PLEASANT HILL’S FOLKS
JOEY STAUNTON
Joey avait toujours eu du mal avec les filles.
Toujours. Son père en plaisantait, tandis que sa mère disait qu’il était juste un grand poète, quelqu’un qui respectait tellement les femmes qu’il n’arrivait pas à leur parler. Mais le fait est que le jeune homme, très habile avec tout ce qui touchait à la mécanique, perdait tous ses moyens devant une fille... Et surtout devant Maya. Il y a des années de ça, les parents de Maya étaient venus les voir pour réparer le vélo de Maya. Joey s’en était chargée, en réparant la chaîne et le pédalier dans leur atelier, et, sans le voir, Maya était entrée dans l’atelier, avec une longue jupe d’écolière, et de belles tresses le long des cheveux. Quand elle l’avait salué, il avait tellement paniqué qu’il avait poussé trop fort sur le pédalier, et se l’était pris dans l’œil.
Aucun talent avec les filles ! Et là, forcément, maintenant qu’elle se tenait face à lui, le jeune apprenti tremblait comme une feuille, rougissant benoîtement, en mettant ça sur le compte de la chaleur. Plus les années passaient, et moins son trouble envers Maya se calmait ! Joey avait, pour elle, un sacré béguin, et, quand elle lui demanda des nouvelles, il haussa les épaules.
«
Oh, ben, rien... Enfin, je travaille pour le garage, on répare des voitures, et... Enfin, voilà, quoi... »
Il serra nerveusement l’un de ses bras, mourant d’envie de lui demander si elle avait trouvé un cavalier pour le bal. Mais il rougissait trop pour ça, et préféra se racler la gorge, et sortit en compagnie d’elle.
«
...Et rappelez-vous surtout qu’un voisin heureux est un voisin souriant ! Hey, au fait, amis plaisantiens, vous savez quoi ? crachotait, pendant ce temps, Murray à la radio.
L’autre jour, une délibération du conseil municipal est tombée, pour discuter de l’introduction d’un Jour du Sourire à Pleasant Hill ! Hey, vous entendez ça ? Comme si, nous, à Pleasant Hill, on avait d’un jour spécial pour sourire ! »
Joey sourit lentement devant Maya. Elle était belle, si belle... Là, il avait envie de l’embrasser, pas juste de lui faire un stupide sourire. Puis il entendit le ronronnement de la sonnerie de la camionnette de Bob, et sourit à Maya.
«
Tu veux manger une glace ? Je t’invite ! »
Son cœur tambourinait encore dans sa poitrine, et il s’avança précipitamment. La camionnette était arrêtée le long du parc, et il y avait plusieurs personnes demandant des glaces... Dont deux personnes que les habitants connaissaient bien. Le
Docteur Erik Selvig était là. Il était à l’hôpital de Pleasant Hill, et était l’un des responsables de l’hôpital, siégeant au conseil municipal. Cependant, et outre ses fonctions, il était, d’abord et avant tout, le tuteur d’une jeune fille qui avait perdu ses parents, et qui était, en quelque sorte, l’enfant de Pleasant Hill, adoptée et élevée par la communauté.
Kobik.
«
Hey, Docteur ! Vous allez bien ? »
L’homme tourna la tête, et leur sourit.
«
Hey ! Salut, les jeunes ! Tu as enfin invité Maya à aller au bal avec toi, Jo’ ? »
Joey rougit alors.
«
Euh... -
Il en meurt d’envie, si vous saviez... »
Kobik tenait dans sa main une glace à l’italienne, saveur vanille-fraise, et, tandis qu’elle léchait, son regard croisa furtivement celui de Joey... Puis une idée s’imposa alors en lui, comme si un coup de marteau venait de frapper son crâne pour l’y enfoncer.
*
INVITE-LÀ !*
Alors, comme si sa timidité venait de disparaître, il se retourna vers Maya, et se racla la gorge, avant de lui sourire :
«
Est-ce que tu voudrais bien aller au bal avec moi, Maya ? »