Seikusu Base Camp
Plus tard«
La bonne nouvelle, c’est que nous avons démantelé une base importante de La Main. Nos analystes et nos experts sont en ce moment en train de rechercher les appuis financiers liés à cette installation, de manière à pouvoir remonter la fourmilière. »
La Main avait beau être une organisation ancestrale, avec un fonctionnement religieux, elle avait aussi un fonctionnement très moderne, à base de sociétés-écrans, de comptes bancaires placés dans des paradis fiscaux, et de soutiens auprès de multiples entreprises, dont les conseils d’administration n’avaient parfois pas eux-mêmes conscience qu’ils soutenaient La Main. L’organisation avait été fondée il y a plusieurs siècles, et, comme son nom l’indiquait, elle avait, depuis cette période, la mainmise sur le Japon. Les puissants clans yakuzas japonais craignaient La Main, et personne n’oserait se heurter à elle. Kagenobu Yoshioka, le fondateur de La Main, avait créé cette dernière à l’aide d’une métaphore simple : le Japon était composé de cinq îles principales, qui, comme les cinq doigts de la main, devait se regrouper autour d’une main pour les fédérer. Imaginait-on les doigts d’une main agir sans tenir compte des autres ? Autrement dit, à l’image des cinq doigts de la main, les cinq îles du Japon avaient besoin d’une autorité centrale pour agir en leur nom, les protéger, et faire ce qui était mieux pour le pays.
Originellement, la Main de Yoshioka était un mouvement de rébellion venu du peuple, pour lutter contre le pouvoir seigneurial abusif des
daimyos. Le Japon féodal était en effet caractérisé par la difficulté à établir un pouvoir central et étatique, et par les multiples abus résultant des guerres seigneuriales et claniques multiples. Yoshioka avait fondé son mouvement en s’aidant des principes de Sun Tzu, formant les villageois rejoignant l’organisation au
ninjutsu. Les ninjas de La Main étaient devenus aussi légendaires que redoutables, et, même aujourd’hui, alors que La Main avait dévié de ses préceptes, elle restait toujours très puissante, avec ce statut semi-légendaire qui donnait aux gens le sentiment qu’elle était omnipotente et invincible.
«
Reste la question de ce mystérieux peintre… Qui m’a tout l’air démoniaque. Il est encore trop tôt pour faire autre chose que de la spéculation ou des hypothèses à son sujet. Nous savons que La Main tire ses pouvoirs démoniaques du Tengu. »
Le
Tengu était une figure mythologique japonaise, une sorte de divinité monstrueuse et démoniaque. Il prenait, dans la mythologie japonaise, la forme d’oiseaux de chasse, et était assimilé aux démons japonais, les
yōkai. De fait, on représentait souvent le
tengu avec un
horrible masque rouge grimaçant. La légende autour de La Main voulait que l’organisation ait pris un tournant démoniaque, avec ses rituels et sa magie noire, en concluant une alliance, dans les montagnes, avec le
Tengu.
Autrement dit, y avait-il un lien entre ce peintre fou et La Main ? Tout laissait à le croire, mais, comme dans toute enquête policière, il fallait se méfier des réflexions hâtives.
«
En tout cas, je te félicite, Vanessa. Pour une première mission, tu t’en es bien sortie. »
Dans le bureau du Directeur de
Seikusu Base Camp, Quiet avait négligemment posé ses jambes sur le bureau, sa chaise renversée vers l’arrière, croquant une pomme. Le Directeur en question avait convoqué les deux femmes pour un débriefing, et envisager la suite à mener. Il n’était là que depuis quelques semaines, et, fidèle à sa réputation, enchaînait les dossiers et les cas à gérer. Seikusu était une pépinière explosive, et, pour gérer cette situation, le Triskelion avait envoyé l’un de ses agents les plus expérimentés.
C’était un proche de Nick Fury, personnellement recommandé par ce dernier, qui avait été limogé quand Maria Hill était devenue Directrice du S.H.I.E.L.D. pour la première fois, en raison de ses accointances avec Fury. Il avait servi ensuite comme agent de liaison entre le S.H.I.E.L.D. et les
Avengers, et portait, avec lui, une collection de cartes de base-ball à l’effigie des super-héros résultant de la Seconde Guerre Mondiale.
Phil Coulson se tenait face à Vanessa, et arborait, sur ses lèvres, ce demi-sourire mythique qui le définissait si bien.
«
Mais je suppose que tu dois avoir un goût amertume dans la bouche, vu que votre cible s’est enfui… »