Le dernier traitement n’avait malheureusement pas fonctionné, et, depuis lors, Illyana déprimait, ce que Sarah pouvait comprendre. Les Formiens formaient une espèce collective, partageant entre eux un lien fort, celui de la collectivité. Un Formien était autant un être individuel qu’un membre de la grande masse collective. De fait, entre l’Annexien, maître de sa Nuée, et le simple Formien de base, il existait plusieurs statuts intermédiaires, surtout dans les grosses Nuées, comme celle de
Sarah Kerrigan. Elle avait développé des Formiens qui, tout en étant reliés à ce lien collectif, disposaient aussi d’une conscience évoluée. Ces « Formiens d’élite » constituaient une couche intermédiaire, et, au-dessus de ces Formiens spéciaux, il y avait des sous-Annexiens, des sortes de relais que Kerrigan utilisait pour raffermir son autorité sur la Nuée, et faciliter la cohésion globale de la Horde. Il s’agissait de ses Cérébrates, et c’était le rôle qu’Illyana devait incarner. Or, pour jouer ce rôle, il fallait que son esprit soit à la fois individuel et collectif. C’était là que le bât blessait, car Illyana n’arrivait tout simplement pas à se relier à la Horde. Sarah, depuis lors, multipliait les expériences sur elle, mais aucune ne marchait vraiment. Pourtant, Illyana avait tout de la Formienne à part ça.
Elle était arrivée au sein de la Nuée depuis trois ans, et avait offert son lot de bébés et de créatures. Les premiers mois, elle avait été parfaite, mais, peu à peu, Sarah avait compris que le contrôle qu’Illyana exerçait sur les Formiens était fictif, car il venait du lien qu’elle partageait avec sa mère. Illyana ne pouvait interagir qu’avec d’autres télépathes, comme si elle recevait le signal, mais sans pouvoir l’émettre d’elle-même, agissant comme une sorte de relais inconscient qui diffuserait un signal sans le contrôler. Les premiers mois, personne ne l’avait réalisé, et Sarah s’était régalée. Illyana s’était avérée extrêmement gourmande, couchant pendant des jours et des jours, offrant des bébés particulièrement puissants. Maintenant, le rythme avait décru, même si le sexe faisait toujours partie intégrante de la vie d’Illyana. Il ne pouvait en être autrement, car son corps avait besoin de faire l’amour, mais ses bébés avaient tendance à mourir. Pour autant, ceux qui naissaient arrivaient à s’incorporer à la Horde sans problème.
Sarah, néanmoins, progressait, car elle savait d’où venait le problème. Elle avait récupéré Illyana à Sylvandell, il y a plusieurs années, lors d’une tentative avortée d’établir une Ruche là-bas*. Une tentative fictive, en réalité, car son but avait été de capturer cette Sakura, dont elle avait senti la présence. Abathur l’avait aidé à effacer la mémoire de Sakura, créant ainsi Illyana, à la place. Avant cela, Sakura était une Polymorphe très particulière, disposant d’un code génétique très flexible, capable de copier les facultés génétiques d’autres espèces pour modifier son génome. Des caractéristiques très formiennes, sauf que Sakura ne venait pas de Terra, mais d’une autre dimension. Si proche et à la fois si loin, elle était la preuve que la Fourmilière ne se limitait pas qu’à cette réalité, mais était une race transdimensionnelle. Toutefois, comme elle venait d’une autre dimension, elle était à la fois proche des Formiens, et en même temps très différente, créant des paradoxes qui, selon Abathur, agissaient comme une sorte de blocage mental. Sarah avait confiance en Abathur, qui, pour résoudre ce problème, devait analyser tout le génome d’Illyana, afin de repérer les points de blocage, et de la rapprocher des leurs. La tâche était difficile, car il fallait remonter à la partie de son code génétique qui était à la racine, celle qui était purement formienne, afin de la modifier.
Illyana, de fait, était très importante pour Kerrigan.
*
Elle est la preuve que les Formiens sont une espèce encore plus ancienne et encore plus puissante que ce que les Tekhanes pensaient. Moi-même, je ne sais toujours pas qui est vraiment l’Overmind...*
Et ça, c’était troublant. Sarah avait donc réfléchi. Elle ne pouvait pas laisser Illyana périr, et, aujourd’hui, elle se dirigeait vers sa chambre. Elle avançait à travers le mur, qui se transformait en un long conduit, jusqu’à la rejoindre. Que Sarah vienne en personne, c’était suffisamment important pour le noter. Illyana était couchée sur un lit organique, et fit mine de ne pas la voir. La Reine se pencha vers sa fille, et posa une main sur son épaule.
«
Illyana... Je suis venue te dire qu’Abathur travaillait encore sur ton génome. La dernière expérience a été un échec, mais elle a permis d’affiner les calculs. Je suis sûre qu’Abathur trouvera comment te relier à nous. »
Sarah savait que de tels propos ne rassureraient pas Illyana, mais, en attendant, elle avait aussi d’autres envies. Elle retourna Illyana, la couchant sur le dos, puis se coucha sur elle, et l’embrassa, joignant ses mains dans les siennes, et, pendant la prochaine heure, lui fit patiemment l’amour. Illyana avait beau bouder, le sexe était un plaisir naturel et instinctif chez les Formiens, a fortiori quand elle le faisait avec sa mère. Illyana avait beau protester, le plaisir, purement physique, purement bestial, la transcenda elle aussi, et Sarah se relâcha en elle dans un profond soupir.
«
Voilà... Hummmm... »
Abathur avait plusieurs théories pour expliquer l’incompatibilité d’Illyana, et l’une de ces théories était le fait que, quelque aprt en Illyana, sommeillait encore son ancienne personnalité, Sakura. Étant d’origine formienne, il subodorait qu’elle avait pu résister au conditionnement. Pour s’en assurer, Kerrigan avait donc profité d’une opportunité, et, tout en étant blottie contre elle, et en l’embrassant sur la joue, le lui dit :
«
J’ai une surprise pour toi, Illyana... »
Et, comme on ne se refusait pas à sa mère, Illyana la suivit à travers un couloir, tandis que la Reine des Lames lui donnait ses ultimes informations :
«
Je sais que tu as rejeté les dernières concubines que je t’ai offerte, Illyana... Mais je pense que celles-ci devraient te faire plaisir. Elles, je refuse que tu les rejettes, ma chérie. »
Pour Sarah, ce serait un test supplémentaire, mais peut-être aussi, pour sa fille, un déclic. Elles arrivèrent ainsi dans une grande pièce, avec de multiples œufs dans les coins, ainsi que des Formiens, qui s’écartèrent respectueusement devant le passage de leur puissante Reine. Elle tendit alors la main, et le plafond s’ouvrit, libérant des tentacules roses, qui tenaient chacun deux corps assommés, deux magnifiques femmes, et nues.
Une blonde, et une brune.
Alice Korvander et
Ayano Konoe...
* :
Cf. RP « L’épidémie de Sylvandell ».