Eris et lui avaient beau discuter sereinement, sans arrière pensées -ou du moins le pensait-il-, il ne se sentait pas tout à fait serein. Son regard papillonnait sur les diverses fresques et décorations ornant les murs, pour éviter de s'attarder sur les courbes envoutantes de la belle femme. Non pas que le jeune brun était insensible à ses charmes, non, au contraire, il la trouvait superbe. Cependant, elle avait eu l'extrême gentillesse de l'accueillir et de prendre soin de lui, depuis qu'il avait débarqué dans ce monde, et porter son attention sur le physique évocateur d'Eris plutôt que sur la visite aurait été assez impoli. D'autant plus qu'elle avait déjà eu l'occasion de l'appeler "pervers", une étiquette assez gênante à assumer.
Alors que la jeune femme posa sa main sur l'épaule de Bunjiro, ce dernier leva les yeux vers elle. La sultane lui révéla alors que son regard n'avait pas besoin d'être aussi fuyant, et que la légèreté de sa tenue était justement faite pour cela. Ce à quoi le jeune garçon, pris au dépourvu, ne su quoi répondre.
« Ah... euh... bah... hum... »
Bunjiro avait bien sûr remarqué que sa tenue ne couvrait pas grand chose de ses généreux atouts, mais il supposait, en toute innocence, que c'était pour pouvoir mieux supporter la chaleur. Le fait qu'elle lui avoua sans détour que la tentation était volontaire, et qu'il pouvait y succomber, le déboussola complètement. Il n'ajouta rien de plus à ses bégaiement, les joues rosies par la gêne, plus chaude encore que le sable du désert, et il reprit la marche à ses cotés. La confusion l'empêchait d'avoir les idées clairs, alors il n'y pensa plus, et il reporta son attention sur les portes du palais qu'ils quittaient, les personnes qu'ils croisaient, les rues qu'ils traversaient... et, parfois, sur la poitrine de son hôte, à peine caché derrière un fin tissu aussi petit que la décence le permettait. Ces regards étaient cependant assez rare, par bonne conscience, mais il avait reçu le feu vert de l'intéressée, alors pourquoi se priver ?
Ils arrivèrent dans un large boulevard, fréquenté et très festif, et s'arrêtèrent devant un petit étal. Eris lui acheta alors un collier, qu'il accepta volontiers.
« Oooh, merci madame Eris ! Ça fera un joli souvenir. Je, hum... je n'ai rien à offrir en retour. Mais j'imagine qu'il n'y a rien que je puisse offrir à quelqu'un d'aussi fortunée de toute façon, haha. Merci beaucoup ! »
Bunjiro n'avait pas l'habitude de porter des bijoux, mais il aimait bien celui-ci, qu'il entreprit d'accrocher à son cou. Ils poursuivirent leurs chemins, et regardèrent les divers spectacles de rues qui s'offraient à eux. Le jeune garçon était toujours en train d'essayer de fermer l'attache du collier, ce qui était beaucoup plus difficile qu'il n'y paraissait ! Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front, ainsi que sur le creux de son cou, la faute à une température légèrement supérieur à ce dont il était habitué. Eris l'interrogea sur les magiciens sur Terre, ce à quoi il répondit, les mains encore affairées sur sa nuque.
« Et bien, non pas vraiment. Enfin, je veux dire, oui, il y a des magiciens dans mon... euh, dans mon monde. »
Il eût un moment d'hésitation. Cela lui faisait bizarre de parler de la Terre en devant préciser qu'il s'agissait d'un autre monde, lui qui n'avait connu que celui-ci. Il avait encore du mal à appréhender cette bouleversante découverte.
« Mais il n'est pas question de chaudrons, ni de vieux sages. C'est plutôt des tours de cartes, ou des boites à faire disparaitre les gens, ou des chapeaux faisant apparaitre des lapins... c'est très différents d'ici, je dois bien l'avouer. »