- Qu'est-ce que c'est que ça ?L'homme qui conduisait le convoi, un gros chariot tiré par des bœufs, tira sur les reines en cuir pour arrêter ses bêtes et stopper leur progression. Quelque chose venait de bondir du haut d'un arbre, un de ceux alignés le long du chemin et se tenait debout, immobile, à quelques mètres seulement. L'énergumène plissa les yeux pour se rendre compte qu'il s'agissait d'une personne enveloppée dans une longue cape noire et une capuche masquant son visage. Pas très à l'aise, il remua nerveusement son gros derrière sur le banc du conducteur et se tourna vers ses deux acolytes montés à cheval près du chariot et chargés de son escorte.
- Hey les gars ! Heu... y a quelqu'un qui barre la route, signala t-il de sa voix bourrue.
- T'es qui, toi ? Aboya l'un des cavaliers à l'attention de l'individu.
La silhouette semblait petite, fine, gracile, pas vraiment la carrure qui aurait pu les inquiéter, d'autant plus que l'inconnu était tout seul. Mais ce convoi était très important pour leur patron et s'il arrivait quoi que ce soit à cette cargaison, ils y perdraient certainement des doigts. Se montrant donc prudent et méfiant, les cavaliers sortirent tous deux leur dague et leur hachette au cas ou.
La silhouette remua enfin, balayant l'air d'un mouvement de bras pour repousser un pan de sa cape. Calé entre chacun de ses doigts, quatre fins petits disques à la lame effilée brillèrent un instant à la lumière du soleil. Le conducteur remarqua alors les formes de la silhouette. Il vit une paire de seins et... une queue touffue et rousse.
- Putain les mecs, c'est une...Il n'eut pas le loisir de terminer sa phrase. Les quatre disques filèrent à une vitesse ahurissante, pour se planter chacun, non pas dans la chair du malheureux, mais dans le tissu de ses vêtements, à des endroits assez stratégique pour l'empêcher de bouger. Bouche bée, le grand gaillard se mit à trembler... pour finir par s'évanouir. Il l'avait vraiment échappé belle !
Les deux cavaliers poussèrent un cri et talonnèrent leur monture pour galoper droit sur l'agresseur. Celle-ci apporta sa main au niveau du lien noué qui maintenait sa cape au niveau du décolleté et dans un nouveau mouvement ample du bras, elle envoya l'habit au sol.
Ce fut avec stupéfaction que les deux escorteurs découvrirent, non pas un type banal et lourdement armé, mais une petite kitsune à la queue et les oreilles rousses, l'air furibonde et montrant ses petits crocs de canidé.
Louane agrippa son arme calée dans son dos, un long bâton doté d'une lame pointue à chaque extrémité, qu'elle brandit en l'air et commença à faire tournoyer. Les deux roublards ne se laissèrent pas impressionner, fonçant toujours sur elle en beuglant.
S'aidant de son bâton qu'elle planta à ses pieds, elle décolla du sol pour venir percuter violemment et de plein fouet l'un des deux types arrivé à sa hauteur. Alors que l'individu, assommé, glissait de sa selle pour s'étaler dans la poussière, Louane s'agrippa à la selle, le bras tendu en arrière, tenant toujours son précieux bâton. L'autre cavalier, sidéré, brandit son arme et tenta de toucher la kitsune en rapprochant sa monture du cheval de son acolyte. Les deux braves équidés avaient continué à galoper droit devant eux, mais le sang animal de Louane lui procurait un équilibre sans égal. Elle n'eut donc aucun mal à éviter habilement le coup porté par son ennemi et enchaîna en l’assommant d'un grand coup de bâton sur le crâne. L'homme s'écroula sur l'encolure de sa monture, inerte, alors que celle-ci continuait sa course.
Débarrassée de ses adversaire, la kitsune quant à elle freina le cheval sur lequel elle se tenait et lui fit rebrousser chemin, retournant près du convoi.
Lorsqu'elle découvrir le chariot recouvert d'une bâche et découvrit ce qui s'y tenait, la jeune femme soupira. Pas de doute, il s'agissait bien là de la livraison de plantes et autres produits mortels destiné à un trafic de poisons. La demoiselle en avait entendu parlé, dans un village non loin et le chef du village, inquiet, lui avait demandé de mettre fin à tous ça. Voilà maintenant quelques temps qu'elle interceptait ce genre de convois et d'après ses calculs, après la destruction de celui-ci, l'organisateur de tout ça allait être mit sur la paille. Après avoir détaché et libéré les bœufs, puis éloigné le cors lourd et gras du conducteur sur le bas côté, Louane craqua une allumette et fit flamber les produits illicite avant de disparaître.
* * *
La petite kitsune avait été grassement récompensée par le chef du village. Elle avait donc continué tout naturellement sa route, se dirigeant vers la région des terres sauvages, passant de ville en ville sans jamais s'éterniser. Discrète et maligne, il était difficile de suivre ses traces. Pourtant, elle allait finir par faire une rencontre disons... déconvenue.
Elle était arrivée dans
un village tranquille et agréable nommé Cassis. Depuis quelques jours, un festival y était organisé et la jeune femme avait décidé d'en profiter un peu. L'heure était finalement venue de dîner, le soleil se couchait rapidement et la jeune femme décida de se rendre à l'auberge pour prendre un bon repas et se reposer.
Elle pénétra donc dans le bâtiment, toujours camouflée dans sa longue cape et commanda un repas avant de s'installer à une petite table au fond de la pièce. Elle soupira, s'étirant et délassant un peu ses jambes. Finalement, comme personne ne faisait attention à elle et que le coin où elle se trouvait était plutôt à l'abri de regards, elle enleva sa cape qui lui tenait trop chaud et la plia soigneusement à ses côtés. L'odeur venant des cuisine était très alléchante et la petite kitsune avait hâte de se remplir l'estomac !