Les deux courtisanes,
Marguerite et Lilas léchaient les pieds de Véra quand on vint l’informer qu’un drakkar arrivait. La puissante marquise ashnardienne était alors confortablement installée dans un fauteuil, dans sa chambre, s’amusant avec les deux femmes. Deux sœurs, très belles, dans des tenues très légères, qui rivalisaient pour attirer les bonnes faveurs de leur Maîtresse. Une activité très reposante et très agréable pour Véra, qui avait jadis été à leur position. Elle était une ancienne esclave, après tout, et elle savait aussi que, si ses anciens propriétaires n’avaient pas été aussi cruels, elle aurait pu, elle aussi, agir comme elles, se faire bien voir. Véra passait beaucoup de temps avec ses esclaves, sans doute trop pour certains de ses conseillers. Pour autant, nul n’aurait osé la traîter de faible en direct. Prudente, Véra savait qu’elle dirigeait un marquisat dangereux. Les marquisats étaient en fait des circonscriptions administratives installées le long des frontières, précisément pour parer aux menaces externes. En l’occurrence, Véra était le long de la côte, et avait installé des tours, des phares et des forts maritimes, afin de se protéger des attaques maritimes, notamment les pillards, les Sahuagins, ou d’autres menaces. Mais, surtout, Véra avait usé sa magie pour se doter de corbeaux spéciaux. De simples animaux, mais qui volaient au-dessus de la mer, et étaient reliés à des veilleurs. Grâce à des orbes magiques, ces derniers pouvaient voir ce que les corbeaux voyaient, et c’est comme ça qu’on l’avertit d’une menace qui remontait discrètement le long de la côte.
«
C’est un drakkar, Madame ! s’exclama son sublaterne.
-
En voilà qui viennent de loin... -
Dois-je ordonner à la flotte de se déployer ? -
Laisse-moi y réfléchir... »
Véra était une femme très belle, qui s’habillait de manière très sensuelle, puisqu’elle ne portait généralement sur le corps que son harnais noir en cuir, avec ses gants, ses collants, et sa culotte. Beaucoup la sous-estimaient pour ça, ainsi que pour son fort appétit sexuel, mais, en réalité, elle avait réussi à reprendre les rênes de ce marquisat. Elle était bien plus dangereuse que l’image qu’elle aimait donner, et elle savait qu’elle avait beaucoup de rivaux politiques dans la région, que ce soit d’autres seigneurs, ou même certains de ses vassaux, regrettant l’époque de l’ancien marquis. Il s’agissait notamment des frères de l’ancien marquis. Véra en avait fait exécuter une bonne partie, mais elle se surprenait toujours à découvrir, ici ou là, tel ou tel bâtard, tel ou tel cousin éloigné ou arrière-neveu qui avait échappé à ses recherches.
Restée seule avec ses esclaves, elle les observa silencieusement.
«
Un drakkar... »
Elle apprit qu’ils avaient choisi de se poser dans un cours d’eau reculé, au milieu d’une forêt. Un choix sage, puisqu’ils évitaient de se rapprocher des défenses maritimes de Véra, mais également risqué, puisqu’ils s’enfermaient dans le cours d’eau. Plusieurs cibles s’offraient à eux : outre les villages, il y avait aussi la carrière de pierres de Kyttsburgh. Cette carrière abritait une réserve d’esclaves, et servait à produire la pierre que la Marquise utilisait pour fortifier ses défenses. Véra ordonna en tout cas à plusieurs navires de venir fermer l’embouchure, de manière à empêcher la fuite des pirates, puis se déplaça sur place.
Naturellement, Véra emmena avec elle Marguerite & Lilas, ainsi qu’une compagnie de soldats ashnardiens. Ils portaient d’épaisses armures noires de combat. Les soldats ahsnardiens étaient réputés pour leur dangerosité. Il s’agissait souvent d’humains dotés de gènes démoniaques, des guerriers pouvant manipuler la magie. Et Véra avait déjà pu voir qu’ils étaient à la hauteur de leur réputation. Avec une compagnie, elle rejoignit la forêt de Kyttsburgh, puis organisa, dans sa tente, un rituel magique. Car il ne fallait pas oublier que Véra était une terrible magicienne, ayant appris à manipuler la magie en Enfer, et continuant à régulièrement s’exercer à Ashnard.
Déployant ses cercles de perception, elle s’absorba, et se relia à des corbeaux placés près des différents points possibles, et attendit ensuite... C’est ainsi que, quand les pirates attaquèrent la carrière de Kyttsburgh, elle les vit, et sortit de sa transe.
«
À la carrière, vite ! »
La garnison s’ébranla rapidement, et, en quelques minutes, il ne resta plus qu’une poignée de soldats au camp... Et deux courtisanes pour s’occuper d’eux. Un messager partit également informer les marins situés à l’embouchure de rmeonter la rivière pour attaquer le drakkar ennemi.
Véra, elle, fila droit vers la carrière. Les guerriers se déplacèrent vite, et elle aperçut rapidement des signes de lutte. La carrière était défendue par une petite garnison de conscrits et de miliciens. Elle ordonna à ses hommes de faire sonner le cor de guerre ashnardien, tout en rejoignant la colline surplombant la carrière. Véra vit ainsi les hommes ennemis, ceux qui surplombaient la colline. Plusieurs de ses hommes, des archers à cheval, tirèrent rapidement, décochant de redoutables flèches empoisonnées qui se plantèrent dans les torses luisants de plusieurs sentinelles. Véra, souriant de plaisir, bondit alors en hauteur, et déploya dans chacune de ses mains une lame recourbée. Des lames magiques, entourées de fumées noires.
Elle bondit en hauteur, et les planta dans le torse d’un homme, le faisant hurler de douleur, tandis que ses plaies se recouvraient de venins noirs. Véra sourit dangereusement, et retira ses lames, voyant un épais Barbare avec une hache se ruer vers elle. Elle esquiva l’attaque, et le frappa avec le pied, en prenant appui sur l’autre pied. Le coup sonna son ennemi, car, malgré sa taille fluette, Véra était bien plus puissante que ce qu’on pouvait croire.
Puis l’un de ses hommes, toujours à cheval, frappa avec sa lame le Barbare, entaillant profondément sa poitrine. Véra siffla légèrement, puis rejoignit la plateforme d’observation de la colline. Les barbares avaient tué les archers situés ici, empêchant ces derniers de sonner l’alarme à travers le cor d’alerte.
*
Une attaque furtive... Ils ont été plus intelligents que ce que je pensais...*
En contrebas, les barbares cherchaient à fuir, mais Véra avait pris soin de séparer ses troupes en deux, une partie sur la colline, l’autre filant vers l’entrée principale de la carrière. Les barbares étaient faits comme des rats,e t Véra, observant ceux d’en bas, fronça les sourcils, en entendant l’un d’entre eux appeler à la retraite.
*
Ça doit être leur chef...*
Son raid aurait été un succès si l’ancien marquis avait été là. Véra bondit alors en contrebas, et son corps se recouvrit d’ombres noires, tandis qu’elle se téléporta, et atterrit sur le sol, à côté de plusieurs chariots. Ses hommes venaient d’entrer dans la cour de la carrière, et plusieurs javelots furent lancés, transperçant plusieurs barbares. Véra en vit plusieurs choisir de s’enfuir par les mines. Un choix judicieux, car les mines menaient effectivement à des grottes très profondes... Mais aussi très dangereuses. Elle, elle regarda autour d’elle, et se téléporta encore, heurtant avec le genou la côte de leur chef, le couchant au sol.
«
Bonjour, toi... » glissa-t-elle alors, joueuse, moqueuse.
Elle l’observa silencieusement.
«
C’est toi qui commandes cette troupe ? Pourquoi attaquer une carrière ? Il y a plus de richesses à piller dans les villages... »
Il n’y avait guère que Véra pour vouloir discuter au milieu d’un combat sanglant et meurtrier. Bien sûr, plusieurs de ses hommes furent occis, mais ils avaient l’avantage du nombre, et bénéficiaient clairement de l’effet de surprise. Sur la colline, ses archers commençaient à se mettre en position, abattant à distance les barbares. Mais le chef... Véra le conservait pour elle !