Sur le bastingage du navire,
David Zavimbe profitait d’un bref moment de pause. Sur le pont du navire marchand, il avait réussi, sans trop de problèmes, à se faire passer pour un ouvrier en recherche de boulot, et, depuis plusieurs semaines, il explorait ainsi les alentours de Nexus, essentiellement les colonies maritimes. Terra, un monde immense, dont il commençait peu à peu à prendre connaissance, se développait chaque jour sous ses yeux impressionnés. Une planète riche et vaste, dominée par trois grandes puissances : Tekhos, Nexus, et Ashnard. Une suprématie technologique, une suprématie économique, et une suprématie militaire. Chacune de ces trois puissances avait autant de points communs que de différences, et chacune était en guerre, dans les deux conflits mondiaux qui ravageaient simultanément Terra : Nexus et Ashnard d’un côté, Tekhos et les Formiens de l’autre. Un triste constat s’imposait aux yeux de David devant cet autre monde ; aussi beau soit-il, la guerre était une universalité qu’on retrouvait, indépendamment des notions de races, de religions, de sexe, d’appartenance ethnique ou sociale... La guerre, et avec elle tout moyen de se dissocier et de créer des divisions.
Ce navire marchait le long de l’un des grands fleuves de Nexus, qui menait droit vers la cité-État. David était sur ce navire, qu’il avait rejoint sur un petit port, où le navire avait fait escale, avant de filer. Les fleuves étaient généralement des zones sûres, car les pirates, nombreux à Nexus, sévissaient surtout dans les hautes mers, le long des colonies maritimes... Et l’enquête de David, ainsi que les différents appuis dont il disposait, l’avaient envoyé ici, sur ce navire, où il avait utilisé son statut de docker pour faire glisser dans la cale une caisse en bois spéciale, que lui seul pouvait ouvrir.
Observer la mer lui faisait toujours du bien. Était-il finalement un grand romantique ? Il sourit en se disant que, à cette idée, bien de ses anciennes amantes l’auraient giflé.
*
La jeunesse apporte son lot de folies, tout simplement...*
Tout se passait plutôt bien, et il avait hâte d’aller à Nexus, afin de poursuivre ses investigations... Quand le navire se fit attaquer. David était alors descendu dans les quartiers d’équipage, et s’était posé sur le hamac... Quand le bateau se mit à trembler. Il tomba à la renverse, et s’écroula sur le sol, avant de sentir de la fumée et de la percevoir, se mettant à éternuer. Quelque chose avait explosé contre le navire, et, alors, qu’il commençait à se relever, un obus de canon frappa le flanc du navire, le faisant voler en éclats, envoyant valdinguer dans des hurlements de douleur plusieurs matelots, ainsi que du matériel. David lui-même fut soufflé par la déflagration, et heurta lourdement le sol.
Le choc avait été foudroyant, et ses oreilles bourdonnaient, sa vision floue, tandis qu’il entendait, comme venant de très loin, les bruits d’une bataille. Une attaque de pirates... En plein fleuve ?! À l’intérieur des côtes ? C’était impensable ! Tous les affluents étaient surveillés par les phares nexusiens et les forts maritimes. Il y avait des patrouilles de navires remontant le long des fleuves... Comment des pirates avaient-il pu passer ce maillage ? David cligna des yeux, en reprenant ses esprits, et se releva lentement... Avant d’entendre un hurlement proche. Un marin venait de dévaler l’escalier, laissant derrière lui une traînée de sang, plusieurs pirates débarquant. Ils avaient des pistolets à silex, ces vieux pistolets dignes des films de capes et d’épées, qui se vidaient en un seul tir. L’un d’eux en avait plus de six, attachés le long de sa poitrine, et avait utilisé une arme pour tuer le matelot.
«
Allez, les gars ! Fouillez-moi tout ça ! -
Y a de la bonne vinasse et des bonnes chattes ! -
Non, pi... »
David grinça en entendant une détonation venant d’au-dessus, accompagné d’un hurlement de femme, et serra les dents. Des souvenirs qu’il ne connaissait que trop bien... Et, alors qu’il entreprenait de se cacher, l’un des pirates le vit, et pointa son arme, une arbalète vers lui, puis lança un carreau, qui manqua David de quelques centimètres, mais vint se ficher dans le bois.
«
Un nègre ?! -
Crève, petite merde ! »
David ne chercha guère à discuter, et courut dans un coin. Plusieurs détonations rugirent, et il ouvrit une porte en bois, et descendit l’escalier en bois menant à la cale, puis sauta en contrebas, entendant des bruits de pas.
«
Le nègre s’est réfugié dans la cale, à sa place avec les rats ! -
Tant mieux ! Il brûlera avec eux ! »
Brûler ? David tiqua en entendant ce mot, se demandant si ces gens venaient pour piller... Ou pour autre chose. Il entendit les pirates se déplacer, venant chercher de la poudre, et lui en profita pour se déplacer rapidement, jusqu’à la caisse qu’il recherchait, une grande caisse qu’il avait dissimulé dans un coin, derrière plusieurs bâches. Il s’aida d’un pied-de-biche, et entreprit d’en forcer l’ouverture, révélant, dessous, une caisse métallique noirâtre avec un digicode... Une caisse métallique noirâtre avec un logo de chauve-souris dessus.
*
Allez, vite, pas le temps...*
À l’étage, les trois pirates massacraient les prisonniers, balançant ensuite les cadavres égorgés dans l’eau. Les ordres de la mission étaient claires. L’un des trois pissait contre un mur, tandis qu’un autre répandait sur le sol des sacs entiers remplis de poudre incandescente, celle qu’on utilisait dans les canons. Nerveusement, le pirate regardait parfois par la porte de la cale, s’attendant à voir le nègre tenter un acte de survie désespéré. C’était sûrement un esclave venant des mines de sel... Il ne fallait sûrement pas le basic, et devait être en prier l’une de ces divinités locales, Hogugugu, ou un truc comme ça. Le pirate, quant à lui, attendait avec impatience de retourner à Nexus pour recevoir son paiement.
Les hommes répandaient la poudre noire quand le pirate, qui avait tourné le dos à la cale, entendit alors des craquements. Le nègre remontait-il donc ? Un sourire mesquin orna les lèvres du tueur, qui s’approcha de l’escalier... Puis fut balancé contre le mur par une sorte d’être invisible. Surpris, les deux autres se retournèrent, sans voir quoi que ce soit.
«
Que... ?! »
Ils virent alors une déformation de l’air, et la silhouette bondit sur l’un d’entre eux, et le lui faucha les jambes, puis, tandis que le pirate était en train de tomber, un coude s’abattit sur son visage, l’envoyant s’écraser dans le sol. Paniqué, le troisième pirate écarquilla les yeux.
«
Un... Un spectre ! Un spectre !! »
L’homme se mit à courir vers l’escalier, tentant de remonter, mais un filin argenté le saisit au genou, et l’envoya s’écraser dans l’escalier, puis le rabattit en arrière, où il sentit alors des mains glaciales le retourner... Il paniqua, et vit alors...
Un
démon !!
«
N-Non, pitié, au secours !! -
Oh, ta gueule, salope ! »
Agacé devant les hurlements hystériques de cette pute, l’homme la gifla, et lui arracha ensuite son collier de perles. La femme s’écroula contre le mur en pleurant, exhibant ses beaux collants, sa bonne odeur de lingerie. Il s’approcha alors, et la plaqua contre le mur, son souffle tachée d’alcool heurtant le doux visage de cette femme. Il tira sur les lacets de son pantalon, et sa queue sale et tendue vint caresser la culotte de la femme... Un joyeux moment en perspective, tandis que le cadavre de son mari gisait sur le sol, avec la moitié du cerveau en moins... Quand son acolyte sentit une main agripper sa tête, et l’envoya s’écraser violemment contre le mur, lui cassant le nez.
«
Qu’est-ce que ? »
Une forme noirâtre avec des yeux blanchâtres jaillit alors sur lui. Les mains de cette apparition s’appuyèrent à une planche en bois sur le plafond, et des pieds le frappèrent au ventre, et l’envoyèrent valdinguer dehors. Il poussa un hurlement en tombant dans le fleuve, et Batwing se retourna alors vers la femme, qui le regardait avec les yeux écarquillés.
«
Vous allez bien, Madame ? »
David regretta instantanément cette question, extrêmement idiote, et rajouta donc :
«
Restez ici. »
David se rapprocha de la fenêtre trouée, et regarda par au-dessus... Il voyait une main sanguinolente, et enclencha son camouflage optique, puis passa par là, et s’appuya contre le mur, utilisant la fonction adhésive des gants de la combinaison, puis se hissa, venant jeter un coup d’œil par le bastingage. L’ordinateur intégré à son armure lui fournit une vision assistée en listant les billgérants. Il comprit rapidement que les attaquants étaient en train de gagner le combat, et constata que le combat venait de se concentrer autour d’une lutte contre un redoutable Orc et une jeune femme dans une armure de combat. Une femme qui était à bord du navire, et qui venait depuis un royaume lointain. Alencor...
Batwing bondit sur le bastingage, puis passa à l’action. Son Bat-grappin se déploya, et trois filins en jaillirent, venant saisir dans le dos trois larrons, puis il le rétracta, et les renversa, surprenant les autres. David s’élança alors à toute allure, rapide et redoutable, telle une panthère, et frappa l’un des hommes au visage, puis son pied en faucha un autre en plein ventre, lui coupant la respiration.
«
Qui est ce mec ?! -
Tuez-le !! »
Il vit un pirate avec une épée la lever vers lui, mais l’épée se heurta à l’épaulière de l’homme, et il la repoussa, puis le frappa dans la trachée, et son pied se leva, puis frappa son genou, faisant craquer l’os. Dans son dos, un autre tenta de l’attaquer à hauteur de la tête, mais, contre toute attente, David pivota sur place, et sa main gauche saisit les poignets de l’adversaire, retenant son épée, puis la main droite s’éleva, se nouant en un poing qui fracassa le nez du tueur, l’envoyant s’étaler sur le sol. Un pirate armé d’un pistolet à silex lui tira alors dessus, et il écarquilla les yeux en voyant que l’homme n’avait rien.
Batwing électrifia alors ses mains, les batteries venant de se charger, et frappa violemment, chaque coup provoquant des étincelles, puis tendit la main, et envoya plusieurs Batarangs qui frappèrent des hommes aux poignets et à leurs cous.
«
C’est un monstre ! »
Plusieurs pirates venaient de l’encercler, et David, souriant sous son armure, enclencha un autre mode... Et répandit autour de lui un fumigène, aveuglant les ennemis, donnant lieu ensuite à plusieurs hurlements de douleur quand il bondit sur eux, les frappant violemment.
Sa seule présence venait visiblement de relancer la bataille...