Au Japon, il existait une législation stricte qui voulait que, depuis 1948, les boîtes de nuit ferment à une heure du matin. À l’époque, il s’agissait d’une loi de morale publique, pensée pour éviter les beuveries nocturnes. Une loi particulièrement obsolète, et, pour s’en convaincre, il suffisait de voir le nombre d’établissements nocturnes, officiellement appelés
clubs, qui ouvraient toute la nuit, bénéficiant, pour cela, de la tolérance de la police. Cette simple loi illustrait, en soi, l’ambivalence fondamentale du Japon, où les lois n’étaient que l’expression du pouvoir officiel, alors que le Japon était aussi dirigé par d’autres forces que la puissance étatique.
C’était le cas de cette boîte de nuit, tenue par
une belle bartender. En s’avançant à travers la boîte, on pouvait rapidement constater que cette femme avait un certain succès auprès des clients, essentiellement les hommes, mais aussi les femmes, et qu’elle n’était visiblement pas contre se rapprocher plus intimement de certains d’entre eux.
Qu’elle soit là était aussi la preuve que la loi japonaise de 1948 n’était pas la seule norme à perdre en puissance. Il y avait aussi une loi encore plus ancestrale, le Pacte céleste. Cette convention avait mis fin au Grand Conflit, en posant comme principe cardinal la non-ingérence dans les activités humaines, au nom du libre-arbitre. Techniquement, ce que cette femme faisait était une violation flagrante de ce pacte, vu que personne ne l’avait invité pour gérer son établissement. Néanmoins, il était admis, parmi les multiples exceptions à ce Pacte, qu’un démon pouvait se rendre dans les Plans Intermédiaires, tant qu’il ne faisait pas un usage excessif de ses facultés démoniaques. Parfois, il fallait savoir s’arranger avec la loi.
C’était la réflexion que se faisait
Kazuha en s’avançant. Devant se rendre sur Terre, la jeune femme, qui était l’esclave de Samara, avait troqué son habituelle tenue très courte (des
sous-vêtements noirs) pour un ensemble plus urbain, mais toujours aussi court, se composant d’un débardeur blanc, de collants, et d’une minijupe révélant parfois sa culotte blanche. Elle ne portait pas non plus de soutien-gorge, et laissait volontiers certaines mains se perdre sur ses fesses.
Sa cible, néanmoins, n’était pas l’un des clients de ce bar, mais bien la patronne. Elle n’agissait évidemment pas en son nom, et, pour être sûre que la
bartender l’identifie, Kazuha portait, sous son pull, un collier avec un pendentif spécial. Un pendentif abritant un cristal rouge, qu’un démon devrait ressentir. C’était une gemme magique démoniaque. Samara en avait plusieurs, et cette gemme, en l’occurrence, émettait une sorte de pulsation que seul un démon pouvait capter. Chez les humains, les rayonnements de la gemme pouvaient, à tout le moins, provoquer des instants lubriques, ce qui justifiait d’autant plus les mains sur son cul.
Kazuha rejoignit ainsi le comptoir, et se retrouva face à la
bartender, en lui faisant un sourire malicieux.
«
Salut ! clama-t-elle pour couvrir le tintamarre ambiant.
Je m’appelle Kazuha, c’est la première fois que je viens ici. C’est un coin sympa ! »
Une première approche, toute innocente... Kazuha comptait sur l’appétit sexuel de la démone pour obtenir son attention... Ainsi que sur la gemme magique qui brûlait dans le creux de ses seins.
Après tout, elle n’était pas là pour la fête, mais pour accomplir une mission de la plus haute importance.