Les mains de Cirillia la portèrent à l’air libre, et, alors qu’elle continuait à grimper, elle avait senti des flocons de neige lui tomber dessus. Utilisant son grappin pour monter, elle avait fini par rejoindre la surface, et, en hissant une ultime fois, elle s’était retrouvée le long d’une forêt enneigée... Et épuisée. Ciri’ dut reprendre son souffle, tout en sentant l’effet des deux potions disparaître. Elle posa la main sur le maudit carton, et le jeta en contrebas, afin de pouvoir sentir l’air frais caresser son visage. Assise sur le sol enneigé, elle bénéficiait enfin d’un moment de calme, qu’elle tira à profit pour se reposer. En d’autres circonstances, Ciri’ aurait médité, et en aurait profité pour confectionner ses nouveaux élixirs, mais son sac à dos était quelque part ailleurs, perdu près d’un autel. Elle ferma donc les yeux pendant une bonne quinzaine de secondes, régulant son rythme respiratoire, puis se redressa, et commença à marcher.
Le carton se reforma immédiatement, mais il la dérangea moins. Elle était dans les hauteurs de la vallée, ses pieds marchant sur un sol constitué de neige et de rochers. En somme, le carton protégeait ses joues du froid. Ours blanc et Orque, les deux premiers élixirs qu’elle avait ingurgités au début de cette épreuve, ne fonctionnaient également plus beaucoup, et, après son combat dans la grotte, un autre problème, plus grave encore, ne tarda pas à se poser...
Le
froid.
Le soleil était en train de se coucher, et Ciri’ était entourée d’épaisses montagnes blanches, ce qui faisait que la nuit allait être glaciale... Et ce d’autant plus que les arbres présents commençaient à plier sous les vents violents. Des sifflements dangereux, qui donnaient à cette forêt une ambiance cauchemardesque. Ciri’ avançait le long des arbres, et généra le Signe de Quen. Une bien faible protection contre le froid, mais qui était toujours préférable à rien.
*
J’aurais dû me faire un manteau de fourrure...*
Il y avait tellement de choses, en réalité, qu’elle aurait dû faire. Un arc, aussi, ou ne pas perdre son sac à dos... Mais il y avait eu ce maudit carton, qui lui était tombé dessus, puis son adversaire, aussi collant qu’un furoncle dans le cul. S’avançant entre les arbres, Ciri’ fronça soudain les sourcils en voyant une singulière structure devant elle, un peu en hauteur, accessible par un escalier taillé dans la pierre.
Un village !
Ciri’ se rapprocha. Des drapeaux et des banderoles étaient attachées, et flottaient au vent. Sa main se posa sur une clôture, et elle entra dans le village, s’appuyant contre un mur.
«
Hey ho ? Il... Il y a quelqu’un ?! »
Le regard de la sorceleuse pivota à droite et à gauche. Pas l’ombre d’un chat... Et le vent continuait à se lever, des flocons tombant de l’immense mont que Ciri’ pouvait voir sur sa gauche, et qui recouvrait de sa taille gigantesque ce ridicule bled. Elle ne pouvait pas le deviner, mais ce mont majestueux n’était autre que l’immense Everest, dont on peinait à voir le somme, tant il était grand.
*
Je n’ai jamais vu une montagne aussi grande... Mais où est-ce que j’ai atterri ?!*
Prudente, elle dégaina son épée. Ce silence était... Anormal. La femme ouvrit la première porte qu’elle vit. Cette dernière grinça, la faisant entrer dans une petite maison en pierre, froide, avec une table en bois, des meubles. Il y avait des pots, et elle les inspecta, pour constater rapidement que, outre la poussière les recouvrant, ils étaient tous trop vieux pour être comestibles. Fronçant les sourcils, elle essaya de reconnaître la langue figurant sur les pots, mais comprit rapidement qu’elle lui était inconnue.
Un escalier menait à l’étage, où un volet en bois claquait. De même, avec la porte ouverte, le sifflement du vent était terrible, donnant l’impression qu’un monstre n’allait pas tarder à débarquer du haut de cette montagne.
La sorceleuse sortit de nouveau. Un grand bâtiment se tenait devant elle, avec plusieurs lanternes en forme de sphères qui claquaient sous l’effet du vent. La femme fit le tour, et vit rapidement quelques enclos... Où elle grinça les dents en voyant des cadavres d’animaux. Ils étaient partiellement recouverts par la neige, et une puanteur atroce s’en échappait.
Des
yaks étaient couchés sur le sol, ainsi que des porcs déchiquetés. Ciri’ se rapprocha, et, faisant abstraction de l’odeur, se pencha. Avec son carton sur la tête, le caractère baroque de son apparence contrastait avec cette scène de carnage. Les sorceleurs, néanmoins, étaient doutés pour inspecter les scènes de crime, notamment afin de déterminer quel animal avait tué l’autre. Avec la neige, les corps avaient été recouverts partiellement, et elle vit de profondes griffes dans le corps des yaks. Des animaux robustes...
*
Les porcs ont été tués pour leur nourriture, ils ont été éventrés et partiellement mangés sur place...*
L’hypothèse la plus probable était que les porcs avaient dû appartenir aux villageois, et que ces derniers avaient fui, très probablement pour fuir le monstre qui avait déchiqueté ces yaks... Car ces griffes-là ne venaient pas d’un ours. Ou alors, d’un très grand ours. Après son inspection, Cirillia se redressa, et tourna la tête.
*
Que... ?!*
Elle voyait, au loin, une lueur... Une chandelle se répandant au sommet d’une
tour d’observation en hauteur, surplombant le village. Une lumière vacillante était au sommet de cette structure, rappelant vaguement la forme d’une pagode. Est-ce qu’on avait envoyé Ciri’ du côté d’Edoras ? Ou des Shogunats ashnardiens ? Elle avait entendu parler de cette région montagneuse ashnardienne, une région remplie de mysticisme et de spiritualité, dans les montagnes. Ce dont elle était sûre, en revanche, c’est que, avec le crépuscule qui s’abattait, elle ne pouvait pas risquer d’être dehors trop longtemps.
La femme se mit donc en marcha, dans le but de rejoindre la tour, mais, alors qu’elle rejoignait le milieu de la rue, des sifflements se firent entendre à sa gauche. Le temps qu’elle se retourne, des filaments noirâtres jaillirent, et la frappèrent. Son épée tomba au sol dans un bruit sourd, et elle s’envola, venant heurter le mur de la grande maison qu’elle venait de quitter. Ciri’ se mit à grogner, en reconnaissant ces tentacules noirs, qui, cette fois, ne firent pas l’erreur de s’enrouler juste autour de ses poignets, mais s’englobèrent contre ses mains.
«
RAAAH, BORDEL DE MERDE !! »
L’
enfoiré était de retour, et, en poussant Ciri’ de cette manière, il avait fait voler son carton.
Elle tenta de se défaire des liens, mais ces derniers étaient solides. Impossible d’invoquer ses Signes, et elle continua à grogner.
*
Le vent... Le sifflement du vent... Impossible d’entendre le déplacement de tentacules avec de simples bourrasques...*
De plus, son esprit avait été occupé... Car ce n’était clairement pas son adversaire qui avait mangé ces animaux. Or, les cadavres des yaks étaient encore relativement récents, ce qui signifiait que le monstre pouvait revenir... Ciri’ pensait à cela tout en voyant l’homme se rapprocher. Son masque était fissuré, dévoilant ses lèvres, et il se mit à parler, en la narguant.
«
Va chier, connard ! »
Ciri’ n’avait toujours pas oublié l’idée de se battre, de gagner, et, maintenant qu’elle savait qu’il y avait un monstre dans le coin... Disons que cette information offrait de nouvelles perspectives. Cet homme était manifestement plus fort qu’elle, mais elle allait peut-être trouver un allié inattendu. Le viol, en soi, ne la gênait pas plus que ça, car Ciri’ était une femme forte et endurante, une sorceleuse. Elle tenait un peu des Amazones sur ce point, mais, si le sexe pouvait permettre à son adversaire de s’occuper d’elle suffisamment longtemps pour permettre à ce monstre de débarquer... C’était une stratégie cynique, mais Ciri’ n’en voyait aucune autre. Pas d’armes... Pas de Signes... Et ses yeux ne pouvaient pas lancer des lasers !
L’homme se rapprocha d’elle, et elle le vit poser ses mains sur son pantalon, défaisant à nouveau sa ceinture. Ses jambes étaient écartées, et, la ceinture fila sur le sol. Ciri’ grogna encore.
«
Vire tes doigts de là, sale pervers ! Branle-toi ailleurs ! »
En sentant son pantalon glisser, la sorceleuse tenta à nouveau de se libérer. Le pantalon glissa jusqu’à hauteur de ses genoux, et il put voir son bassin, son sexe étant recouvert par une simple culotte. On pouvait voir, le long de sa hanche gauche, un motif de dragon rouge, qu’elle s’était faite tatouer sur son corps. Les tentacules de ses jambes se desserrèrent alors, tandis que l’homme fléchissait les genoux, et elle tenta de lui ficher des coups de pied... Mais sans succès.
*
Putain !*
Une telle impuissance, c’était surtout ça qui était terrible... Elle se retrouva avec seulement son corset sur le corps, et un froid qui venait la faire trembler sur place. Elle sentit la main de l’homme caresser ses cuisses, et son adversaire sentit qu’elle avait froid.
«
Fous-toi ta main dans le cul, connard, je me réchaufferais en t’arrachant la tête ! »
Ciri’ et le langage féminin... Toute une histoire. Sans tenir compte de ses provocations, l’homme glissa ses doigts sous sa culotte, les approchant de son sexe. Elle grogna en se tortillant sur place, et lui cracha à nouveau dessus, sa salive venant heurter son masque. La femme continua à se débattre, et grogna en sentant les doigts de l’homme explorer l’intérieur de sa grotte, cherchant le bouton de plaisir... Puis, en même temps, elle aperçut un tentacule noirâtre jaillir, le bout effilé en forme de sexe, et grogna, avant d’ironiser :
«
Tu es obligé d’utiliser un tentacule pour ça ? Ta petite queue de pédé est trop ramollie ? Sans ta putain de magie de merde, il y a longtemps que je t’aurais fait bouffer les pissenlits par la racine, mais ce n’est que partie re... »
L’ultime mot mourut dans sa bouche quand le tentacule phallique rentra en elle, commençant à la pénétrer, et elle mordit dedans, comme pour essayer de le couper.
Autant dire qu’elle ne serait pas une victime fragile ou vaincue...