Tout était pourtant si calme et naturel jusqu'à présent. Juchée sur sa monture, Yan suivait silencieusement et pensivement le Ghost Blade qui se déplaçait lui-même au pas sans rien dire. C'était comme ça depuis deux heures déjà. L'individu n'était pas bavard et la jeune princesse n'osait pas le déranger dans ses sombres méditations. Elle se mit alors à observer le paysage morne qu'ils traversaient ensemble pour rejoindre le Sud. L'environnement était bien peu verdoyant, plutôt composé de poussières et de roches qui avaient dévalés les corniches par-ci par-là. Parfois, on pouvait apercevoir une petite touffe d'herbes et de fleurs sauvages, mais elle se faisaient de plus en plus rares. Le Désert ne devait plus être bien loin, à quelques jours à cheval sans doute. Yan leva les yeux au ciel. Le soleil était en train de descendre et le vent s'était levé, amenant avec lui quelques nuages gris qui annonçaient un temps maussade à venir.
La Princesse ne pouvait s'empêcher de penser à son père adoptif, le Roi Haiqin qui avait tant prit soin d'elle pendant toutes ces années. Et puis à Kain aussi, appelé le Chevalier d'Argent, le Silver Knight, une jeune homme brillant de l'armée qui était celui qui veillait sur elle, mais aussi un ami. Ils allaient beaucoup lui manquer..., mais elle n'avait pas eu d'autre choix que de fuir pour éviter la guerre. Le Ghost Blade s'était moqué d'elle, en disant la guerre éclaterait de toute façon et qu'elle était bien naïve de penser que son Royaume connaîtrait la paix. Le Templier Ostin n'était pas du genre à abandonner si facilement. Cette idée peinait beaucoup la demoiselle, mais ce qui était fait, était fait. Aujourd'hui, elle voulait obtenir des réponses sur ses origines et seul le Ghost Blade semblait pour l'heure capable de les lui apporter.
Prenant son courage à deux mains, elle talonna un peu sa monture pour tenter d'arriver à la hauteur de l'homme tout de noir vêtu, puis ouvrit la bouche dans l'espoir de lancer la conversation. C'est à ce moment là que tout bascula. Le Ghost Blade tira subitement sur les rennes de sa monture et lui fit signe de se taire. Puis il fit pivoter son cheval, regardant alors l'horizon qui s'était tenu derrière eux. Yan entendit un bruit métallique et vit son compagnon de route sortir lentement sa lame de son fourreau. Puis il y eut un silence pesant, lourd, inquiétant durant lequel on entendait que le souffle du vent. Yan avait beau regarder derrière son épaule, elle ne voyait rien. Pourtant, tout à coup, le Ghost Blade lança un ordre sec et autoritaire, qui n'autorisait aucune discutions :
- Fuis. Galope droit devant toi aussi vite que le peut ta monture. Je te rejoindrai.
Yan n'avait aucune envie de fuir vers l'inconnu, seule, en laissant derrière elle l'homme en noir. Mais elle savait aussi qu'il était inutile de désobéir. Elle le connaissait peu, mais savait au moins une chose : mieux valait ne pas le contrarier. Alors elle n'hésita qu'une seconde avant de lancer son cheval au galop, droit devant, sans se retourner. Elle ignorait tout du danger et de la raison pour laquelle le Ghost Blade s'était soudainement retrouvé sur la défensive. Mais une petite voix lui criait qu'il ne valait mieux pas le savoir.
Yan et son cheval avait galopé un petit moment, dans un nuage de poussière, le vent sifflant dans leur oreilles... et puis l'air s'était soudainement mit à vibrer. C'était quelque chose de difficile à décrire. Ce qui était certain, c'est qu'après cette drôle d'impression, tout était devenu noir.
Une seconde plus tard... elle se retrouvait dans une grande plaine verdoyante et chaleureuse. Un paysage très différent de celui qu'elle venait de quitter. Son cheval paniqua, se cabra. Yan poussa un cri et tenta de s'agripper à sa crinière, mais en vain. L'animal l'éjecta hors de la selle et s'éloigna au triple galop, la laissant allongée dans la poussière, déboussolée.... face à plusieurs cavaliers qui la fixaient étrangement.
La jeune femme, le souffle court, se redressa lentement, observant sans comprendre la scène qui se déroulait devant elle.
- Où... où suis-je ?
Ce fut la seule chose qu'elle parvint à formuler, tentant de repousser une mèche de cheveux qui s'était glissée devant ses yeux.