Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Pandemia [Sela]

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Pandemia [Sela]

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Elena Ivory

Humain(e)

Pandemia [Sela]

samedi 27 juin 2015, 02:33:16

Jour 31

Sa gorge était en feu, sa poitrine sur le point d’exploser. La tête lui tournait, les éléments se dérobaient. Les tables vacillaient, et les murs, agressifs, l’observaient nerveusement, d’un air méchant. Sa tête hurlait comme si une flèche s’était nichée entre ses deux yeux. Elle avait envie de vomir, ses sens se défaussaient... Une fièvre éreintante écrabouillait son esprit, le réduisant en pièces. Elle croisait des corps jonchant le sol, ou des pestiférés dans les coins.

*Pas trop tard... Pas trop tard...*

C’est ce qu’elle se répétait, en remontant le long de la grand-rue. C’était un grand boulevard pavé, et l’air nauséabond l’avait frappé de plein fouet. Il était trop tard pour faire marche arrière, maintenant. Sa poitrine l’élançait douloureusement à chaque fois qu’elle inhalait cet air pourri. Elle avançait lentement, en voyant sa vision tournoyer... La pandémie... La peste... L’infection... Tout tourbillonnait dans sa tête, ainsi que les solutions possibles. Elle avançait lentement, laborieusement. Les nuages couvraient la lumière du jour, ce qui ne la gênait pas, car ses pupilles étaient dilatées. La femme continuait à avancer, à ressasser les erreurs du passé... La lenteur d’action de la Couronne, et l’infection, silencieuse, qui se répandait progressivement... Était-il trop tard ? Elle se refusait à y croire. Pas si près du but...

Ses pieds heurtèrent quelque chose, et la gravité l’attira à elle, mais elle ne ressentit pas la douleur. En revanche, la fiole glissa de sa robe, et roula sur le sol, avec un liquide verdâtre à l’intérieur. Par miracle, elle ne se brisa pas, et Adamante se mit à ramper sur le sol, tendant sa main tremblante et ses doigts en sueur vers l’objet translucide. Une ombre la recouvrit alors, et elle sentit des mains attraper ses épaules, la retournant.

« Nnnnnn... »

Elle tentait de protester, mais était trop faible pour ça... Et, dans sa vision floue, elle voyait l’énorme bec se rapprocher, ainsi que des yeux agressifs, luisants... Puis l’ombre la recouvrit intégralement.

Il était trop tard.



Jour-01

« Ouais... Kof ! Kof ! Le vilain Docteur, y va nous emmener... »

Soupirs, quintes de toux, yeux dilatés, corps absents... Joshua Brolin nageait dans l’atmosphère sinistre et lugubre des bas-fonds, bien loin des draperies du Palais d’Ivoire. Ici, c’est la puanteur et la crasse qui régnait, conséquences de la misère qui gangrénait ces quartiers. On les appelait les bas-fonds, et ce n’était pas sans raison. Des endroits sales, où la criminalité de bas étage permettait d’alimenter des circuits économiques illégaux. Que ce soit du bon côté ou du mauvais côté de la barrière, les habitants des bas-fonds ne touchaient que les miettes. Joshua connaissait cet endroit, à force d’y aller. La drogue faisait des ravages, notamment le fisstech, une drogue hallucinogène produite dans les champs agricoles de Nexus, et qui se répandait, non seulement dans les rues de Nexus, mais aussi ailleurs, comme à Tekhos, où elle concurrençait les drogues synthétiques et les drogues électroniques. On reconnaissait rapidement les camés au fisstech... Ils étaient hagards, les pupilles dilatées, de la bave s’écoulant de leurs lèvres, et ne pensaient à rien d’autre que le fisstech.

Le trafic de fisstech se répandait comme de la traînée de poudre, et permettait d’alimenter différents trafics, notamment du trafic d’armes, la corruption des fonctionnaires et des gardes... Brolin était sur la piste du fisstech, l’une de ces nombreuses enquêtes. Ce noble chevalier était un agent de la Milice urbaine, l’équivalent nexusien des forces de police tekhanes. Il enquêtait sur des disparitions inquiétantes dans les bas-fonds. La Milice urbaine n’en avait rien à cirer, car ce qui se passait dans le sbas-fonds ne concernaient que les bas-fonds. Joshua, lui, estimait que ces quartiers se situaient dans Nexus. Il avait toujours vécu à Nexus, et avait été attristé de voir à quel point les conditions de vie s’étaient dégradées dans sa ville natale.

« Où est le laboratoire, Cassie ? Où est l’emplacement du laboratoire ? Là où ils emmènent tous ces gens ? »

Brolin ne savait pas grand-chose sur les disparitions, si ce n’est qu’elles frappaient des clochards, des vagabonds, des prostituées comme Cassie, ou des junkies. Cassie était une fugueuse, une fille qui avait fui la campagne, où son père, un prêtre pédophile, la battait et l’humiliait, ainsi que d’autres enfants. Une innocence brisée. Elle s’était réfugiée à Nexus, et avait fini entre les mains d’un mac. Pour lutter contre la dépression, elle s’était droguée au fisstech. Joshua essayait de la convaincre de suivre une cure de désintoxication, et de rejoindre l’un des couvents de l’Ordre Immaculé. Il l’avait aidé une fois, il y a quelques mois, quand elle se faisait agresser par des clients. Il les avait repoussés, l’avait invité chez lui, et, depuis lors, veillait sur elle.

*Une âme perdue parmi des centaines... Si ce n’est des milliers.*

Mais, pour une âme sauvée, ça valait le coup.

Cassie savait des choses. L’enquête de Brolin l’avait rapproché du trafic de fisstech, car les gens qui enlevaient les personnes travaillaient pour le compte de la Vipère Blanche, une énigmatique organisation criminelle qui se trouvait derrière le trafic de fisstech. Et Brolin savait qu’ils avaient un laboratoire, quelque part dans les bas-fonds. Tout ce qu’il fallait, c’était le retrouver, maintenant. Et Cassie avait vu ses cibles.

« Cassie... J’ai vraiment besoin que tu m’aides.
 -  Le Docteur, il est méchant, et il veut qu’on reste silencieux... Le secret professionnel, il appelle ça... Oui, oui, le secret pro... Kof ! Kof ! Kof ! Kouch !! »

Une violente quinte de toux la traversait, et elle se mit à cracher ses tripes sur le sol de cet entrepôt nauséabond. Il était rempli de rats crevés, insalubre, avec des remontées d’égouts. Les sans-abris s’y regroupaient, et Joshua y était en planque, espérant ainsi tomber sur les ravisseurs, sur le mystérieux « Docteur » dont Cassie lui parlait, et qui, pour l’heure, constituait sa seule piste. Une piste mince et étroite, mais la seule qu’il avait en ce moment.

Il était alors loin de se douter que ce trafic de fisstech n’était que la partie émergée de l’iceberg...
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Sela

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    Belle et puissante marchande d'esclave de Terra, Sela est une jeune femme issue des bas-fonds de Nexus et qui tente tant bien que mal de se faire une place de choix dans cette société à sangs. Son passé sombre, ses pouvoirs et son parcours ne sont cependant pas connus de tous...

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 1 dimanche 28 juin 2015, 18:46:55

Ses pas foulaient le sol, rapides, silencieux. Comme si elle ne voulait pas se faire remarquer des ombres qui l'entouraient, la regardaient de cet air avachit, vide qui leur était si particulière. La tête haute, elle les voyait, sans gêne. Les observait. Critique.
Combien valaient-ils ? Qu'étaient-ils pour elle ? Comment ces hommes, ces femmes, ces êtres dotés de pouvoirs spéciaux, comment toutes ces âmes allaient parvenir, sans même le vouloir, à sa propre réussite ? A atteindre, enfin, son but infernal ?
Enchaînés, parqués, voilà cette femme sans pitié qui les regardait, comme si tout était normal. Tous les moyens sont bons. Toujours.

Et la voilà qui passait encore près des gardes baraqués qui les protégeaient, elle et son inséparable troupe, des débordements de ces sauvages. Sela les comptait, encore et toujours. Compter. Jusqu'à ce qu'une voix se fraye à travers le brouhaha incessant des captifs.

-S'IL VOUS PLAIT ! MADAME SELA, S'IL VOUS PLAIT, LIBEREZ MOI D'ICI !

Elle leva un sourcil, passant un regard terriblement froid sur la femme qui haletait, à moitié nue, les vêtements déchirés jusqu'à l'épaule, vers elle. Elle ne répondait pas à ce genre de hurlement de frayeur, habituellement. Cependant, la vue d'une de ses protégée ainsi souillée et noire de poussière l'agaça. A cet endroit, les esclaves venaient à peine d'être capturés. Sela ordonnait que les captifs soient nettoyés, habillés et propres, possédant une hygiène de vie confortable : ils devaient être pimpants lors de leur revente. Ces frais ruinaient l'esclavagiste avant les ventes, mais ses esclaves étaient tous de si bonne qualité qu'elle se refaisait facilement lorsqu'elle les revendaient à prix d'or.

-Emmenez-les au lavage. Et nettoyez moi cet endroit quand il sera vide ; il accueillera dans trois heures de nouveaux arrivants. Vite.

Le regard qu'elle lança à l'immense homme à qui elle s'adressait eut un effet immédiat : il hocha la tête et se détourna pour lancer à son tour les ordres en question.
L'esclavagiste s’apprêtait elle aussi à faire demi-tour lorsque la même voix stridente et brisée retentit à nouveau. L'esclavagiste fronça les sourcils et se retourna lentement.

-MADAME SELA... MADAME ! JE PEUX VOUS AIDER A... JE CONnais des choses... Je...

L'esclavagiste s'approchait lentement, de son pas sûr, jusqu'à dépasser le garde qui protesta à son passage. Elle leva la main pour le faire taire sans daigner lui accorder un regard. Si il fallait commencer à la dresser, autant le faire maintenant. Elle s'avança de son pas de louve vers la jeune femme qui s'était effondrée par terre, comme si la simple présence de la belle esclavagiste la réduisait à coller la joue au sol poisseux.

Sela s'accroupit près d'elle.

-Que crois-tu, ô mignonne ESPer, savoir que je ne sache pas déjà ? Susurra-t-elle doucement, si doucement que l'esclave sursauta, terrifiée. Un sourire carnassier, tout sauf rassurant, déchirait le visage de l'esclavagiste déjà marqué.

-Comment savez-vous... ?

Sela la gifla violemment. Elle se devait d'être ferme, surtout devant les dizaines d'yeux qui l'observaient, soudainement silencieux.

-Leçon numéro 1 : ne jamais poser de question. Elle reprit : j'attends.

La jeune femme déglutit, le regard effrayé. Et Sela attendait, impatiente.

-A propos de... Du fisstech. Le groupuscule qui a crée la came je... J'y étais. JE LES CONNAIS !

Le regard de l'esclavagiste changea, sceptique. Disait-elle vrai, cette femme misérable, les pieds dans la boue, qui mendiait la liberté pour ses utopiques informations ?

Sela approcha son visage du sien. Elle pouvait sentir son souffle âcre, saccadé. La femme n'était pas laide, en soi, mais la frayeur et les marques la rendaient repoussante. L'esclavagiste n'en avait rien à faire, et elle s'approcha encore.

-Si tu mens, ma chérie... Et je le saurais, si tu mens, ne t'inquiète pas. Si tu mens, je te vendrais au pire de tous. Au pire.

Chacun connaissait le pire. Un vieil homme dégarni, pire que le diable lui-même, à la queue qu'on disait continuellement pendante. Il collectionnait les esclaves, ne s'en lassait jamais. Et ce qu'il faisait d'elles... Elles ne tenaient jamais bien longtemps.

-Je ne mens pas, libérez-moi, pitié, pitié... Je ne vous mens pas... libérez-moi...

En réalité, Sela ne pouvait nullement savoir si cette femme disait la vérité ou non. Mais elle le sentait, dans la peur qui transperçait sa voix, que c'était la pure vérité qui sortait de sa bouche. La vendeuse se releva, doucement. Puis elle se tourna vers le garde.

-Lavez celle-là en premier. Et emmenez là à la tente une fois que son odeur supportable.
« Modifié: mardi 30 juin 2015, 08:42:39 par Sela »
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 2 vendredi 03 juillet 2015, 01:58:22

Jadis, Nexus avait fait face à un important problème d’insalubrité. Jadis encore, la cité-État était un État composé de plusieurs villes séparées les unes des autres. Avec l’essor important du royaume, une croissance économique exponentielle, les faubourgs des villes s’étaient progressivement rapprochées, et cette croissance incroyable n’était pas faite pour une cité vivant encore à l’époque médiévale. Les chroniques et les mémoires des Archives Royales mentionnaient encore l’insupportable odeur qui filait de la ville. Il n’y avait pas alors d’égouts, simplement des tranchées remplies de boue, de déchets, d’excréments qu’on balançait depuis des seaux. L’évacuation des déchets se faisait par le biais d’ouvriers récurant le sol avec de grosses truelles, les jetant dans des puits... Ce système n’avait pas très bien fonctionné sur le long terme, et l’insalubrité avait atteint des sommets beaucoup trop dangereux, commençant à porter atteinte aux intérêts économiques de la ville. Les maladies se multipliaient de plus en plus, se répandant aussi dans les colonies maritimes de Nexus, par le biais de multiples navires, convoyant les puces, les rats, ou les malades. C’était pour résoudre ce problème que la Couronne avait investi des millions de pièces d’or pour construire des égouts, pour obtenir un système d’évacuation des déchets et des eaux usées performant. Pour réaliser ce tour de force, le Roi de l’époque avait fait appel à des ingénieurs tekhans, qui avaient utilisé leur savoir-faire pour bâtir les égouts.

Avant même que les égouts ne soient construits, les souterrains de Nexus constituaient déjà une ville à part entière, avec ses propres règles et ses propres lieux. Il y avait d’anciennes mines abandonnées, de multiples catacombes, des cryptes souterraines, des vestiges de l’ancienne cité elfique sur laquelle Nexus avait été bâtie... C’était un endroit chargé de légendes et de contes, rempli de mystères et d’obscurité. Les égouts avaient été construits par-dessus, formant un maillage complexe et incompréhensible pour le commun des mortels Les égouts avaient été reconstruits, modifiés, et améliorés depuis l’époque Certaines sections avaient été inondées, s’étaient effondrées sur elles-mêmes, et d’autres avaient été creusées. Quantité d’ouvriers avaient été tués lors de cette construction, car les souterrains de Nexus regorgeaient de créatures nécrophages et autres monstres se nourrissant des entrailles de la ville. Et, parmi ces monstres, il n’y avait pas que des créatures sanguinolentes aux dents longues... Il y avait aussi les trafiquants, les criminels, les esclavagistes illégaux... Ils remontaient le long des égouts pour sortir de la ville, formant toute une véritable économie parallèle, souterraine, qui engrangeait continuellement d’énormes bénéfices, sans aucune taxe.

Et, quelque part là-dedans, quelque part dans ce labyrinthe sinistre, il y avait un laboratoire de fisstech... Un important centre qui alimentait en drogue les rues de Nexus. Un laboratoire qui se livrait à des expériences sur des individus de Nexus, les laissez-pour-comptes, ceux dont personne ne se souciait, et dont personne n’avait envie de se soucier... Sauf Joshua. Un chevalier en décalage avec son époque, quelqu’un qui croyait encore à l’égalité devant la loi. Il savait que le fisstech était soutenu par des personnalités très influentes, par des aristocrates, par des bourgeois qui y trouvaient leur compte. Il soupçonnait une ancienne crypte de servir de refuge à ce laboratoire, mais Nexus en comptait énormément.

Alors, après des semaines infructueuses de planque et de filature, à tourner autour du pot, il avait opté pour une autre stratégie... Une stratégie incroyablement plus risquée, mais qui, et il l’espérait, lui permettrait de gagner des points. Il s’était débarrassé de son armure, de son épée, et était venu dans l’entrepôt de Cassie avec des frusques et des haillons, et avait attendu la venue des « Assistants ». Sous ce vocable, on désignait les hommes du Docteur, ses Assistants. Ils travaillaient pour lui, en choisissant des sujets viables.

Ils arrivèrent en pleine nuit, et, quand ils entrèrent dans l’entrepôt bondé, toutes les conversations se turent rapidement. Les jeunes mères allaitant leurs enfants, les esclaves en fuite, les junkies ayant tout perdu, toute la misère du monde se regroupait dans cet entrepôt exigu, puant, et sale. Une fille portant un enfant incestueux résultant d’un viol commis par son père et qui avait choisi de s’enfuir, des fugueurs ayant fui un orphelinat trop strict, un homme qui avait succombé depuis trop longtemps aux ravages de la drogue, des réfugiés n’ayant pas réussi à trouver un emploi ou un logement dans les bas-fonds... Les Assistants venaient, et leur proposaient de l’argent, un dédommagement, en échange de leur liberté.

*Ainsi, en cas de contrôle, ils sont parfaitement blancs...*

Les Assistants avançaient lentement, portant de curieux accoutrements : une longue robe noire avec un masque en forme de long bec. Des silhouettes effrayantes et cauchemardesques, qui palpaient muscles et dents, avant d’inspecter les cheveux, la salive, rejetant alors ceux qui ne les intéressaient pas. Ils s’approchèrent de la jeune mère éplorée, dont les pupilles dilatées indiquaient son état de manque, et s’intéressèrent, non pas à elle, mais à son bébé. Pendant un instant, Joshua vit, dans les yeux de la femme, un semblant de résilience quand ils prirent son bébé, mais il disparut bien vite quand, de leurs interminables robes, ils sortirent un précieux sachet noir, abritant la poudre noire du fisstech. Le bébé se mit à hurler, ce qui ne sembla guère gêner les Assistants. Ils avaient de longs gants crochus, ressemblant à des monstres de carnaval, et continuèrent à avancer au milieu de cette mêlée sombre et grouillante.

« Pitié, prenez-moi...
 -  Faim, si faim...
 -  Mon sang est pur, regardez... »

Des formes squelettiques s’agrippaient parfois à leurs chevilles, mais les Assistants continuaient à avancer, imperturbables. L’homme de tête tenait dans sa main gauche une lanterne, qui remuait de gauche à droite en grésillant légèrement et en couinant. Dans sa main droite, il tenait le bébé... Et, alors que le cortège se rapprochait de Joshua, il constata que le bébé avait cessé de pleurer. Les Assistants faisaient partie de ce folklore local, et s’approchèrent de Joshua.

La lumière de la lampe l’éclaira fugacement. Il était torse nu, et l’un des Assistants tourna sa tête vers lui. Avec ses solides muscles, Joshua était bien différent des autres esclaves, et il regarda l’Assistant dans les deux fentes faisant office de yeux... Puis il tendit la main, le visage fixe et le regard grave.

*Je n’ai pas peur de vous, salopards...*

Ils avaient ramassé d’autres personnes, et, quelques instants plus tard, Joshua se retrouva hors de l’entrepôt, puis s’avança derrière le cortège. Il nota alors qu’un Assistant avait sorti un tambour, et tapait dedans, provoquant des bruits sourds, tandis que la lampe à huile de l’Assistant de tête continuait à osciller de droite à gauche. Joshua vit quelques regards furtifs par les fenêtres, avant que les rideaux ne se rabattent.

*La Couronne n’a aucune influence dans ces quartiers... Bon Dieu, j’ai l’impression d’être dans une autre ville ! Comment est-ce que ces gens ont fait pour s’implanter autant ?*

La marche était lente, presque comme une sorte de procession religieuse. Parfois, Joshua voyait des rats filer le long des murs et des égouts. L’individu continuait à marcher, le long de rues pavées, encerclées par de sinistres maisons et des bicoques infâmes... Puis Joshua entendit des bruits de pas à droite, forts et précipités, et une patrouille arriva. Des Gardes nexusiens, portant leurs armures, leurs épées, et des torches, et qui rejoignirent les Assistants à un carrefour.

Le temps sembla se suspendre, tandis que les deux groupes s’observaient. Le sergent s’approcha lentement, en se raclant la gorge. Silencieusement, la ville les observait, derrière leurs fenêtres. Le sergent remua les lèvres, et l’Assistant sortit de ses affaires une bourse, et la jeta sur le sol. Ils restaient étrangement muets, et le shérif hocha la tête, puis récupéra la bourse, et, nerveusement, s’écarta.

« Pauvres gars... commentait l’un des soldats.
 -  Ça n’a aucune importance... Ils ont fait leur choix. »

Les Assistants recommencèrent à marcher, et rejoignirent une double porte fermée en bas d’un petit escalier, qui leur permirent de rejoindre les égouts... Puis une crypte, où Joshua se retrouva dans une cage, et où il comprit qu’il n’avait pas encore rejoint le fameux laboratoire.

Les Assistants l’avaient bien conduit dans une ancienne crypte, oui, mais elle servait de marché aux esclaves clandestin.
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Sela

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Re : Pandemia [Sela]

Réponse 3 lundi 06 juillet 2015, 22:50:56

A demi allongée dans un grand coussin aux motifs dorés, l'esclavagiste attendait, grande et belle dans un espace où elle semblait être reine. De son air détaché, elle tenait un verre dont elle faisait tinter les glaçons, dans l'attente. Toute l'après-midi et le lendemain encore, elle serait chargée d'observer les futurs esclaves un pas un ; afin de les trier et de décider où et de quelle manière elle les vendrait.

C'était une partie intéressante, pour peu qu'on ai des nerfs solides ; et c'était le cas de Sela. On apprenait toutes sortes de choses, elle parvenait souvent à détecter quels sortes de pouvoirs certains possédaient, mais encore des informations utiles dans le milieu dans lequel elle était sensée vivre.

Elle dut attendre peu de temps encore lorsque la femme de tout à l'heure lui fut amenée. Lavée, les cheveux attachés, enroulée dans un linge beige-blanc conçu expressément pour les hommes et les femmes que Sela capturait. Maintenant, son visage était clair et elle sentait propre. Mais rien ne pouvait enlever l'expression de terreur, de haine et de désespoir qu'elle affichait continuellement.

Les gardes l'emmenèrent bien au centre de la tente dans laquelle elle attendait. Derrière Sela se trouvait le reste de sa troupe, eux aussi assis sur des coussins agréables. Ils discutaient, mais peu d'entre eux resteraient jusqu'au bout. Les six attendaient que leur chef prenne la parole.

-Bien.

Cela pouvait tout et rien dire à la fois. La femme était à moins d'un mètre de Sela, se tenant un peu voûtée, prête à exploser mais attendant d'avoir l'autorisation pour parler. Apparemment, le passage aux douches semblait lui avoir apprit la contenance.
Sela se fit plus douce que tout à l'heure. Elle n'aimait pas effrayer plus que de nécessaire les esclaves qu'elle capturait. Il fallait trouver ce parfait équilibre entre sévérité et douceur qui faisait naître une certaine admiration chez ses esclaves et ses Hommes au bout d'un certain temps.

-Assieds-toi. Quel est ton nom ?

Méfiante, elle s'approcha du grand coussin dans les même couleurs neutres qui lui était destiné.

-Nemu, Madame.

Sela hocha la tête, satisfaite. Au moins l'étrangère ne cherchait pas à la couvrir de paroles incessantes. Elle apprenait rapidement. Nemu était une ESPer bas-de-gamme. Son pouvoir était relativement faible. Elle avait la capacité d'agrandir ou de rétrécir durant un certain laps de temps un objet quelconque. Cela pouvait peut-être s'avérer pratique dans certains occasions, mais c'était assez peu vendable. Sela songea que cela pouvait plaire à certains hommes à l'organe de petite taille...

Elle quitta ses pensées-là pour se concentrer sur la nouvelle venue.

-D'accord, Nemu. Dans ce cas, confie-moi ce que tu sais, et je jugerai par moi-même si cela vaut ta liberté. Et je tiendrais ma parole.

La femme sembla être perdue un moment entre la colère et la peur, oubliant même de réfléchir. Elle resta bouche ouverte un moment, puis elle répondit précipitamment, comme pour donner plus de valeur à ses mots :

-Il... Jvais tout vous dire. Le... Le réseau de fisstesh vit sous terre, dans les canalisations de Nexus et... Tout le commerce vit là-b...

-Est-ce tout ? La coupa l'esclavagiste. Elle lui lança un regard à la fois froid et déçu. Elle connaissait tout ceci, elle s'y était même déjà rendue. Tu ne sais même pas qui est le chef de l'organisation ?

La femme sembla se recroqueviller dans son siège, la peur se noyant dans ses yeux. Apparemment, elle avait cru que cela suffirait.

-D'accord. Il s'appelle...

Elle se tut un instant, regardant autour d'elle puis enfonçant son menton entre ses genoux, comme pour diminuer l'impact de sa trahison.

-Stanborn, il s'appelle Stanborn. Sa voix n'était plus qu'un minuscule filet de voix où se mélangeaient terreur et confusion. C'est lui qui a mit en place la came, dans la 23ème canalisation, sortie ouest. J'le sais parce qu'on a vécu ensemble pendant pas mal de temps il... Il avait beaucoup de femmes.

Elle eut un frisson, les bras entourant ses jambes, comme si elle parlait plus à elle-même qu'à Sela et ses sbires.

-Il est riche, mais il est méchant, très méchant. Horrible. Et intelligent. Tout le monde le savait, tout le monde le sait, alors personne n'ose rien faire. Moi je suis partie de là, j'ai fui, et il a essayé dme poursuivre, mais j'étais trop rapide. Jme suis perdue, des fois, plein de fois, et tout ça pour.. Rien... !

Elle sembla sortir de sa rêverie, se rendant soudain compte des dizaines d'yeux qui la regardaient. Elle ouvrit grand les yeux, se rendant compte des mots qu'elle venait de prononcer et de la trahison qu'elle venait de commettre.

-M...Libérez-moi maintenant, vous avez promis de me libérer ! S'il-vous plait !

Elle se remit à pleurer, tête contre terre, secouée de cris suppliants. L'esclavagiste s'était tue, réfléchissant. Maintenant qu'elle savait cela, en quoi cela lui était utile? Ça pouvait lui rapporter gros... Revendre ces informations au plus offrant, ou les utiliser pour agir et remporter bien plus ? A moins qu'elle puisse se lier avec cet homme pour faire affaire ?

-Très bien, je te libère, à une seule condition : dessine-moi exactement où se trouvent ses possibles QGs, que se soit dans les souterrains ou à Nexus.


La femme sembla hésiter un moment, la bouche ouverte, puis elle ferma les yeux, déchirée entre son envie d'être libre et celle de ne pas trahir cet homme qui l'avait asservie. Mais elle finit par acquiescer, les dents serrées. 
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 4 vendredi 10 juillet 2015, 02:15:54

« Oui, en effet... Celui-là sera parfait. »

Le seau d’eau avait arraché Joshua de son sommeil, et il s’était réveillée dans une cage infâme. Maintenu debout, retenu par des chaînes au poignet, torse nu et en sueur, il voyait des silhouettes tourner autour de lui. Il comprit rapidement, à voir les murs en voûte, et les blocs de pierre, ainsi que cette chaleur étouffante, qu’ils étaient dans l’une des multiples cryptes qui se trouvaient dans les profondeurs de Nexus, le long des catacombes. Un véritable monde parallèle, une « Nexus de l’envers », où les gens se livraient à tout un tas de trafics immondes et sordides, un endroit où, plus on descendait, et plus la crasse de Nexus vous pétait en plein visage.  Une sorte de pyramide lugubre, où les trafics de fisstech n’étaient que la partie immergée de l’iceberg. Joshua venait de débarquer là-dedans. Les mystérieux corbeaux noirs s’étaient rapprochées de l’entrée de cette crypte, dans un couloir étroit, puis ils avaient répandu sur le sol une petite fiole blanche, libérant un puissant somnifère. Si le masque les avait protégés, tous les autres étaient tombés dans les vapes... Ce qui incluait l’Agent royal.

Torse nu, ses muscles vaillants et ses poils ressortaient alors qu’un homme se tenait devant lui... Un homme que Joshua reconnut pour l’avoir souvent vu à la Cour royale : Stanborn. Un gars de la haute, un puissant aristocrate qui était en compagnie d’un homme à la corpulence massive, Gideon, faisant office de garde du corps et d’assistant en tout genre. Il portait une armure avec un bouclier, mais Joshua ne voyait aucune épée visible... Puis il comprit pourquoi quand l’homme leva sa main droite vers lui. Depuis le gant métallique recouvrant son avant-bras, quatre fouets argentés jaillirent, comme des serpents, et fouettèrent son torse. Le sang jaillit contre le mur, et la douleur le fit hurler, les fouets étant aussi chauds que les flammes de l’Enfer.

« HAAAA, bordel !!
 -  Paaarfait, il est réveillé ! s’exclama l’homme d’une voix suave. Mes félicitations, mon jeune ami, vous venez de gagner votre place pour le Colisée Souterrain !
 -  Allez... Allez vous faire foutre, co... HAAAAAAAAAAAAA !! »

Les fouets venaient de claquer à nouveau, mais cette provocation n’avait fait que sourire Stanborn. C’était un homme dangereux. Il avait un manoir dans une falaise aux alentours de la ville, dans ces ghettos de riches et de super-riches, qui avaient leurs propres gardes, et qui s’assuraient qu’aucun pauvre ne venait quémander à leurs portes. Et Stanborn, derrière son visage doré, semblait être une belle pourriture. Joshua, quant à lui, avait au moins le mérite d’avoir trouvé ce qu’il voulait... Les individus qui étaient capturés étaient envoyés dans des marchés pour esclaves, des marchés illégaux, où les esclaves étaient vendus moins cher, car les esclavagistes n’avaient à payer aucune taxe, et avaient moins de normes à respecter. Malheureusement, Joshua était seul, perdu dans les égouts, et voyait, dans les coins, des mercenaires, des gardes.

La cage s’ouvrit, et Gideon l’attrapa, et le jeta au sol. Comme s’il craignait une quelconque révolte, ses fouets mordirent à nouveau, claquant dans le dos de Joshua, et des hommes s’approchèrent, lui mettant un collier autour du cou.

« Tu te crois fort ? J’en ai maté d’autres que toi. Attachez-le bien, les gars ! »

Les hommes s’écartèrent ensuite, puis Gideon lui ordonna de se relever. De la main, Joshua essuya le sang qui coulait de ses lèvres, puis s’appuya contre le mur, et fut ensuite traîné en avant. Il titubait, déséquilibré. Gideon était en tête, mais, dans son dos, il y avait d’autres hommes. Ils portaient des foulards masquant leurs visages, et, alors qu’il avançait, il pouvait en voir un peu plus. On vendait des Terranides, de jeunes enfants qui pleuraient devant des gens arrogants et couverts d’apparats luxueux et de bijoux clinquants. D’autres alcôves menaient à d’autres pièces, et il descendit le long d’un étroit escalier en colimaçon. Joshua se demandait si le gaz qu’il avait inhalé n’était pas chargé en narcotique, car ses pupilles étaient dilatées. La lumière l’aveuglait, et il avait du mal à évaluer la distance, ou même à réfléchir correctement.

Il finit par arriver dans une grande pièce, où on l’installa sur un fauteuil de torture.. Ce qui était conforme au reste de la pièce. Une salle de torture, avec tout ce qu’il fallait pour faire plaisir à n’importe quel bourreau en herbe : un chevalet, des chaussures en fer avec des pointes, des cages, des fouets, un chevalet, des instruments pour le marquage au fer rouge... Mais c’était autre chose que Gideon cherchait sur son établi, et qu’il finit par attraper. Une sorte de casque en fer, d’armature métallique qu’on mettait à hauteur du visage.

« C’est une méthode utilisée par les Ashnardiens pour museler les prisonniers, expliqua-t-il. La cage se met à hauteur de la bouche, et, en cas de rébellion, il suffit d’une pression sur un appareil pour que des pointes métalliques sortent de l’appareil et s’enfoncent dans le visage du sujet. Je pense que ça doit être assez douloureux. C’est ce qui t’arriveras si tu ne respectes pas les règles, forte tête. »

Joshua grogna comme seule réponse. Il fallait qu’il retrouve ses esprits, et qu’il contre-attaque... Mais, pour l’heure, il était encore trop affaibli. Il sentit la cage en acier se poser autour de sa tête, puis on le balança sur le sol... Et, quand il reprit vraiment conscience, il était... Ailleurs.

Il se retrouva dans une sorte de pièce souterraine, concentrique, avec des murs épais tout autour de lui, et des gradins encore au-dessus, d’où le public pouvait le voir au combat face à un redoutable graveir.

*Quelle poisse !*
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Sela

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    Belle et puissante marchande d'esclave de Terra, Sela est une jeune femme issue des bas-fonds de Nexus et qui tente tant bien que mal de se faire une place de choix dans cette société à sangs. Son passé sombre, ses pouvoirs et son parcours ne sont cependant pas connus de tous...

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 5 dimanche 12 juillet 2015, 19:07:34

Stanborn... Un nom commun, au final. Mais pas choisi au hasard, loin de là.

Maintenant qu'elle était enfin seule, l'esclavagiste pouvait se livrer sans hésitations aux pensées qui l'avaient traversées plus tôt. Un verre d'alcool à la main, les glaçon tintant, elle se souvenait.

Sela l'avait senti, au discourt de la fugitive. Tout concordait trop pour qu'il ne s'agisse pas d'une seule et unique personne. Au final, elle n'était pas étonnée.

Pourtant, continuant à se fier seulement aux mots de Nemu, l'esclavagiste avait écouté les indications plus ou moins précises que la femme possédait sur les sous-terrains de Nexus, observant avec détachement les traits invisibles qu'elle marquait au sol de ses mains ravagées. Mais lorsqu'elle lui indiqua clairement la planque de l'homme, les doutes de Sela se transformèrent et se précisèrent. Après une négociation à sens unique, elle pu obtenir une description physique de l'homme qui semblait tant terrifier la jeune femme. Riche, qui malgré le milieu, s'habillait de luxueux vêtements ouvragés, en faux noble qu'il était. Il portait mi-courts, d'un violet presque bleui, comme la couleur de ses yeux mesquins.

Tout dans sa description ne pouvait correspondre qu'à un seul homme. Mais Sela le connaissait sous un nom singulièrement différent : Bane. Était-ce un autre pseudonyme ou son véritable nom ? C'était une autre affaire.
Cet homme, Sela le connaissait bien. Et pour cause.



Ils s'étaient rencontrés sept années plus tôt, exactement. A l'époque, Sela n'avait que dix-huit ans, et elle se faisait de mieux en mieux reconnaître dans son milieu, tuant et se renseignant pour des gens qui la payait pour cela. Un milieu sombre, fade, plein de désespoir, où régnait la terreur et l'envie de pouvoir. La jeune femme qu'elle était à l'époque ne faisait pas défaut, mais elle nourrissait déjà d'autres ambitions : sortir de ce milieu lugubre et retrouver l'homme qui avait tué ses parents.

Pour ce faire, elle emprunta la voie du sang et de la douleur, celui d'une minuscule souris qui trotte dans la pénombre des canalisations de Nexus, à la recherche d'une information en or, mise à la botte des plus grands manipulateurs des réseaux où croupissait -et croupit toujours- la corruption. Déjà à cette période, le nom de Bane grondait comme une menace à ceux qui voyageaient contre ou avec lui. Peureuse de rien dans ces bas-fonds grouillants, la jeune informatrice n'hésita pas à lui rendre sa petite visite. Cachée, elle attendit longtemps dans l'espace sombre et caverneux qu'il habitait alors, espace qu'elle avait prit soin de violer maintes fois pour se repérer au moment où elle le rencontrerait.

Ainsi La Louve rencontra Bane, et celui-ci ne manqua pas d'observer le talent indiscutable de la jeune femme, et l'avenir qui semblait se dessiner devant elle. Pourtant, et même si il ne lui fit pas tout de suite confiance, il ne put que s'attacher à elle, à sa manière. Comme nombres d'autres avant lui.

Cherchant à la ranger de son côté, à l'asservir comme il l'avait fait avec bien d'autres jeunes femmes de son gabarit, il la rendit peu à peu dépendante de lui, d'une manière que seul lui maîtrisait à la perfection. Bientôt, la jeune femme sembla ne plus rien lui cacher, lui cédant toujours plus facilement les précieuses informations qui arrivaient à ses oreilles discrètes.

Ainsi, durant plus de deux années consécutives, Sela se donna à cet homme étrange, qui vivait caché du reste du monde. L'image de ses longs cheveux sombres et ses yeux violets brillants d'intelligence était toujours gravée dans son esprit, de cet homme sombre et mystérieux qui ne laissait pas de place à la pitié. Elle parvint elle aussi à le comprendre en sa compagnie, briser cette carapace de fer qui reflétait bien autre chose que la réalité ; un homme brisé et profondément vexé par la vie qui se vengeait contre tous ceux qui osaient bien croiser son maudit chemin.

Pourtant, peu à peu, sous les incitations toujours plus nombreuses de La Louve, il s'ouvrit au monde, se montrant en public et effaçant petit à petit l'image de l'homme caché que l'on avait de lui ; et il changea, changea de comportement envers celle qu'il considérait comme sienne de droit. Il n'était plus l'homme bougon et fermé qui la côtoyait constamment. Certes, jamais il ne s'était départit de sa cruauté et d'une certaine malveillance, mais il n'avait jamais été pour autant si aristocrate et dédaigneux. La manière qu'il avait d'apprendre ce dédain si typique des nobles, se prenant pour l'un d'eux et la négligeant, elle, avait particulièrement tendance à l'agacer.

Peu à peu, elle se mit en colère, mais lui répliquait toujours de sa cravache et de son flegme cruel. Auparavant, il la trouvait drôle, comme une petite bestiole mignonne qui se prélassait à ses pieds, mais dorénavant, il la méprisait franchement. Elle connaissait bien des secrets sur sa personne, même si il ne lui avait jamais rien révélé de son propre chef. Mais il la négligea, se détourna d'elle, trouvant la cour plus intéressante.

Sela détestait les nobles.

Alors, d'un jour à l'autre, elle disparut. L'homme la chercha, longtemps, désespérément, enragé, puis abandonna l'affaire, se renfermant d'autant plus dans le rôle qu'il jouait et lui collait à la peau. Il changea certainement de nom alors. Elle était partie, loin, bien loin, conquérir des terres jusque là inconnues. Bien plus tard, il entendit parler d'elle, l'esclavagiste en expansion. Ses prémonitions s'étaient avérées exactes, et elle réussissait, mais la haine qu'il lui vouait s'était calmée et transformée en un dédain certain. Il avait peut-être fini par accepter son départ comme une fatalité, une autre trahison que la vie lui avait portée. C'est pour cela qu'il se refusa à lui offrir sur un plateau en or la possibilité d'entrer dans le marché noir des esclaves illégaux, sans savoir qu'elle l'aurait certainement refusé.

A présent que l'image de cet homme lui revenait, elle ne savait que faire. Devait-elle aller le rencontrer, comme la première fois, sans seulement savoir si elle y gagnerait chose ? Et plus important encore : devait-elle  résister à cette tentation qui semblait naître en elle, vicieuse et irrésistible, cette envie de revoir son visage pour en reconnaître l'expression?
« Modifié: lundi 27 juillet 2015, 11:40:48 par Sela »
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 6 mardi 14 juillet 2015, 02:14:37

Une arène clandestine, un parc de jeu illégal pour voir de pauvres manants se faire massacrer par les monstres de Nexus. La ville de l’ombre, cette partie souterraine de Nexus, n’abritait en effet pas que des sans-abris désespérés, des criminels en fuite, ou des trafiquants. Il y avait aussi des monstres, venant des campagnes, venant de la mer, ou encore des tréfonds du monde. Ils remontaient par les profondes grottes qui jalonnaient les souterrains de Nexus, venaient de ces anciennes forêts qui avait été rasées pour permettre l’expansion de cette incroyable cité, à une époque où Nexus était encore un royaume divisé en plusieurs villes, avant que ces villes ne finissent par tellement s’étendre qu’elles puissent toutes se regrouper sous un seul giron. Le graveir était une créature nécrophage, un terme désignant les monstres souterrains, des créatures qu’on trouvait généralement dans les mines naines, ou dans de profondes grottes. Ils étaient attirés par la chair morte, mais goûtaient aussi à la chair vivante. Ce qui les attirait, c’était les mausolées souterrains de Nexus, des mausolées où on avait progressivement entassés des milliers de cadavres, et où on continuait à le faire quand les places manquaient dans les cimetières, et qu’on ne pouvait pas authentifier les cadavres. Contrairement aux simples goules, le graveir était massif, faisant plus de deux mètres de haut, et plus de 150 kilos. Il se dressait face à Joshua en hurlant, sous les vivats de la foule. Le Garde royal connaissait les règles de ce type de combat : on ne misait pas sur l’impossible victoire du prisonnier, mais sur le temps potentiel qu’il mettrait à survivre. Torse nu, sans arme, et avec la tête sur le point d’exploser, Joshua n’avait aucun moyen de tuer cette bête avec ses poings.

Les cris et les hurlements énervaient le graveir, une créature qui était habituée à vivre en absence de sons. Ses hurlements étaient tournés contre le public, mais ce dernier était inaccessible. Joshua regarda autour de lui, cherchant une ouverture possible. Quatre entrées menaient à cet endroit, mais ces entrées étaient bloquées par des grilles en fer. Quant au plafond... L’accès au gradin était protégé par une grille situé à plus de deux mètres de haut. L’éclairage venait d’une ouverture dans le plafond, et de torches le long des coins.

*Je suis fait comme un rat...*

Le graveir s’élança alors vers lui, et Joshua bondit sur le côté, évitant le coup de poing du monstre, qui heurta le béton. Inutile de le frapper, Joshua n’avait aucun moyen d’entailler sa chair. Le graveir se retourna rapidement vers lui, et leva les poings haut vers le sol. En s’écartant, Joshua avait glissé sur le sol, et roula sur le côté, évitant les deux poings du monstre, qui soulevèrent de la poussière. Rapidement, Joshua se redressa, et courut vers l’autre bout de l’arène, devant une porte de sortie. Du revers de la manche, il essuya la salive coulant le long de ses lèvres. Furieux, le monstre s’élança, et se rua vers lui en hurlant, faisant trembler le sol, comme une espèce de taureau déchaîné. Il se fracassa violemment contre les barreaux de la cage, les faisant trembler, décollant de la poussière du plafond, ce que Joshua nota après s’être écarté. L’homme ne fut toutefois pas assez rapide cette fois, et le bras du graveir partit, et le gifla à hauteur du visage, ses ongles griffus faisant couler son sang. Décontenancé, Joshua vit le monstre se tourner massivement vers lui, et se reçut un coup de poing dans le torse, qui lui fit l’effet d’un tison ardent. Il vola sur plusieurs mètres, et rebondit sur le sol ensablé, provoquant la fureur de la foule. Le coup avait été si fort que Joshua en avait du mal à respirer.

*Bon Dieu, quel monstre...*

Dans les cryptes, les graveirs étaient connus pour défoncer à mains nus les murs faibles et fins, jaillissant ainsi au milieu de groupe d’aventuriers imprudents pour les mettre en pièce. La main du graveir était comme un étau pouvant broyer votre cou en quelques secondes. Joshua l’entendit approcher, et cette main à laquelle il pensait le souleva, le maintenant en l’air, coupant sa respiration. Il pouvait sentir ses doigts gras, sales et crasseux sur sa peau, et entendit la foule hurler. Joshua réagit alors, et ses mains partirent à l’assaut de son visage. Oui, la peau du graveir était épaisse et très résistante... Mais tout colosse avait ses points faibles, et Joshua s’attaqua à ses yeux rouges. Quand ses pouces se rapprochèrent, le monstre grogna, et s’écarta, allant le lâcher. Joshua tomba sur le sol, et rampa rapidement, évitant de justesse le poing meurtrier du monstre, qui frappa le sol entre ses guibolles.

Se redressant, Joshua courut à nouveau, la peur au ventre, les poumons en feu, vers la herse que le graveir avait frappé. Ses coups étaient si forts qu’il avait endommagé cette vieille herse, passablement rouillée par endroits. Le graveir le chargea à nouveau. Fort heureusement, ces bestioles n’étaient pas très intelligentes, encore moins quand on les excitait ainsi. Joshua attendit son approche, et bondit sur le côté. Cette fois, plutôt que de se relever, il choisit de bondir en avant, tandis que le coup du graveir avait encore fait trembler la herse.

*Encore un peu, et ça devrait aller...*



Au-dessus de cet endroit, si on s’amusait à passer par l’ouverture au-dessus de l’arène, on arriverait dans une pièce se composant uniquement de torches et de chandelles, dans ce qui semblait être une petite cave fermée par une porte en bois. Cette porte en bois menait à une grande cave à vins, accessible par deux petits escaliers qui conduisaient au reste de la cave, soit à des pièces de stockage et à d’autres pièces plus petites, abritant les cachots de ce manoir. De grands escaliers menaient ensuite au rez-de-chaussée de cette vaste propriété, une villa en carré qui s’articulait autour d’un jardin central.

Stanborn était assis dans son bureau, au dernier étage, et buvait un verre de vin, en songeant au passé. Il s’appelait jadis Bane, même si Bane n’avait jamais été son vrai nom non plus. À cette époque, il n’était pas un noble, mais la noblesse avait toujours été son objectif, depuis son enfance. Il avait grandi dans un petit village nexusien, un petit village de fermiers et de paysans, de serfs et d’esclaves, où tous vivaient sous l’autorité écrasante du seigneur local, qui avait corrompu le bailli, et avait introduit des droits seigneuriaux jugés comme abusifs, tels le droit de cuissage. C’était un seigneur qui n’hésitait pas à fouetter en place publique ceux contestant son autorité, et le village était trop ancré dans la province pour que quiconque vienne se plaindre de lui. Stanborn avait fini par fuir, et, peu à peu, avait pris du galon. Il avait rejoint une bande de brigands, où il avait pris le nom de Bane. Il avait déjà de beaux muscles et une belle ossature, car il avait travaillé toute sa vie dans les champs, réparant la grange et la ferme familiale avec son père. Bane avait commis bon nombre de meurtres à cette époque, sans parler des rapts, des viols... Mais, toujours, il avait caressé l’idée de s’anoblir. Il avait finalement eu sa chance en capturant le fils d’un noble, envoyé en croisade. Stanborn avait pris son identité. Il avait beau voyager avec des brigands, Bane avait toujours été plus intelligent qu’eux. Suffisamment pour comprendre qu’une vie de parias finissait toujours par échouer. Stanborn avait donc récupéré ce jeune noble, et lui avait fait signer un acte de cession de propriété, dans laquelle ce jeune homme lui léguait toutes ses terres, document que Stanborn avait fait avaliser par un notaire véreux.

L’homme avait ensuite récupéré des terres ravagées par le brigandage, par son propre gang, et s’était assuré du soutien des villageois en envoyant sa Garde dans le camp de brigands de ses anciens hommes. Ils avaient tous été massacrés, et, suite à cela, Stanborn avait pu asseoir son emprise sur cet endroit. C’est à cette époque qu’il avait commencé à s’écarter de Sela...

*Je ne pouvais pas rester avec elle...*

Stanborn avait agi contre sa volonté. Sela était la seule femme qu’il ait jamais aimé, mais, à cette époque, il était en pleines tractations pour un mariage politique, seul moyen d’asseoir définitivement sa position. À ceux lui demandant d’où il venait, il leur répondait qu’il avait combattu les démons avec le fils du seigneur, mais que ce dernier avait été grièvement blessé. Il avait été son meilleur ami, et l’homme lui avait confié ses terres avant de mourir. C’était un récit larmoyant, inventé de toutes pièces, mais Stanborn avait toujours été doué pour raconter des histoires. Il avait charmé Sela ainsi. Les deux s’étaient rencontrés lors d’une simple rencontre d’affaires, mais il était tombé immédiatement sous le charme de cette beauté sans pareille, cette femme forte et belle. Elle lui résistait, bien mieux que n’importe quelle autre femme, et c’était ça qui lui avait plu.

À Nexus, il avait trouvé un bon parti, une femme qui lui avait donné ce manoir, et depuis lequel il continuait à faire ses trafics... Mais le souvenir de Sela continuait à hanter ses esprits, de leurs danses nocturnes... Et, maintenant que le Grand Dessein se rapprochait, la perspective de la voir mourir lui était insupportable. Fréquemment, il repensait à elle, de plus en plus souvent. Il couchait avec de nombreuses femmes, mais aucune ne lui avait apporté le degré de satisfaction de Sela. C’est ce qui faisait qu’il hésitait, à quelques heures du Grand Dessein. Plus rien ne pouvait l’arrêter, maintenant, et rares seraient les endroits qui ne seraient pas contaminés... Comme ici.

Finalement, Stanborn fit tinter un son de cloche, et, dans son dos, la porte s’ouvrit sur l’un de ses hommes : Shadow. Shadow était un surnom, évidemment, pour un homme discret, aussi bien un coursier qu’un assassin. C’est simple ; quand on avait les activités de Stanborn, on ne survivait pas en se contentant des moyens légaux. L’homme avait écrit une lettre, et l’enroula, puis la scella avec un sceau.

« Va porter ce message à Lady Sela, Shadow. Dis-lui... Dis-lui qu’un vieil ami aimerait faire amende honorable du passé. »

Est-ce que ce serait suffisant pour la convaincre de revenir ? Il ne l’avait pas vu depuis des années, mais, pour lui, c’est comme si c’était hier. Et il la savait femme passionnée. Accepterait-elle de le revoir ? Il avait peur qu’elle soit rancunière... Mais ce serait maintenant ou jamais. Shadow acquiesça, et récupéra le message, puis fila.
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Sela

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Re : Pandemia [Sela]

Réponse 7 jeudi 16 juillet 2015, 20:12:20

Sela avait hésité. Pas bien longtemps, elle devait se l'avouer, mais sa rancune était puissante. Alors lorsque la petite Jonquis était entrée dans sa chambre privée, au début de la soirée, annonçant un messager spécial et urgent, elle avait directement été sur ses gardes, comme toujours. Elle redoutait tout type d'urgence, et elle fut d'autant plus tendue lorsqu'elle vit l'homme qui se présenta à elle. Sa tenue sombre, étrange, lui évoquait d'anciens souvenirs, tout comme le masque morbide qu'il portait, qui lui cachait une partie du visage. Pourtant, il semblait bien qu'il avait pour seule mission de délivrer son message à Sela. Elle eut beau observer discrètement comme elle en avait l'habitude ses moindres gestes, de sorte que rien ne lui échappait ; cet espion n'était pas venu pour glisser quelque poison dans son vin.

Mais elle fut bien plus étonnée encore par le message qu'il délivra. Elle avait eut de nombreux amis, de par sa nature et son don, pourtant... Avec ce qui s'était passé durant l'après-midi, un seul lui revint distinctement en mémoire. Elle s'empressa alors de récupérer le rouleau de papier que l'étrange arrivant lui apportait, et le messager s'inclina alors profondément avant de disparaître, furtivement accompagné de Jonquis.

Elle s'était alors assise lourdement sur son large lit défait, déroulant sans plus tarder le message. Les mots étaient clairs, et la signature plus encore. Lui voulait la revoir, pour une raison inconnue, et réapparaissait ainsi dans sa vie. Combien d'heures avaient elle passées, profondément seule, à résister à l'envie d'aller le rejoindre et d'oublier ce qu'il lui avait fait ?

Des doutes n'avaient pas tardé à insinuer dans son esprit. Pourquoi la mandait-il maintenant, aujourd'hui, alors que la réussite la faisait tant briller ? Peut-être était-ce un piège, une vengeance parce qu'elle l'avait fui ? Après tout, il aurait bien été du genre à lui en vouloir. Elle savait de quelle manière il s'était attaché à elle, et la voir disparaître du jour au lendemain, comme elle l'avait tant de fois menacé, sûrement l'avait-il mal prit. 

Pourtant quelque chose en elle avait déjà pris sa décision. Peu importe si elle filait dans un piège, si elle se jetait dans la gueule du loup ; son message démontrait une certaine urgence, sous-entendue et d'une bienséance typiquement aristocratique certes, mais le ton était bien là. Et elle était certaine d'une chose : il y avait quelque chose qu'elle ne savait pas là-dessous, une information qui lui manquait, que ce soit la clef de cette vengeance ou le « pourquoi » de son empressement. Et sa curiosité était piquée à vif, au-delà même de cette envie pressente de le revoir, une envie qu'elle n'assumait certainement pas.

Alors voilà qu'elle traversait maintenant un couloir lugubre des bas-fonds, un endroit qu'elle connaissait parfaitement pour y avoir passé une grande partie de son enfance et de son adolescence. Elle avait une connaissance presque parfaite des diverses canalisations, débouchés et raccourcis, de son architecture – pour en avoir fait de multiples plans, en prévision d'attaque ou de rendez-vous -, et il lui arrivait encore maintenant de s'y rendre pour diverses affaires et échanges, bien que son marché soit fondamentalement légal.

Le couloir qu'elle empruntait à l'instant était sombre et à bas plafond. Elle ne se souvenait pas avoir autant grandit depuis la dernière fois qu'elle avait marché ici, ni que certaines voix est été coupées.

D'ici on entendait la rumeur d'une immense salle où devait certainement se dérouler quelques jeux, certainement des combats illégaux où énormément d'argent se jouait. La plupart du temps, il s'agissait d'un ennemi qui était livré dans l'immense cage, une arène, où il finissait invariablement par mourir tué par un monstre sanguinaire quelconque. Il fallait être prudent, et éviter par tous les moyens de se faire attraper.

Sela avait pris ses précautions, par habitude et parce qu'elle connaissait bien les dangers du lieu. Elle portait un habit près du corps, une ceinture lui cinglant la taille où étaient rangées ses armes et un bas ample et souple.

Bientôt cependant elle déboucha sur un couloir plus large, sortant de nulle part. Elle avait emprunté ce passage de nombreuses fois, mais elle se doutait que l'endroit devait avoir changé : et c'était le cas. Elle trouva bientôt ce qui servait d'entrée à ce lieu étrange, si loin des vastes appartements dans lesquels elle habitait, très ouvert et où on respirait l'air de la mer. Elle ne tarda pas à se faire annoncer, et apparemment, on l'attendait. Un homme l'emmena rapidement à travers des couloirs entièrement refais qu'elle ne reconnaissait plus, mais dont elle ne manqua pas de retenir les sorties et les tournants dans les moindres détails.

La porte s'ouvrit et elle le vit alors. La première chose qui frappa Sela fut son accoutrement, riche et complexes dans des tons de bleu et d'or, plein de froufrou dépassant de ses manchettes. Il avait coupé ses cheveux, pourtant son expression était pratiquement la même qu'à son départ, perçante et sûre d'elle, hautaine.

Ils restèrent un moment à se jauger du regard, s'observer simplement sans un mot. Elle, se questionnant toujours sur sa visite ici, repoussant l'idée qu'il veuille la trahir. Et lui, se confortant dans sa position : maintenant qu'il l'avait devant lui, fière et froide, digne et légèrement revancharde, il était sûr de ne pas vouloir la voir mourir. Tant pis pour ce pressentiment qui lui soufflait : danger.

Puis elle brisa éffrontément le silence par quelques mots qui semblèrent claquer dans l'athmosphère de la pièce:

-Je suppose que je devrais te demander : "comment vas-tu depuis la dernière fois "?

Elle lui fit un sourire tout sauf joyeux, suintant d'ironie.
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 8 dimanche 19 juillet 2015, 02:42:25

ELENA IVORY

Il y a quelques semaines, Elena avait vécu l’une des épreuves les plus terribles de sa vie*.

Cette épreuve avait porté autour d’un homme d’affaires : Oswald Mandus. Un riche homme qui avait su s’attirer une image très populaire en rachetant des entrepôts abandonnés au cœur des bas-fonds de Nexus pour y créer un abattoir. L’abattoir Mandus, qui était proche d’une église, et de divers porcheries et autres fermes. Il avait préférentiellement recruté parmi les ouvriers défavorisés de Nexus, et avait relancé l’économie de ce secteur. Un conte trop parfait pour être réaliste... Car, sous ses apparences d’homme philanthrope, Oswald Mandus était un fou dangereux. Quelqu’un qui avait été jadis un explorateur, un fin amateur de safaris, et qui s’était rendu à Zerrikania, une jungle redoutable réputée pour être extrêmement dangereuse. C’est là que tout avait changé pour Mandus, et c’était là que l’horreur avait commencé. Il avait trouvé une orbe, une très puissante et très ancienne orbe magique dans cette jungle maudite. L’orbe était en fait un fragment de l’âme de Shub-Niggurath, un Grand Ancien, soit un ancien Dieu, une créature cauchemardesque bannie il y a des millénaires par une alliance légendaire entre Dieux et Anges. Mais, tout autant bannis qu’ils soient, les Grands Anciens continuaient à exister, et à influer sur le monde.

L’orbe avait fait d’Oswald Mandus un émissaire de Shub-Niggurath, en lui transmettant une partie de ses connaissances, et en le corrompant. Oswald était ensuite revenu à Nexus, et avait commencé l’élaboration de son projet, une mécanique sordide et sinistre consistant à se servir de l’abattoir comme couverture pour attirer à elle quantité de gens. Sous l’abattoir, Oswald avait réaménagé les cryptes anciennes et les égouts, construisant une sorte de complexe souterrain, la Machine, ayant pour but de transformer les individus qu’il capturait en abominables monstres, en les croisant avec des porcs. Des hommes-porcs qui se chargeaient d’enlever des hommes dans les rues de la ville, faisant d’eux les cobayes des expériences sinistres de Mandus. Ces hommes-porcs avaient fait parler d’eux dans les bas-fonds pendant des semaines, comme une sorte de sinistre légende urbaine. Ils fondaient dans les ruelles, et certains clochards les voyaient parfois, ou les riverains les entendaient hurler à l’ombre de la nuit.

L’ultime plan d’Oswald Mandus visait à capturer des ESPers et à les enfermer dans le Cœur de la Machine, afin d’utiliser leur énergie magique dans un catalyseur visant à créer un Portail dimensionnel pour réveiller Shub-Niggurath. Et, tout en faisant ça, Mandus avait envoyé dans les rues de la ville ses monstres, déclenchant des émeutes. De nombreuses personnes avaient été tuées, des maisons brûlées, et les gardes nexusiens s’étaient déployés, transformant toute cette région en zone de quarantaine... Une guerre civile avait failli éclater sous son nez, et elle n’avait rien vu.

« Tu as l’air bien soucieuse, Elena... »

Devant son bureau, Elena se retourna. Elle était assise, et écrivait des notes sur son journal intime. Les bougies l’éclairaient, ainsi que les candélabres dans les coins. La Reine sourit en voyant Adamante Mélisi approcher. La magicienne était sa plus proche amie, et c’était elle qui s’était retrouvée dans le Cœur, affrontant Mandus et sa démence avec l’aide d’une Terranide, Shad Hoshisora, que les deux femmes n’avaient plus revu ensuite. Adamante était sur le palier de sa porte.

« Tu aurais pu frapper avant d’entrer...
 -  C’est précisément ce que j’ai fait... Mais tu n’as pas répondu. »

Elena soupira, et secoua la tête, avant de se masser l’arrière du cou :

« Oh... Et bien, désolée, je... J’étais...
 -  C’est Oswald Mandus, hein ? Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ? »

Adamante soupira en s’avançant. Elle aussi avait été ébranlée par ce qu’elle avait vu. Mais les deux femmes savaient vraiment quel était le problème. Le vrai problème. Entre la construction de la Machine et tous ses points d’accès disséminés à travers la ville, les rapts et les expériences, il était impossible que Mandus ait été derrière tout ça seul. Il avait forcément eu des contacts, des soutiens, et Elena redoutait que ces gens ne tentent à nouveau de renverser Nexus. Et elle avait tout à fait raison d’être inquiète, car l’enquête menée dans le manoir de Mandus, en retrouvant des notes, et ses contacts, avaient permis d’établir qu’Oswald Mandus avait une photographie de lui et de plusieurs hommes, datant d’un safari. Or, ces hommes commençaient à être identifiés, et la Garde Royale avait fini par trouver un nom.

Un certain Lord Stanborn...



STANBORN

Son manoir était une villa, et, depuis la façade principale, on pouvait voir la mer. Fort heureusement, c’était une zone touristique, avec des plages de sable, au milieu des ports, et on ne respirait donc pas les sales odeurs venant des quais, ou, pire encore, les bruits des chargements, qui avaient lieu dès l’aube. C’était un endroit agréable, et qui était au cœur de la ville. Beaucoup de ses amis du Centaur Club, un club d’aristocrates et de bourgeois, s’étonnaient du choix de Stanborn de vivre près du centre-ville, plutôt que dans les falaises qui découpaient Nexus, et qui étaient éloignés du centre-ville, et donc des risques d’émeute. Stanborn comprenait leur point de vue, mais la réalité était que son manoir était au centre de tous ses trafics, et qu’il en avait donc besoin pour organiser ses activités.

Tout en attendant, Stanborn ne pensait plus au Grand Dessein, mais à Sela. Sela, tout simplement... S’il avait jamais été amoureux d’une personne, c’était bien elle, et le brave noble, malgré les prostituées, les courtisanes, les amantes, n’avait jamais rencontré le même plaisir à faire l’amour qu’avec Sela. Ah, oui, il regrettait ses choix passés ! Il avait eu peur, il n’avait pas honte de l’admettre, et, maintenant que le Grand Dessein allait s’accomplir, Stanborn avait envie de rattraper le temps perdu, de faire amende honorable... Mais était-ce possible ? Il se souvenait de Sela comme d’une femme passionnée, mais qui ne pardonnait rien, et qui n’hésitait pas à se venger des années après des trahisons. On disait que la vengeance était un plat qui se mange froid, et c’était particulièrement vrai avec Sela.

Il attendait donc la femme, en se demandant si elle accepterait son invitation ou non... Chaque minute s’étalait, se diluant dans le temps, et il se mit à faire les cent pas, se massant le visage, sa nervosité ne cessant de s’accroître. Et puis, elle finit par arriver, et il la regarda, silencieux. Lui avait beaucoup changé. Stanborn n’était plus cet aventurier qu’il était jadis, celui qui s’habillait de manière simple, se laissant pousser la barbe et de longs cheveux. Il s’était anobli, mais, dans ses yeux, la flamme qui l’habitait brûlait toujours... Mais elle... Oh ! Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs, et, si son regard froid et incendiaire aurait pu le heurter, il ne faisait que le percer d’une pointe acérée dans le cœur, en lui rappelant tout ce que cette femme était.

Sela finit par parler, et il soupira, serrant les poings.

« Et bien, dans la mesure où tu ne m’as pas tué, je dirais que oui... »

Il ne plaisantait qu’à moitié, et se déplaça un peu.

« Je suppose que ça ne changera rien, mais... J’ai regretté cette décision, et, si je devais revenir en arrière, je te prendrais avec moi. Malgré les risques... Mais... Ha ! Tout est compliqué, et... Sache que je ne t’ai jamais quitté parce que je me lassais de toi, ou que je ne t’appréciais pas. Au contraire, Sela, je... Je t’ai toujours aimé. Je pensais pouvoir t’oublier à l’époque, mais, plus je me rapprochais d’autres femmes, et plus je réalisais à quel point tu étais parfaite, à quel point tu étais magnifique... Belle, forte, autoritaire, avec ce zeste de cruauté et de passion que je n’ai jamais su retrouver nulle part ailleurs... Oui, je regrette toutes ces années perdues... »

Stanborn soupira encore, et se rapprocha de son bureau.

« Pour ce que ça vaut... Même malgré toutes ces années, j’ai agi du mieux que je pouvais pour protéger ton organisation et tes activités des pouvoirs publics. Si tu savais à quel point il est facile, quand on a de l’argent et une particule, de corrompre les pouvoirs publics... Je me suis débrouillé pour éloigner les enquêtes de toi, pour les concentrer sur tes concurrents, ou pour faire disparaître les preuves qui incriminaient certains de tes hommes. Bref... Je sais que ça ne me pardonne pas, mais... Je voulais que tu saches au moins ça. Que je n’ai jamais cessé de t’aimer... Et... Voilà... »

Stanborn était un bon orateur, quelqu’un qui savait comment manipuler les autres. Même à l’époque où il était un simple bandit, il savait parler avec justesse. Il soupçonnait que c’était ça qui avait dû plaire à Sela. Ils étaient à la fois proches et très différents, et, après tout, ne disait-on pas que les contraires s’attirent ? Et elle, elle, elle lui faisait perdre ses moyens.

« Je t’ai fait venir ici, pas pour te reparler du passé, mais pour te parler d’une opportunité... Alors, je te laisse décider. Je ne veux rien t’imposer, Sela... Mais, et c’est purement subjectif... Tu es restée aussi belle que dans mes souvenirs. »

Lui ? Il avait dû bien vieillir à ses yeux...



* : Cf. RP « A Machine For Pigs ».
DC d’Alice Korvander.

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Sela

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    Belle et puissante marchande d'esclave de Terra, Sela est une jeune femme issue des bas-fonds de Nexus et qui tente tant bien que mal de se faire une place de choix dans cette société à sangs. Son passé sombre, ses pouvoirs et son parcours ne sont cependant pas connus de tous...

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 9 vendredi 24 juillet 2015, 21:38:22

Luria n'était pas accompagnée. Longeant silencieusement les allées des bas-fonds, elle observait, entièrement vêtue de noir mis à part sa tête et sa longue chevelure blonde qui cascadait sur ses épaules malgré l’élastique qui les tendait. Ses couteaux étaient cachés, mais elle n'aurait aucun mal à les dégainer en cas de besoin immédiat. Pour l'instant, elle suivait une piste.

Brolin avait été bien moins consciencieux qu'elle. Se balader dans les tréfonds les plus glauques de Nexus sans même songer à cacher son appartenance à la Milice urbaine, il fallait être fou. Ou inconscient. Nul doute qu'il ne tarderait pas à se faire repérer et attraper. Le pire était, quand elle y songeait, qu'il est décidé d'enquêter seul sur l'affaire. Pratiquement personne, hormis elle, ne savait où il traînait ; quelle meilleure chance de se faire tuer dans l'ombre ?

Non pas que Luria connaisse particulièrement bien Borlin. Ils n'avaient jamais été bien proches, mais ils avaient échangé quelques mots. Et Luria voyait en lui sa seule aide pour suivre les traces que lui avaient fournies Adamante, la magicienne personnelle de la Reine Elena.

L'affaire était complexe. La Milice ne souhaitait aucunement se mêler aux affaires des bas-fonds. Elle ne l'avait jamais fait, et il semblait qu'elle ne le ferait jamais. Si l’État ne voulait pas se pencher de trop près sur les quartiers les plus pauvres de sa ville, Lura elle obéissait avant tout aux ordres d'une amie, et à ceux de la Reine. Quelque chose de sombre se tramait ici, elle en avait le pré-sentiment, mais personne ne semblait vouloir arrêter ce mystère avant qu'il n'éclose, sauf Adamande et Brolin. En soit, elle ne désobéissait à personne. Et elle savait se débrouiller assez subtilement pour ne pas être attrapée ici, ni même rétrogradée.

Mais pour trouver qui fomentait le complot qu'Adamante redoutait, elle avait besoin de Brolin. Lui aussi devait avoir senti quelque chose, ou ne serait-ce que trouvé un indice qui pourrait être utile à la Couronne. Maintenant elle cherchait le chevalier et quelques indices traînant dans ces tunels.

Voilà ce qu'elle faisait par ici.

Aux aguets, Luria écoutait attentivement le silence. Plus elle avançait, plus le bruit sourd de fond se clarifiait, s'intensifiait ; et elle le suivait par instinct. Elle ne savait pas où trouver Brolin dans ses sous-terrains obscurs, mais elle le dénicherait, ou trouverait des renseignements quelconques avant de partir d'ici.

Soudain, elle entendit un frottement si léger que seule une personne surentraînée aurait pu le percevoir. Elle se retourna vivement, à temps pour voir une silhouette féminine filer. Elle hésita à la suivre sans faire de bruit mais se détourna, suivant l'instinct qui lui soufflait de suivre le brouhaha.

Quelques secondes plus tard, elle débouchait sur un grotte immense où semblait se dérouler un véritable tournoi, profondément enfoui dans les souterrains de Nexus.



Sela se tenait droite, froide, alors qu'elle sentait le vent chaud de la mer s'engouffrer dans la pièce et danser dans ses mèches. Mais la colère grondait en elle. Une colère si grande qu'aucun compliment n'était à même de la réduire, qu'aucune excuse n'était plus valable.

Alors elle écoutait, sentant sa haine bouillir au fond d'elle ; mais pire encore, une haine froide contre lui, une haine qui se partageait entre de multiples autres sentiments. Le regret, le regret qu'il l'ai abandonnée, le regret de voir ce qu'il était devenu à présent ; déchirée entre le sentiment qu'elle pouvait toujours, peut-être, faire de lui l'homme qu'il était avant de rencontrer la cour et d'atteindre l'objectif futile qu'il s'était lancé depuis toujours.

Mais pour l'instant, elle devait garder son attention sur ce qui se passait dans cette chambre, lui assit, s'excusant, évoquant un passé qu'elle avait à la fois aimé et détesté.
Non, elle n'allait pas le tuer. Elle le savait au fond d'elle. Quand bien même l'aurait-elle voulu, jamais elle n'aurait pu. Si elle avait su franchir le pas, il serait mort depuis bien des années, mais les voilà maintenant, se rencontrant après tout ce temps de peine et de haine qu'elle avait apprit à ranger dans un coin de son cœur où nul n'avait plus accès.

Elle eut un rire froid à ses mots, mais ne fit aucun commentaire. Ils ne riaient qu'à moitié. Et maintenant il s'excusait, puis lui dévoilait comment lui avait "protégé" son affaire, ses activités et son pouvoir, combien elle devait lui être redevable, elle qui s'en était toujours tirée seule, créant des liens par son seul pouvoir, grandissant sans l'aide de personne... L'avait-il appelée pour cela ?

Elle lui jeta un regard dégoutté. Si son but était de l'amadouer pour la faire revenir parmi ses courtisanes, la tromper une fois de plus, la trahir et la manipuler comme il savait si bien le faire, il était particulièrement mal tombé.

Elle s’apprêta à répliquer d'un ton onctueux lorsqu'il continua sur sa lancée. Une opportunité... ? Sela s'approcha du siège qui faisait face à Bane, y posant une main délicate et nue, une main si dangereuse... Elle était à distance raisonnable, mais maintenant elle le voyait d'autant plus près.

Personne n'était plus opportuniste que Sela.

-Tu sais que je ne laisse jamais une opportunité m'échapper, Stanborn. Mais comment pourrais-je te faire confiance à nouveau ?

Il ne le savait pas, mais cela n'arriverait plus jamais. Sela ne pardonnait pas, ne serait-ce qu'une seule fois. Les exemples étaient rares, et confirmaient cette règle.

Elle s'approcha encore, se détachant d'un geste félin du premier siège pour s'approcher du second où se tenait Barne. Bientôt elle fut proche de lui, se tenant debout, la main posée sur le côté droit du siège. Elle devait légèrement tourner la tête à sa gauche et la baisser vers l'homme pour le voir bien en face.

-J'ai eu confiance, fut un temps. Qui me dit que tu ne me trahiras pas de nouveau ? Souffla-t-elle.

Elle descendit légèrement son bras en prononçant ces mots, tournant sa manche d'un mouvement naturel et sobre. Dessous, un poignard à manche blanc brillait à l'éclat de la lune.
« Modifié: vendredi 24 juillet 2015, 22:56:42 par Sela »
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 10 jeudi 30 juillet 2015, 11:26:36

JOSHUA BROLIN

Aussi épais qu’un ours, le graveir continuait à mener la vie dure à Joshua, qui ne devait sa survie qu’à sa rapidité, et probablement aussi à un peu de chance. Le redoutable monstre était de plus en plus énervé, tout comme le public, qui s’impatientait. Ils voulaient voir du sang, ils voulaient voir Brolin mourir, sans se soucier qu’il soit un agent de la Garde royale. Eux voyaient juste un vulgaire esclave, quelqu’un qui avait été capturé et amené ici pour leur servir de distractions. De tels paris étaient interdits depuis des siècles par l’adoption de plusieurs ordonnances royales, et, pourtant, ils continuaient à avoir lieu, dans les tréfonds de la ville, là où les contrôleurs royaux n’intervenaient jamais. Cette impunité avait quelque chose d’écœurante. Joshua était fait comme un rat, mais, plus le temps passait, et plus l’espoir de la survie revenait en lui. Non, l’homme ne comptait pas se rendre aussi facilement. Il avait encore promis une promenade à Luria le long de l’une des plages de Nexus au coucher du soleil, une plage qu’on surnommait « La Crique des Amoureux ». C’était une petite promenade commençant à l’extrémité d’une partie des quais, et filant sous une falaise, avec une vue imprenable sur la mer, un endroit où les couples adoraient s’envoyer en l’air.

Luria était pour ainsi dire le seul et dernier contact de Brolin au sein de la Garde royale, et plus particulièrement de celle figurant au Palais d’Ivoire. Pour la plupart des autres miliciens, Brolin était une épave datant du siècle dernier, datant de l’époque où le Lion de Nexus était encore au pouvoir. L’un des rares qui avaient refusé de tourner la page sur le meurtre du Roi et de la Reine, et qui continuait à soutenir la théorie du complot. Ses états de service lui auraient volontiers permis de rejoindre le Palais d’Ivoire. Il avait arrêté et démantelé énormément de trafics dans Nexus, et avait rempli avec honneur ses obligations militaires, combattant les Ashnardiens le long des superforts. Au lieu de ça, il se retrouvait dans les bas-fonds, entouré de camarades corrompus ou effrayés, et sans aucun soutien, si ce n’est une jeune femme, belle comme un cœur, mais aussi naïve que loyale à la Couronne. Il savait qu’elle n’avait pas eu son rapport. Brolin lui avait dit qu’il avait une piste dans les bas-fonds, impliquant un trafic d’esclave illégal. C’était peu, mais il savait que c’était assez pour que Luria le retrouve. Cependant, il espérait qu’elle ne viendrait pas... Tout en souhaitant sincèrement son arrivée, car elle était la seule personne au monde capable de le sauver.

Brolin n’avait jamais eu une famille, et il pensait voir en cette femme une sorte de fille de substitution, et ce même si le terme était un peu fort. Ils ne se connaissaient pas vraiment. Luria était juste la seule à croire en son histoire, et elle avait réussi à se procurer des rapports datant de l’époque où il était encore en odeur de sainteté, avant qu’on l’accuse d’être un alcoolique notoire maltraitant les suspects. À cette époque, Joshua avait fait partie du groupe d’enquête formé après la mort de la Roi et de la Reine, et chargé d’enquêter sur la nature criminelle ou non de cette destruction. Il avait mené des recherches sur les possibilités magiques qu’un cyclone puisse avoir eu lieu, et avait rendu un volumineux rapport, expertises magiques à l’appui, pour arriver à deux conclusions. D’une part, la probabilité pour qu’un cyclone d’une telle ampleur survienne dans cette région, et à cette période de l’année, était quasi-nulle. D’autre part, il était possible de créer un cyclone magique d’une telle ampleur, pour peu qu’on ait les bonnes artefacts, et les connaissances nécessaires en magie élémentaire, notamment celle du Vent et de l’Eau. Son rapport avait été enterré, et c’était Luria qui l’avait déterré, et qui l’avait contacté, convaincue, elle aussi, que cet « accident » était tout, sauf un simple accident météorologique.

*Mais je ne devrais pas l’impliquer là-dedans... Même si elle est probablement plus débrouillarde que moi...*

Torse nu, Brolin vit le graveir s’élancer à nouveau vers lui, et il bondit sur le côté. Cependant, là où ses mouvements commençaient à faiblir, ceux du graveir gagnaient en intensité, et il réussit à l’attraper à la gorge, le décollant du sol, et le plaqua violemment contre le mur, réveillant la foule, qui hurla qu’on le décapite. Brolin sentit la respiration lui manquer. La prise du graveir était lourde, terrible, et il se tortilla sur place, en essayant de respirer.

*Bordel, Brolin, tu peux pas crever comme ça, putain !*

Ses mains tapèrent contre le mur, et il sentit alors des anfractuosités dans la roche. Ses ongles s’enfoncèrent dans cette faille, et il en sortit un caillou, puis s’en servit pour frapper la tête du graveir avec. Le caillou se fracassa contre sa peau rocailleuse, mais ceci eut pour effet de relâcher la prise du graveir. Brolin retomba sur le sol, à quatre pattes, inspirant bruyamment pour tenter d’oxygéner à nouveau ses poumons, et sentit alors le graveir l’attraper par le dos. Il le souleva furieusement, et Brolin déglutit en sentant les doigts crasseux et épais du monstre maltraiter ses testicules... Puis il le balança sur le sol, où Joshua rebondit à plusieurs reprises.

« C’est... C’est tout ce que tu peux faire, gros tas de merde ? le railla Joshua en se relevant maladroitement. Tu me déçois... »

C’était idiot, bien sûr, car le graveir ne pouvait pas l’entendre, mais ça l’encouragea à se relever. S’il pouvait encore parler, c’est que tout n’allait pas si mal... Pour le moment, en tout cas.



LORD STANBORN

Il connaissait suffisamment cette femme pour savoir qu’elle n’avait envie que d’une seule chose : le tuer. Tout simplement. Stanborn la connaissait, bien plus qu’il n’aurait jamais osé l’admettre. Elle était rancunière, très rancunière, et voyait toute forme d’abandon comme une trahison passible de la peine de mort. Qu’il soit encore en vie en ce moment n’était dû qu’à la curiosité de Sela. Car Sela savait que Stanborn connaissait sa rage froide, sa haine silencieuse, et elle se demandait donc pourquoi l’homme avait choisi de l’appeler, alors qu’il était sûr qu’elle le tuerait. Elle se rapprochait lentement de lui, et, même si Stanborn savait qu’il pouvait la tuer, il ne pouvait s’empêcher de la désirer encore... Car, après tout, il n’avait jamais cessé de la désirer. Mais comment lui expliquer ce qui se passait en ce moment ? Stanborn n’avait fait que lui dire une partie de la vérité, et le reste... Le reste était tout simplement impensable, mais c’était pourtant là la stricte vérité, aussi dure et terrible soit-elle.

Elle s’était rapprochée de lui, si proche, si grande... Il se rappela des fois où il l’avait embrassé, dans la forêt, où il l’avait pénétré, en pleine nature. Il avait fallu de si peu pour que tout soit différent... Sela lui montra son poignard, comme une manière implicite de lui dire de se dépêcher, et d’arrêter de tenter de l’amadouer. Néanmoins, l’homme tiqua sur un mot, et leva les mains vers elle, comme en signe d’apaisement.

« Je t’ai abandonné, Sela, c’est vrai... Mais trahi ? Ça... Ça, je me refuse à le dire. Je n’ai jamais rien fait qui soit contre toi, ou contre tes affaires. Tu peux dire que je suis lâche, que je t’ai abandonné, c’est un fait... Mais je ne t’ai pas trahi. »

Pour lui, la nuance était importante.

« C’est... Il me faudrait des heures pour tout t’expliquer, Sela, pour que tu comprennes, et je ne suis même pas sûr que tu me croirais si je te le disais, mais... Tu vois, j’essaie de me dire que je t’ai quitté pour pouvoir fonder ma petite vie de noble, mais... Ce n’est qu’une partie de la vérité. J’aurais pu devenir noble avec toi... Et j’aurais même été encore plus efficace. Pense-y donc... Moi, du bon côté de la loi, toi, de l’autre côté, nous deux nous aidant mutuellement. Tout aurait été si parfait... Et je n’aurais jamais eu à affronter ta haine. »

En vérité, quand Sela parlait de trahison, elle faisait référence au dernier deal qu’ils avaient fait ensemble... Et où elle avait été lésée. Du moins, en apparence. L’affaire était simple. À cette époque, Nexus était déjà en guerre depuis longtemps avec Ashnard, et le Roi venait de mourir. Avec la mort du Lion de Nexus et de sa femme, des Ashnardiens avaient prévu d’ourdir un complot, et comptaient faire parvenir une cargaison d’armes à des nobles nexusiens prêts à renverser le pouvoir en échange de la promesse de diriger ensuite le royaume quand les Ashnardiens arriveraient.

Sela et Stanborn étaient ensemble sur ce coup. Stanborn devait rencontrer près des superforts la cargaison, afin de l’amener dans la forêt entourant Nexus, où Sela devait l’acheminer ensuite dans les égouts vers leur contact. Une affaire qui aurait pu rapporter gros... Mais la cargaison n’était jamais arrivée, et, ensuite, Stanborn avait vendu ses propres hommes et les contrebandiers ashnardiens, obtenant en échange la main d’une femme. Dans l’esprit de Sela, Stanborn l’avait donc trahi pour devenir un noble.

L’homme s’écarta légèrement d’elle, et s’assit sur son fauteuil. Il se tint la tête dans le creux de ses mains pendant quelques secondes, soupira, puis releva sa tête :

« Ils t’auraient tué, Sela... Ces marchands d’armes. Ce n’était pas aussi simple que ça. Tout ça, c’était un coup monté... Les marchands d’armes venaient de Fedic, une lointaine ville ashnardienne, et... Leur chef les a tués, Sela. Sous mes yeux. C’était un magicien... Avec une longue robe noire. Tout ce qu’il a eu à faire, ça a été de lever la main, et... Ils sont tous morts, sauf moi. Il s’est avancé vers moi, et m’a expliqué qu’il avait besoin d’un nouvel associé, et que je devais me débarrasser de tous les autres. Et... Il lisait en moi comme dans un livre ouvert, Sela, et... Il savait que je tenais à toi, que je voulais utiliser cet or pour mener une nouvelle vie. Alors, il m’a dit que, si je n’étais pas d’accord, je pouvais encore partir, mais je n’aurais plus aucune influence, alors que, si je le suivais, je ne pourrais plus jamais te voir, mais j’aurais accès à la fortune, à la noblesse... Mais, si jamais je refusais leur offre, alors des agents royaux seraient venus te capturer. Tout ça était un foutu piège ! »

Stanborn soupira à nouveau.

« Si j’avais refusé leur offre, la Garde royale nous serait tombée dessus chez toi, répéta-t-il. Et... Crois-moi, ces gens-là... Ce magicien, cet homme en noir... C’est le Diable, Sela, et tu n’imagines pas à quel point ils sont influents. Ce sont eux qui ont tué Liam Ivory, Sela, et... Tu as entendu parler de toute cette histoire avec Mandus ? Cet abattoir et ces hommes-porcs monstrueux ? Ils étaient derrière ça. Et moi, si je revenais te voir, ils risquaient de te tuer. Tu es forte, Sela, mais ces gens-là jouent dans une autre cour... Nous, on veut juste se faire de l’argent, mener une vie tranquille... Eux, ils détruisent des civilisations entières. Mandus a été un avertissement. Depuis cet épisode, ils n’ont plus besoin de moi. J’ai accompli mon rôle, et je veux t’offrir une chance, Sela. Alors, tu peux me tuer maintenant si tu le veux, mais il faut que tu me promettes quelque chose... »

Il allait prendre un risque fou, mais il était prêt à ce qu’elle le tue pour ça. Le noble se releva, et posa chacune de ses mains sur ses épaules, une expression de profonde panique dans le regard.

« Il faut que tu quittes Nexus le plus vite possible. Ça... Ça a déjà commencé, Sela ! Ils... Ils vont détruire la ville. Tous ceux qui sont à l’intérieur vont mourir, Sela ! Tu dois partir le plus loin possible avant qu’il ne soit trop tard ! »
DC d’Alice Korvander.

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Re : Pandemia [Sela]

Réponse 11 vendredi 14 août 2015, 23:16:12

L'endroit était étrangement immense, et c'était à se demander comment tant de place pouvait vivre sous les pieds des Nexusiens qui parcouraient inconsciemment la ville tous les jours. La jeune femme serait certainement restée debout, les bras ballants, se laissant dominer par la grandeur et le danger illégal de l'endroit, si elle n'avait pas plus important à faire.

De là où elle était, elle avait une large vue de la grotte. Elle était sortie d'un tunnel très étroit, pour déboucher sur une plateforme en hauteur. Il s'agissait en réalité de gradins, directement reliés au réseau de sous-terrain.

D'ici, elle pouvait voir l'ensemble des quatre arènes où se déroulaient simultanément quatre combats. Autour de chaque arène, des centaines de gens pariaient, se disputaient pour savoir quelle vie serait épargnée, ou non ; passionnés par le jeu qui se déroulait sous leurs yeux exorbités. A l’intérieur, des esclaves se battaient.

Brolin se battait.

Luria étouffa un cri, mais personne ne semblait faire attention à elle. Tous étaient trop concentrés sur les combats et sur l'argent mis en jeu.

En son fort intérieur, elle s'y était attendue ; pourtant elle aurait préféré ne pas avoir trouvé Brolin que de le voir piégé dans cette arène. Il fallait qu'elle trouve un moyen de le faire sortir. Pourtant, si elle faisait ça, elle risquait de provoquer une émeute, et être poursuivie à travers les tunnels glauques dont elle n'avait qu'un mince connaissance. Et alors, ils seraient deux à mourir ici.

Mais elle ne pouvait décidément pas l'abandonner à son sort. Il avait apparemment déjà beaucoup encaissé, comme le démontrait le sang qui coulait le long de son front, et le fait qu'il peinait à se relever. Luria n'était pas dupe : il ne faisait pas le poids face au monstre furieux contre lequel il se battait à mains nues. Elle ne pouvait pas assister à sa mise à mort sans ne serait-ce que tenter quelque chose pour le sauver.

La jeune femme n'attendit pas plus longtemps pour s'élancer à travers la foule. Elle avait un plan, suicidaire et particulièrement simple ; mais un plan tout de même. Elle allait venir dans cette arène et tuer cet énorme monstre, malgré tout le dégoût qu'il lui inspirait. Ensuite ils se sauveraient... et ils verraient bien.

Ses pas déterminés se frayaient brutalement un chemin à travers la foule qui ne prêtait pas attention à son avancée. Bientôt elle parvint à se qui semblait être l'entrée de la quatrième arène où se battait Brolin. Ou plus exactement, se faisait battre. Luria prit une inspiration. Tiens bon, murmura-t-elle, comme si il pouvait l'entendre. Deux gardes se trouvaient là, gardant l'entrée sombre où l'on pouvait accéder directement à l'arène. La jeune femme n'hésita pas.

Elle profita que les deux hommes étaient distraits par la foule et les jeux, plaisantant ensemble, insouciant d'un quelconque danger -qui voudrait entrer dans une arène où un immonde graveir faisait la peau à un misérable humain?- pour entrer en action.

Pris par surprise, les deux hommes furent à terre en un rien de temps. Ils n'étaient pas morts, mais assommés pour un bon bout de temps ; l'un avait le bras cassé, l'autre saignait du crâne. La jeune femme dépassa sans plus tarder les deux corps inconscients.

Avec un peu de chance, elle pourrait tuer le monstre et partir de l'arène sans trop d'émeute. Pour peu que tout le monde croit qu'elle faisait réellement partie du spectacle, ce dont elle n'était pas assurée.

Quelques pas plus tard et un autre homme à terre, elle dépassa les prisonniers à qui elle jeta la clef de leurs chaînes et rejoignit d'un pas décidé l'arène.

Lorsqu'elle apparut, elle fut accueillie par les cris de stupeur de la foule et le regard tuméfié de Brolin.



Malgré la haine et la déception qui perçaient dans le cœur de la mercenaire, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'il disait, de vouloir le croire et d'accepter ses excuses et ses mots sans rien ajouter. Une partie d'elle même aurait aimé être aveugle, revenir en arrière et pouvoir être avec lui, tout oublier.

Mais elle ne le pouvait pas. Elle ne voulait plus être blessée comme elle l'avait été lorsqu'elle c'était retrouvée seule à nouveau, abandonnée de son amant, son partenaire, de lui. Lui qui avait disparut, l'avait laissée sans repaires.

Elle n'avait pas pu tourner la page sans de chercher à comprendre.

Alors elle avait cherché. Elle avait cherché  pourquoi elle avait attendu tant de temps cette nuit là, attendu jusqu'à ce que la peur et l'anxiété la rongent et l'épuisent. Et elle avait trouvé. Ce qu'il lui disait là, elle l'avait apprit par elle-même. Sela aurait pu le traiter de menteur, à l'instant, le blesser en lui disant qu'il mentait à ses fins, pour la ramener – après tout, ce ne serait pas la première fois – et rester farouche. Mais elle savait qu'il avait raison. Pourtant, même après avoir découvert la vérité, elle ne lui avait jamais pardonné.

Il l'avait abandonnée. Peu importait une quelconque menace ; peu importait que des gens veuillent s'en prendre à elle – d'ailleurs, beaucoup de gens souhaitaient sa mort – ensemble, ils étaient invincibles. Ensemble, ils auraient tué la menace et dépasser la difficulté.

Au lieu de quoi il était parti, cédant à la pression, sans rechigner à la perdre. Tel le feu démoniaque qui avait brûlé ses parents, la laissant dans le pire endroit du monde, seule ; il était parti sans un au revoir, laissée sur la touche.

Alors elle restait debout près de lui, froide, désespérément silencieuse. Les sensation squi l'envahissaient la mettait en colère. Le silence s'étendit encore, lourd et tendu.

-Je le savais, lâcha-t-elle soudain. La suite lui vint sans qu'elle ne prenne la peine de réfléchir à ses mots, sortant de son cœur. Quand j'ai su que tu ne reviendrais pas vers moi, j'était bouleversée. En colère. Frustrée, déçue, pire que déçue. Alors j'ai cherché à comprendre. Pourquoi avoir fait ça ?  J'étais persuadée que tu ne pouvais pas trahir la confiance que j'avais placée en toi, que tu ne pouvais pas m'avoir abandonnée pour de l'argent ou plus de pouvoir.

Elle marqua une pause et reprit, plongée dans ces souvenirs qu'elle aurait aimé oublier.

-J'ai donc cherché, longtemps. Et j'ai fini par trouver. J'ai tué, torturé, je me suis mis tant de gens à dos... Simplement parce que j'avais confiance en toi. Une confiance si profonde et aveugle que je préférais faire tout ça que d'affronter la vérité. Au final, j'ai eu raison... et tord. Je ne t'ai pas pardonné, et je ne le fais toujours pas.

Alors que faisait-elle là ?

Soudain, son regard qui s'était attardé sur un objet quelconque, brouillé par les pensées du passé qui l'avait assaillit, soudain ce regard vint se planter dans celui de l'homme. Non, il ne l'avait pas fait appeler pour s'excuser. Même si il n'arrivait pas à s'en empêcher.

Elle sut pourquoi il l'avait fait venir grâce à ce qu'il dit par la suite. Ou plus exactement par la panique qui fit tressaillir les beaux yeux de Stanborn. Sans pouvoir l'empêcher, voir cette lueur dans le regard habituellement si froid de l'homme qu'elle connaissait bien la fit paniquer à son tour. Elle sut qu'il ne surjouait pas, pas cette fois-ci.

Bane avait peur.

L'horreur envahit peu à peu la jeune femme à ses mots.

Elle s'approcha lentement de lui, pas sûre de bien comprendre, de vouloir comprendre.

-Qui va détruire la ville, Bane ? Comment ?

Sa voix était étrangement douce en comparaison de ses précédents mots. Comme si elle voulait l'apaiser pour qu'il lui dise ce qu'il essayait de retenir. En réalité, c'était l'appréhension, voire pire, de la peur qui traversa Sela.

-N'essaie pas de me le cacher... Pas cette fois-ci. Je ne le supporterait pas. Il faut que tu me la vérité.

En réalité, il ne le fallait pas. Elle pouvait très bien suivre son conseil, sans même se poser la question de sa véracité, mais... Mais si cela était vrai, ce dont elle ne doutait étrangement pas, elle ne pouvait pas quitter la ville. Tout était là.

Toute sa vie, des cendres où étaient morts ses parents, jusqu'aux marchés où elle vendaient ses esclaves en passant par les bas-fonds qui l'avaient accueillie et assistés à ce qui avait fait d'elle ce qu'elle était maintenant, tueuse aguerrie et femme d'action... Non, elle ne pouvait pas abandonner tout cela. Elle ne pouvait pas abandonner Nexus et ses habitants, sa vie entière. Son instinct la poussait : elle devait savoir.
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 12 lundi 17 août 2015, 02:07:16

BROLIN

La situation n’était guère à son avantage. Mais, diable, ce serait vraiment idiot de crever ici, hein ? Son plan d’infiltration avait totalement foiré. Il s’était attendu à remonter la filière vers ces mystérieux corbeaux, mais pas à finir dans une arène illégale. Face à un graveir, ses chances étaient vraiment minces, pour ne pas dire nulles. La bête était une force de la nature,  très puissante, et Brolin, lui, n’était qu’un homme... Et fatigué, de surcroît. Le graveir se rapprocha de lui, avant de rugir, et frappa violemment le sol, furieux... Quand Brolin perçut soudain du bruit sur sa gauche. Il vit alors la grille s’ouvrir, laissant le passage à la jeune Luria.

« Luria ? Mais que... ?! »

Il y eut alors de l’agitation en hauteur. Brolin releva la tête en voyant alors un corps tomber depuis le haut, poussé par les esclaves en fuite. Un homme hurla, et tomba droit sur le dos du graveir, avant de rebondir sur le sol. Surpris, la créature nécrophage tourna la tête vers l’homme qui venait d’atterrir.

« N-Non, pi... Pitié... ! »

Le graveir l’attrapa alors, et Brolin en profita pour se retourner vers Luria. La jeune Capitaine nexusienne allait encore probablement arracher les cheveux de Ronald devant ses initiatives. Il n’y avait qu’elle pour se risquer à filer dans les égouts de Nexus afin de retrouver un homme qu’elle ne connaissait quasiment pas.

« Vite, on décampe ! »

Le duo s’élança par là où Luria était passée, et Brolin vit le corps d’un garde gisant sur le sol. Il se pencha vers lui, pieds nus, torse nu, et récupéra son arme, une dague. Rien à voir avec son épée militaire, mais c’était toujours mieux que rien. L’homme entendit du bruit, et des hurlements de douleur. Il partit sur la droite, dans un couloir étroit, qui le conduisit vers une sorte d’armurerie. Une grande pièce sombre éclairée par des torches, où des esclaves s’étaient rués pour récupérer des armes, avant de se heurter à plusieurs gardes. Quand Brolin arriva, ce fut pour voir un esclave hurler en étant frappé par une lame, qui lui ouvrit le ventre, formant une longue ligne écarlate qui le laissa pour mort, le corps s’étalant sur le sol.

Brolin débarqua à ce moment, et regarda les hommes. Trois tueurs se tenaient là, avec des mines patibulaires, et froncèrent les sourcils en voyant Luria, une lueur perverse venant illuminer leurs yeux. Ils pensaient probablement à ce qu’ils allaient faire avec cette femme, et ricanèrent grassement.

« On va s’occuper de ta copine...
 -  Oh ça ouais, putain... »

Leurs rires gras étaient un véritable appel. Des gens comme ça, Brolin en avait vu tellement pendant la guerre... Ils violaient les paysannes, les infirmières, torturaient les prisonniers de guerre juste pour s’amuser. La guerre... Elle vous faisait perdre la raison, elle réveillait en vous vos pires instincts, l’animal sauvage et cruel qui se dissimulait au fond de votre conscience. Brolin fléchit les genoux. Il était encore marqué par son combat contre le graveir, mais l’adrénaline battait dans ses veines.

Même si, concrètement, Luria n’avait absolument rien à craindre de trois misérables cloportes.



LORD STANBORN

Les explications venaient progressivement, car Sela les méritait. Il aurait dû les lui dire il y a longtemps. S’il ne l’avait pas fait, ce n’était pas parce qu’il ne l’aimait plus. Grands Dieux, non ! Il n’avait toujours aimé que cette femme. C’était juste qu’il la connaissait, qu’il la connaissait trop bien, et qu’il saurait qu’elle voudrait savoir avec qui il travaillait. Et Stanborn ne voulait pas imposer à Sela un tel fardeau. Le problème était qu’elle était trop forte, qu’elle tenait bien trop à son indépendance, pour accepter ce que Stanborn avait dû accepter. On pouvait donc lire la peur dans ses yeux, car elle était sincère... Et, quand Sela se rapprocha de lui, et se radoucit en lui demandant ce qui se passait, Bane ferma les yeux. Oh, il aurait tant voulu tout lui dire ! Là, maintenant... Mais le temps, toujours lui, ce temps si précieux, lui manquait depuis trop longtemps.

Les fenêtres du bureau, celles menant à la terrasse surplombant le jardin intérieur, claquèrent alors, les rideaux se mettant à remuer.

Sela ne voudrait jamais quitter Nexus... Mais elle n’avait pas le choix.

« Il y aurait tant à te dire, Sela... Ils ont tenté de détruire Nexus il y a une quinzaine d’années, déjà... Je... J’ignore quelles sont leurs motivations, mais je sais que... Je sais que l’accident qui a tué Liam et Nöly Ivory n’était pas un accident. C’était un attentat, un cyclone magique que ces gens ont provoqué. Nexus s’est avérée plus résistante qu’ils ne le pensaient, et les évènements avec Mandus ont précipité leur plan. »

Il avait du mal à ordonner ses pensées, tant tout cela semblait être complètement fou. Quel homme sain d’esprit aurait bien pu le croire quand il était lancé dans une théorie du complot à peine crédible ? L’accident ayant tué Liam et Nöly était bien connu des Nexusiens. Il y a environ quinze ans, quand la Reine de Nexus avait enfin réussi à avoir une fille, le couple royal avait décidé d’organiser une croisière vers les Îles Mélisi, afin de rendre visite à la fmaille de Nöly pour leur présenter Elena. Malheureusement, le yacht et les navires l’accompagnant avaient été coulés en pleine mer par une terrifiante tempête. Beaucoup de gens avaient affirmé que cette tempête était surnaturelle, qu’elle n’était pas normale, causée par la magie, mais les enquêtes royales n’avaient jamais permis d’accréditer cette théorie.

Après la mort de Liam et de Nöly, Nexus avait tremblé sur ses fondations. On craignait une guerre civile entre les différentes familles. Le Conseil royal s’était réuni de toute urgence afin d’empêcher que chacune des grandes familles de Nexus ne réclame le Palais d’Ivoire. Par miracle, Elena Ivory avait survécu au désastre, mais était bien évidemment trop petite pour gouverner, et le Conseil royal avait décidé de devenir le Conseil de Régence, gouvernant Nexus jusqu’à ce qu’Elena atteigne la majorité. L’histoire était connue...

« Ils ont aussi frappé à Edoras... Ils déstabilisent les royaumes, et je pense que leur influence est plus ancienne que ça. J’irais même jusqu’à dire qu’ils sont en partie responsables de la guerre entre Nexus et Ashnard... Enfin... Quand je dis ‘‘ils’’, c’est surtout celui qui est derrière tout ça. On l’appelle le Roi Cramoisi, mais il n’agit pas directement. Il... Pour des raisons qui m’échappent, Sela, il ne peut pas sortir de son château, très loin dans les profondeurs d’Ashnard. Alors, il a un magicien qui agit en son nom. Cet homme a bien des noms et des surnoms... L’Étranger-Sans-Âge, l’Homme-en-Noir... Ou encore Randall Flagg. C’est sur Flagg que je suis tombé, Sela... Et, crois-moi, ce n’est pas une rencontre qu’on est sur le point d’oublier. Cet homme, il... Il lisait dans mes pensées comme si je ne pouvais rien lui cacher. »

Stanborn avait profité de sa position pour se renseigner sur ces gens... Mais, en toute une vie de recherches, ils n’avaient quasiment rien obtenu sur eux.

La fenêtre claqua alors à nouveau, et s’ouvrit brutalement. Bane se tut alors en la regardant, et sentit un frisson le traverser. Les rideaux s’envolèrent, et il s’approcha lentement de la terrasse.

« Je sais que tu vas vouloir les affronter, Sela. Tu es têtue et bornée... Des qualités que j’ai toujours appréciés chez toi. Mais ce qu’ils sont nous... »

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase que l’air souffla à nouveau, et les fenêtres claquèrent violemment, puis des formes noirâtres dansèrent devant ses yeux.

« Oh non...
 -  Vous avez décidemment la langue bien pendue, Lord Stanborn... »

Une silhouette se matérialisa alors... Un être malveillant avec une sorte de curieuse armure noire et un masque rouge recouvrant son visage. L’air tourbillonnait dangereusement autour de lui, et Bane, les yeux écarquillés, se recula lentement, tandis que la silhouette cauchemardesque s’avançait.

« Vous... Je... GARDES !! »

Bane tapa violemment contre la porte, et cette dernière s’ouvrit rapidement sur deux hommes armés, disposant de côtes de mailles. L’être sombre les regarda, et ils s’élancèrent vers lui. À la surprise de Stanborn, l’individu sembla alors disparaître, devenant une sorte de vent noirâtre qui se déplaça pile entre eux deux, ses mains se relevant pour planter en chacun d’eux l’extrémité acérée de lames noirâtres. L’homme retira rapidement ses épées, les lames étant incurvées, et les corps s’effondrèrent mollement sur le sol.

Le mystérieux individu se retourna alors vers Sela et Stanborn.

« Nous avons décidé de nous passer de vos services, Lord Stanborn. Le Roi Cramoisi ne fait pas confiance en quelqu’un qui fait passer ses sentiments personnels devant les ordres qu’il a expressément reçu du Roi. »

Stanborn réagit rapidement, et se retourna vers Sela, tandis que la main de l’homme s’ouvrit, sur une boule de feu.

« LE BALCON, VITE !! »

Bane courut vers la fenêtre, et sauta en contrebas, tandis que l’agresseur ouvrait sa main. La boule de feu à l’intérieur grandit alors, s’étalant tout autour de lui, et incendia instantanément le bureau, provoquant une explosion qui souffla Bane Stanborn, envoyant ce dernier heurter les branches d’arbres de son jardin, roulant ensuite douloureusement sur le sol.

Contre cet homme, ils n’avaient tout simplement aucune chance. La fuite était la seule option valable.
DC d’Alice Korvander.

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Sela

E.S.P.er

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    Description
    Belle et puissante marchande d'esclave de Terra, Sela est une jeune femme issue des bas-fonds de Nexus et qui tente tant bien que mal de se faire une place de choix dans cette société à sangs. Son passé sombre, ses pouvoirs et son parcours ne sont cependant pas connus de tous...

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 13 vendredi 23 octobre 2015, 23:09:38

Un bruit assourdissant les entourait, et tout semblait aller très vite. Luria jeta un rapide coup d’œil à Brolin, expertisant rapidement son état. Ils n'avaient pas le temps pour les diverses interrogations que la jeune femme lui réservaient, et même si elle avait terriblement envie de tuer le monstre patibulaire qui l'observait maintenant avec un étrange intérêt, ils devaient partir au plus vite.

Brolin allait mal, pas besoin d'être médecin pour le comprendre. Il saignait, avait certainement quelques côtes de cassées ; mais il arrivait toujours à marcher et avait réussi à ménager les divers coups que le monstre lui avait généreusement donnés. Et il parvenait à marcher sans encombre. D'ailleurs, il ne se fit pas prier pour prendre les devants. Après une légère grimace – due à la surprise de la voir ici ou à l'effort qu'il fit pour se relever, nul ne sait – il lui intima qu'ils devaient partir au plus vite, et la commandante était plus que jamais d'accord.

Une début d'émeute se faisait déjà ressentir plus haut ; des gens se bousculaient plus que d'ordinaire, certains tombaient même dans l'araine où le graveir attendait, affamé et en colère d'avoir vu sa proie s'enfuir en courant.

Suivant Brolin, Luria rebroussa chemin et ils tentèrent ensemble de passer à travers la foule qui ne comprenaient qu'à moitié la raison de l'émeute, tout en tâchant de ne pas se perdre de vue. Luria brûlait de sortir de cette marée vivante, et bouscula sans ménagement quiconque se trouvait sur son passage.

Enfin ils parvinrent hors de la cohue. Bientôt ils rejoignirent la plus grande entrée de l'immense grotte. Luria ne connaissait pas le chemin mais savait qu'ils pourraient trouver un endroit tranquille pour discuter plus loin. Maintenant qu'il était sauvé, ils devaient empêcher ce qui était en train de se tramer, et Brolin avait certainement des informations qui lui avaient coûtées de tomber dans cette sombre araine.

Pourtant, à peine entrés dans la galeries que les deux se firent arrêter par un groupe de jeunes hommes armés, qui ne semblait ne pas leur vouloir que du bien. Leurs regards s'attardèrent sur les courbes de la jeune blonde, la détaillant beaucoup trop à son goût – sous leurs regards, elle se sentait mise à nue. Au sourire pervers qui trancha le visage de l'un, elle se redressa légèrement et tendit discrètement la main à son arme.

Voyant Brolin se tendre lui aussi, près à attaquer, Luria s'avança d'un pas, lui faisant signe de se calmer. Elle n'avait pas besoin d'armes pour des individus comme eux.

-Ca m'étonnerait bien. Dégagez le passage, abrutis.

Elle leur lança un regard dégoûté qui ne sembla pas les faire réagir. L'un explosa de rire comme à une des meilleures blagues qu'il eut entendue.

-J'y crois pas ! C'est qu'elle a du répondant, la salope...

Il s'avança vers elle, lui jetant un regard appuyé sans se soucier de Brolin qui assistait à la scène.
La jeune femme vit rouge. Il n'en fallait pas plus pour la mettre hors d'elle – elle détestait être sous-estimée.

Elle n'utilisa pas son poignard, mais lorsqu'elle en eut fini avec lui, l'homme était à terre, évanoui. Les deux autres n'étaient cependant pas restés bien longtemps, ayant remarqué que la jeune femme prenait le dessus.



Sela était sur le qui vive, entièrement concentrée sur le visage qui lui avait tant manqué, qu'elle avait tant regretté... Tant aimé et haï. Un idée qu'elle ne voulait même pas empêcher se formait dans son esprit. Qui que soient ces gens, peu importait leur pouvoir ou leur influence, elle ne laisserait personne prendre ce qu'elle avait mit tant d'années à construire. Personne ne la priverait de cette ville et de cette vie sans qu'elle ne se batte pour la préserver.

Elle n'avait pas hésité une seconde à prendre sa décision ; et maintenant, peu de choses pourrait la faire changer d'avis. Et certainement pas Stanborn. Maintenant, il semblait qu'elle ne le prenait que pour sa seule source d'information, et non plus pour l'homme qu'elle haïssait tant.

Mais cela ne dura pas longtemps. Trop occupée à tenter d'enregistrer les informations qu'il lui fournissait, Sela n'entendit pas le léger bruit des rideaux qui tapissaient les murs de la chambre. Elle était si concentrée qu'elle n'avait pas remarqué la forme étrange qui déformait le tissu, et elle n'avait pas fait assez attention pour voir que cela bougeait.

Pour l'instant, elle se demandait juste à quel point elle pouvait rendre crédible ce que lui disait Stanborn, hésitant entre croire qu'il devenait fou pour une raison quelconque, inventant une terrible théorie du complot contre la couronne pour la récupérer, elle... A moins qu'il est raison et que les vagues doutes qu'elle nourrissait sur l'accident qui avait tué le couple royal soient bien réels.

Mais une voix la coupa dans ses réflexions.

-Vous avez décidément la langue bien pendue, Lord Stanborn...

Sela se retourna brusquement, surprise mais consciente qu'elle s'était déjà tendue durant leur échange. Comme si elle avait pressenti que cet homme se trouvait déjà là, dans cette pièce, et qu'il ne leur voulait pas de bien.

Homme était assez peu représentatif de la véritable nature du personnage. Son apparence n'était certes pas rassurante, mais pire encore ; il dégageait une telle aura que la mercenaire fut surprise de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Elle sentit cette sensation si bonne et familière qui finit par l'envahir : l'adrénaline filtrait ses veines. Automatiquement, elle détailla l'être menaçant qui ne semblait pas faire attention à elle ; il n'était pas vraiment humain... Il était comme elle. Un humain dérangé par un pouvoir contre-nature. Elle sentait sa magie, extrêmement puissante, plus qu'il ne l'imaginait sûrement. Si elle pouvait le toucher, elle en saurait plus... Mais c'était très certainement une mauvaise idée que de vouloir s'approcher de lui d'une telle manière. Elle pouvait peut-être être immunisée contre les mauvais sorts, mais elle ne pouvait rien contre une lame en acier plantée dans ses entrailles.

Ces pensées filèrent dans son esprit, durant l'espace de quelques secondes. Secondes que Stanborn utilisa pour se lever, se composer une expression de frayeur et appeler quelques gardes à la rescousse. Gardes qui ne pourraient certainement rien contre la créature qui voulait leur mort ; mais au moins serviraient-ils pour le retarder.

-APRES TOI !

Ainsi Sela pourrait lui éviter quelques boules de feu et il pourrait la guider dans son habitat immense qui avait du changer depuis sa dernière visite.

Sela sauta à la suite de Stanborn, se réceptionnant sur ses pieds et mains, juste assez rapide pour éviter la boule de feu qui fila au-dessus d'elle et explosa. Elle jeta un coup d’œil en haut et ouvrit deux grands yeux.

-MERDE ! Il se divise, Bane !

En effet, quatre silhouettes noires se dessinaient de part et d'autres du jardin, les encerclant vicieusement. Apparemment, leur ennemi pouvait se cloner, et Sela craignait que ce ne fut pas son seul avantage. Elle aurait aimé en savoir plus, car elle ne savait pas à quoi s'attendre, ce qui ne lui plaisait absolument pas.

Pas certain qu'ils feraient le poids.
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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Pandemia [Sela]

Réponse 14 mercredi 28 octobre 2015, 17:07:30

BROLIN

Quel foutoir ! Jusqu’à quel point est-ce que son plan pouvait sembler débile ? Se jeter dans la gueule du loup... Brolin était vraiment désespéré. Son enquête patinait depuis des années, et il s’était jeté sur sa seule piste, pour se retrouver ici, dans une sorte de marché noir, où on se livrait aussi bien à des ventes illégales d’esclaves qu’à des combats clandestins... Et il y avait probablement quantité d’autres choses ici. Brolin avait le sentiment de n’avoir que la partie émergée de l’iceberg. Dans sa folie, il avait au moins réussi à taper dans la fourmilière, mais lui et Luria n’étaient pas assez forts pour venir à bout de toute cette base souterraine. Et encore... Il s’agissait surtout de Luria, car Brolin était fatigué, blessé, épuisé. Ses pieds étaient écorchés, son corps en loque, et il laissa donc Luria s’occuper des trois loustics, les faisant rapidement fuir.

« Toujours aussi impressionnante, Luria... Je vois que la réputation de la Garde Royale n’est pas usurpée... »

Le chevalier reprenait des forces, et le duo continua à marcher, jusqu’à s’approcher d’une porte ouverte sur la gauche, donnant dans une sorte de réserve avec des tonneaux, des caisses... Et des élixirs.

« Attends... »

La chance allait-elle finir par lui sourire ? Il y avait une sorte de cageot rempli de bouteilles, et il se mit à les examiner, les retournant, jusqu’à voir celle qu’il cherchait... Une fiole contenant un liquide bleuâtre, azur, qui le fit sourire. De l’Hirondelle... Un élixir très connu, qui avait pour fonction d’accélérer la cicatrisation du corps et la régénération des tissus cellulaires endommagés par des blessures légères. L’homme décapsula la bouteille, et en but rapidement l’intégralité, sentant ce liquide chaud taper contre sa gorge, filant dans sa gorge. Il ferma ensuite les yeux en déposant la bouteille sur la table. L’Hirondelle agissait sur la durée, pas de manière instantanée, mais il se sentait déjà mieux... La psychologie était une chose très importante.

Sentant qu’il devait des explications à la jeune femme, Brolin se retourna vers elle. Aussi belle que redoutable, Luria était une Valkyrie des temps modernes. Brolin l’ignorait, bien sûr, mais Luria descendait du redoutable peuple des Amazones, et on pouvait aisément comprendre pourquoi en la voyant se battre, ou agir. Mettez-lui une main au cul, et vous étiez assurés de vous voir vous l’arracher dans la seconde même.

« J’enquête sur des disparitions, Luria... Depuis des mois, des gens disparaissent dans les bas-fonds. Oh, bien sûr, des personnes disparaissent toujours ici, mais j’ai le sentiment que tout cela dépasse de loin le simple cadre des bas-fonds. Malheureusement, la Milice urbaine ne se compose que de gardiens, et les inspecteurs n’ont pas envie de perdre leur temps à ouvrir des enquêtes pour de simples disparitions dans les bas-fonds. »

C’était cruel, mais c’était ainsi. Nexus était une immense cité-État, où les procès duraient des années, tant les juridictions étaient engluées, et les prisons comprenaient énormément de prisonniers n’ayant pas eu de procès, et qui étaient en attente de ce dernier.

« Je pense que ce que nous avons ici n’est que la partie émergée de l’iceberg. La traite d’esclaves, les arènes clandestines... Nous frôlons quelque chose du bout des doigts, mais il faut en savoir plus. J’ai... J’ai un pressentiment, Luria, l’impression que... Qu’il y a quelque chose d’autre là-dessous. Et, si on sort pour prévenir la Milice urbaine, le temps que cette dernière se déploie, il n’y aura plus rien d’utile à explorer là-dedans... »



LROD STANBORN

Stanborn ne se faisait aucune illusion. Contre cet homme, sa seule chance était de fuir... Même s’il pensait que fuir serait impossible. Se battre ? Ridicule ! Son bureau était en feu, et il s’avança rapidement, rejoignant rapidement Sela, les vêtements partiellement déchirés, tandis que l’individu se tint sur le balcon, puis généra autour de lui plusieurs clones.

« Il s’appelle John Farson. Je t’en prie, Sela, tu dois fuir... »

Allait-elle enfin comprendre qu’il était trop tard ? Trop tard pour sauver Nexus ? La cité-État était condamnée depuis des années, et était en sursis depuis l’époque où Elena avait survécu miraculeusement au cyclone. Maintenant, ils revenaient pour finir le travail, car, en survivant, la jeune Reine avait empêché que le royaume ne sombre dans le chaos de la guerre civile et de l’anarchie.

Les Farson se déployèrent donc, formant des courants d’air. Depuis les alcôves et les arcades entourant le jardin, de nombreux gardes étaient sortis, et Bane pouvait les entendre hurler de douleur. Farson se téléportait, aussi rapide et intouchable qu’un courant d’air, se matérialisant juste assez pour planter ses lames, faisant couler du sang, tandis que les flammes dans le bureau se répandaient, comme si un vent magique était en train de les souffler pour les disperser.

« Qui est-ce ?!
 -  Aaaahhh... !
 -  Non, pitié !! »

Stanborn pouvait entendre ces gardes hurler, tandis que le rire de Faron résonnait dans le jardin, et que les flammes se répandaient sur le magnifique jardin de Stanborn. Un véritable saccage. L’homme avait dépensé une fortune incroyable à entretenir ce jardin, faisant venir des graines et des arbustes émanant de tous les coins du monde, et disposant de plusieurs grands jardiniers pour entretenir ses arbres et ses buissons.

« Pacta sunt servanda, Stanborn ! Tu te prétends pour un nobliau ? Haha ! Tu crois qu’apprendre les langues antiques et te pavaner de beaux atours fait de toi autre chose qu’un voleur ? Tu avais donné ta parole, Stanborn ! Tu peux courir, mais tu ne penses tout de même pas sérieusement pouvoir m’échapper ?! »

Bane avait rarement eu aussi peur, et se rapprochait d’une agréable fontaine en marbre située vers l’une des entrées du jardin... Où plusieurs gardes gisaient sur le sol, égorgés, ou le ventre ouvert. Il en vit un dernier tenter vainement de se battre contre Farson, terrible courant d’air, puis ce dernier planta sa lame dans le torse du garde, et l’abaissa, l’ouvrant en deux comme une huître, avant de le pousser du pied dans la fontaine. Tétanisé, Bane s’arrêta sur place, tenant dans sa main une dague.

Farson, à la surprise de Bane, s’adressa alors à Sela :

« Il vous a sorti le couplet du courageux chevalier se sacrifiant pour la belle ? Ha ! Stanborn ! Vous mentez comme un arracheur de dents ! Il vous a dit ô combien il s’était sacrifié pour vous, pour votre amour ? Vous-a-t-il dit aussi qu’il avait toujours envié votre position, votre force, votre charisme ? Vous-a-t-il dit de tous vos fournisseurs et alliés qu’il a retournés contre vous afin d’étendre sa propre influence ?
 -  Ne l’écoutez pas, il ment...
 -  Ce soir encore, ce cancrelat comptait vous rallier à sa cause ! Il s’est allié avec nous, Sela... Et vous savez comme moi qu’il n’est pas homme prompt à respecter ses serments. Il s’est rapproché de nous, mais, dès le début, nous savions qu’il retournerait sa veste. Il voulait faire appel à vous pour s’enfuir, parce qu’il sait que son empire n’est rien d’autre que notre empire. »

Bane serra les lèvres.

« Tuez-le. Tuez-le, et je transmettrais son contrat sur vous. Pour peu que vous restiez fidèle à votre parole, nous vous offrirons... Des choses qui dépassent votre imagination. Sinon... Vous pouvez décliner l’offre, et repartir, mais, si vous voulez protéger Stanborn, je n’aurais, hélas, pas d’autres choix que de vous tuer. »
DC d’Alice Korvander.

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