Voyagez, encore et encore, rencontrez les plus jolies filles du monde au passage, tel était le destin de ce singulier magicien. Il était sur Terre depuis quelques semaines, le temps de s'y trouver un appartement, Seikusu semblait une ville prometteuse ! Il gardait son sourire en tout temps ici, rien ne pouvait vraiment le décevoir, le monde moderne était rempli de choses curieuses. Oh, bien sûr rien qu'il ne connaisse déjà, mais parfois il restait surprise de l'inventivité des humains. S'étirant au sortir de la douche, saluant d'un sourire la voisine de l'appartement d'en face qui ne pouvait que voir le haut de son corps. C'était un bel homme, entretenu, soigné, musclé sans excès, et jeune... Il semblait parfaitement à sa place ici, un étudiant parmi des centaines d'autres. Mais il n'était plus étudiant de ce monde, il ne l'avait même jamais été. Sortant une plume il nota une rune dans les airs, et ses habits apparurent alors à lui.
Un pantalon vert rayé verticalement de fil doré. Une chemise blanche avec un gilet en daim brun clair. Il enfila sa lavallière tranquillement et l'ajusta avant de mettre ses mitaines vertes et bracelets assortis. Enfin, prêt il termina par des chaussures en peaux de daim elle aussi, robuste et élégantes ! Il se coiffa rapidement devant la glace, puis sourit et se parfuma avant de quitter enfin sa salle de bain. Que faire aujourd'hui ? Déjeuner bien évidemment, il dessina une rune dans les airs et sa cuisine sembla se mettre en route toute seule. Il s'assit alors sur sa petite table, diantre que les appartements modernes étaient petits... Il soupira, vit son journal voler devant lui et le prit en le remerciant de venir tous les matins. Puis il lut quelques articles, des bagarres d'étudiants, des disparitions, ou encore des rumeurs sur un vampire en ville. Ce n'était pas n'importe quoi, mais tout cela semblait indigne de son intérêt.
Terminant sa Cracotte au fromage de chèvre, il sourcilla rapidement, une boutique de livre ancien semblait avoir une pub. Oh, la pub ne l'étonnait pas, mais une boutique de livre ancien ? Voilà de quoi piquer sa curiosité, il s'essuya les doigts avec une serviette, puis se leva d'un bond. Il tendit une main vers son salon, et un livre à couverture bleu, en cuir rigide se présenta à lui et vint se poser en main. Il l'attacha à sa ceinture dans une housse en cuir de cerf. Puis il rangeait à côté une plume ancienne en corne bleue, enfin en corne peinte en bleu. C'était le genre de plume qu'on utilisait avec un encrier, dont la pointe était en cuivre. Son matériel avec lui il mit en poche son porte-feuille, pratique dans ce monde. Il partit ensuite de son appartement direction la boutique qu'il allait visiter pour la première fois.
Sans surprise, après quelques trajets en bus, où l'on ne manqua pas de le remarquer, sa tenue singulière oblige... Et il arriva dans la bonne rue, souriant, calme, il se stoppa devant une façade, c'était la bonne cette fois ! Il pouvait déjà le sentir, son regard se durcit un instant. Il y avait de la magie à l'oeuvre en ce lieu. Surement un ou deux grimoires qu'il pourrait sans doute ajouter à sa collection. Il pénétra donc dans le lieu, l'odeur de cuir et de papier lui montant au nez directement. C'était exactement le genre d'endroit qu'il adorait, les librairies anciennes, les cabinets à curiosité et les vendeurs de babioles. Il entendit la cloche sonner à son avancée, une cloche antique sans doute en laiton ou en cuivre. Il sourit, puis parcourut un peu les étals, une main à plat face aux livres, il semblait les balayer avec concentration. Avant de se stopper sur un vieux livre du siècle dernier.
- Je te tiens...
Il prit le livre, une couverture brune en similicuir, des coins renforcés en fer blanc, et un titre simple, mais évidement : "Cent recettes pour éblouir vos amis !" Un livre de cuisine en somme, mais pas que pour le magicien. Il alla encore dans les rayons, prit des livres de prestidigitations et un exemplaire de "vingt-mille lieues sous les mers" par un dénommé Jules-Verne. Il posa le tout sur le tapis en cuir du comptoir en bois. Puis sonna la petite sonnette destinée sans doute à avoir l'attention du vendeur, qui était une vendeuse à l'odeur. Oui, il pouvait faire la différence subtile entre les parfums d'hommes, et de femmes ! Ce n'était pas un coureur de jupons pour rien !
- Bonjour jolie demoiselle, je voudrais ces livres, et j'en cherche un autre, mais je ne parviens pas à mettre la main dessus.
Il pouvait sentir un autre livre magique, en arrière-boutique ! Il le voulait, mais comment faire sans en avoir le titre, l'époque ou encore savoir de quoi il parle ? Il risquait de passer pour une dingue s'il prétend sentir le livre qu'il cherche là derrière. Enfin, l'idée n'était peut-être pas si mauvaise que ça, puis il ne serait pas contre une occasion de finir seul avec la vendeuse dans l'arrière-boutique... Mais bon, il restait souriant et doux pour le moment, aucune raison de laisser sous-entendre ses instincts pervers.