L'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui n'est pas celle d'un héros sans reproche, aux valeurs exceptionnelles ou au passé le promettant à un destin fabuleux. Notre héros s'appelle Odysseus. Ne confondons pas, il ne s'agit pas ici du Odysseus que nous connaissons tous, qui a vaincu Troie et le Cyclope ainsi que de tous les prétendants de sa femme. Non, Odysseus c'est un simple apprenti boucher-charcutier qui a grandit dans la vallée de l’Attique, enfin, il vit tous simplement à Athènes. Il n'est pas beau sans être laid, il n'est pas fort sans être faible, c'est simplement une de ces personnes insignifiantes dont la seule envie est de vivre un jour de plus, ou au contraire que tous s'arrête dans son sommeil, sans souffrance ni peines. Ses cheveux d'un blond foncés sont retenus en queue de cheval. Ses joues, le dessus de sa bouche, son menton et sa mâchoire sont couvert d'une toute fine barbe non rasée du matin, ou simplement mal rasée. Ses yeux bleus céruléens ont depuis longtemps perdu la teinte de vie qui anime ceux des jeunes gens de son âge. Il est juste résigné à faire un métier très éloignés de ses rêves d'artistes de jeunesse.
- Ulysse! Fit une voix forte et rocailleuse, dans un grec aux accents britannique depuis le fond de la boutique. Lâches tes couteaux et viens ici.
- Odysseus.. Je m'appelle Odysseus, fit il d'une voix lassée de répéter encore et encore les mêmes mots, anticipant déjà la réponse de Jerry, son patron « C'est la même chose, je préfère en latin »
- C'est la même chose, je préfère le latin.
Ah, tiens, un petit changement dans la routine épuisante de ce travailleur sans histoire et sans avenir. Il rejoint le gros anglais, nettoyant ses mains dans son tablier blanc tacheté de rouge.
- Look les infos gamin, fit il lui tapant sur l'épaule, ses yeux vitreux et alcoolisés braqués sur le petit écran minable dans le coin de la pièce.
Odysseus leva alors les yeux à son tour, fronçant rapidement les sourcils et ouvrant légèrement la bouche. Aux informations, un homme parlait l'air grave. Des touristes avaient été violemment massacrés sur les ruines du Parthénon. L'homme expliquait qu'il pouvait s'agir d'un attentat terroriste mais qu'on avait aucun témoin et donc aucune piste. Les touristes avaient été lacéré par ce qui semble être une lame courbe, ce qui rentrerai en corrélation avec la disparition d'une pièce de musée, une épée rare d'un roi inconnu en fer météorique.
- Ouais. Un malade s'est attaqué à des parasites au nom de son Dieu à tous les coups, va falloir faire gaffe patron, s'tout. Fit Odysseus, plus blasé qu'autre chose. Téh, on est en première ligne en plus Jerry, la Turquie c'est juste à côté !
- Tu racontes des bullshits Ulysse, s't'un fucking fantôme s'moi qui t'le dit. Déclara d'un air un peu fou le gros anglais, reniflant dans sa longue moustache.
- Retournes à tes saucisses et ton scotch va. Fit il, pestant d'avoir encore été appelé Ulysse.
Le jeune homme s'en alla à son tour en chambre froide pour récupérer les côtes d'un bœufs afin de les mettre sur présentoir. Lentement, machinalement, Odysseus coupa les côtes, protégeant ses yeux des éclats d'os que la scie provoquait à l'aide d'une visière de PVC.
- Kiddo ! J'prends ma pause. Lui cria Jerry, montant au bureau.
- Ouais ! Répondit-il, allant poser la viande au présentoir, un brun de thym pour la décoration.
Il retirait alors ses gants de latex blanc quand entra ce qui faisait pourquoi il se levait tous les matins pour travailler ici, Miss Margha, fille de Jerry. C'est à se demander comment un bœuf comme son patron avait pu offrir au monde ce parfait exemple du charme Britannique. Elle était suivi de la raison qui le faisait haïr son travail, Nikola, un tailleur, belle gueule, gentil, intelligent, désespérément drôle, atrocement sympathique, le type parfait, le genre où on ne se pose pas la question « qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? » il a tout.
- Hey ! Miss Betty, Nikola, vous allez bien ? Je vous sers quoi ? Fit-il, son passé d'acteur amateur de théâtre lui faisant simuler une joie des plus sincère à la vue du couple princier.
- Salut Ody' tu nous mets deux pavés ? Lui fit le grand Nikola, seigneur de sa dame.
Odysseus signa un bonjour à Margha, sourde et muette depuis sa naissance qu'elle lui rendit dans un sourire, ayant une cousine sourde muette, il l'avait apprit plus jeune, avant de se mettre à l’œuvre. Nikola tenta d'amener une conversation pour prendre de ses nouvelles, s'il avait trouvé une pièce où jouer, ou une piste plus intéressante de travail, il lui proposa même de passer à son magasin poser une demande d'emploi pour un rôle de conseiller clientèle, « putain, ce type est une vrai crème » pensa alors le jeune boucher charcutier, répondant simplement qu'il était à l'aise au milieu de ses viandes.
- Odysseus, Margha voulait t'annoncer quelque chose au passage.
Il se retournait, surprit. Margha signa rapidement quelque chose qui arracha un grand sourire au jeune homme.
- Tu vas entendre ? Pour de vrai ? Il se rendit compte alors de sa maladresse, signant maladroitement sa question, ce qui amusa la jeune femme qui lui fit signe que oui.
- Ouais, elle va entendre, on voit un spécialiste demain, comme tu es un peu son frère d'adoption elle voulait te l'annoncer elle même. Lui fit Nikola, un sourire doux et protecteur sur le visage.
Odysseus eu un soupire intérieur, il n'arrivait décidément pas à la cheville de ce type. Il allégea intentionnellement la balance en leur faisant un clin d’œil complice, faisant mine de vérifier que Jerry ne descendait pas.
- Au fait.. ça c'est moi qui tenait à te l'annoncer car je te considère comme un ami, on va se marier avec Margha.
Ah. Il eu l'impression de prendre un coup de chevrotine dans les reins il ferma les yeux pour garder sa maîtrise des émotions avant de se retourner lentement en paraissant heureux.
- Naaaaan c'est pas vrai. C'est génial, « c'est horrible. » pensa-t-il, vous faites ça quand ?
- L'an prochain, ça nous ferait plaisir que tu viennes. Lui dit-il, avec encore un de ses foutus sourire paternel qui le rendait atrocement sympathique.
- Maaais bien entendu ! Avec plaisir ! Vu que Margha pourra entendre, je vous chanterai un petit truc ! Ajouta-il avec un petit sourire.
- Ah-a ! My son ! Dans mes bras kiddo. Fit un Jerry écarlate d'alcool.
Le futur gendre et son beau-père se prirent dans les bras, Ody' se contenta d'un sourire un peu triste qui n'échappa pas à Margha qui détourna le regard. On dit que ceux privés d'un sens en développait un nouveau, rien n'était plus vrai dans le cas de Margha qui pouvait se venter d'être d'une empathie sans limite. Mais le jeune grec s'en fichait pas mal au final de son propre sort, il était juste heureux que la fille dont il était amoureux allait être heureuse, allait fonder une famille, serait épanouie en somme. Ce fut dans l'heure qu'Odysseus trouva son salut, déjà celle de la débauche.
- Jerry, je vais y aller, c'est l'heure.
-Yes yes, vas y, bonne après midi kiddo.
Le jeune couple le salua, il sourit, il s'en alla. Athènes était belle en hiver, le froid coupait avec la chaleurs étouffante du reste de l'année, les gens sortaient moins bref, Athènes devenait son paradis. Il prit le chemin de son refuge, un bar sur le port, au volant de sa moto, héritage d'un père décédé, s'il y avait quelque chose qu'il aimait particulièrement c'était cette sensation de fouet sur le visage que lui procurait le vent d'hiver. Une fois garé, il entra dans le cloaque dont l'atmosphère était saturé par les vapeurs d'alcool et de friture. Installé à sa table habituel, il remarqua une jeune femme entrain de lire dans un coin, c'était la première fois qu'il la remarquait bien qu'il aurait juré l'avoir déjà vu. Alors qu'il essayait de se rappeler où, elle leva le regard avant de lui adresser un petit sourire, chose étrange, il se senti soudain prit d'une passion dévorante pour cette jeune inconnue, qui n'était pas spécialement belle ou bien habillée, elle était quelconque, vraiment mais avait un petit quelque chose de félin dans son regard, comme une braise mal contenue. Il détourna le regard. La créature se leva, commanda au bar et vint s'installer à sa table.
- Je ne vous dérange pas trop j'espère ? Lui fit la jeune femme, il ne put que prendre un sourire en coin, haussant ses sourcils.
- Alors là pas du tout.
Le manque de délicatesse d'Odysseus arracha un petit rire discret à la jeune femme qui s'assit, elle se tût, le regarda, il fit de même, puis elle déclara.
- Je m’appelle Mégara, mes amis m'appellent Meg.
- Odysseus, mes amis ne m'appellent plus.
Elle ricana à nouveau, haussant ses sourcils.
- De très bons amis alors. J'ai vu que vous m'observiez, ça m'a intrigué. Fit-elle, se penchant un peu vers lui.
- Si toutes les personnes que je regardais venait s'asseoir à la même table que moi, je serai ruiné en alcool.
- Et bien pas cette fois, vous aimez le vin ?
- À peu près autant que regarder les gens.
Elle sourit. Il sourit. Nikandros, le barman leur servi un verre de rouge chacun. C'était une piquette sans intérêt mais le garçon lui trouva une valeur nouvelle, Meg contempla son « hôte » un instant avant de déclarer.
- Je suis étudiante en littérature, et toi ?
- Apprenti boucher-charcutier, comme il vit qu'elle rigolait il continua, Non pour de vrai, je coupe de la viande toute la journée.
- Oh… Et c'est épanouissant ?
- Presque autant que regarder araignée qui pend au bar de Nik'. Ma vrai passion c'est l'art.
- Lequel ?
-Théâtre, poésie, chanson.
- Oh, mais impressionnez moi. Ajouta-t-elle, avec un sourire mutin, en temps normal il n'aurait rien dit ou fait mais Margha se mariant, il se sentait d'humeur à faire des erreurs.
- Votre appartement est loin ?
Elle lui sourit et se tût jusqu'à ce qu'ils finissent leurs verres, puis, laissant de quoi payer la consommation, elle le prit par le bras et le traîna une rue plus loin sans rien dire. Une fois dans l'appartement, Odysseus regarda autour de lui sans remarquer que Meg pourtant devant lui venait juste de se mettre entièrement nue. Il vint la prendre par les hanches, collant ses lèvres à celle de la jeune femme qui le traîna à nouveau, mais vers son lit. Là il s'abandonna aux plaisir de la chaire avec elle, elle était tout d'une volupté subtil mêlée à une sauvagerie toute particulière. Quand vint le moment fatidique, il senti une chaleurs étrange au niveau de son entrejambe, ça n'avait rien de naturel, il leva les yeux vers le visage de son amante dont la chevelure d'ébène venait de prendre feu. Il eu un mouvement de recule avant de se faire empoigner les mains avec force.
- Ah.. ha… où tu vas mon mignon ? Tu penses quand même pas t'en aller comme ça ?
Elle accéléra ses mouvements avant qu'il ne se sente soudain happé de l'intégralité de son énergie. Son corps prit feu, la douleur était atroce, il hurla, tenta de se débattre mais rien n'y faisait, il était prit au piège. Sa peau se teinta de gris, ses membres se raidirent, il devenait de la braise. Elle se retira, passant sa langue sur le corps embrasé d'Odysseus.
- On ne t'a jamais dit de ne pas se fier aux inconnus ?
Elle chercha à le mordre au cou, mais l'appartement fut soudain prit d'une grande lueur. Si le corps de l'humain commença soudain à guérir, c'est celui de la créature en face de lui qui prit feu, elle hurla, tenta de se débattre, mais sa tête fut finalement tranché avant qu'une voix ne fasse.
- Son dernier conseil est un bon conseil. Relèves toi fils de l'homme.
Il recula, haletant. Un grand homme en costume le toisait d'un air mauvais. Hormis les bouts de Meg qui brûlaient tout était redevenu normal dans l'appartement. Il regarda ahuri le grand type devant lui. L'homme était grand, de type caucasien, il avant des cheveux gris coupés en brosses militaire, des petites lunettes rondes au verre teinté, une face buriné qui lui donnait un air de méchant bulldog. Il portait dans un holster un glaive dont la lame ne semblait pas faite d'acier ou de fer, c'était plus précieux que ça, plus noble que ça.
L'homme prit un cigare qu'il alla allumer sur une des jambes embrasés de la défunte Mégara. Il regarda un Odysseus tout tremblant, ne comprenant rien à ce qu'il venait de se passer.
- Nan en fait poses plutôt ton cul sur ce lit et écoutes moi. Mon nom est Mikael. Je suis ce qu'on appel chez les tiens un Ange, elle, c'est une pouillerie de succube.
Odysseus hocha rapidement et plusieurs fois la tête, tout était trop fou pour qu'il puisse interrompre ou traiter son sauveur de malade mentale.
- J'ai couché avec une succube.. Et un ange vient de me sauver la vie. Fit Odysseus, l'air livide avant de se donner un grand coup sur le front, comme pour essayer de se réveiller.
- Nan mais je suis pas exactement s'que tu connais des anges et elle c'est pas exactement s'que tu connais des démons. Spoiler d'ailleurs mon grand, Dieu c'est le nom que vous filez à quelque chose qui a rien à voir avec nous.
Le jeune homme le regardait encore l'air ahuri par l'idée d'avoir un ange en face de lui. La créature céleste s’assit à côté de lui, sortant de son costume une bière déjà décapsulé.
- Bois ça petit, t'as besoin de récupérer. Maintenant que t'es témoins de ce qu'il se passe, j'dois m'assurer que tu ..
- Vous allez me tuer ? Le coupa Odysseus, tenant la bière d'une main tremblante.
- Nan, ça c'est la façon de faire des démons, ou du moins pas tout de suite, ça dépend de si tu te mets en travers de ma route ou non. Dit Mikael, ce qui rassura Ody'. Dis toi que les anges sont des genres de grand frères pour l'humain. Dieu, lui, a joué le rôle du père un peu en retrait. Au final, de ses enfants, y a eu bientôt trois camps. Anges, nephilim et Démon. Les premiers, c'est moi et mes frères d'armes. Les seconds, c'est ce que les premiers hommes ont appelé des Dieux, ce sont des hybrides entre humain et anges, voir entre ange et démon. Zeus Héra et toute la clique c'était des hybrides entre anges et démons. À l'époque on était pas assez fort pour pouvoir nous battre contre eux, alors on les a laissé faire.
Odysseus tentait du mieux qu'il pouvait d'assimiler les informations qu'on lui transmettait. Mikael voyant qu'il ne disait rien, se contentant de boire, continua.
-Tout est vrai. Les monstres, les bêtes, les livres saints, ce que vous appelez prophète nous appelons ça historiens.
- Ok ! Le jeune se leva et se dirigea vers la porte d'entrée, Mikael lui demanda où il allait. Je vais dormir, oublier, me soûler sûrement, demain j'irais au travail, je sourirai comme tous les jours à la fille de mon patron qui va se marier, j'entendrais encore les mêmes blagues de merde que depuis 1 an et tous retournera à sa place. Salut.