Shani aimait le sexe de cette manière. Enfin, elle aimait le sexe de manière générale, mais elle avait aussi ses petites préférences. Le latex, la privation, les lèchements... L’acte sexuel à proprement parler ne devrait jamais être, selon elle, la raison de faire l’amour. Le bondage, c’était une manière de mettre en avant cette chose qu’on appelait « préliminaires », car l’orgasme sonnait comme une récompense finale, devenant presque accessoire. Ici, on prenait son temps, on explorait le corps, la sensualité. Le long de la langue et des doigts, à travers le latex, ou le cuir, on sentait la manière dont le corps était formé. C’était infiniment plus agréable. Néanmoins, Shani n’avait jamais été dans cette position. Non, elle, elle était dans la position de Fönn, que ce soit avec la Directrice, les autres professeurs, ou même des élèves comme Mélinda... Elle, elle était à quatre pattes, un vibromasseur remuant dans ses fesses, gémissant et soupirant tout en devant marcher à quatre pattes. Shani était de l’autre côté de ce jeu de rôle, et, tout en voyant la belle Fönn s’approcher, elle se mordillait les lèvres, crispant ses doigts sur les accoudoirs du fauteuil, en sentant une certaine chaleur remonter dans son corps, partant depuis sa poitrine. Elle soupira profondément, faisant crisser le latex, et vit ensuite Fönn se tenir à hauteur de sa jambe, et faire ce que Shani lui avait ordonné...
La bouche de Fönn, cette bouche magnifique que Shani avait eu l’occasion d’embrasser à plusieurs reprises, et qui sortait des mots si jolis, se mit à glisser sur con collant. Elle lécha le pied, sans retirer le talon aiguille de Shani, qui se mit rapidement à soupirer. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était un truc dont elle raffolait. Shani avait toujours aimé lécher de beaux pieds, et elle était ravie de voir que Fönn partageait cet avis. Au-delà de son lyrisme et de sa sympathie, le plus important, aux yeux de la secrétaire, c’était que leurs fantasmes et leurs goûts sexuels coïncident. En ce moment, il ne faisait plus le moindre doute, pour Shani, que Fönn serait la plus romantique des deux.
*Moi, en couple... Je ne l’aurais jamais cru, et pourtant... Si je devais rêver de la petite-amie idéale, elle serait comme toi, Fönn... Douce, belle évidemment, mais moins perverse que moi... Car, si elle l’était autant que moi, ça ne collerait pas. Non, c’est ça qu’il me fallait, une jeune femme belle, motivée, suffisamment romantique pour que je puisse la faire rougir avec des propositions indécentes, et en même temps assez coquine pour pouvoir suivre mon rythme.*
Shani avait beau avoir de nombreux amants et amantes, il était vrai que son appartement était vide. Elle était incapable de vivre avec quelqu’un, et avait souvent pensé qu’elle n’était tout simplement pas faite pour la vie en couple, tant elle était libertine. Elle avait déjà été amoureuse, mais ça n’avait jamais tenu, car les gens voulaient toujours se l’accaparer pour eux. Shani aurait sans doute dû le préciser davantage, mais, quand elle avait parlé des deux formes d’amour, c’était aussi ça qu’elle voulait dire. Pour elle, l’amour devait être une joie, un plaisir infini, pas une contrainte et une barrière. Elle n’aimait pas l’amour horizontal, car il impliquait un rapport d’exclusivité l’un à l’autre... Et ça, ce n’était pas possible pour Shani. Toutes ses relations avaient cassé parce qu’elle ‘était incapable de rester fidèle, sexuellement parlant, et parce qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse lui reprocher une infidélité sexuelle. Avant, au Moyen-Âge, elle pouvait le comprendre, car le mariage ne s’envisageait que dans le but d’établir une filiation, et les techniques de contraception n’étaient pas aussi développées qu’au 21ème siècle, mais, maintenant... Maintenant, les choses étaient différentes. Alors, est-ce que ça marcherait avec Fönn ? Ou est-ce que ce ne serait qu’un bref béguin, comme tous les autres ? Curieusement, et sans trop encore savoir vraiment pourquoi, Shani trouverait... Dommage que leur histoire se termine précipitamment.
En attendant, Fönn la léchait tendrement, goulûment, et Shani, rougissant brièvement, sentait le désir croître en elle. Sa poitrine venait lentement se mettre à enfler, se durcissant, ses doigts se serraient sur les accoudoirs, sa respiration se faisait plus précipitée. Elle se pinça encore les lèvres, voyant la langue remuer sur ses orteils, remontant ensuite jusqu’à la base de la cheville.
*Elle me lâche depuis une bonne dizaine de minutes, au moins... Quelle passion !*
Ce spectacle était si beau... Shani ne put qu’en frémir, en comprenant pourquoi c’était si excitant à voir, depuis sa position. Ce corps qui remuait à quatre pattes... Oh, quel spectacle ! Shani s’en pinça encore les lèvres, et Fönn s’arrêta finalement, avant de relever le visage, vers l’emplacement de celui de Shani, et parla alors, énonçant une formule... Nettement plus élaborée que ce que Shani avait en tête. Et, pendant toute sa litanie, Shani ne dit rien. Fönn jura devant les forces supérieures, le « corridor infini des millénaires », qu’elle sera sienne. Était-ce une manière de dire qu’elle jurait de la servir éternellement ? Ou, du moins, jusqu’à la mort... Il n’y avait que l’amour qui permettait de faire des promises aussi sottes, mais, n’en déplaise à son cynisme, Shani se sentit touchée par une telle promesse, et esquissa un nouveau sourire, que Fönn ne put pas voir.
Émue, elle se racla la gorge, et enchaîna :
« Relève-toi, ma Fönn... »
La femme obtempéra, et Shani se redressa à son tour, ses deux pieds touchant le sol, et se glissa dans le dos de la femme, tout en l’orientant, la tournant vers un miroir qui se trouvait contre mur. Dans son dos, son bassin heurtait le sien, et ses mains caressaient ses épaules, son nez glissant le long de ses cheveux.
« Tu as fait une incroyable promesse, Fönn... Mais sache bien que, si je l’accepte, chaque mot que tu as prononcé te liera. Tu accepteras tous mes caprices, toutes mes envies, tous mes désirs... C’est lourd de sens, Fönn, car je suis une femme qui a beaucoup de fantasmes. »
Ses mains jouaient avec la robe, en écartant les pans, jusqu’à la faire tomber. Le vêtement glissa le long de ses épaules, et s’affaissa sur le sol, puis Shani sourit encore, et caressa les hanches de la femme, ôtant également son soutien-gorge en remontant ses mains, et alla finalement masser ses lourds seins, posant une main sur chacun d’entre eux. Sa bouche, quant à elle, lécha le cou de Fönn, et mordilla un peu sa peau.
« Je peux dire que je suis autant perverse que tu es lyrique, Fönn... Alors, sois-en bien sûre. Partager ma vie, c’est très intense, car je vais adorer jouer avec toi, ma petite puce, avec ton corps, ta peau... Ton lyrisme buccal se couplera avec la sensualité des corps qui s’entrechoquent, Fönn... Alors, si tu en es sûre, je ne te demanderai pas une longue tirade, mais un simple... »
Et elle termina ensuite, en approchant sa bouche de l’oreille de Fönn, pour y glisser deux mots, en les murmurant, sur un ton se voulant très sensuel :
« ...Oui, Maîtresse. »
Prononcer juste deux mots... Est-ce que Fönn allait pouvoir le faire ?