De l'art de la négoce [PV Gabriel Valmy]

Aya Chitsuki, fière propriétaire du garage Chitsuki, rangeait quelques outils qui trainaient. La journée avait été bonne, plusieurs clients étaient venus, qui pour un soucis avec sa voiture, qui avec un problème de tondeuse, d'autres encore avec des appareils électroménagers en rade... La mécano avait à chaque fois réussi à régler le problème dans l'heure. Bon, il faut dire que c'était des petites avaries sans gravité, mais quand on y connait rien, même un rien peut sembler être une panne terrible. Et puis, l'autre raison était que c'était des gens du quartier qui venaient aussi faire un brin de causette. Après tout Aya est tout de même d'un naturel sympathique et avenant, et le voisinage aimait bien la bonne humeur de la jeune mécano.
Un bruit de moteur se fit soudain entendre au loin, un bruit qui enfla peu à peu. La brunette identifia une moto, la pétarade des pistons étant plus marquée et moins atténuée que sur une voiture. La moto et son pilote s'approchaient du garage, pour soudain décélérer. Aya eu ainsi la vue du motard se garant à l'entrée du garage, probablement pour une révision. Elle alla à sa rencontre, déclamant sa phrase d'accueil :

" Bonjour et bienvenue au gargage Chitsuki, que puis-je pour vous ? "

« Hep, Gabriel, mon ptit Gabriel, tu te souviens que tu me dois une facture ou deux ? » [/i]

Euh… non, Gabriel ne s’en souvenait pas… en même temps, Gabriel savait très bien une chose : il était un peu beaucoup fauché…. Et les factures en retard… ben pour être honnêtes, elles s’accumulaient un peu, et il ne devait plus attendre qu’une seule chose : qu’on lui paye ses pots de vin mensuels pour les régler, mais comme il avait les bœufs carottes un peu sur les talons, il devait faire gaffe et du coup, retarder son complément de paye. Et ce n’était pas par choix…

Le blondinet nr pouvait s’empêcher de se dire qu’il était dans la merde, fort heureusement, le type qui venait de l’aborder avait une proposition qui devait lui convenir…  Faire rouler un peu la mécanique chez la concurrence pour que tout cela se calme et qu’on cède un peu du terrain histoire d’avoir la paix. C’était un petit garage qui avait pas mal de succès mais comme la mécano était une gamine, lui avait-on dit. Il avait souri et il avait accepté d’y aller… en plus ça tombait bien, sa bécane avait pris deux balles dans le coffre et il fallait les retire et vérifier l’intégrité du bestiau, juste au cas où…

Le garage n’était pas dur à trouver, et il s’arrêta en dérapant sur le parking. Les pneus étaient neufs, il fallait bien les roder un peu, non ? Mais même avec des pneus neufs c’était un boulot de pro, il fallait le reconnaitre, que de s’arrêter de la sorte. Il entendit la voix de la jeune femme et opina du chef, c’était bon, il ne s’était pas gouré :  Il sourit et descendit de bécane et commença à la pousser dans le garage pour l’approcher de la mécano.

« Bonjour, je suis venu car j’ai un problème avec ma bécane… elle a pris quelques balles dans le buffet…. Profession oblige...  Du coup je voudrais être sûr de ne rien risquer en moto… juste au cas où… » [/i][/color]

Il lui sourit avant de se décider à faire un peu plus…

« D’habitude je bidouille là même, mais là, je préfère éviter de merder… par contre, c’est possible de le faire tout de suite ? J’ai du taff sur le feu ! » [/i][/color]

L'homme s’arrêta dans un dérapage. Alala, ces motards, la moitié aimaient faire les fiers sur leur engin... Celui-ci descendit de la selle et ôta son casque, et Aya eu la surprise de voir que l'homme était loin d'être anodin. Blond, les traits plutôt occidentaux, assez haut, carré des épaules, il se dégageait de lui une aura de beau gosse et de macho. Restait à savoir quelle partie était la plus dominante chez lui...
L'homme lui expliqua qu'il venait pour ce qui s'apparentait d'avantage à de la réparation qu'autre chose. Et la manière dont il présenta la chose conforta Aya dans ce qu'elle pensait : un macho... Enfin, ce n'était pas le premier qu'Aya rencontrerait, ni le dernier. La mécano avait parfois eu à gérer des clients un peu trop portés sur la testostérone, qui se permettaient de discuter ce que la brunette leur disait après un diagnostic. Mais ce n'est pas un abruti shooté aux hormones qui allait apprendre son métier à Aya ! Bref, pour en revenir à la situation présente...

" Bien sur, je n'ai pas d'autres travaux en cours, je peux regarder tout de suite. "

Aya récupéra la moto et s'équipa d'une lampe. La mécano inspecta ainsi l'engin sous toutes les coutures, tentant de voir où des balles auraient pu le toucher. Au passage, des balles... À part flic ou gangster, la mécano ne voyait pas quelle profession impliquait qu'on se fasse tirer dessus. Enfin, tant qu'elle n'était pas en train de s'embarquer dans un truc louche...
Aya finit rapidement par trouver les fameux impacts de balles. Pour être exacte, elle en vit trois. Les deux premiers n'étaient pas sans grande conséquence : une balle avait perforé le carter du pot d’échappement, ce qui impliquait de changer la pièce mais ne présentait pas de risque pour la conduite, et une autre avait ricoché sur la suspension avant, ce qui avait éraflé le vérin et abimé le caoutchouc de protection, mais là encore rien de dangereux. En revanche, la troisième balle était allée se logée dans la boite de transmission, ce qui était autrement plus inquiétant. La mécano se redressa et fit part de ses observations.

" Bon, il y a du bon et du moins bon. Pour la balle ayant touché la suspension, je peux repolir un peu le vérin et changer le caoutchouc, c'est rapide à faire. Pour le pot d’échappement, il y aura juste la pièce à commander. Par contre, la transmission a été touchée, donc je vais devoir vérifier quelle est l'étendue des dégâts. "

Gabriel se fiait assez facilement à des compétences pratiques, mais pas à des affirmations toutes faites. Par exemple, une enseigne de garagiste ne veut rien dire ! Il voulait voir ce qu’elle valait avant de se faire son opinion sur le fait qu’elle méritait le titre de garagiste. Après seulement il se fierait à elle. Du coup, il avait déjà uyne idée de ce que valaient les trois impacts. Il savait comment les réparer lui-même si le besoin s’en faisait sentir. Mais comme il devait jouer de la menace, Gabriel voulait quand même que ça serve à quelque chose ! ait-on jamais, au lieu de la menacer, il pourrait tout aussi bien retourner le truc… il y avait ptetre moye  de s’arranger si elle était meilleure que l’autre ! Bon, en même temps, au pire, menacer cette gamine, ça ne serait pas bien compliqué !

Il la remercia alors qu’elle disait qu’elle pouvait faire ça tout de suite et il la regarda un peu bosser, un peu admirer son bébé. C’était un truc ui était plutôt bon, elle avait moins d’un an… mais il avait tellement tendance à malmener sa bécane que bon, elle en paraissait sans doute sept ou huit de plus. Un vieux débris en apparence tant elle avait été abimée par un usage trop intensif. Il la regarda faire et donner son diagnostique il opina du chef.

« Désolé du test à la con mais je savais ça, je vais pas chez un nouveau garagiste s&ns faire passer un test… j’avais déjà posé le diagnostique… c’est la trasmission qui m’inquiète oui, j’ai senti à plusieurs reprises, notamment au dernier dérapage… il y a une perte de contact avec la transmission, qu’elle soit morte ne m’étonne pas plus que ça… enfin, pas morte car j’ai pu venir, mais pas loin… tu vois ce que je veux dire ? » [/b][/color]

En fait, le tutoiement n’était pas irrespectueux, mais avec son diagnostic, elle venait de gagner un minimum de respect, chose que ne compensait malheureusement que très peu le fait que le garagiste en question soit une nana ! mais ça le compensait quand même. Il sourit et désigna la moto.

« J’ai commandé la pièce de rechange, je te l’apporterai quand je la recevrai pour que tu me changes tout ça. Et sinon, au niveau de la transmission, ça donne quoi ? J’ai pu conduire jusqu’à ici, mais je ne garantie pas que je vais pouvoir refaire cet exploit, hélas…. Trop instable… » [/b][/color]

Il attendait son verdict… qu’il soit venu en moto relevait déjà de l’inconscience… sans réfléchir il se mit à jeter un oeil, dans le garage, en faisant le flic, le touche à tout…

Aya tiqua quand elle entendit l'homme lui affirmer qu'il connaissait le diagnostic et qu'il avait voulu la tester. C'était une chose que la mécano détestait, que l'on mette en doute ses compétences. Mais elle était tout de même réaliste, et quand un nouveau client arrive chez un artisan, il aime savoir rapidement si l'artisan en question est fiable ou non. Ça faisait partie du jeu, que l'on aime ou non. Aya se pencha sur la moto pour oublier cet épisode peu flatteur.

Cette moto, comme beaucoup d'autres, avait une transmission par chaine. De fait, celle-ci portait des traces d'usure récentes, des éraflures qui par certains endroits commençaient à ressembler à des griffures, voire des entailles dans le métal. Tout cela ne disait rien de bon à la mécano... Elle alla chercher un appareil pour suspendre la moto dans les airs, puis se glissa dessous, une série de clés à portée de main, et commença à retirer le carter de protection. L'enveloppe enfin tombée, la brunette bidouilla la boite à vitesses pour la mettre au point mort, et ainsi pouvoir mieux tourner le mécanisme.
Aya ne savait pas trop si c'était une bonne chose ou non, mais les dégâts causés par la balle se voyaient comme le nez au milieu de la figure. Le projectile avait traversé le carter et atterri en plein dans les engrenages de la boite à vitesses. De là, il avait dut ricocher à droite et à gauche, causant quelques dégâts très superficiels, pour finir par se coincer dans l'arbre de transmission secondaire, au niveau de la roue dentée entrainant la chaine. En tournant en peu la roue, Aya constata qu'une dent avait été tordue, d'où les cisaillements constatés sur la chaine... C'était un vrai miracle que cet homme ait réussi à parvenir jusqu'à son garage sans que sa moto ne lui claque entre les mains !

" Je vais être franche, c'est pas joli du tout.
La transmission secondaire est morte, il faut la changer intégralement, et je vais devoir vérifier que votre boite à vitesses n'est pas endommagée. Heureusement la transmission primaire semble avoir été épargnée, mais il faudra tout de même que je regarde plus en détail, par précaution. Je vais déjà voir si j'ai les pièces de rechange nécessaires en stock... "

Aya disparut dans le capharnaüm que constituait l'arrière de son atelier. Du fait de son gout plus que prononcé pour la mécanique, la brunette avait accumulé des tas de pièces diverses et variées, qui lui servaient tantôt de pièces de rechange pour ses clients, tantôt d'éléments à ajouter à ses bricolages... Une chance pour l'homme, la mécano avait justement une chaine et le pignon qui allait avec. Elle ramena le tout, ainsi qu'une trousse à outils fournie. Puis elle se réinstalla sous la moto, et commença son office.