Nous étions encore en période fraiche, la neige était tombée la nuit dernière, je contemplai ce manteau blanc alors que des nuages de vapeurs se perdaient au vent au fil des respirations. L'obscurité étendit rapidement son voile, comme pour hâter les événements. Une lumière s'alluma par intermittence deux immeubles plus loin, ce fut le signal. Je fis tomber une corde et descendis en rappel dans
mes habits chauds vers l'endroit qui m'avais été indiqué par message crypté. Un sniper longue portée modifié ainsi que le visage de ma cible y étaient. J'étais positionné sur un bâtiment en construction, loin de tout système de surveillance urbain. Mon rôle allait être très simple cette nuit. Mon temps limite était de deux heures, soit bien largement ce qu'il fallait pour que je fasse mon travail. Je me permis une petite fantaisie en attendant que l'horloge de la ville sonne minuit, je vous laisse deviner pourquoi. La détonation se perdit dans la dernière note de cette cloche, sonnant le glas de ma cible qui rendit son dernier soupir sans avoir vu la mort venir. Il n’eut apparemment aucune réaction des voisins et ma mission se terminait là. La vitre, bien que blindée, au vu de la réaction du verre, n'avait pas suffit à le protéger. Mon arme du jour était vraiment spéciale. Je laissais l'arme en question et activa le dispositif sur la crosse comme indiqué, j'avais une minute trente pour quitter les lieux. Ma descente fut rapide et j'en profita pour envoyer le code de confirmation.
Alors que j'allais ralentir la corde eu une réaction bizarre et je me retrouva en plein jour, avant que le choc d'une chute modérée me mette en état d'alerte. Je me releva rapidement, le lieu était totalement inconnus avec des habitations archaïques de type moyenâgeux, heureusement personne à l'horizon.
Je me cacha dans un coin sombre derrière des débris divers et utilisa tous mes sens pour analyser la situation. La première chose qui me choqua fut la chaleur, on se serait crû au printemps en Europe. Ma vision devint monochrome et des contours de couleurs se dessinèrent. Pas la moindre électricité, par la moindre machine technologique dans un rayon de cent mètre. Ce qui était plus troublant était les contours humains que je descellais. Ils avaient des difformités proches des animaux. Il y avait aussi de la magie, beaucoup de magie, j'avais appris à la reconnaitre. En une seconde pour autrui j'avais eu un bon nombre d'informations. Mon portable indiquait que le réseau était introuvable. J'avais du atterrir sur ce monde décrit sur certains blog comme Terra et cela était une très mauvaise nouvelle car j'avais sans doute passé un portail, or ce dernier était absent de mon analyse. Soit il était invisible même pour moi, soit il avait disparut. Je fis un rapide check-up de mes ressources. Des barres énergétiques, un couteau d'auto-défense, une bombe anti-agression et un petit tazer. Le plus contraignant était mon propre corps, il avait souffert de la chute et j'allais devoir chercher de quoi me soigner.
Ma première journée fut de l'observation, j'étais surprit de voir ce qu'il y avait devant moi. Je demeurais invisible mais j'avais changé d'endroits plusieurs fois car certains semblaient avoir l'odorat assez sensible pour s'approcher un peu. Ma présence ne fut cependant pas remarquée. Le style vestimentaire générale était à l'image des maisons, du moins pour les humains. Les hybrides semblaient être des esclaves, mais dans cette ville cela semblait choquer. Il faut dire que la grande majorité était soit des hybrides, soit des anthropomorphes. Je pris aussi le temps d'écouter ce que mes oreilles pouvaient percevoir, soit juste des brides de discussion, pour apprendre un peu leur langage qui demeurait obscur pour moi.
La nuit fut assez éprouvante avec les différents tours de gardes de ce qui semblait être une milice, je ne dormis que très peu et usa maintes fois de mes sens pour échapper à leur vigilance. J'en profitais pour dresser un plan mental de la ville, ou plutôt du village. En effet cela était plus petit que ce que je pensais et ne faisais que limiter d'avantages les itinéraires de fuite. Je tenta ma chance hors de la ville, mais il me fallut moins de vingt mètres avant que mes sens me hurlent de faire demi-tour avec la sensation d'être pris dans un cercueil de glace. Jamais de mon existence je n'ai connus une sensation aussi vive et révélatrice, sortir de nuit me coûterais la vie. Je fis demi-tour en prenant garde de ne pas me faire repérer, il était trop tôt pour se montrer et j'avais une apparence trop différentes de la population pour m'y fondre. J'allais devoir jouer à carte de l'étrangère.
La seconde journée fut riche d'enseignements, je saurais faire comprendre très grossièrement mes souhaits. Je vis qu'il y avait des esclavagistes, aussi bien d'hybrides que d'humains, raison de plus de jouer la prudence. J'appris aussi l'utilité de certaines plantes qui allait m'aider à guérir car avec les efforts je ne m'étais pas rétablis. Je réussis à subtiliser une petite portion de nourriture alors qu'il y avait eu de l'agitation, cela serait un repas très léger mais me ferais économiser mes propres ressources. Il en fut de même pour quelques plante, mais cette fois j'avais provoqué à distance le cambrement d'un cheval assez nerveux, là encore j'avais été un fantôme.
La nuit tomba à nouveau et je trouva refuge dans un grenier vide. Le bâtiment avait plusieurs sorties et j'entrepris de me soigner un peu. Les plantes furent très efficace, stoppant la douleur qui avait irradié mon corps suite aux efforts. La nourriture...elle avait un goût particulier, mais me cala plus que prévu. Je fis un onguent et ôta mes habits. Sous le haut mon vêtement chaud, servant de housse, se trouvait une chemise blanche, à présent un peu ternis et on pouvait deviner un léger soutien-gorge de même couleur. Je me mis en sous-vêtement et fit pénétrer la mixture. Je me rhabilla un peu en enfilant simplement mon jean et ma chemise, puis me reposa un peu, mon manteau me couvrant.
Mon corps avait hélas besoin de bien plus que du repos et, comme dans de très rare cas, je m'endormis assez profondément sans m'en rendre compte. J'avais trop user mes ressources pour ne pas me faire repérer, prendre des informations, ainsi que les assimilées et même inconscient ma présence était en partis effacé. J'étais totalement vulnérable si l'on me voyait.
Je n'entendis pas le mouvement qui se déroulait autour de moi, ni le bruit de pas qui montait très discrètement l'escalier. Je ne vis pas que quelqu'un était monté et me regardait avec des pupilles brillantes dans la nuit, les oreilles aux aguets et la queue ondulante dans son dos. Je ne sentit pas son odeur étrange qui était entre celui d'un être humain et d'un animal.
Mes sens étaient engourdis et j'étais découvert.