La sale pute répandit son fiel en l’insultant. Il y avait néanmoins bien longtemps que Popov était passé au-dessus de ça... Du moins, le croyait-il. Pour autant... Il tira sur son cigare, et lui cracha sa fumée au visage, avant de répondre, assez calmement, avec ce calme qui préfigurait la tempête bouillonnant en lui. Ça aussi, Leather le savait, car, s’il connaissait bien cette salope, elle le connaissait bien aussi, et elle savait qu’il ne fallait pas pousser Popov à bout.
«
Tu me surprends toujours autant, Leather. Des salopes, j’en ai connu tout autour de ma vie, mais t’es la seule qui arrive encore à tellement m’énerver que, alors même que je sais qu’il faut pas le faire, tout ce que j’ai envie, là, en ce moment... C’est d’enfoncer ce cigare dans ta putain de gueule de merde, de le faire SUCER ! »
Et hop, la machine était partie. Vladimir tapa violemment du poing sur la table, et se redressa rapidement, renversant la chaise. La claque partit tout aussi vite, comme très souvent pendant leur vie de couple. Une belle claque, bien sonore, qui heurta la joue de Leather. Il attrapa alors ses beaux cheveux soyeux (ils étaient
toujourssoyeux, ses cheveux, et il adorait ça, ce qui était une raison supplémentaire de la
haïr), la tira en arrière, puis la balança contre le mur, et alla l’étrangler alors.
«
Tu te prends pour qui, salope, HEIN ? T’es comme ta mère, ton père, et la mère de ta mère avant eux... Des putains d’enculés de voleurs DE MERDE ! Moi, j’ai TOUT construit, tout BÂTIde mes mains, dans ce PUTAIN-DE-PAYS-DE-MERDE ! Et toi, TOI, sale pute, tu oses débarquer sous mon nez, et me piquer mon fric ? MON FRIC ?! Salope de merde !! »
Il continuait à l’étrangler, hurlant si fort qu’il ressemblait à une sorte de taureau, lui postillonnant à la figure. La tête de Leather partait d’avant en arrière.
«
Tu crois que je t’ai envoyé dans ce trou boueux pour te punir ? Ah ! Redoute le jour où tu sortiras, salope ! Oui, redoute-le ! Car, sale pute, quand tu sortiras, je serais là. Et, quand in en aura fini avec toi, salope, quand on aura fini de te baiser de partout, de te baiser TELLEMENT FORT que tu ressembleras à toutes ces sales camées de merde défoncées, même le plus infâlme des bordels ne voudra plus de ta sale gueule de salope ! »
Vladimir la balança alors, et la femme roula sur le sol, près de la porte, devant deux gardiens situés en-dehors du box... Ils la regardèrent brièvement, puis tournèrent la tête.
Entre les Rustrov et les Zelencheko, ça n’avait jamais été l’amour fou. Là où les seconds avaient tout perdu à cause des communistes, les Rustrov, eux, étaient des oligarques, qui avaient su tirer leur épingle du jeu. Ils avaient surtout profité du retour de la «
démocratie », du régime d’Eltsine, pour s’en mettre plein les poches. Les Zelencheko avaient été leurs exécutants, et le mariage entre Leather et Vladimir n’avait toujours été qu’une farce, une mascarade destinée à ce qu’ils soient mariés, et à ce qu’ils puissent ainsi dissimuler plus facilement les mouvements de capitaux entre les deux familles. Vladimir n’avait jamais aimé Leather. Elle était bonne, ça, il le reconnaissait. Au début, il avait aimé la baiser, mais, peu à peu, même le cul avait fini par la lasser.
Tandis qu’elle gisait au sol, il balança alors une série de photos situés dans son porte-feuilles.
Sur la première, on vit un homme, à qui on avait arraché les yeux, et dont la tête était recouverte de sang.
«
Piotr... Tu te souviens de lui ? Il t’a pris en levrette dans la cabane du jardin. Il a parlé plutôt rapidement, en réalité. »
Une autre photo tomba. Un homme, nu, qui s’était fait électrocuter par le biais de câbles de batteries de voiture attachées à ses tétons, dans un garage sinistre.
«
Sergeï... Mon chauffeur. On l’a électrocuté dans son garage. Il brûlait tellement qu’on aurait cru une saucisse chaude. Lui, il m’a dit qu’il te prenait contre le capot, et que tu le suçais fréquemment. »
Troisième photo. Une image encore plus glauque, un corps déchiqueté, méconnaissable. Attaqué par les chiens de garde de Zelencheko. Popov aimait faire des paris avec ses amis quand ils jouaient à la chasse. Il fallait parier sur le temps que mettrait la proie à échapper à ses chiens de combat.
«
Boris... Ton secrétaire. Il a couru plus vite. Je l’avais attaché dans la cave, face aux chiens. Il s’est pissé dessus avant de me dire que vous baisiez dans le lit conjugal. Sale pute... »
Il marchait lentement, et lança encore une autre photo, qui, dans le palmarès des horreurs, décrochait la timbale. C’était le directeur de cette prison... Ou, plutôt, l’
ancien directeur. Il avait quelque chose dans la bouche. Tout en lui montrant ses trophées, Vladimir se pencha légèrement vers elle, caressant d’une main calme les cheveux de la femme.
«
Dimitri... Je lui ai coupé la queue, et je la lui ai fait bouffer. C’est ça qui dépasse de sa bouche. Tu crois qu’elle est aussi bonne que quand, toi, tu la suçais, ma salope ? J’en doute... »
Vladimir se redressa alors.
«
Je te les laisse. Vois ça comme un souvenir. »
Il manquait une photo’... Celle du frère cadet de Vladimir,
Vassili Zelencheko. Il était le plus proche lieutenant de Vladimir, quelqu’un qui, avant de le rejoindre, avait travaillé auprès du KGB. Autant dire que Vassili n’était pas un enfant de chœur. Il avait été en Afghanistan pendant la guerre, avait commis son lot d’atrocités là-bas, et, quand l’URSS avait éclaté, il avait utilisé ses réseaux pour permettre à Vladimir de gagner de l’influence. Cette prison, par exemple, était un ancien goulag où le KGB envoyait ses prisonniers politiques. Le goulag avait été réhabilité en prison, mais, situé au fin fond de la Sibérie, il était, en réalité, entièrement financé par les Zelencheko. Grâce à Vassili, le gouvernement fermait les yeux.
Vassili, de fait, travaillait toujours pour les services secrets russes, le FSB. Il était un homme dangereux, et, parmi tous les amants de Leather, sans aucun doute le plus attentionné. Pour ne rien arranger, une vieille rivalité amoureuse avait toujours circulé entre les deux, concernant Leather, justement. Vassili l’avait rencontré en étant un jeune officier, à Moscou, et était tombé sous le charme de la jeune femme. C’était même lui qui avait été, en définitive, derrière le rapprochement entre les Rustrov et les Zelencheko.
Vladimir s’assit à nouveau sur sa chaise.
«
Alors, je vais être clair avec toi, Leather... Tous ces types, je les ai torturés personnellement, et, à chaque fois que je le faisais, à chaque fois que je les voyais hurler, gigoter, pleurer, invoquer leur mère, invoquer ma pitié, c’est à toi que je pensais, ma chérie. Tu peux attendre avec impatience le jour où tu sortiras d’ici, mais... Sache que moi aussi. Que tu balances ou pas l’endroit où tu as fourni l’argent, je te buterais. Mais... Soit t’auras droit à une exécution propre et nette, soit... Soit je ferais preuve de ce que tu as toujours aimé chez toi... Ma créativité. »
Vladimir se redressa alors, et sembla faire mine de sortir, mais s’arrêta alors.
«
Ah, et au fait... Vassili est en prison. Je ne pouvais pas tuer mon frère, tout de même... J’ai le sens de la famille, moi, salope. »
Il caressa affectueusement les cheveux de la femme, une dernière fois, puis l’embrassa sur la tête, se releva... Et la frappa alors violemment dans le ventre avec son pied.
«
Un acompte pour nos prochaines retrouvailles, sale chienne. »
Le Parrain sortit ensuite, et les gardes se rapprochèrent, afin de ramener la femme dans sa cellule.