eux s’en reçut en pleine poitrine, et hurla en tombant à terre.

Néanmoins, les Orcs connaissaient aussi quelques pertes. Une flèche transperça l’œil du nouveau Nobz, tandis que les lames de plusieurs villageois pourfendirent le ventre d’autres Orcs. Plusieurs Orcs débordèrent quand même les humains, et rejoignirent la grand-place du village, où ils se heurtèrent à quelques gardes restés en arrière, notamment des hallebardiers.

*Erreur stratégique, il aurait fallu conserver les hallebardiers sur le front, leurs longues armes sont redoutables contre les Orcs...*

Les premiers Orcs qui passèrent se heurtèrent aux lances et aux flèches, mais d’autres affluèrent ensuite, contraignant finalement les humains à se replier dans la grand-place. Marceline repéra alors sa cible, en voyant un Drow, armé d’une sorte de bâton, qui abattit un Orc, avant d’éviter gracieusement une lourde hache, puis frapper le corps de l’Orc à hauteur de la gorge, le faisant tomber comme une masse.

*C’est lui !*

Elle siffla alors entre ses doigts, un son suraigu que le Drow pourrait sans doute, grâce à ses longues oreilles, reconnaître. Et, au même moment, une silhouette bondit d’un autre arbre, et se déplaça rapidement, avant de bondir depuis un buisson, s’abattant droit sur le jeune Drow. La lame meurtrière de Dalael réfléchit pendant quelques secondes la lueur lunaire, puis elle frappa le sol, le Drow esquivant l’attaque.

Dalael tenait une étrange dague avec une longue chaîne derrière, et se redressa lentement devant le Drow.

« Toi... Ma Maîtresse te veut, jeune Drow renégat. Rejoins-nous, ou elle massacrera les habitants de ce village. »

Streeaka n’était en tout cas pas encore arrivée, laissant ses Drows s’occuper de la situation...

Les soldats avaient rapidement pris une posture défensive, sans perdre de courage et hardiesse car toujours envouté par le parfum magique d'Omi. Ils agissaient bien mieux qu'à l'accoutumé et cela leur donnait une dangerosité plus grande qu'en temps normal. Tous savaient que la mort était inéluctable, sauf si l'ennemi se retire, tous avaient cette peur, mais leur allié elfe leur insufflait le courage de la surpasser. Même les villageois les plus peureux d'ordinaires se battaient de leur mieux.

Cependant la masse Orc approchait dangereusement du village et Omi demande l'autorisation de partir défendre, ce qui lui fut accorder. C'était l'abandon de la recherche du chef pour assister la défense. Il se cacha dans la foule, se préparant à surgir face aux Orcs. Son odeur magique apaisa les personnes. Le chef était dans ce groupe constitué principalement des non-combattants. L'elfe fit par de ces craintes sur la raison de l'attaque et le chef ne dit rien hormis l'ordre de défendre en mettant sa vie en jeu à tous ceux qui étaient armés. Le village était perdu, les villageois seraient au mieux massacrés au pire pris en trésor de guerre.

Les premiers Orc moururent et quand ce qu'il restait du groupe de charge se mit en position défensive Omi bondit et commença à décimer comme il pouvait les Orc, attirant l'attention par la lumière dégagé par son arme. Jusqu'à ce qu'un sifflement typique résonna où l'elfe se figea quelques instant, avant d'esquiver une attaque résultant de ce dernier, profitant pour tuer d'autres Orc au passage. Il continua à combattre en écoutant les dires de l'elfe noire et en la gardant dans son champ de vision, le choix n'était pas permis.

-Épargnez-les et je vous suivrais sans résistance. Vous pourrez même me poser une obsidienne si cela vous arrange.

Les mots avaient été posés, mais Omi ne savait que trop bien qu'un elfe noir pouvait trahir aisément. Le jeune Thigun agissait ainsi pour faire gagner du temps si sa condition était accepté, au moins le temps qu'ils mettent les plus faibles en sécurité. Il était un renégat pour la majorité des elfes noirs, mais il connaissait aussi sa valeur en temps que tel. La maitresse voulait sans doute connaitre la position des siens.

L'assassine pouvait à présent bien voir l'arme d'Omi ou plutôt les armes. D'une part un bouclier bien résistant qui servait tant à la défense qu'à l'attaque. D'une autre par une épée, entouré d'une magie qui lui serait sans doute détestable vu la clarté qu'elle dégageait. Elle pouvait aussi voir certains mouvements étranges car demandant une souplesse difficilement atteignable pour une drow entrainé; alors un jeune mâle cela était louche.

Une chose pouvait peut-être la déranger également, l'odeur boisé qui émanait de la cible et qui n'était pas comme un parfum dont on s'aspergeait. De quoi susciter la méfiance si l'effet apaisant de cette capacité n'agissait pas sur l'assassine.

L'elfe renégat continuait à défendre car la bataille continuait, mais oublier la présence de l'elfe noire serait une grave erreur. Il suffisait d'un ordre pour que tout s'arrête, Omi était prêt à se sacrifier pour le bien de la majorité. Être orienter vers le bien, n'avait pas que des avantages

Les adorateurs d’Eilistraée étaient des faibles, des sentimentaux, des compassionnels. Une véritable honte pour la fierté du peuple drow. Ce n’était pas pour rien que Lolth détestait leurs adorateurs, et que les Drows les traquaient impitoyablement. Traître à leur race, traître à leur sang, ils ne méritaient que mépris et dédain. Omi proposa de se rendre si les Drow épargnaient les humains. Dalael esquissa un sourire, et répondit en l’attaquant, bondissant sur lui. Elle était rapide et mortelle, mais lui aussi savait se battre, et la dague de la Drow heurta son bouclier. Elle bondit ensuite en arrière, évitant son bâton, et attaqua avec la longue chaîne métallique reliée à sa dague, qui se heurta encore contre le bouclier de l’homme.

En l’état, c’était à Marceline de décider quoi faire des Orcs. La bataille tournait clairement en la défaveur des humains, et la lutte se regroupait sur la grand-place, où les humains étaient en train de se repositionner... Quand Marceline siffla entre ses doigts. Un sifflement suraigu, provoquant un son pour lequel les Orcs avaient été conditionnés. Ils s’arrêtèrent brusquement, surprenant les villageois. Marceline bondit ensuite depuis son arbre, et atterrit sur le sol, puis rejoignit le village.

« Brandunn ne nous intéresse pas, Drow. Dépose tes armes. »

Nerveux, les humains se regardaient entre eux. Il y avait déjà eu beaucoup de morts, et les Orcs se regroupèrent à leur tour, grognant et grondant. L’un d’eux hurla alors, et, échappant visiblement au contrôle de Marceline, se rua vers un humain... Avant que la dague de Dalael ne fuse vers sa gorge. Elle la lança avec sa chaîne, faisant preuve d’une terrifiante précision, puisque la dague égorgea rapidement l’Orc. Ses yeux se révulsèrent dans ses orbites, et le puissant monstre s’effondra lourdement sur le sol, se vidant de son sang. Il y eut naturellement cris et hurlements du côté des humains, extrêmement nerveux par cette scène.

« Désolée, la discipline, vous savez ce que c’est chez les Orcs... »

Marceline s’avança ensuite. Avec ses yeux rouges et ses canines proéminentes, on pouvait clairement qu’elle était une vampire, ce qui pourrait surprendre. Les Drows étaient un peuple très raciste par nature. Qu’une Drow accepte d’avoir une vampire à ses ordres, même si Marceline était une Drow à la base, c’était la preuve que Streeaka n’était pas comme les autres.

« Ma Maîtresse sera bientôt là, nous allons la recevoir dans le manoir du seigneur local... Est-il toujours présent ? »

Il y eut du remue-ménage parmi les villageois, jusqu’à ce qu’un homme ne soit poussé hors de la cohue. Plutôt âgé, avec une barbe grisonnante, l’individu tremblait sur place.

« Je... Nous... Nous n’avons que peu d’or, mais... Si vous êtes disposés à nous épargner, nous vous donnerons tout ce que nous... »

Un grognement s’échappa alors de la bouche de Dalael, faisant sursauter l’homme, et la chaîne le frappa au visage. Il tomba au sol, une plaie sur la tête.

« Je n’aime pas me répéter ! Nous ne voulons pas votre or de bouseux, ni vos vies de péquenauds, simplement ce Drow, et une maison décente pour recevoir notre Maîtresse. Vous tous, vous serez consignés dans l’auberge. Si personne ne se prend inutilement pour un héros, nous repartirons, et vous n’aurez que ces morts-là à pleurer. Dans le cas contraire, nous détruirons le village, tuerons les hommes, et asservirons vos plus belles femmes pour en faire nos esclaves. Si j’étais vous, j’y réfléchirai donc à deux fois, car je suis sûre que ma Maîtresse trouvera parmi vous de jolis lots pour sa collection personnelle. »

Cette menace lourde de sous-entendus attira un long frisson de répulsion, mais le seigneur local acquiesça, en se relevant lentement.

« C’est... C’est entendu. Mes portes vous sont ouvertes... »

Dalael acquiesça, puis regarda ensuite le Drow. Allait-il se soumettre ? Il l’avait dit... Mais le ferait-il ?

Omi avait bien fait de ne pas oublier la curieuse messagère, car cette dernière porta une première attaque, qui fut bloqué et entraina une riposte. Il en profita pour trancher la gorge d'un Orc, puis para une nouvelle attaque, pour continuer sa danse mortelle sur le champ de bataille. Il eu alors un sifflement et le combat se figea, comme si l'assaillant était paralysé. Encore un savoir Elfe noir qui était entré en jeu. Le faux elfe noir écouta l'ordre de la messagère et se mit à réfléchir juste deux petites secondes. Si le clan assaillant voulait les massacrer il y arriverait, il ne pouvait compter que sur la fierté de la commandante pour respecter le marché, les Drows trahissaient si facilement après tout.
Il allait bondir quand l'Orc dissident tenta sa chance, mais il put ainsi constater la dextérité de la Drow qui avait stopper ces créatures.

S'en suivit une scène où le chef fut légèrement malmené par les villageois. Il était d'une certaine sagesse en temps ordinaire, mais cette bataille faisait ressortir ces faiblesse. Omi eu mal pour lui lorsque la chaine atteignit son visage et fit un gros effort pour ne pas attaquer en retour. Il avait l'occasion de sauver ce village de l'extinction et de l'esclavage.

-Comme promis, je rend les armes.

Le bouclier et l'épée du guerrier tombèrent au sol avec un bruit caractéristique des armes elfiques. La lame perdit son éclat et révéla sa vrai forme ainsi dépourvu du sort de lumière. Son armure rejoignit aussi ses affaires au sol, montrant ainsi sa reddition, après tout c'était de sa faute si le village avait subit cette attaque.

Il allait suivre les ordres en espérant que le village soit épargné, mais préparait déjà divers plan de bataille pour le combat qu'il allait sans doute devoir mener pour protéger le lieu où il avait grandit. Il songeait même utiliser le pouvoir de ses yeux contre lui-même, mais cela serait l'ultime recours car briserait définitivement le lien qui avait avec son village natale. Formé dans l'espionnage il avait eu droit à des leçon sur la torture et comment y résister sans se briser.

L'adorateur d'Eilistraée attendait de voir si ces elfes noirs allaient commettre l'erreur de lui ôter ses boucles d'oreilles, ce qui allait déchainer ses pouvoir sans obsidienne pour contrecarrer. Le plus surprenant sera sans doute la croissance des plantes et son odeur sylvestre qui allait provoquer divers effets secondaire aux personnes la respirant.
Mais peut-être que ce clan avait déjà la connaissance sur des artéfact bloquant la magie comme l'obsidienne, ce qui les feraient peut-être hésiter. Sauf si la commandante voulait humilier le Drow adorateur d'Eilistraée et mâle de surcroit.

Dalael n’avait qu’une parole, et le chef du village leur octroya le manoir local. L’ensemble manquait de richesse, mais ce Drow s’était réfugié dans un village assez pauvre, en montagne. Rien à voir avec de luxurieux palais, mais au moins y avait-il de belles chambres. Dalael emmena avec elle le jeune Drow, et l’emmena dans la chambre seigneuriale. Elle parlait peu, mais lui ordonna de rester calme, tout en l’examinant. Bien sûr, son regard se porta sur ses boucles d’oreille, car Dalael sentit de la magie en échapper, mais elle connaissait l’obsidienne. Après tout, les Drows vivaient dans l’Outremonde, et connaissaient donc bien mieux que ceux du dessus les richesses des mines et des grottes.

« De l’obsidienne, hein ? Ce sont les nains qui ont fait découvrir l’obsidienne aux gens de la surface, tu sais... Ils l’utilisaient contre les elfes, afin de lutter contre leur magie. »

Dans les grottes et les cavernes de l’Outremonde, les cristaux d’obsidienne étaient fréquents pour protéger les villes et les forteresses drow des multiples monstres qui hantaient l’Outremonde. Elle les lui laissa donc, et laissa Marceline gérer le village. Les humains furent regroupés dans l’auberge, sous la vigilance des Orcs. Nerveux, les Orcs grondaient régulièrement, mais aucun n’osait ne se rebeller. Dans ce domaine aussi, la maison Z’Ress excellait.

Il ne fallut pas attendre particulièrement longtemps. Au bout d’une demie-heure, un cheval approcha, tenant une cavalière encapuchonnée, le corps dissimulé par un long manteau rouge soyeux, qui s’arrêta au milieu de la grand-place. Dalael avait délaissé Omi pour aller l’accueillir, en choisissant d’utiliser la voie la plus rapide, le balcon situé dans la chambre. Elle enjamba la balustrade, et rebondit sur un petit toit en pente en contrebas, pour atterrir ensuite au sol. Dalael n’eut plus qu’à se rapprocher du cheval, puis s’inclina respectueusement devant la cavalière..

« Maîtresse... Le Drow est là. »

La silhouette se laissa tomber au sol, et observa la maison seigneuriale, notamment le dernier étage. Elle sourit ensuite, et retira son manteau.

« Très bien, Dalael. Assure-toi que les Orcs ne fassent pas trop de dégâts. »

Streeaka Z’Ress en personne se tenait là, et rentra à l’intérieur de la maison seigneuriale. Quelques instants plus tard, elle se retrouva en face d’Omi Thigun, et l’observa silencieusement.

« Voilà donc l’adorateur d’Eilistraée... Je suis Streeaka Z’Ress, Matriarche de la maison Z’Ress, l’une des Matrones du Conseil Régnant de Menzoberranzan. »

Autrement dit, Omi était face à une personne très puissante, et une forte magie émanait d’ailleurs d’elle. Nul doute sur le fait qu’elle était bien une Matriarche. Elle fronça ensuite les sourcils, avant de poursuivre :

« Je sens une puissante magie qui émane de toi... Qu’es-tu donc vraiment, adorateur d’Eilistraée ? »

Streeaka se présentait seule devant lui. C’était, soit le signe d’une incroyable assurance, soit d’une forte bêtise... Mais on ne devenait pas Matrone de Menzoberranzan en faisant preuve d’idiotie.

Omi se laissa mener dans la demeure du seigneur sans le moindre geste de résistance. Il avait conscience qu'un faux pas pourrait provoquer une situation beaucoup plus néfaste pour le village. Celle qui agissait pour sa maitresse était du genre prudente, mais le jeune Thigun ne fit rien pour compliquer les choses. Ses boucles d'oreilles avaient attirées son attention et l'adorateur d'Eilistraée ne dit rien quand à la conclusion de l'elfe noir. Après tout le principe était le même, ne pas lui mettre de l'obsidienne en pensant qu'il en portait déjà était une erreur, mais cela avait demandé plusieurs années pour concevoir ces petits bijoux elfiques.

Omi s'était assit en tailleur à même le sol pour patienter. Rare étaient les chefs de maison prenant part au combat, préférant ne pas courir des risques jugés inutiles. Il préférait économise ses forces au cas où il devra marcher vers l'endroit où il serait torturé, une méthode qui pouvait s'avérer efficace quand on était pas préparé.

L'arrivé de la maitresse fut facilement perçue car sa garde quitta la maison par la fenêtre, c'était certes rapide, mais rares étaient les humains à pouvoir faire de même sans se briser quelques choses. Thigun resta calme, il était pied et poing lié par la présence des locaux, sans quoi il aurait bien tenté de fuir en essayant au passage de blesser la chef.

Quelques minutes plus tard une nouvelle Drow arriva dans la cambre, il sentait d'office que cette dernière était d'un tout autre acabit que celle qui l'avait attaquée. Elle avait une prestance naturelle qui se trouvait rarement. Le sang-mêlé ne cacha pas une légère surprise en entendant la présentation de cette dernière. C'était un mauvais coup du destin que d'être en présence d'une personne aussi importante, la fuite ne serait pas envisageable car elle était très certainement bien entourée vu l'audace qu'elle avait ou alors elle était un peu folle.

L'endroit où se situait le Conseil Régnant de Menzoberranzan n'était pas inconnu pour le jeune Thigun et confirma que cette Drow était très dangereuse. Avant de répondre à la question, il avait une chose à faire, plus par respect des règles que pour la personne. Il s'inclina poliment.

-Je suis Omi Thigun, dernier membre de la Famille Thigun, aujourd'hui simple elfe noir en voyage. Pour ce que je suis et bien le terme sang-mêlé me siéra à merveille. Je ne pourrais cependant pas  vous dire avec certitude ce que je suis, hormis que je ne suis pas un sang pur et demeure un adorateur elfe noir d’Eilistraée. Si l'odeur boisé qui émane de moi vous gêne sachez que je ne peux rien y faire, certains êtres sont assez...dérangés par ce genre d'odeur.

Omi avait utilisé un ton doux et calme. Il restait tranquille et détendu, sachant qu'il avait quelques as dans sa manches pour le moment. Il préférait jouer la diplomatie pour le moment, plus approprié pour le bien-être des habitants l'ayant hébergés et acceptés.

Les Drows restaient un peuple qui, dans le fond, était bien plus religieux que celui des elfes de la surface. Les elfes sylvestres croyaient dans la protection des Dieux de la Seldarine, le panthéon elfique. Les divinités drows avaient, elles, été bannies de la Seldarine. Pour autant, même au sein des Dieux drows, il existait des hérétiques, des rebelles... Comme la fille de la Déese Lolth, Eilistraée, Déesse de la dance et de la beauté, et en guerre contre Lolth. Face à une matrone de Menzoberranzan, Omi Thigun n’avait pas besoin de plus d’explications pour savoir que, normalement, Streeaka aurait dû le mettre à mort. À Menzoberranzan, comme dans bien d’autres cités drows, le culte de Lolth était plus puissant que les autres pouvoirs en place, y compris le Conseil Régnant. La Matrone observa donc le jeune homme silencieusement, pensivement, avant d’énoncer les évidences :

« Normalement, je devrais te ramener avec moi à Menzoberranzan, Omi Thigun, et t’offrir en sacrifice aux prêtresses de Lolth. Tu goûterais à une mort atroce et peu enviable en étant empoisonné par du venin d’araignée, et ce ne serait que justice. »

Le début de sa phrase, toutefois, laissait envisager une autre porte de sortie. Être Matrone à Menzoberranzan, ce n’était pas le poste le plus enviable qui soit, car les Matrones se trahissaient régulièrement. Les complots politiques étaient monnaie courante, et, si Streeaka avait réussi à se maintenir à ce poste depuis des années, ce n’était pas que grâce à sa superbe plastique. Elle était certes pieuse, mais savait aussi, quand nécessaire, s’éloigner du fanatisme religieux des siens. Pour le dire autrement, Streeaka était une femme pragmatique, qui entretenait des relations avec le Monde Du-Dessus. Elle avait ainsi des liens avec plusieurs clans nains, et même avec quelques elfes sylvestres qui travaillaient comme espions pour elle auprès des royaumes sylvestres encore en activité.

Elle reprit donc, laissant le temps à Omi Thigun de réfléchir à ses chances de survie, tout en s’installant sur un fauteuil, et en croisant sensuellement les jambes :

« On dit que les adorateurs d’Eilistraée côtoient les elfes sylvestres... Par l’intermédiaire des ménestrels, notamment. Que peux-tu me dire là-dessus, petit Drow ? Comment t’es-tu retrouvé là-haut, parmi ces dh’oines ? »

Dh’oine... Un terme méprisant, raciste, pour désigner les humains, employé par certains groupes elfiques extrémistes de la surface, comme la Scoia’tael. Une manière discrète de démontrer à Omi que Streeaka n’était pas qu’une Drow vivant recluse sur elle-même à Menzoberranzan. D’ailleurs, le simple fait qu’elle soit là témoignait de son envie de se renseigner sur le Monde Du-Dessus.

Tout cela laissait donc à Omi Thigun le mince espoir de ne pas finir embroché...

Le jeune Thigun forçait légèrement sa respiration pour garder un esprit clair. Face à une Matrone qui osait se promener à la surface et lui faire face sans garde la prudence était de mise. Omi était aussi prêt à subir le sort réservé en temps que serviteur d'une déesse hostile à Lolth. Sa peau sera cependant vendu chèrement grâce à ses capacités qu'il maintenait cachées par ses boucles d'oreilles.

La première phrase provoqua un léger froncement de sourcil sur le visage du sang-mêlé. Une tirade commençant par "Normalement" ou comprenant ce mot signifiait généralement qu'il y avoir un "mais", prononcé ou non.  Omi reprit un visage calme et détendu, mais n'en croyait pas ses oreilles. C'était certains, elle était bien plus dangereuse qu'une Drow ordinaire et la suite ne fit que lui donner raison. Cette matrone était bien plus futée que la très grande majorités des autres et avait des contact, sinon comment connaitrait-elle le terme injurieux pour les humains, à moins qu'elle n'ai torturé un membre de ses groupes hostiles aux humains.

Au moins les intentions de Z’Ress étaient un peu plus claires, elle voulait des informations contre une possible clémence. Chose que n'aurait pas eu lieu avec d'autres Drow et le sang-mêlé en avait parfaitement conscience. À partir de maintenant il faudra faire attention à chaque mots prononcés pour éviter de dévoiler des choses, cela sentait le piège à plein nez. Mais il sentait que le mensonge serait une très mauvaise idée.

-Pour les ménestrels je ne saurais vous dire, rare sont les visiteurs car nous sommes elfes noirs et suite à un soucis de fierté mal placé nous n'avons plus vu de ménestrel depuis bien avant mes parents.

Il y avait en effet eu un violent désaccord car les elfes sylvestres en relation avec eux avaient changés de chef et ce dernier était assez hostiles aux elfes noirs, adorateur de la déesse dansante ou non. Les contraintes imposées avaient été trop importantes pour la communauté qui avait préférer rompre le contact, comme la majorité. Tous les groupes elfes noirs hérétiques étaient concernés, aussi cela n'allait pas donner d'indications. Les rares elfes sylvestres arrivant en un seul morceaux ne quittait plus le village, faute d'escorte pour revenir.

-Quand aux raisons m'ayant poussé à être ici il s'agissait de un, tenter de croiser un elfe sylvestre et converser avec s'il était disposé à cela, de deux, apprendre un remède que l'on ne peut acquérir qu'ici. Je voyage pour obtenir du savoir, nulle doute que vous savez que ce genre de chose est important.

Streeaka était effectivement une Drow particulière, en ce sens qu’elle ne résumait pas sa propre sphère d’influence à sa cité, et s’intéressait au Monde-Du-Dessus, ce qui, pour beaucoup de Drow, ferait d’elle une hérétique, une renégate. En étant rejetés de la Seldarine, les Drows avaient été condamnés à vivre dans l’Outreterre, sous le monde connu, et n’en sortaient que très rarement. La présence d’une Matrone ici était tout simplement historique, absolument exceptionnelle. Au sein de Menzoberranzan, Streeaka avait une longévité exceptionnelle, qu’elle n’avait pu acquérir qu’en disposant de multiples cordes à son arc, incluant dans son escarcelle des nains, et même quelques elfes sylvestres qu’elle avait converti à sa cause. Pour autant, cet adorateur d’Eilistraée était un traître, quelqu’un qui servait un culte ennemi, et, à ce titre, le devoir de Streeaka était de le tuer.

La présence de Streeaka signifiait toutefois qu’elle n’entendait pas accomplir à la lettre son devoir religieux. Elle n’était pas une fanatique idiote, et, même si elle savait que le pouvoir, au sein des cités drow, était avant tout détenu par les prêtresses, elle s’accommodait parfois de sa passion religieuse, tant que celle-ci servait ses intérêts.

« Un elfe sylvestre, rien que ça ? Tu es au mauvais endroit, Omi Thigun, les Hauts-Elfes vivent dans les plus profondes forêts de Terra. Dans les villes humaines, tu ne rencontreras que des Bas-Elfes, qui vivent dans des quartiers reclus, et rêvent des temps anciens où la Seldarine était puissante, et où les humains n’étaient que des barbares imbéciles leur obéissant bien sagement. »

Encore une fois, Streeaka démontrait qu’elle en savait bien plus  que ce qu’on pourrait croire sur le Monde-Du-Dessus. Elle avait ses propres réseaux, ses sources de renseignement. Jambes croisées, elle se tut pendant quelques secondes, observant le jeune Drow. Elle sentait en lui une forte puissance, une énergie qu’il comprimait. Derrière son apparence malingre et délicate, elle sentait qu’il y avait autre chose. Les adorateurs d’Eilistraée n’étaient pas connus pour être des guerriers, mais, s’ils existaient encore alors que la Déesse Lolth voulait leur extermination, c’est qu’ils étaient tout de même puissants, et dangereux.

Jambes sensuellement croisées, il se dégageait de Streeaka un mélange fascinant de puissance et d’érotisme.

« Je t’avoue ne pas trop savoir quoi faire de quoi. L’option la plus évidente serait de t’égorger, ou de t’amener dans une cage aux prêtresses de Menzoberranzan pour qu’elles t’écorchent vive, mais il me peinerait d’abîmer un si joli minois... »

Une menace contenue, avec la promesse d’une issue salvatrice... Mais il faudrait plus qu’un simple minois, aussi joli soit-il, pour convaincre Streeaka de l’utilité du jeune Drow.

« Tu voyages pour du savoir, dis-tu... Mais quel genre de savoir cherches-tu ? »