Concerto pour une Reine [Suki Sorano]

« Si fait, Messire, elle n’a fait que quelques représentations, mais, à chaque fois, le public est formé par sa voix de velours » lui avait assuré le page quand il lui en avait parlé.

Tandis qu’il attendait, seul à sa table, Sire Ronald « Scar » Langley mettait brièvement fin à sa redoutable sobriété, avalant un peu d’hydromel nain en attendant le début du spectacle. Il était dans l’une des pièces de l’auberge du Coucher de Lune, la plus grande auberge de Nexus, si grande qu’elle se découpait en plusieurs salles, et constituait un véritable vivier social, où toutes les couches sociales de la population nexusienne se retrouvaient. Ici, outre boire et manger, ou dormir, on jouait beaucoup. Poker de dés nains, tarot, poker tout court, ou même des jeux plus stratégiques comme le gwynt, étaient légion. Le Coucher de Lune organisait même une compétition annuelle de gwynt, qui concurrençait, en popularité et en talent, celle du Pussiflore, une célèbre auberge de la cité-libre Novigrad. Le Coucher de Lune disposait donc d’une grande réputation, et on disait que l’auberge était la première taverne qui ait jamais été fondée à Nexus, aussi vieille que le Palais d’Ivoire, si ce n’est davantage.

Que cela soit vrai ou non, le fait est que, ce soir, il y avait de l’affluence. Avec son hydromel, Ronald avait commandé un plat assez simple, typique de Nexus : des crevettes avec des moules marinières. Et il sentait une certaine fébrilité, prêtant une oreille distraite, mais non moins attentive, aux badauds et aux conversations circulant autour de lui.

« Elle a une voix magnifique, tu ne regretteras point de l’entendre, sois-en sûr…
 -  Elle a charmé tout son auditoire la dernière fois. Ce faisant, le patron l’a invité à se reproduire dès le lendemain. Le réalises-tu ? »

Ronald, lui, le réaliserait sans aucun doute très prochainement. En temps normal, l’homme assumait un rôle dont il avait la charge depuis qu’il avait juré à son vieil ami, feu le Roi Liam Ivory, de le faire. Cette scène, Ronald se la souvenait encore. Quand Elena, la fille de Liam, était enfin venue au monde, ce dernier, qu’on surnommait le Lion de Nexus, lui avait demandé, si jamais lui et Nöly, sa femme, venaient à disparaître, de veiller sur Elena comme si elle était sa propre fille. Et Ronald avait juré sur son honneur, si tant est que, à Nexus, ce mot signifiât encore quelque chose.

Lui et Liam s’étaient connus à Haven, une cité alliée de Nexus, qui abritait l’Ordre du Griffon, un ordre constitué de redoutables paladins, les guerriers d’élite de Nexus. Ensemble, ils avaient affronté maints dangers, dont les redoutables Légions ashnardiennes. Liam, de mémoire d’homme, avait été l’un des plus grands Rois de Nexus, un Roi guerrier qui avait réussi à mettre fin aux incursions ashnardiennes, tout en essayant de moderniser en profondeur le pays, en développant la justice royale, poursuivant l’œuvre de ses aïeuls, qui avaient toujours cherché à diminuer l’influence des contrepouvoirs au profit du pouvoir étatique. Lui avait tenté de diminuer le plus redoutable contrepouvoir qui soit, celui des financiers, des grandes guildes économiques qui gangrénaient la ville en imposant leur diktat. Pour ça, Liam et Nöly s’étaient attaqués à la charpente de leur pouvoir : l’esclavage, l’exploitation des hommes. Ils avaient entrepris de mettre sur pied une importante réforme, quand un cyclone avait massacré toute la famille.

Ils étaient alors sortis sur un yacht à destination de la région natale de Nöly, les Îles Mélisi, afin de célébrer la naissance de leur fille, Elena. Une tempête apocalyptique avait alors éclaté, un cyclone redoutable. Ronald s’était alors retrouvé, avec Jamiël, une amie d’enfance de Nöly, tuteur d’Elena, et, suivant les dernières volontés de Liam, qui avaient été consignées par Notaire, il avait eu en charge le poste d’Intendant Général au Palais d’Ivoire. Un poste qui, contrairement aux idées reçues, ne consistait pas à vérifier l’état des draps, ou si les bougies étaient bien toutes allumées. Ronald était responsable de la sécurité du Palais d’Ivoire, et, au-delà de ça, de celle de la Reine. Volontiers paranoïaque, il avait réorganisé en profondeur le personnel du Palais, afin de n’avoir que des gens de confiance à l’intérieur.

Et, en ce moment, une autre tâche, très importante, lui incombait.

Jamiël avait décidé d’organiser un concert, en hommage à l’anniversaire de la jeune Reine. Et Ronald, lui, traquait de jeunes talents, susceptibles de plaire à la belle Elena. La Reine avait vécu des derniers mois difficiles, entre émeutes et attentats, et c’était donc l’occasion de l’amener à se détendre. Pour cela, Jamiêl organisait des auditions, tandis que Ronald, lui, cherchait de nouveaux talents.

Or, apparemment, ce soir, l’un de ces jeunes talents allait bientôt chanter.

Il était donc impatient d’assister à cela…

Depuis sa venue sur ce monde du nom de Terra. La jeune femme avait cherché où elle pourrait se loger. Longtemps, elle dormit dehors, chose qui ne semblait pas la déranger, la jeune femme marcha longuement avant de découvrir une taverne du nom de " Coucher de Lune". Il semblait que cette taverne semblait chercher des jeunes talents pour quelque chose, Suki ne savait pas encore, mais elle regarda attentivement les lieux et les nombreux prétendants à cela. La jeune femme finit par soupirer longuement avant de passer son chemin, toute façon, il fallait de l'argent pour espérer de manger et de dormir dans une auberge. Elle continua donc son chemin en silence, son ventre gargouillait légèrement. Quand soudain un homme s'approcha d'elle avant de la diriger vers une file d'attente, elle ne comprit pas, mais se laissa faire, elle ne voulait pas faire d'histoire. La jeune femme comprit facilement qu'elle allait se mettre à chanter ou leur montrer un talent ? Non, ils semblent rechercher une chanteuse.

* Je dois essayer ! Ils m'offriront peut être à manger !! *

Suki fit donc la file jusqu'à que cela soit son tour, elle se présenta sur une minie scène, un micro à la main. La jeune femme se présenta brièvement, donnant simplement son nom et son âge et qu'elle était voyageuse, cette dernière ne semblait pas vouloir dire plus sur elle, elle pense que c'était déjà bien suffisant. La jeune femme semblait également nerveuse par ce qui pourrait se passer, mais tant pis, si cela se passe mal, elle chassera pour chercher à manger. Suki regarda le monde présent, tremblant, elle ne savait si sa voix allait charmer ou non, elle toussa légèrement dans le micro et commença cette chanson, non, sa chanson.

" La promesse que nous tenons au creux de nos mains
Est un trésor éternel, qui ne disparaîtra jamais.
Un jour, nous avons vu briller au-delà du ciel
Les futures étoiles qui nous guideront
Vers notre avenir.

Les larmes que nous avons versées ensemble
Sont tombées comme une pluie d'étoiles filantes traversant la nuit.
Si nos vœux pouvaient être exaucés,
Je souhaiterais protéger la chose la plus importante à mes yeux.

Les miracles ne se produisent pas par hasard. Ils sont le fruit de notre dur labeur.
Peu importe à quel point il fait sombre, nos beaux rêves continueront d'exister.

Continuons d'aller de l'avant sans jamais abandonner.
Si je suis avec toi, je pourrai donner le meilleur de moi.
Rien de ce que nous faisons n'est vain.
Levons les yeux et sourions,
Car cet instant ne se reproduira plus jamais.
Je n'oublierai pas ton sourire, peu importe à quel point le chemin que j'emprunte est difficile,
Car tu es toujours à mes côtés.
Quel que soit le sort
Qui nous attend,
Les futures étoiles sont le lien qui illuminera notre avenir.

Lors de ces nuits solitaires où je me laisse abattre,
Je repense toujours à ton sourire…
Mon cœur finit tant bien que mal à se réchauffer
Et je me sens à nouveau capable de faire face et d'avancer encore un peu.

Nos amis représentent notre irremplaçable jeunesse
Et comme nous ne pouvons pas retourner à cette époque, cette chanson est devenue précieuse

Continuons toujours d'aller de l'avant, même jusqu'au bout de la lumière.
Si je suis avec toi, je pourrai tout surmonter.
Je n'ai pas peur, alors rions un bon coup.
C'est la formule magique pour sécher nos larmes.
J'avancerai sans hésiter, même si le chemin qui m'attend est long et escarpé.
Tu es toujours à mes côtés
Dans les moments tristes comme dans les moments difficiles.
Je suis sûre que l'avenir illuminera notre destin

Continuons d'aller de l'avant
Sans jamais abandonner.
Si je suis avec toi, je pourrai donner le meilleur de moi.
Rien de ce que nous faisons n'est vain.
Levons les yeux et sourions,
Car cet instant ne se reproduira plus jamais.
Je n'oublierai pas ton sourire,
Peu importe à quel point le chemin que j'emprunte est difficile,
Car tu es toujours à mes côtés.
Quel que soit le sort
Qui nous attend,
Les futures étoiles sont le lien qui illuminera notre avenir.

La promesse que nous tenons au creux de nos mains
Est un trésor éternel, qui ne disparaîtra jamais.
Un jour, nous avons vu briller au-delà du ciel
Les futures étoiles qui nous guideront
Vers notre avenir. "

Quand Suki chante, on dirait qu'on peut entendre un fond instrumental parfait pour cette chanson. Et comme des esprits qui semblent danser en plein rythme avec ces chansons. Elle entendit des applaudissements, tout le monde la sifflait, l'applaudissait. Elle avait eu un tel succès que le gérant semble lui offrir une chambre pour se préparer pour lendemain où quelqu'un de très connu semble honorer par sa visite à l'auberge. Suki accepta directement, elle mangea à sa faim et dormir dans une belle chambre. On lui avait également offert quelques fleurs. Suki semble être parfaitement heureuse...


Le lendemain passa rapidement, le soir était déjà présent. La jeune femme était assise devant la coiffeuse, elle brossa ses cheveux, mit un léger maquillage. Elle portait une longue robe mauve avec des rose rouge. De longs gants blancs jusqu'à ses mi-bras, elle portait des ballerines mauves qu'on ne pouvait voir à cause de sa longue robe. Oui la robe était magnifique, ses cheveux restaient longs, bien entretenu. La jeune femme marcha donc vers la scène où elle devait se présenter, elle était encore plus nerveuse qu'avant, peut être à cause qu'elle allait se présenter devant quelqu'un de très important. Suki était déjà illuminée par les lumières qui étaient posées sur elle. La jeune femme ne dit rien, attendant le silence avant de commencer à chanter .

" Plus jamais, je me battrais contre mes idéaux.
Plus jamais je verrais le monde comme je le voyais.
Je dois me battre, comme je le souhaite.
Plus jamais, on me forcera d'être celle que je ne suis pas.
Il est temps de chasser le passé, pour faire une nouvelle moi

C'est vrai, c'est vrai, que cela sera dure.
Je ne faiblirais jamais devant les autres
C'est vrai, c'est vrai, que cela sera dure.
Alors regardez moi bien maintenant


Na na na na na na na oh na na na na na hey hey Na na na na na na na oh Je changerais
Na na na na na na na oh na na na na na hey hey Na na na na na na na oh  Je deviendrais
Quand le héros traverse cela, qu'il brûle la flamme de son cœur pour sauver sa princesse.
En fermant les yeux et en tendant l'oreille, j'entends une faible voix.
Dans la forêt sans personne autour de moi, j'ai levé les yeux vers le ciel bleu.

Nous ne pourrons revenir ici (au revoir) , une fois dans un monde où fleurissent
Partout dans le ciel des fleurs (remplis le ciel) dont le doux parfum est un poison appelé solitude.
Au revoir, tout va changer, changer !

C'est vrai, c'est vrai, que cela sera dure.
Je ne faiblirais jamais devant les autres
C'est vrai, c'est vrai, que cela sera dure.
Alors regardez moi bien me métamorphoser.

Na na na na na na na oh na na na na na hey hey Na na na na na na na oh Je changerais
Na na na na na na na oh na na na na na hey hey Na na na na na na na oh  Je deviendrais

Vous m'avez tellement changer, vous avez dit que je deviendrais un monstre assoiffé de sang.
Réveillez vous devant ce monstre, car ce monstre deviendra un ange.
Il est temps qu'il change pour devenir gentil, pour qu'il parte faire le bien.

C'est vrai, cela sera dure de tout changer mais je n'ai pas peur.
C'est vrai, je ne dois plus avoir peur de moi même.

C'est vrai, c'est vrai, que cela sera dure.
Je ne faiblirais jamais devant les autres
C'est vrai, c'est vrai, que cela sera dure.
Alors regardez moi bien me métamorphoser.

Na na na na na na na oh na na na na na hey hey Na na na na na na na oh Je changerais
Na na na na na na na oh na na na na na hey hey Na na na na na na na oh  Je serais moi... "

En réalité, et il fallait en convenir, Ronald était loin d’être une critique musicale digne de ce nom. Dire que l’homme n’y connaissait rien en musique ne serait pas spécialement faux. Il buvait tranquillement, tout en voyant l’artiste approcher. Elle portait une élégante robe de soirée, avec de longs gants blancs, et un micro dans le creux de la main. Un appareil technologique qui n’avait normalement pas sa place à Nexus, en vertu des traités passés avec Tekhos qui interdisaient à l’État tekhan de vendre sa technologie très avancée aux autres États, mais, dans les faits, il était fréquent que ce genre de légers anachronismes se retrouvent. Par exemple, la scène sur laquelle Lie allait chanter disposait d’acoustique avancée, et Ronald savait que l’aubergiste s’était arrangé pour avoir un jeu de lumières sur cette scène. Pas de quoi non plus provoquer une crise diplomatique.

La jeune femme se retrouva face à une belle assemblée, qui s’étalait devant elle, mais aussi sur quelques mezzanines situées en hauteur, où, justement, se trouvait le vieux Paladin. Ronald trancha dans la fine et tendre bavette qu’on venait de lui apporter. Comme toujours, les fermiers nexusiens étaient à la hauteur de leur réputation. Tendre et délicieuse, le morceau de viande fendait sous sa langue, et, peu à peu, la voix mélodieuse de Suri ne tarda pas à résonner dans le Coucher de Lune. Ronald, honnêtement, ne pourrait guère prétendre être transcendé par les paroles des deux chansons, qui étaient d’une niaiserie confondante, mais il reconnaissait que la femme avait un superbe timbre de voix, et était capable de s’imposer sur la scène.

*Le genre de fadaises qui devraient sûrement plaire à la petite Elena...*

En toute honnêteté, Ronald devait bien admettre qu’elle s’en sortait bien. Pour l’heure, il n’avait pas beaucoup d’informations sur cette femme, ignorant d’où elle venait, ce qui était toujours un peu embêtant... En temps normal, il aurait continué à tranquillement se renseigner sur elle, mais l’anniversaire d’Elena approchait, et lui et Jamiël avaient décidé que ce pourrait être intéressant de lui faire découvrir de nouvelles têtes... Comme cette chanteuse.

Sa prestation se termina sous une magnifique ovation, une salve d’applaudissements, à laquelle Ronald prit part, tapant joyeusement dans ses mains. La jeune femme partit ensuite, probablement pour se détendre dans les loges, et Ronald, de son côté, en profita pour finir son repas. Il savait que la femme vivait à l’auberge. En échange de ses talents, l’aubergiste lui avait loué une chambre, et la rémunérait donc un peu moins que les autres artistes. C’était un marché honnête, et, tandis qu’un magicien la remplaçait, et qu’on sentait encore, dans les airs, la doucereuse voix de Suri, Ronald rejoignit l’aubergiste, et obtint assez facilement la chambre de la femme.

C’est ainsi que le Paladin se mit à gravir les marches de l’auberge, traversant ensuite un couloir, jusqu’à rejoindre la porte de la chambre de Suri. Avec son armure et sa longue cape, sans compter la cicatrice qui lui barrait le visage, Ronald était un individu plutôt intimidant. Rien à faire pour changer cela, ça faisait partie de son charme naturel, et il toqua à la porte, avant de s’éclaircir la gorge, et de parler à travers, sachant que la femme pourrait l’entendre :

« Madame Sorano ? Je m’appelle Ronald Langley, je suis l’Intendant de Sa Majesté Elena Ivory... J’aurais aimé vous faire une proposition, si vous avez le temps de l’entendre ! »

« Madame Sorano ? Je m’appelle Ronald Langley, je suis l’Intendant de Sa Majesté Elena Ivory... J’aurais aimé vous faire une proposition, si vous avez le temps de l’entendre ! »

La jeune femme était en train de brosser ses cheveux tranquillement quand elle entendit, la jeune femme se leva donc avant d'ouvrir la porte venant laisser ouvrir l'Intendant. La jeune femme finit par s'asseoir sur une chaise, laissant donc une autre chaise pour "Ronald". La jeune femme avait refait un chignon dans ses cheveux avant de regarder l'Intendant, elle était légèrement stressée, c'était quand même un haut gradé. La jeune femme semble être très attentive avant de venir parler en première pour détendre l'atmosphère. La jeune femme vient délicatement parler d'une façon très douce et très calme.

- Que souhaitez-vous ? Je suis enchantée de faire votre connaissance Monsieur Ronald Langley. Je suis désolée si je ne connais pas les coutumes de prestance de votre monde mais je viens d'ailleurs... J'en suis navrée.

La jeune femme vient prendre délicatement une mèche qui la gênait devant son visage avant de venir la reposer derrière son oreille en attendant une réponse de l'intendant. Elle croise sa jambe droite sur celle de gauche, les bras croisés, avec un sourire présent sur son visage. La jeune femme regardait tranquillement Ronald sans non plus le dévisager sachant que cela est très mal vu par certains. La jeune femme attendit tranquillement, laissant les bruits de la taverne en bas, monter légèrement dans sa chambre, tranquillement.

La chanteuse ne tarda pas à lui déverrouiller la porte. C’était une simple chambre, comme il y en avait d’autres dans cette grande auberge. Scar la remercia simplement en baissant la tête, puis entra. Dans sa lourde armure, il était très impressionnant. C’était, après tout, l’armure qu’il portait depuis ce jour où, en compagnie de Liam, feu le père d’Elena, ancien Roi de Nexus, et de nombreux autres cadets, ils avaient été faits sacres Paladins de l’Ordre du Griffon. Depuis cette date, Ronald avait pour habitude de ne porter que son armure, même maintenant, et refusa poliment l’invitation de s’asseoir, craignant de briser la modeste chaise sous son poids. Il se déplaça lentement, tout en entendant la jeune femme, un peu perturbée, lui demander ce qu’il voulait, tout en soulignant qu’elle ne venait pas de ce monde.

Ronald fronça lentement les sourcils suite à cette révélation, se pinçant ensuite les lèvres.

*Voilà qui explique pourquoi je n’ai pas beaucoup d’informations sur elle...*

L’Intendant, bien entendu, connaissait l’existence de Portails, de Failles dimensionnelles. Elles étaient présentes un peu partout sur Terra, et les États essayaient, autant que possible, d’en dissimuler l’existence à la population, afin d’éviter d’inutiles mouvements de panique.

« Je vois... Pour votre propre protection, je vous invite à éviter de dire aux gens d’où vous venez réellement. »

Ceux qui ne la prendraient pas pour une folle auraient sûrement des intentions peu louables à son sujet. L’homme se déplaça à nouveau en l’observant.

« Vous vous trouvez à Nexus, mais ça, je pense que vous l’avez déjà intuité. Il y a de cela encore quelques années, ce royaume était beaucoup plus joyeux, beaucoup plus vivant, mais... Nous ne nous sommes jamais remis de la tragédie. Toute la famille royale a été massacrée en mer, à l’exception de la jeune dauphine, Elena, qui est maintenant notre Reine. »

Peut-être avait-elle déjà entendu parler de cet évènement tragique... Dans tous les cas, Ronald voulait brosser un peu le tableau avant de lui expliquer ce qu’il souhaitait.

« Je vous ai écouté chanter, en bas, et... Même si votre texte ne m’a pas transporté, je dois reconnaître que vous avez une voix magnifique, très mélodieuse. »

Nouvelle pause, le temps pour lui de clarifier ce qu’il avait en tête :

« J’envisage de vous présenter à une représentation que la Couronne organise pour l’anniversaire de notre Reine. Cela vous intéresserait-il ? »

C’était abrupt, et fort peu protocolaire, mais Ronald n’avait jamais vraiment respecté le protocole. La discipline, si, mais il était un peu trop franc pour pouvoir suivre les obligations ennuyeuses du protocole.

« Je vois... Pour votre propre protection, je vous invite à éviter de dire aux gens d’où vous venez réellement. Vous vous trouvez à Nexus, mais ça, je pense que vous l’avez déjà intuité. Il y a de cela encore quelques années, ce royaume était beaucoup plus joyeux, beaucoup plus vivant, mais... Nous ne nous sommes jamais remis de la tragédie. Toute la famille royale a été massacrée en mer, à l’exception de la jeune dauphine, Elena, qui est maintenant notre Reine. Je vous ai écouté chanter, en bas, et... Même si votre texte ne m’a pas transporté, je dois reconnaître que vous avez une voix magnifique, très mélodieuse. J’envisage de vous présenter à une représentation que la Couronne organise pour l’anniversaire de notre Reine. Cela vous intéresserait-il ? »

Suki écouta attentivement, bien compréhensive sur ce qu'il disait. Évidemment, que la jeune femme avait deviné qu'elle était à Nexus, bien qu'elle ne connût pas personnellement, beaucoup de monde parlait de cet endroit, une ville état, si elle se rappelle bien. La jeune chanteuse souriait faiblement bien qu'elle montra un léger mal être quand elle entendit le sort de la famille royale, devinant légèrement ce que la jeune reine du nom d'Elena a pu subir enfant.. Cette sensation d'être seule, solitaire, incomprise, mais devait être quelqu'un de remarquable devant tout le monde, souriant, franc, diplomatique, si on peut dire. Suki continua donc d'écouter la conversation jusqu'à la proposition de ce dernier, la jeune femme n'en revenait, elle en resta bouche bée, une main devant sa bouche. Elle ne voulait pas du tout être impolie ! Elle cligna quelques fois les yeux, un petit signe qu'elle n'en revenait pas de cet offre, incroyable. Oui, on peut dire que la jeune femme était très chanceuse, très peu de personnes possèdent une occasion en or comme celle-ci. Après que les sentiments reviennent, la jeune femme finit par répondre à l'intendant.

- Cela serait un parfait honneur de pouvoir chanter devant la reine et j'apprécie le fait, que vous avez pensé à moi. J'espère que je serais à la hauteur de votre espérance, ser. Mais puis-je vous posez une question ? Comment cela va t'il se passer ? Est-ce que je dois me rendre à Nexus ? Quand ? Comment cela va t'il se passer ?

Ronald vit la surprise se former sur le visage de la jeune femme quand il lui énonça son désir : la faire participer au concert organisé pour la Reine. Pour elle, une étrangère, c’était évidemment une grande surprise, mais, pour Ronald, c’était aussi la promesse qu’il allait devoir se montrer vigilant. Après tout, il ne savait pas grand-chose de cette femme, et, s’il avait fait sa proposition, et proposait donc son accord de principe, il lui fallait encore se renseigner sur elle. Elle accepta donc l’offre, tout en lui posant plusieurs questions, dont une qui la surprit. Est-ce qu’elle était confuse ? C’était probablement pour ça qu’elle avait demandé si elle devait se rendre à Nexus...

« Euh... Vous êtes déjà à Nexus, vous savez. C’est... C’est la ville dans laquelle nous sommes. Elle s’appelle... Enfin, elle s’appelle Nexus. »

Il avait l’impression d’énoncer un truisme des plus évidents, mais, comme elle lui avait posé la question... Cet aveu amena un léger blanc, Ronald essayant de réunir ses pensées. Pour le coup, il avait perdu le fil, et finit par se racler la gorge.

« Hum... Bref. Le concert aura lieu dans quelques jours. D’ici là, vous aurez l’occasion de répéter, et de visiter le Palais d’Ivoire. Je ne sais pas si vous l’avez déjà vu, c’est le grand château en haut de la falaise. Il me semble qu’on peut le voir depuis les terrasses de l’auberge. »

L’ancien Paladin joignit le geste à la parole, et s’approcha de la vitre, légèrement crasseuse, et l’ouvrit. Ils se tenaient à un étage élevé, au-dessus des plus proches toits, et, effectivement, la chambre était située du bon côté. Devant, outre la nuit noire, on pouvait voir, au loin, un énorme château. Le Palais d’Ivoire était un fort aux murs blancs, qui était juché sur la plus haute falaise de Nexus. Une épaisse structure, visible depuis des kilomètres à la ronde, et qui portait son nom du fait de sa couleur, et du fait que, quand le soleil se levait ou se couchait, les murs réfléchissaient les lueurs du soleil, donnant alors l’impression de voir des tours incandescentes se dresser fièrement dans le firmament. C’était un spectacle de toute beauté, qui avait donné lieu à quantité de tableaux et de poèmes.

Ronald s’écarta de la fenêtre, non sans indiquer à la jeune femme la présence du Palais, et la laissa regarder.

« J’affecterai à votre service une calèche, pour que vous puissiez vous rendre au Palais. Il vous suffira d’aller voir l’aubergiste, et de lui demander qu’il nous envoie un message. L’auberge dispose d’un pigeonnier très efficace. »

Les pigeons voyageurs étaient une chose que les Nexusiens maîtrisaient plutôt bien, et le Coucher de Lune en particulier. L’auberge disposait de multiples maîtres-dresseurs, preuve de son implantation dans la vie de la cité.

« Néanmoins, et même malgré votre voix mélodieuse, je ne suis pas le responsable de la sécurité pour rien. Je veux en savoir plus sur vous, pour pouvoir vous amener à rencontrer la Reine. Vous me pardonnerez ce que beaucoup considèrent comme un excès de précaution, mais, quand on n’a plus qu’une seule Ivory, on fait attention à ne pas la perdre. »

C’était quelque chose d’évident. Pour assurer la fonction de Ronald, il fallait être paranoïaque, et avoir tendance à voir des complots partout. L’homme se tut donc pendant quelques secondes, avant de reprendre :

« Alors, parlez-moi de vous. De quel monde venez-vous ? Comment avez-vous fait pour vous retrouver ici ? Je suis sûr que votre histoire doit être passionnante... »

« Euh... Vous êtes déjà à Nexus, vous savez. C’est... C’est la ville dans laquelle nous sommes. Elle s’appelle... Enfin, elle s’appelle Nexus. Hum... Bref. Le concert aura lieu dans quelques jours. D’ici là, vous aurez l’occasion de répéter, et de visiter le Palais d’Ivoire. Je ne sais pas si vous l’avez déjà vu, c’est le grand château en haut de la falaise. Il me semble qu’on peut le voir depuis les terrasses de l’auberge. J’affecterai à votre service une calèche, pour que vous puissiez vous rendre au Palais. Il vous suffira d’aller voir l’aubergiste, et de lui demander qu’il nous envoie un message. L’auberge dispose d’un pigeonnier très efficace. Néanmoins, et même malgré votre voix mélodieuse, je ne suis pas le responsable de la sécurité pour rien. Je veux en savoir plus sur vous, pour pouvoir vous amener à rencontrer la Reine. Vous me pardonnerez ce que beaucoup considèrent comme un excès de précaution, mais, quand on n’a plus qu’une seule Ivory, on fait attention à ne pas la perdre. Alors, parlez-moi de vous. De quel monde venez-vous ? Comment avez-vous fait pour vous retrouver ici ? Je suis sûr que votre histoire doit être passionnante... »

Suki écouta attentivement une nouvelle fois Ronald. Elle le regarda en hochant la tête sur comment cela se passera avant de se figer quand il demanda plus de renseignements sur elle et son autre monde, son ancienne vie. Suki semblait être mal à l'aise comme si elle voulait vraiment enterrer ces moments-là. Elle respira profondément et expira, comme si elle faisait une technique pour se décontracter, elle finit par sourire faiblement. C'est vrai, comment annoncer qu'elle était une impitoyable guerrière sans aucun sentiment et qu'elle combattait, car on lui demandait de combattre. Oui comment expliquer qu'elle a surement tué des innocents pour sauver sa propre vie ? Comment expliquer que son père est mort par sa faute ? Tout cela était quelque chose de très dur à dire. Elle stressait, la voilà en train de frotter nerveusement sa main sur sa cuisse comme si une puce d'un animal était venue sur elle pour l'embêter.

- Mon ancien monde, mon ancienne vie...

Elle le souffla, comme si ce n'était qu'un faible murmure. Comme si on croirait qu'elle ne voulait pas que Ronald l'entende bien qu'elle aurait pu le crier mais aucun son plus fort se serait manifester. Non, cela semblait vraiment la faire souffrir mais elle savait qu'elle devait le faire, c'était normal, il devait protéger sa reine, ce qui était logique...

- Je pense que pour expliquer ce que j'étais, dans quel monde j'étais.. Le mieux est de vous montrez déjà ma tenue.

Voilà que Suki se leva tout doucement, et une grande magie remplit directement la pièce. Une puissante magie semblait entourer la jeune femme tout doucement, une lumière aveuglante avant que la lumière s'affaiblit, on pouvait voir une tenue bien plus différente bien que c'était toujours une robe tout en plume bien que celle-ci semble résistante. Une lance était apparue, son nom était Gáe Bolg, c'était sa lance.. Suki semblait être assez triste d'une certaine façon de montrer une de ses tenues de combats.

- Je viens d'un monde où si on veut se faire entendre, ce n'est que par combat. J'ai été enlevée de mon monde natale pour devenir une guerrière, une esclave qui devait se battre si elle ne voulait pas servir de plat sexuel à une quinzaine d'hommes. J'ai sûrement tué des innocents et croyez le où non, je regrette d'avoir fait cela, jamais je pensais que j'aurais été obligée..  Je comprendrais parfaitement que, et bien, vous refusez que je viennes chanter pour votre reine, vous devez la protéger.

Les interrogations de Ronald étaient évidemment bien légitimes. Il n’avait pas le sentiment que cette femme lui mentait, et, en la matière, aussi instable que ce puisse sembler, l’ancien Paladin se reposait beaucoup sur son instinct. C’était lui qui avait revu l’intégralité de la Garde Royale de Nexus, épluchant des centaines de dossiers, et en avait parfois refusé de très bons, des individus avec des antécédents excellents, des recommandations parfaites, de hautes distinctions... Mais, en définitive, il les avait refusés, car son instinct lui soufflait de ne pas avoir confiance en eux. Ronald s’était toujours reposé sur son instinct quand il avait des décisions difficiles à prendre, et, jusqu’à preuve du contraire, ce dernier ne l’avait jamais trompé. Ainsi, avant de se décider sur le fait de laisser Suki venir jouer devant Elena, il était impensable d’envisager une telle chose sans avoir un minimum d’informations sur elle.

Manifestement, la chanteuse était un peu gênée à l’idée de se confier, et hésita grandement, avant de changer d’apparence, optant pour une silhouette plus sensuelle, mais aussi plus guerrière. Ronald n’en fut guère surpris, et se contenta de rester debout, bras croisés, pendant qu’elle lui expliquait venir d’un monde où les femmes devaient, soit se battre, soit finir esclave sexuelle. Une histoire qui semblait abracadabrante, mais qui, par son côté inattendu, suintait la vérité. Elle n’avait aucune raison de mentir, Ronald n’était pas venu la menacer, juste lui faire une offre.

« Je vois... »

Ronald hocha lentement la tête, après les révélations de la jeune femme.

« Moi aussi, j’ai tué. Avant d’être à mon poste, j’étais un Paladin. Certes, je combattais essentiellement des démons, des monstres, mais j’ai aussi affronté et éliminé des bandits, des soldats ennemis... Des gens qui avaient une famille, des enfants. Je comprends donc ce que vous avez pu ressentir, ou ressentez en ce moment. Ôter une vie n’est jamais chose facile, et ne devrait jamais l’être. »

L’homme marcha un peu, avant de poursuivre, sans répondre encore aux inquiétudes de la femme, pour savoir si, finalement, il allait l’inviter, ou non, au Palais d’Ivoire pour une représentation.

« Continuez votre récit, je vous prie. Comment avez-vous pu leur échapper, par exemple ? »

« Je vois...  Moi aussi, j’ai tué. Avant d’être à mon poste, j’étais un Paladin. Certes, je combattais essentiellement des démons, des monstres, mais j’ai aussi affronté et éliminé des bandits, des soldats ennemis... Des gens qui avaient une famille, des enfants. Je comprends donc ce que vous avez pu ressentir, ou ressentez en ce moment. Ôter une vie n’est jamais chose facile, et ne devrait jamais l’être. Continuez votre récit, je vous prie. Comment avez-vous pu leur échapper, par exemple ? »

Suki approuva certains dire comme le fait de ressentir un profond dégout pour soi-même à cause d'avoir tué tant de personnes que cela soit des innocents ou non. La jeune femme resta tranquille bien qu'assez nerveuse, mais se calma tout doucement en finissant par s'asseoir où elle était, une cuisse sur l'autre, les bras croisés le regard franc vers l'ancien paladin, mais en faisant tout de même attention à ne pas le dévisager. Suki ne voulait en aucun cas manquer de respect vers cette personne qui semblait posséder un cœur en or, mais qui sait trancher également quand il le faut. Ronald souhaitait savoir un peu plus sur son passé, c'est vrai que la jeune guerrière n'avait dit que le principal, ses pensées. N'allant pas dans les détails et étant devant un "garde du corps" de la princesse, il était normal, qu'il souhaitait en savoir plus. La jeune femme se mit à réfléchir, non, c'est un mauvais mot, car on pourrait croire qu'elle cherche à compléter un mensonge qui n'est pas lieu d'être ici, non, le mot exact, c'était de pouvoir et de savoir se remémorer. Car en effet, ce n'était pas facile de revivre avec un passé qui la hante.

- Et bien pour continuer mon histoire... Je suis resté longuement dans les combats, des années.. Et je sais pas, un jour.. J'ai eu la force de briser mes chaînes invisible, j'ai eu la force de m'enfuir et de faire subir à ceux qui m'avaient tellement fait peur, de leur faire peur à leur tour. Je finis par fuir ce monde grâce à ma magie que j'ai apprise. Et je rencontrai une noble personne qui m'aida à passer mon passé, a l'effacer jusqu'à que je sois prête, à l'affronter encore une fois. Il m'assura une belle place dans sa famille, m'offrant donc des frères d'armes, des frères de cœurs. Je me sentais très bien..

Son regard devenait plus vide, plus froid, comme si quelque chose la tourmentait encore une fois. Elle murmura un mot : " Jusqu'au jour... Où tout se bouscula encore une fois...". La jeune femme se pinça la lèvre, resta muette un moment, dans un état de transe, comme si cette dernière revivait son passé à l'intérieur d'elle, on pouvait voir des marques de douleurs sur son visage, de tristesse avant de tout doucement se recroqueviller.

- J'étais dans une mission qui constituait à venir sauver plusieurs frères d'armes. Mais nos ennemis étaient trop nombreux et contre le gré de mes autres frères, je me suis sacrifiée. Je me suis battue comme une furie avant de reprendre mon calme et de me laisser capturer, heureuse que mes frères prisonniers soient délivrés. J'ai été torturer de nombreuses fois avant qu'on me sauve à mon tour, sauf, que cela qui m'avait sauvé de mon passé en est mort. Et tout cela a été de ma faute, oui de ma faute... Alors j'ai décidé de fuir, d'essayer de changer ce que je suis, j'ai commencer à chanter pour moi, puis pour les autres... Cherchant une planète d'accueil ou je pourrais me sentir bien, et me voilà.. A Nexus.

Elle se ressaisit, comme si elle venait de capter qu'elle se lamentait à voix haute, elle se redressa comme si elle ne voulait pas se montrer ainsi. Elle essuya tout doucement ses larmes en cachette avant de venir sourire, d'un air assez triste tout de même mais on pouvait sentir, qu'elle essayait de le cacher.

- Excusez moi...

* Oui excusez moi, Ser Ronald d'avoir été aussi faible devant vous... Ce n'est pas respectable... *

Ronald fut surpris d’entendre, dans les explications de la femme, qu’elle avait visiblement le pouvoir de changer de dimension. C’était, à n’en pas douter, un grand pouvoir, car, sur Terra, les failles dimensionnelles étaient très difficiles à exploiter, et encore plus à comprendre. Les mages ne maîtrisaient aucunement l’art magique consistant à se déplacer dans ce qu’on appelait le Multivers. Mais il n’était pas impossible de concevoir que, dans une autre réalité, d’autres mages aient pu réussir. Ce qui inquiétait surtout Ronald, c’était que, si ces gens avaient effectivement accompli un tel prodige, alors ils pouvaient très bien rechercher Suki, et venir ici.

*C’est une chose dont il va falloir que je m’occupe...*

Dans le monde où elle s’était réfugiée, Suki avait bénéficié de l’aide d’un autochtone, avant d’être capturée. Pendant la période où elle avait été emprisonnée, ce mentor avait été tué, et, perclus de remords, elle avait à nouveau choisi de voyager ailleurs, et était ainsi arrivée sur Terra, à Nexus. Du moins, c’est comme ça que Ronald comprit ses explications. Et, quand elle s’excusa d’être émue en se rappelant son passé, l’ancien paladin ne tarda pas à répliquer, balayant ce malaise d’un geste de la main :

« N’ayez pas honte de verser des larmes, elles sont la preuve que vous ressentez encore des émotions. »

Elles n’étaient pas à bannir, loin s’en faut. Ronald restait silencieux, se déplaçant un peu, méditant les multiples informations fournies par la femme. Il croyait parfaitement ce qu’elle disait, mais cherchait encore quelles conséquences complètes en tirer.

« Je comprends... Je ne vous mentirai pas, Terra est loin d’être un asile idéal pour des réfugiées transdimensionnelles. Notre nation est en guerre depuis des années avec une autre puissance. Vous en avez peut-être entendu parler... »

La guerre contre Ashnard était, après tout, au cœur des conversations et des préoccupations nexusiennes.

« De votre histoire, il y a néanmoins un élément qui me préoccupe plus que les autres. Si vous êtes capables de voyager entre les dimensions... Ceux que vous avez fui peuvent aussi le faire, non ? Ne craignez-vous pas qu’ils vous pourchassent ? »

Avec la sécurité d’Elena, Ronald ne prenait aucun risque, et essayait d’envisager toutes les hypothèses possibles.

« N’ayez pas honte de verser des larmes, elles sont la preuve que vous ressentez encore des émotions. Je comprends... Je ne vous mentirai pas, Terra est loin d’être un asile idéal pour des réfugiées transdimensionnelles. Notre nation est en guerre depuis des années avec une autre puissance. Vous en avez peut-être entendu parler... De votre histoire, il y a néanmoins un élément qui me préoccupe plus que les autres. Si vous êtes capables de voyager entre les dimensions... Ceux que vous avez fui peuvent aussi le faire, non ? Ne craignez-vous pas qu’ils vous pourchassent ? »

Suki réfléchit si elle devait dire ce qu'elle était vraiment. Les mages n'étaient pas aussi puissants pour le faire, s'ils le faisaient, ils se perdraient entre la dimension temporelle, bloqués à jamais jusqu'à que mort s'ensuive. La jeune femme finit par dire un petit non de la tête avant de lui faire un sourire rassurant.

- Ne vous en fais pas pour cela, ceux que j'ai réussi à fuir n'étaient pas des mages, et même les mages où j'ai visité les mondes. Des mages ont bien tenté d'essayer de faire des voyages à travers le monde, mais... Ils n'étaient jamais aussi puissants et les plus grands mage sont mort entre les mondes, entre les portails, obligés d'errer là, jusqu'à que leurs morts viennent. Et mes monstres qui m'ont traumatisée, qui m'ont fait autant de mal, n'étaient en aucun cas des mages. Ils avaient des amis mages, mais jamais quelqu'un pourrait passer, et même si nous devons penser au pire, ils devraient suivre mon aura qui a été dans plusieurs mondes.

Elle prend son doigt et commence à dessiner sur le vide, on peut voir que chaque courbe qu'elle dessine, se fait voir par une ligne dorée. Oui, elle écrivait dans le vide comme si elle était sur un tableau. La jeune femme dessina quelques planètes avant de "changer de couleur" et faire comme si un fil reliait les planètes. Il dessine ensuite un mage pour simuler qu'il a réussit à passer.

- Si dans le pire des cas, le mage devra aller sur la première planète, en plus un voyage temporel prend du temps à se régénérer, car ses pouvoirs font faire baiser très rapidement après le voyage, il serait presque à l'agonie. Mais il devra voyager sur tout le monde avant de découvrir que je ne suis pas présente, et encore, il devra penser que je suis peut-être cachée. Après être sûr que je ne suis pas là, il faudra attendre entre 3 à 5 ans pour pouvoir refaire un voyage temporel. Avec des risques car chaque voyage est très dur à faire. Et j'ai environ passé.. Une vingtaine de mondes avant de m'arrêter ici... C'était la seule, où elle n'était pas directement hostile envers moi bien qu'il y en eût quelque un qui étaient bien.. Mais je ne voulais pas y rester. Je ne voulais aucun cas risquer de tomber amoureuse, de peur, que celui que j'aime meurt par ma faute... Donc voilà. Il y a aucun cas surtout de la part de ceux que j'ai côtoyé. Moi même, après tout mes mondes que j'ai pu passer, là, je sais que je dois rester ici environ quelques années pour si je voulais repartir, refaire plusieurs monde.

Elle explique en dessinant pour paraître plus clair quand elle parle. Elle faisait des petits dessins à côté faisant mine que le mage cherche Suki, s'essouffla, attende, etc... Les explications de Suki ne laissait pas du tout à désirer, elle avait été précise et elle dessinait très bien, pas autant qu'une experte mais très bien, c'est ce qu'elle pensait.

Tout en parlant, la femme usa de ses pouvoirs magiques, traçant des arabesques dans l’air, et expliqua que, avant de venir sur Terra, elle avait voyagé dans quantité d’autres plans, traçant des cercles à chaque fois, pour symboliser les versions alternatives qu’elle avait traversé. Cependant, chaque passage dimensionnel ne se faisant pas en claquant des doigts. Une fois le transfert effectué, il fallait attendre un certain nombre d’années pour que la magie se reconstitue.

« Vous faites bien plus vieille que votre âge, dites-moi... »

Ronald n’était pas un magicien, mais avait des connaissances en la matière. Il n’était néanmoins pas un spécialiste, et se disait qu’il parlerait surtout de cette femme, et de ses talents magiques, à Jamiël, la magicienne officielle du Palais d’Ivoire, ancienne amie de Nöly Ivory, et marraine d’Elena. Cette dernière en saurait sûrement plus que lui sur cette magie dimensionnelle, et sur les sorts dont cette femme était capable. Il faudrait qu’il lui en parle.

Il hocha donc la tête en la regardant, et conclut toutes les informations qu’elle venait de lui donner.

« En tout cas, vous êtes bien plus qu’une simple chanteuse... »

Il ignorait s’il pouvait lui faire confiance, mais, si cette femme avait voulu la tromper, elle n’aurait pas été si honnête. L’honnêteté était la base de la confiance, après tout, et Ronald se refusait de laisser quelqu’un s’approcher d’Elena s’il n’avait pas confiance en cette personne. Le Paladin se déplaça alors un peu, glissant ses mains sur son visage, massant ses poils, et hocha lentement la tête.

« Je vous crois. Et puis, si vous êtes appelée à rester ici pendant des années, autant que vous vous installiez un peu. Néanmoins, je pense que ça va être à mon tour de parler... Vous venez d’arriver sur Terra, non ? »

Vu qu’elle n’avait pas été capable de situer Nexus, Ronald avait tendance à le penser. Elle avait eu de la chance d’atterrir à Nexus plutôt qu’à Ashnard, l’Empire étant beaucoup plus impitoyable que Nexus quant au traitement des étrangers.

« Alors... Si vous avez des questions, c’est maintenant ou jamais. Vous êtes embauché. »

« Vous faites bien plus vieille que votre âge, dites-moi... En tout cas, vous êtes bien plus qu’une simple chanteuse...Je vous crois. Et puis, si vous êtes appelée à rester ici pendant des années, autant que vous vous installiez un peu. Néanmoins, je pense que ça va être à mon tour de parler... Vous venez d’arriver sur Terra, non ? Alors... Si vous avez des questions, c’est maintenant ou jamais. Vous êtes embauché. »

La jeune femme lui sourit, assez amusée le fait qu'il lui parle de son âge, car oui, la jeune femme avait arrêter de vieillir quand elle avait atteint la majorité, donc ses dix-huit ans. Quand elle avait été retrouver dans cette lacrima, ce cristal qui l'avait protégé des années auparavant, cela remontait déjà à maintenant... Un millénaire ? Deux millénaires ? Elle ne serait plus le dire, oui elle était très âgée et tout aussi novice dans ses amours, dans ses relations, qu'une jeunette de dix huit ans. La jeune femme remettait une mèche de ses cheveux légèrement rebelle en hochant la tête sous la demande de Ronald.

- Des questions ? C'est vrai que je n'ai pas trop réfléchi des questions que je pourrais me poser et j'en suis complètement désolée mais aucune question me vient à l'esprit actuellement. Je vous remercie de vous souciez de cela envers moi, merci. Est-ce que vous, vous avez des questions ?

La jeune femme regardait la nuit qui était complètement tombée. Ils avaient parler un petit moment et cela était fort agréable, la jeune femme continue de sourire. Suki aimait sourire, cela lui empêchait de démoralisée envers son passé, de montrer un soleil au lieu de la tristesse. Suki n'aimait pas montrer ses émotions, de peur que cela lui retombe sur elle qu'on joue d'elle. Et puis, c'est toujours plus agréable pour le reste des gens, de voir quelqu'un sourire que de faire la gueule, c'est ce que la jeune femme pensait en tout cas. Les écriteaux dans le vide s'effaça tout doucement sous la demande de la jeune femme, trouvant que cela n'était plus nécessaire de laisser ainsi.

« Ma foi, non. Je vous présenterai auprès de Jamiël, qui s’y connaît davantage que moi en matière de magie. Pour ma part, même si je n’ai aucune preuve de ce que vous avancez, mon intuition me dit que vous ne mentez pas. Et, en ce domaine, j’ai appris à me fier à ce que mon instinct me dit. »

Jamiël aurait sûrement des questions plus précises à lui pousser, mais Ronald, de son côté, en avait posé assez. Il avait confiance en cette femme, car il sentait que, dans sa voix, il y avait le son de la sincérité. Néanmoins, son sourire lui semblait quelque peu… Artificiel. Comme si elle l’étirait, comme si elle voulait sourire pour éviter qu’on ne lui demande si elle n’allait pas bien. Ronald sembla hésiter un peu sur la conduite à tenir… Puis fit comme si de rien n’était, et se rapprocha de la porte.

« Je peux vous laisser, si vous le souhaitez… Ou vous conduire au Palais d’Ivoire, pour vous faire visiter. »

L’offre était sincère, et la mystérieuse chanteuse l’accepta. C’est ainsi que Ronald sortit de la chambre, lui laissant le temps de se préparer. L’auberge du Coucher de Lune était un endroit très agréable et très coquet selon les endroits où on se rendait. Suki logeait dans un coin plutôt tranquille, et Ronald s’adossa contre le mur, réfléchissant silencieusement à tout ce qu’elle venait de dire. Une chanteuse qui était une ancienne guerrière ayant fui ses maîtres à travers les dimensions. Ronald tremblait à l’idée d’affronter, en plus des Ashnardiens, des incursions démoniaques, et des rebelles, des guerriers se battant à travers les dimensions. Même si Suki lui avait assuré qu’il était impossible qu’on retrouve sa trace, Ronald avait l’habitude de voir des choses impossibles se réaliser… Comme cette fois où un cyclone avait éclaté dans une partie de la mer où aucune tempête d’envergure n’arrivait jamais.

Suki finit ensuite par sortir, et Ronald hocha brièvement la tête, n’esquissant qu’une brève ombrelle de sourire.

« Allons-y, ma voiture nous attend. »

Ils arrivèrent ensuite dehors, débarquant sur l’une des grandes avenues pavées faisant le tour du Coucher de Lune, et où on avait installé des lampadaires. Des lampes à huile brûlaient à l’intérieur, permettant d’éclairer les grandes avenues et les boulevards de Nexus. L’éclairage public, en revanche, était toujours déficient dans les bas-fonds, les quartiers populaires, ou les ruelles. La voiture de Ronald l’attendait, avec deux chevaux et un cocher, et il ouvrit galamment la porte à Suki, la laissant passer, puis grimpa également à l’intérieur.

Le cocher ébroua alors les chevaux, et la voiture s’ébranla, filant vers le Palais d’Ivoire.

« Nexus est une ville qui dispose d’un patrimoine particulièrement riche. Elle a été fondée par les elfes, jadis, avant que les humains ne la reprennent. Il y a des musées, des monuments, des temples, une cathédrale… Si vous ne l’avez pas encore fait, vous devriez songer à les visiter. »

Le Palais d’Ivoire, lui, était le plus grand édifice de Nexus. C’était un immense château-fort, bâti sur la plus grande et la plus haute falaise de Nexus, visible à des kilomètres à la ronde. Une série de tours et de fortifications argentées. Le matin et le soir, quand le soleil se levait et se couchait, les rayons du soleil faisaient flamboyer les hautes tours, donnant l’impression que le Palais était flamboyant, ou béni des Dieux.

Tandis que le chariot se rapprochait et surplombait un pont, Ronald finit par se pencher à nouveau vers la fenêtre.

« Regardez, on le voit d’ici. »

Du doigt, il le désigna.

Le Palais d’Ivoire était visible au fond, surplombant les bâtisses, les toits, et les quelques miradors. Une vaste construction avec un rempart à l’entrée de la falaise, un autre sur le sommet, et quantité de torchères et de lampadaires l’éclairant. Les fortifications du Palais s’enfonçaient profondément dans la roche, et le château royal dominait Nexus depuis sa falaise.

« Ça vous plaît ? »