Les autres peuples avaient souvent des problèmes avec le concept de « nudité ». C’était une chose que Rhian pouvait aisément observer, et qu’elle ne s’expliquait pas vraiment. Les autres peuples étaient plus pudiques, et vivaient moins sous le signe de la chaleur, peut-être... À Papua, on avait pour coutume de porter des robes longues et amples à l’extérieur, les fameuses djellaba, car elles servaient à se protéger du sable, mais, à l’intérieur, les tenues que Rhian portait ne défrayait pas tant que ça la chronique. Et, ici, dans ce harem, il n’y avait aucune gêne à avoir. Poure autant, Hinata hésita encore, restant devant la surface de l’eau, ce qui ne manqua pas d’interloquer Rhian, qui regarda sa cousine avec étonnement, et lui lança, avec un ton un peu ironique :
« Vous prenez vos bains habillées à Edoras ?! »
Il fallut finalement l’intervention de Nora pour qu’Hinata se retrouve nue, l’Ange venant la forcer un peu, sans qu’Hinata ne s’oppose plus que ça. La jeune femme protégea alors ses parties intimes, tout en rougissant comme une pivoine, et fut ensuite doucement poussée par Nora, pour se retrouver dans l’eau.
*Ben dis donc... Je savais que les étrangers étaient plutôt timides, mais, là, quand même... D’un autre côté, je n’aurais peut-être pas dû la conduire si rapidement dans le harem...*
Rhian se pinça les lèvres, en se disant que, en ce cas précis, suivre le protocole n’aurait peut-être pas été une si mauvaise idée que ça. Enfin... Elle avait juste voulu détendre Hinata ! Mais, gênée, Hinata resta encore assez silencieuse, ce qui amena Nora à sortir de son rôle de simple garde du corps, en posant à la Princesse de Papua une question sur, de ce qu’elle en comprit en le résumant dans sa tête, l’impact du sexe dans le harem.
« Eh bien, pour commencer, je suis majeure, j’ai 21 ans, alors... Je dirais que je peux me promener où je veux. Néanmoins, comme je vous l’ai expliqué, ce harem n’est pas que sexuel. C’est avant tout un refuge, vous savez. Pour se reposer, se détendre, et s’isoler un peu du monde extérieur. Étymologiquement, ‘‘harem’’ vient du mot ‘‘harym’’, et, dans l’ancienne langue, on pouvait traduire ce mot par ‘‘endroit ou chose interdite’’. Le ‘‘harem’’, au sens étymologique, est la chambre de l’épouse, un endroit sacré et inviolable où l’épouse du sultan a tout pouvoir. »
Les étrangers avaient vraiment du mal à comprendre ce concept, ce qui n’avait rien de surprenant. À l’étranger, « harem » était juste une manière sophistiquée de parler d’un « bordel ». On résumait les harems papuans à des « lupanars des temps modernes », alors que, dans les faits, cette réputation était un fruit du racisme et des discriminations. Même sur Terre, les harems avaient eu d’éminentes fonctions politiques. Au sein de l’Empire ottoman, les concubines peuplant le harem étaient choisies par la mère du sultan, sur la base de multiples critères, et étaient destinées, non pas à satisfaire la libido’ déréglée d’un homme imbu de pouvoir, mais à assurer, par la reproduction et par les héritiers, se pérennité dans un Empire très vaste. Le harem, à cette époque, était un lieu central, mais aussi sanglant, car l’idée était d’avoir de nombreux héritiers potentiels, et d’en choisir le meilleur, qui tuait alors ses rivaux. En réalité, le harem de Papua, dans sa fonction, ressemblait davantage à l’image du harem tel qu’il avait été conçu par Soliman le Magnifique, à savoir un lieu de pouvoir, peuplé de femmes puissantes, faisant de la reine-mère une figure majeure, bien que discrète, dans l’exercice du pouvoir.
C’était ce que Rhian avait tenté d’expliquer à ses invitées, en leur démontrant que, historiquement, le harem de Papua avait eu une fonction unificatrice, en parvenant à unifier les provinces papuannes, pour leur faire avaler l’idée d’un pouvoir fédérateur et centralisateur.
« Vous ne le réalisez peut-être pas, continua-t-elle, mais, si la famille royale a toute latitude pour choisir les courtisanes, en théorie, il s’agit de véritables enjeux de pouvoir. Même la servante qui entre dans ce harem pour porter du café n’est pas un geste anodin. D’où vient-elle ? Quelle est sa famille ? Ne vous méprenez pas. Le harem de Papua n’a rien à voir avec le harem de Mélinda Warren. D’ailleurs, elle devrait avoir honte d’appeler son établissement ‘‘harem’’. »
Tout simplement parce que son bordel n’en était pas un... Mais ça, c’était méconnaître les visées politiques de la jeune vampire, que Rhian ne pouvait pas connaître. Pour l’heure, elle se retourna vers Hinata, qui semblait toujours aussi gêner, et nagea rapidement vers elle.
« Hinata... Je vais me sentir coupable, tu sais ! Tu crevais de chaud, alors je me disais que te faire prendre un bain te ferait du bien. Je n’ai jamais été à Edoras, mais vous prenez bien des bains, vous aussi, non ? »
Tout en lui parlant, elle s’était retrouvée dans son dos, et posa chacune de ses mains sur ses épaules, venant les masser, tout en se blottissant contre elle.
« Tu es toute tendue, ma chérie... Il faut te détendre ! Qu’est-ce que tu crois qu’il va t’arriver, hum ? Que la foudre divine va s’abattre sur toi parce que tu montres tes nénés ? Il... Faut... Te... Détendre ! »
Les mains de Rhian se posèrent alors sur les hanches d’Hinata, sous l’eau, et elle se mit à... La chatouiller ! Avec une peau aussi douce, ça allait sûrement faire des étincelles.
« Sinon, je m’en chargerai moi-même ! »