Tout ça était surtout assez rapide pour Chengzu. Le jeune homme était d’un naturel calme et passif, une sorte de force tranquille. Mais, mine de rien, il reconnaissait bien là le Theorem qu’il avait connu. Rapide, nerveux (pour lui), à bondir dans tous les sens et à l’assaillir de questions. Pourquoi ci, pourquoi ça ? Sur ce point, Chen’ sourit légèrement, en reconnaissant qu’il n’avait pas vraiment changé. Il voulait déjà le ramener à Inferis, ou, plutôt, à Nachtheim... Perspective qui, pour l’heure, ne séduisait guère l’homme, même si cela impliquait de revoir le doux visage et la longue chevelure blonde du « Joyau de Sylvandell ». Après tout, vu le sort qui était accordé aux hommes dans la culture infernoise, Chengzu était plutôt partant de ne jamais vouloir s’y rendre... Mais Theorem l’aurait sûrement mal pris, et, de toute manière, Chen’ eut rapidement d’autres pensées en tête.
En effet, Theorem s’empressa de lui montrer sa besace secrète, et le jeune homme écarquilla légèrement les yeux devant ce spectacle, voyant des lubrifiants, des menottes... Theorem semblait vraiment décidé à faire de lui un « maître du BDSM », perspective d’autant plus troublante que... Eh bien, Chengzu n’avait rien d’un maître en la matière !
« Euh... Theorem, je ne sais pas si... Si c’est une bonne idée. Enfin... »
Il le regarda encore, et reprit rapidement :
« Je veux dire, qu’on passe du temps ensemble, et qu’on fasse l’amour, on le fera autant que tu veux car j’ai toujours aimé ta compagnie, et tu es très beau, mais... Le sadomasochisme, tout ça... »
D’aucuns purent alors voir un léger rougissement sur les joues de Chengzu. Peu de choses au monde pouvaient le troubler, mais l’idée de faire ça... En réalité, mais Chen’ n’osait pas encore l’avouer, quand il s’était rendu à Nexus, il s’était déjà retrouvé, une fois, dans un donjon. Une pièce où des gens se faisaient fouetter et humilier. Des femmes, des hommes, il y en avait pour tous les goûts. Chengzu était venu juste par curiosité, mais ressentait toujours un sentiment diamétralement opposé à cette pratique. D’un côté, Chengzu abhorrait profondément l’esclavage, qui avait selon lui commis bien des maux dans le monde, et continuait d’ailleurs à en commettre. Mais, de l’autre, il devait bien admettre que la vue du latex, des corps moulants brillants dedans, n’avait pas manqué de l’exciter.
Simple amateur, Chengzu en avait profité pour discuter avec des professionnels nexusiens du milieu, des femmes dominatrices organisant des spectacles sur ce thème, par exemple, ou des hommes soumis. Contrairement à ce qu’il aurait pu croire, ces gens faisaient ça par plaisir, par loisir avant tout, même si tout le monde reconnaissait que le BDSM était un art délicat, nécessitant quand même un peu d’expérience, et la connaissance de notions fondamentales.
Ceci étant dit, Chen’ avait toujours vu comme une simple attirance, une curiosité polie...
« Je ne sais tout simplement pas comment m’y prendre, Theorem... Je ne crois pas que je ferais un très bon ‘‘Maître’’... Être ton amant, ça me suffit amplement, tu sais ! »