«
Tu es sûr de ton coup, Sullie ? -
Je suis toujours sûr de mes coups quand je t’envoie, Nate… » répliqua la voix grisonnante et bourrue de Victor Sullivan.
Nathan ne voyait rien à ajouter à ça, si ce n’est que se promener dans l’une des zones les plus touristiques d’Athènes en pleine nuit était toujours dangereux. Enjambant des clôtures et des barbelés, Nathan s’était éloigné de la ville pour se rapprocher d’une zone un peu sauvage, forestière, située à proximité de l’Acropole : l’
agora d’Athènes. L’ancienne place publique antique d’Athènes était maintenant une sorte de parc régional, ouvert aux touristes, dans lequel Nathan avançait prudemment, afin de ne pas se faire repérer par les vigiles qui pourraient traîner par là.
Du Japon à la Grèce, il y avait une bonne distance à franchir, mais les Tomb Raiders comme lui ou Lara ne se reposaient que peu, et avaient le goût du voyage, comme de vrais
globe-trotters. En l’occurrence, Nathan traquait un artefact, dont il avait entendu parler au Japon, et qui, d’après ce qu’il savait, figurait dans un temple secret, situé sous les ruines d’un temple très connu, Métrôon… Le temple de la Déesse Cybèle, la «
Magna Mater », Déesse-Mère. De multiples archéologues avaient visité les lieux sans jamais découvrir l’emplacement de ce passage secret, et Nathan en avait entendu parler en suivant une piste. La légende disait que les prêtres de Cybèle avaient dissimulé dans une alcôve secrète, située sous le temple, un puissant artefact, qui permettrait de commander aux animaux, pour éviter qu’il ne tombe entre de mauvaises mains, lors de la Guerre du Péloponnèse, qui avait vu Sparte et Athènes se faire la guerre. L’artefact avait été dissimulé lors du siège d’Athènes, en -404 avant Jésus-Christ, pour éviter que les Spartiates ne le récupèrent. Du moins, si on en croyait la légende... Cependant, après tout ce que Nathan avait vu, il était de moins en moins enclin au scepticisme rationnel, et de plus en plus ouvert aux théories fantastiques et aux explications surréalistes.
Grâce à ses contacts, il avait obtenu un vieux plan de la forêt, qui indiquait l’emplacement d’un passage secret, près d’un arbre. Nathan s’en rapprochait donc, avançant dans l’obscurité, se guidant avec l’aide d’une lampe-torche. L’arbre en question était un sapin, et Nathan se retrouva finalement planté devant.
«
Alors voilà… -
Tu y es ? -
Je suis devant l’arbre, ouais… »
Il ignorait si la source de Sullivan était fiable, mais son vieil ami, qui s’adressait à lui depuis une oreillette, ne l’avait encore jamais déçu. Il n’y avait donc aucune raison pour que ça se passe maintenant. Nathan posa sa main sur l’écorce de l’arbre, et tapa dessus.
«
Ça sonne creux… »
C’était comme dans l’album de
Tintin, celui où il traquait des narcotrafiquants. L’une des lectures favorites de Nathan, qui tâtonna sur l’arbre, jusqu’à trouver une espèce de creux, et appuya dessus. Il y eut un antique déclic, et une porte s’ouvrit, révélant, non pas un tronc d’arbre, mais un véritable trou, qui filait en profondeur, avec des espèces de légers barreaux noirs le long d’un mur pierreux pour s’y accrocher.
«
Tu avais raison… Il y a bien un ancien puits. »
La source était bonne, mais l’espace était vraiment étroit. Lara aurait adoré se rendre ici, dans cet endroit exigu, mais, pour une fois, Nathan avait tenu à faire sans elle. Il enfila un baudrier, et fixa un point d’attache à l’entrée de l’arbre, puis entreprit ensuite de descendre, les barreaux étant bien trop usés pour qu’il prenne le risque de s’appuyer dessus.
Lentement, Nathan descendait, faisant des petits bonds, s’appuyant contre la paroi, la communication avec Sullivan devenant de plus en plus difficile, vu qu’il filait sous terre, et que les ondes, fort logiquement, avaient du mal à passer.
«
Je vais perdre le signal, Sullie… »
Il continuait à descendre, lorsque son pied se posa sur un rocher instable… Qui se brisa sous son pied, le déstabilisant.
«
Que… ?! »
Pendant ce temps, à l’entrée, une silhouette s’approcha de l’arbre, tenant dans sa main un canif… Et, sans aucune hésitation, entreprit de trancher la corde. Nathan sentit soudain son appui lâcher…
«
Oh crap ! »
N’ayant plus d’appui, il se mit à tomber, rebondit contre la paroi, et atterrit contre un sol en pente, roulant le long de ce dernier, décrivant une série de roulades dans une espèce de profonde grotte, pour atterrir au-dessus d’une cascade surplombant un lac souterrain… Dans lequel il s’écroula.
L’homme finit par sortir la tête de l’eau, et s’agrippa au rebord, soupirant profondément, en se redressant lentement.
Trempé jusqu’aux os, il put ainsi constater qu’il était dans une sorte de très vieux sanctuaire antique, avec plusieurs hématomes et ecchymoses le long du corps.
Autant dire que son exploration commençait bien !